Agrandissements Ă Bairo, Italie
06/Oct/2010
Bairo, situé sur les premiers contreforts des Alpes, à 40 kilomètres de Grugliasco est une maison de formation qui intéresse non seulement la Province de Varennes, mais encore celles de Syrie et du Brésil Central qui ont part à ses recrues, et même celles de Grande Bretagne et Irlande ainsi que l'Afrique du sud qui lui envoient des postulants.
La surface de ses appartements n'était pas jusqu'ici en rapport avec ce rayonnement mondial. Le vaste clos qui fait suite aux bâtiments aurait certes fourni la place pour bâtir… mais à quel prix?
Aussi, que de fois des yeux brillants de convoitise avaient-ils lorgné la vaste manufacture de tissage, en bordure de la cour, et qui ne marchait plus depuis des années ! Que de fois des pourparlers timides avaient tenté d'amorcer l'achat de l'immense bâtisse vide!
Mais il y avait toujours eu des obstacles.
Combinazione. — Toutefois, la bonne Providence qui s'intéresse aux nids des oiseaux protège aussi les nids des petits Frères ! Elle le fit bien voir, et ce printemps dernier une série de combinazione tour à tour loyales, puis louches, et enfin presque cocasses, mais trop longues à raconter, firent arriver dans nos mains la presque totalité de l'immeuble, pour un prix qui ne pouvait plus soulever aucune objection.
Ah! mes amis, quelle aubaine! Pour 20.000 lires, la vaste fabrique, de près de 60 mètres de long, flanquée de pas mal de dépendances et d'une belle maison d'habitation, non compris une gigantesque cheminée d'usine qui n'a pas sa pareille dans tout l'Institut, le tout solide quoique un peu défraîchi, par suite d'un long abandon, devenait la propriété des Frères. Les neuvaines étaient bien récompensées.
Dire la joie de la maisonnée est impossible. Il y avait bien en perspective des terrassements et des raccordements de niveaux, des démolitions de murs, des crépissages, badigeons et nettoyages à n'en plus finir. Mais qu'est-ce que cela pour des gens pleins d'ardeur?
Juvénistes, postulants, novices et Frères se mirent à l'œuvre et travaillèrent si bien que la retraite de fin juillet inaugura les nouveaux bâtiments.
Petite Fête. -— Il fallait bien un brin de fête pour célébrer ce beau jour.
La matinée du 21 juillet fut consacrée à recevoir les hôtes de marque venus de la Maison-mère et à leur montrer, par le menu, toutes les nombreuses pièces grandes et petites du nouveau domaine, depuis la cave immense et fraîche jusqu'au pavillon coquet où une horloge monumentale, aux multiples rouages, chante harmonieusement les heures du jour et de la nuit. Elle seule fut estimée 15.000 lires, par l'horloger qui vint la restaurer.
Ensuite, la belle salle des réunions fut inaugurée par des compliments et des chants s'adressant principalement au C. F. Augustin-Joseph, A. G. représentant du R. Frère Supérieur, qui n'avait pu venir.
On admira l'acoustique de cette salle de 17 mètres de long qui, voûtée, rend admirablement les chants. Aussi on applaudit bien volontiers les juvénistes qui disaient dans leur refrain:
Voulez-vous voir un paradis sur terre… [refrain et 5 couplets]
Il y en avait long, comme cela, et le refrain, enlevé par toutes les voix, approuvait ce que chantaient si bien les solistes.
Un petit dialogue fit valoir ensuite les avantages de la nouvelle chapelle de 34 m. de longueur, comparée a l'ancienne, qui n'en avait pas 10:
— Il y aura de l'air dans celle-là, au moins, et on ne risquera plus de tomber en pamoison, sous les bancs resserrés, comme cela est arrivé l'été passé.
— Et puis, on ne s'épongera plus tant, durant les vêpres du mois d'août!
— Et puis, quand nous serons novices, nous n'aurons plus à redouter d'être placés derrière les gros piliers, d'où l'on ne voyait plus rien toute l'année.
— Ces colonnes faisaient penser aux murs des lamentations de Jérusalem. Ça ne devait pas être gai, là derrière.
— Et l'on ne sera plus obligé d'aller à l'église paroissiale pour les vêtures.
Et le dialogue continuait, énumérant les visiteurs attendus ou présents: le Révérend Frère Supérieur « qui prononce si distinctement tout ce qu'il dit que c'est toujours un plaisir de l'entendre » le C. F. Assistant « qui a si bon cœur », le C. F. Econome Général « qui a si bonne bourse », le C. F. Avit, «pilote instructeur de notre grande école d'aviation… » et bien d'autres.
La bénédiction. — Le soir, à 3 h. nouvelle cérémonie. S. E. Monseigneur Filipello, évêque d'Ivrea avait bien voulu venir bénir la chapelle. La bénédiction liturgique se déroula à l'extérieur et à l'intérieur, puis Mgr expliqua, dans un langage à la portée des plus petits, le rôle d'une chapelle dans une maison religieuse. Le S. Sacrement fut ensuite apporté dans sa nouvelle demeure, et un salut solennel termina la cérémonie.
Elle fut suivie, d'une réception de Monseigneur et de sa suite, dans la salle inaugurée le matin, avec le compliment et les chants d'usage. Monseigneur remercia et, dans une sorte de catéchisme familier, qui tout doucement, amena le sourire sur toutes les lèvres, d'abord figées par le respect, donna aux juvénistes et à leurs aînés les plus sages conseils.
Rien de solennel ni de compassé, mais tout le long, cette bonté paternelle qui, dans la catholique Italie, règle les rapports des dignitaires de l'Église avec le menu peuple.
La journée laissa dans tous les cœurs le plus édifiant et le plus agréable souvenir. Elle laissa surtout aux heureux habitants de Bairo la belle chapelle qu'ils rêvaient depuis tant d'années et à laquelle la bonne Providence avait, par surcroît, en la leur donnant, ou presque, ajouté bien des choses.