A propos de la formation religieuse de nos grands élèves

F. Sebastiani, A. G.

08/Apr/2010

Nous voulons, avant tout, préciser que dans cet exposé nous nous rapporterons exclusivement à la formation religieuse des élèves de la dernière ou des deux dernières classes des écoles secondaires, techniques ou professionnelles, c'est-à-dire à la formation religieuse qui précède immédiatement la vie indépendante de nos élèves.

Nous n'avons la prétention ni de traiter le problème dans son ensemble ni d'apporter des solutions définitives et moins encore à caractère universel.

Nous avons pu constater que dans quelques pays on a affronté résolument le problème et adopté des solutions qui sont certainement efficaces dans leurs milieux respectifs.

Ces lignes s'adressent seulement aux milieux se trouvant dans les conditions que suppose le contexte qui va suivre, et dans la mesure même où ils s'y trouvent.

Notre but est uniquement d'attirer l'attention sur un problème qui, par sa nature même, sera toujours et partout le problème le plus sérieux et le plus difficile de notre apostolat.

D'après les dernières statistiques, il y a actuellement environ 80.000 élèves qui fréquentent les écoles secondaires, professionnelles et supérieures de la Congrégation. Ce qui suppose quelques dizaines de milliers d'élèves dans les dernières classes. Nous avons à leur égard, certainement, une très grande responsabilité, car si nous les avons invités à rester avec nous jusqu'à la fin de leur scolarité, cela suppose évidemment que nous entendons assumer le devoir de leur procurer, en plus des connaissances exigées par les programmes, la formation religieuse que réclame leur vie de chrétien dans la société contemporaine.

On voit par là que cette obligation va beaucoup plus loin que la routine du catéchisme journalier-, même s'il était soigneusement expliqué. Elle marque la plus sérieuse des obligations que nous impose l'article 2 de nos Constitutions : « procurer le salut des âmes par l'instruction et l'éducation chrétiennes. »

Il s'agit non seulement d'obtenir que ces jeunes gens étudient la religion et remplissent leurs devoirs religieux au collège, mais de « procurer le salut définitif de leurs âmes », de chacune de leurs âmes ; donc, de leur donner une formation religieuse qui assure leur fidélité au Christ jusqu'à la mort.

Perspective redoutable, mais aussi propre à stimuler notre zèle et que nous ne devrions jamais perdre de vue, surtout dans les dernières classes.

 

Situation de la catéchèse des adolescents et des jeunes dans l'Eglise.

Deux moments du Congrès mondial de catéchèse, qui s'est tenu à Rome au cours de l'Année Sainte 1950, nous ont fait sentir avec une intensité particulière les responsabilités de notre apostolat auprès des jeunes, en même temps que la situation privilégiée où nous nous trouvons pour l'exercer. Nous avons ces jeunes dans nos classes pendant des années dans les meilleures conditions imaginables pour les former.

Le premier de ces moments, c'est la conclusion du rapport de S. Exc. Mgr Pinson. Nous transcrivons ci-après son contenu d'après le résumé qu'en donnait l'Osservatore Romano (édition française) :

« S. Exc. Mgr Henri Pinson, évêque de Saint-Flour, traita de «l'instruction religieuse des adolescents et des jeunes dans la paroisse ». Le rapporteur limita sa relation aux adolescents et aux jeunes qui ne fréquentent pas l'école et dont l'instruction religieuse, par conséquent, ne peut être confiée qu'aux bons soins de la paroisse.

Mgr Pinson fit connaître les résultats d'une enquête récente, conduite par la Commission nationale catéchistique de Paris et dans laquelle on relève qu'il n'existe pas souvent, dans les paroisses, de cours d'instruction religieuse pour adolescents et jeunes et que, s'ils existent, ils ne sont pas fréquentés. Dans leur grande majorité, les adolescents et les jeunes, après leur première communion, désertent les cours de religion. Durant la période qui va de douze à dix-huit ans, leur éloignement de toute instruction religieuse est plutôt dû au fait qu'ils n'y trouvent pas un enseignement qui tienne compte des conditions particulières de leur psychologie. Le problème à résoudre, par conséquent, est de trouver le moyen d'adapter l'enseignement des vérités éternelles de la foi à la psychologie de l'adolescent. »

Le second moment a été un passage du discours de clôture du même Congrès, prononcé par S. S. Pie XII dans une des salles du palais de Castelgandolfo, devant des centaines de religieux, religieuses et catéchistes du monde entier. Le voici :

« Qu'il Nous soit permis d'insister : Nous exhortons tous les prêtres, et en premier lieu ceux qui enseignent la religion dans les classes supérieures, à penser souvent qu'ils auront à répondre devant Dieu de leurs élèves.

« Notre âme souffre lorsque, dans des enquêtes publiques, comme on en fait aujourd'hui, d'après l'âge, le sexe et les enseignements, on constate que la plupart de ceux qui ont perdu la foi en sont arrivés là par l'insuffisance coupable de prêtres.

« Au contraire, si certains, qui tiennent le premier rang dans la vie publique, ont persévéré fermement dans la foi catholique et lui sont favorables, cela est dû très souvent à la science et au zèle d'un prêtre, à sa vie exemplaire. »

Il est superflu de faire observer qu'ici, sous la dénomination de « prêtres », sont inclus tous ceux qui ont mission de communiquer l'instruction et la formation religieuses dans les classes supérieures. 

 

Dans nos collèges.

Et, avant tout, qu'il soit permis de poser deux questions : Sommes-nous, en général, suffisamment renseignés sur la persévérance de l'ensemble de nos élèves dans la vie chrétienne, ou nous reposons-nous tranquillement sur l'impression causée par le petit nombre de ceux qui continuent de fréquenter le collège en qualité de membres des sociétés des anciens élèves ?

A-t-on partout suffisamment isolé et considéré à part le problème de la formation des jeunes des dernières classes comme l'exige, outre leur psychologie qui n'est plus celle de l'adolescent, son caractère de préparation définitive et immédiate à la vie indépendante ?

Une enquête. — Mus précisément par cette préoccupation, nous avons voulu nous renseigner directement auprès des intéressés sur l'efficacité de la formation religieuse reçue au collège pour leur assurer une vie chrétienne adulte. Bien que cette enquête n'ait pas été menée en vue de cet article, nous en communiquons volontiers le résultat aux lecteurs du Bulletin.

L'enquête a été faite en 1953 dans divers pays situés dans deux continents. Nous nous sommes adressés à des anciens élèves qui, par leur vie chrétienne, leur culture religieuse, leur position sociale et, quand cela a été possible, par leurs activités dans diverses œuvres d'apostolat de jeunesse, réunissaient les meilleures conditions pour nous donner une opinion fondée sur l'observation et sur une expérience de vie réelle dans le monde contemporain.

On leur a remis le questionnaire que nous reproduisons ci-après, les priant d'y répondre avec la plus grande franchise, avec ou sans leur signature, dans le but précis d'apporter une collaboration, considérée comme irremplaçable, au souci croissant de leurs anciens éducateurs de s'acquitter toujours mieux de la mission qui constitue l'idéal de leur vie.

1° Quelle opinion avez-vous, considérée dans son ensemble, de la formation religieuse que vous avez reçue au collège ?

2° La jugez-vous propre à assurer la vie chrétienne du collégien et, surtout, de l'adulte ?

3° Quelles qualités et quels défauts mériteraient, à votre avis, d'être signalés ?

4° Quelles suggestions pourriez-vous nous faire pour une formation théorique et pratique plus efficace de nos grands élèves ?

Les réponses reçues révèlent, sans exception, du sérieux et un sincère désir de répondre au but de l'enquête. Quelques-unes reflètent, évidemment, des situations particulières de personnes et de lieux ; mais la plupart étudient le problème dans ses aspects fondamentaux.

De ces dernières, laissant de côté les éloges et les remerciements, nous extrayons quelques passages de caractère plutôt critique et qui peuvent toujours, croyons-nous, intéresser notre tâche apostolique, malgré les progrès réalisés un peu partout en ces dernières années.

Nous nous sommes limités à celles qui signalent des coïncidences presque générales et nous les avons groupées, un peu « grosso modo », sous cinq rubriques. Après ces citations, nous nous permettrons d'y ajouter un bref commentaire et d'avancer l'une ou l'autre suggestion d'ordre purement pratique, laissant volontairement de côté les intéressantes considérations psychologiques qu'on pourrait en déduire.

 

A. L'observation de fond. Avec une unanimité frappante, ils souhaitent une formation plus pratique et plus ouverte sur la vie réelle du chrétien dans la société actuelle.

Il est naturel que celui qui est à la veille de s'engager dans une entreprise comme celle de traverser en chrétien intègre le monde d'aujourd'hui, désire s'y préparer sérieusement et regrette les contretemps occasionnés par le manque de prévoyance. Ecoutons-les :

« Il me semble opportun de noter que si la formation religieuse reçue a assuré ma vie chrétienne de collégien, bien aidé en cela par la quotidienne tutelle des Frères, elle m'a lancé un peu sans défense dans le monde.

« En général, à la sortie du collège, on passe par une période critique après laquelle on revient au sein de la religion ou on l'abandonne définitivement.

«L'enseignement théorique est excellent, mais il faudrait soigner davantage le côté pratique. Que les Frères soient plus pénétrés de la réalité du monde contemporain et que leur enseignement vise plus directement, d'une part à la solution chrétienne des problèmes quotidiens et, d'autre part, à fournir des arguments apologétiques actuels. »

« J'estime que la formation doit être théorique et pratique, mais que la théorie doit s'établir par la méthode inductive, c'est-à-dire en partant de problèmes de la vie réelle. »

S'il est vrai que la formation religieuse du collège inculque la foi, elle ne fournit pas — à mon humble avis — les éléments positifs nécessaires pour affronter immédiatement les luttes et les tentations auxquelles l'élève doit faire face le jour même qui suit sa sortie du collège. J'ai vu malheureusement beaucoup de camarades oublier bien vite les enseignements des Frères et aller de chute en chute dans leur vie morale. »

« A mon avis, je crois qu'en général l'instruction religieuse donnée dans les collèges dirigés par les Ordres religieux, aussi bien pour les jeunes gens que pour les jeunes filles, est suffisante pour ce qui a rapport à la théorie et aux pratiques religieuses, mais elle ne les prépare pas assez pour soutenir les luttes de la vie postscolaire. Il arrive alors que l'élève qui durant ses années de collège fréquentait les sacrements et s'acquittait régulièrement de ses devoirs religieux, finit par les abandonner. »

« Le jeune collégien ne connaît, en général, qu'un catholicisme trop théorique. Il importe de lui donner une vision plus complète et plus nette de la morale, de la sociologie, etc. Lui montrer la présence de l'Eglise dans les grands problèmes et mouvements modernes, le mettre en contact (avec les penseurs chrétiens de réelle valeur, lui faire connaître les institutions culturelles, scientifiques et sociales qui, dans le monde entier, donnent du prestige au christianisme ; en un mot, lui démontrer que la force vitale de l'Eglise ne s'est pas épuisée avec le Moyen Age et qu'elle n'a 'pas la nostalgie de l'ère des chariots, pas plus qu'elle ne redoute l'ère atomique ».

Les thèmes ci-dessus mentionnés devraient être exposés aux grands élèves avec beaucoup de franchise et de clarté, ayant soin de prévenir et d'expliquer au collège les doutes et les difficultés qu'ils auront à affronter plus tard.

Quelques-uns de ces points pourraient être développés par des laïcs, choisis, pour leur intégrité morale et leur capacité intellectuelle. Le contact des jeunes avec de grandes personnes qui pratiquent et enseignent les mêmes principes que les Frères serait très salutaire.

 

B. Ils désirent intervenir plus personnellement dans leur propre formation. En plus de la leçon théorique, ils conseillent des cours de formation chrétienne ouverts à l'intervention des élèves. Ils sentent vivement le besoin de se former les convictions personnelles, que, malheureusement, ne leur a pas fournies en général la famille et que ne saurait non plus leur inculquer assez fortement une formation collégienne trop collective et trop imposée du dehors.

« En plus des programmes et de la leçon traditionnelle de religion, établir pour les élèves des deux dernières années du secondaire ce qu'on pourrait appeler des Cours de Culture Religieuse et Morale pour Jeunes Gens. On y aborderait, avec l'intervention des élèves, les thèmes pratiques de religion et de morale. L'assistance à ces cours serait libre et des anciens élèves pourraient y prendre part. »

« Si la formation religieuse se limite à la leçon de religion donnée à la façon des autres matières (texte expliqué, étudié et récité, avec points et examen), je la considère plutôt négative pour les grands jeunes gens. L'A. C, par exemple, avec toutes les activités qu'elle comporte, s'adapte mieux à leur psychologie et devient plus efficace.

« Je constate une très grande différence de résultats entre ceux qui n'ont eu que l'instruction religieuse en classe et ceux qui ont pris sérieusement part aux activités religieuses extrascolaires. Les premiers, je ne les trouve pas, en général, très différents de ceux qui ont fréquenté les écoles de l'Etat. Il en est même que les années passées dans le collège religieux n'ont pas empêché de devenir de parfaits indifférents en matière religieuse, ou même anticléricaux et communistes, surtout s'il leur a manqué la formation religieuse familiale. Tandis que les seconds, même s'ils n'ont pas fréquenté l'école religieuse, on les retrouve actuellement très nombreux parmi les meilleurs militants catholiques.

«Je préférerais remplacer l'expression «formation religieuse par celle de « formation d'une conscience chrétienne » pour mieux accentuer le caractère profond et personnel que doit avoir cette formation.

«Comme complément de l'enseignement du programme, il serait très utile d'organiser des cours dans lesquels les élèves seraient invités à traiter et à discuter des thèmes dûment préparés. Ils auraient ainsi l'impression qu'ils sont parvenus à la pratique de la religion par libre détermination et pour des raisons personnellement valorisées».

 

C. Ils demandent à être initiés à des pratiques religieuses plus libres conduisant à la formation d'une vie spirituelle plus personnelle. Ils constatent que celles qui sont basées uniquement sur l'organisation du collège tombent peu après l'éloignement de celui-ci.

« S'il est vrai qu'on rencontrerait des difficultés dans un collège en laissant aux élèves la liberté pour la pratique des actes religieux, je crois que les grands doivent y être initiés à leur grand profit.

« Le caractère obligatoire que l'on donne à certains actes qui ne le sont pas en eux-mêmes, surtout lorsqu'il s'agit de pratiques religieuses, pourrait avoir des effets négatifs, spécialement chez les tempéraments indépendants.

« Le meilleur système serait de les laisser libres (je parle des grands élèves), dans certaines limites, d'y participer ou non. Le mérite des éducateurs consisterait alors à créer des conditions d'organisation et d'ambiance telles qu'elles portent le plus grand nombre possible de jeunes à en profiter, mais dans la conviction qu'ils ont correspondu en cela à une exigence spirituelle personnelle. Cela permettrait en outre aux Frères de distinguer les négligents ou les réfractaires pour les approcher et essayer de les engager dans la bonne voie. Je crois que si les Frères employaient en cela une bonne tactique, ils auraient gain de cause dans la plupart des cas.

« Malheureusement, dans le collège où j'ai fait mon éducation, on était persuadé que les convictions se forment par la répétition des actes. Alors on nous imposait des pratiques religieuses, surtout des prières. Les habitudes religieuses se forment par la .répétition des actes, mais seulement quand le jeune homme les trouve personnellement bons et utiles. Mais ce n'est pas la répétition forcée des actes qui porte à la conviction de leur bonté ou de leur utilité. On parvient aux habitudes religieuses par des convictions religieuses, et non vice versa.

D. Formation à la fonction sociale du chrétien dans le monde d’aujourd’hui et culture des vocations à l'apostolat laïque. Dieu merci, les nouvelles générations prennent de plus en plus conscience de la responsabilité sociale et apostolique du chrétien.

« On sent le besoin urgent, dans tous les domaines de la vie sociale, de figures catholiques saillantes. On critique et on sous-estime le christianisme en tant que valeur sociale parce que trop de personnages soi-disant catholiques, ou n'ont pas le courage de se montrer tels, ou n'ont que peu d'influence sociale. Le collège ne peut pas tout faire,

mais il devrait avoir le souci de découvrir des vocations de dirigeants et favoriser leur formation.

L'éducation, comme l'a encore répété S. S. Pie XII aux Frères des Ecoles Chrétiennes, « doit préparer les élèves à exercer une action sur leur époque et sur leur génération ».

Qu'on n'oublie pas dans les collèges l'apostolat de l'Eglise.

« Une des pires erreurs serait celle de croire qu'il puisse y avoir des catholiques sans vocation apostolique. Pour discerner les différentes vocations d'apostolat, instruisez largement vos grands élèves sur les principales organisations pieuses et apostoliques de l'Eglise : Tiers Ordres, Confréries, Œuvres sociales, comme celles de Saint-Vincent-de-Paul, des Vocations ecclésiastiques, des Malades, Opus Dei, Mouvement pour le Cinéma Catholique, etc. Qu'on les mette en contact avec des représentants qualifiés de toutes ces organisations. Plus de jeunes de ce qu'on pourrait penser sentiront naître en eux des vocations spécialisées de vie chrétienne et d'apostolat dans le monde ».

 

E. Ils n'ont pas manqué ceux qui nous demandent que nous ayons davantage foi en leurs aptitudes pour la vie spirituelle et que nous cultivions avec soin ces saintes aspirations.

« Préciser devant les grands élèves, dans une parfaite orthodoxie, les notions de « perfection chrétienne » et de « sainteté » à laquelle nous sommes tous appelés selon notre état, aussi bien dans le laïcat que dans les vocations religieuses ou sacerdotales.

« Ce serait une erreur lamentable d'écarter d'office de la vocation à la sainteté les âmes destinées à vivre dans le monde, comme si Notre-Seigneur eût limité aux prêtres et aux religieux l'appel d'être « parfait comme notre Père céleste est parfait ». L'appel à la sainteté est plus général. La plupart des âmes sont appelées à se sanctifier dans le monde en vivant en état de grâce, étant des modèles de chrétiens pour les membres de leur famille, supportant les peines de la vie en union avec Jésus-Christ et accordant constamment leurs projets et leurs volontés à ceux de la divine Providence.

« Pourquoi ne pas faire participer le plus largement possible vos élèves aux trésors de votre vie religieuse ? Pourquoi ne pas leur parler quelquefois d'ascétisme religieux à leur portée ? Pourquoi ne pas leur inculquer, par exemple, d'offrir au Seigneur les sacrifices que leur imposeront la

 

pauvreté, la chasteté et la soumission propres à la vie de famille, dans le même esprit que vous observez vos trois vœux de religion ? Pour beaucoup d'âmes, ce serait un précieux encouragement ».

 

Conclusion.

Les réflexions que la lecture des présentes citations, trop fragmentaires, auront excitées chez les divers lecteurs seront probablement différentes.

Personnellement, après avoir lu attentivement et in extenso » les nombreuses et presque toujours substantielles réponses à l'enquête, nous avons l'impression d'y découvrir des aspirations précises et sincères vers une vie foncièrement chrétienne, vers l'action sociale catholique et vers l'apostolat.

Est-ce un des fruits du Mouvement de l'Action Catholique ? Quoi qu'il en soit, on ne peut nier la remarquable coïncidence de ces aspirations avec l'idéal, l'esprit et les méthodes de formation propres à l'A. C. : courageuse prise de position du chrétien dans la société avec, comme conséquence, le besoin profondément ressenti d'une doctrine de vie claire et sûre, de convictions personnelles inébranlables et d'une vie intérieure ardente.

Ne sera-ce pas dans cette direction que nous trouverons la manière de rendre plus intéressante et, surtout, plus efficace la formation religieuse, sociale et apostolique de nos chers jeunes gens ?

La méthode qui s'est révélée efficace pour former des chefs, ne le sera-t-elle pas de même pour la formation des soldats ?

Voilà pourquoi nous croyons devoir conclure en conseillant comme complément nécessaire de la formation religieuse scolaire de nos élèves et comme préparation immédiate à leur vie postscolaire, l'adoption pour les classes supérieures d'une méthode semblable à celle employée par l'A. C.

Et nous le faisons avec beaucoup de conviction, car en plus de son indubitable orthodoxie, elle s'est révélée très adaptée aussi bien à la psychologie des jeunes qu'aux besoins de nos temps.

Nous pouvons, en outre, certifier que là où on l'applique déjà, ne fût-ce que partiellement, elle donne d'excellents résultats.

Voici une des façons de la mettre en pratique :

a) Elaborer un programme d'instruction religieuse qui soit un véritable itinéraire de vie chrétienne dans le monde contemporain.

b) Compléter l'enseignement théorique par des cercles d'étude de culture religieuse, à la manière de l'A. C, dans lesquels, en partant de problèmes de la vie réelle, on élaborerait des règles de conduite avec l'intervention des élèves.

c) Organiser des actes de piété, liturgiques de préférence, avec assistance facultative.

d) Moyennant des réunions spéciales, mettre les grands élèves en contact avec ce que nous pourrions appeler, faute d'autre dénomination, la « Communauté catholique du lieu » : personnes et institutions.

Il y a eu des évêques qui ont manifesté une grande satisfaction de leur avoir procuré une rencontre avec ces groupes de grands élèves du collège et au collège. Ils leur ont parlé de la vie religieuse du diocèse, de ses problèmes, répondant volontiers aux questions posées par les jeunes gens, en gagnant ainsi d'avance à leur cause bon nombre d'entre eux.

Selon les cas, on pourrait appeler successivement MM. les Curés, des dirigeants de l'A. C. paroissiale, des professeurs d'Université, toute sorte de professionnels, militaires, industriels, présidents d'associations pieuses et de centres d'action, sans oublier les institutions aux fins culturelles, sportives ou autres, mais à caractère nettement catholique.

Ces témoins vivants de la religion, en plus de leur exemple, pourront, demain, être leurs conseillers, les sauvegardant de l'influence de gens mal intentionnés.

Se sentir membre de cette petite chrétienté représentera pour plus d'un une solide garantie de persévérance. L'isolement et l'abandon ont été certainement la cause de beaucoup de défections.

e) Les initier, sous la direction des Frères, à l'apostolat catéchistique et aux œuvres de miséricorde corporelles dans des quartiers abandonnés au double point de vue chrétien et matériel. C'est la meilleure manière de préparer des catéchistes laïques et de les conserver eux-mêmes dans la foi et les pratiques chrétiennes.

f) Et nous concluons par une observation d'une importance capitale pour la réussite de la méthode que nous suggérons. Il est nécessaire que cette ou ces classes soient matériellement indépendantes de la vie générale du collège, afin de pouvoir les initier, sans inconvénient pour les autres, à un régime de conduite, d'étude et de vie chrétienne progressivement autonome qui leur serve de transition entre la vie minutieusement contrôlée du collège et celle complètement libre de l'Université ou du travail. Une commode salle de réunion facilitera particulièrement le travail.

 

Quatre garanties. — Si, en outre, nous parvenons à inculquer aux jeunes gens : l'habitude des lectures religieuses, l'habitude de la prière qui jaillit de la vie, une filiale dévotion à la Très Sainte Vierge et un minimum d'esprit de sacrifice, nous pouvons espérer que notre apostolat ne sera pas vain et que Dieu et la Sainte Vierge suppléeront nos inévitables insuffisances.

F. Sebastiani, A. G.

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