Amis et Bienfaiteurs de lInstitut récemment appelés à une vie meilleure
28/Sep/2010
Don Labelle, aumônier du Lycée Léonin (Athènes). — Ce digne prêtre, qui vient de nous quitter pour un monde meilleur, mérite à bien des titres une belle place dans la reconnaissance des membres de notre Institut, car il fut un des plus généreux instruments dont la Providence se servit pour implanter et faire grandir en Grèce les Œuvres de notre Congrégation.
Né à Athènes en 1866 d'une famille d'origine française, il était allé achever ses études au Séminaire de la Propagande à Rome. A son retour, il fut nommé vicaire à la cathédrale, et bientôt ses dons éminents du cœur et de l'esprit lui firent confier la Direction du Séminaire diocésain et celle du Lycée Léonin, alors à ses débuts.
C'est là qu'il se dévoua pendant d'assez longues années, non exemptes de difficultés. Il exerça aussi quelque temps les fonctions de Secrétaire de l'archevêché, et fut nommé chanoine de la cathédrale.
Monseigneur Délenda, ayant confié, en 1909, la direction du Lycée Léonin aux Frères, qu'il y avait appelés deux ans auparavant comme simples coadjuteurs, c'est à partir de ce moment que nous avons eu constamment sous les yeux les vertus peu communes de Don Labelle.
Tout d'abord il donna l'exemple rare assurément de s'éclipser complètement et de se confiner dans le rôle d'aumônier qu'il se réserva et où pendant une quinzaine d'années il s'est dévoué sans compter.
Lui, qui avait été Supérieur de la Maison, ne se permit plus désormais ni une démarche, ni même un simple avis sur la marche de l'Œuvre qu'il avait remise en d'autres mains. Serviable et empressé à venir en aide, il attendait toujours qu'on eût recours à son expérience et à ses lumières ou à ses bons offices. Jamais homme ne fut plus habile à s'effacer.
D'une grande bonté, d'un commerce agréable, d'une science théologique sûre, d'un facile abord, d'une exactitude rare, il était de plus, d'une condescendance illimitée à toutes les modifications de règlement. Il fut certainement le modèle des aumôniers, toujours content, toujours conciliant, toujours prêt à rendre service. Lui, qui parlait admirablement le grec, ne prêchait guère dans le genre solennel, mais il excellait dans le genre familier, qui convient davantage aux enfants. Ceux-ci étaient suspendus à ses lèvres tout le temps qu'il leur parlait, et obtenait la confiance des élèves orthodoxes comme des catholiques.
Sa renommée avait franchi depuis longtemps les limites de son aumônerie, et, chaque dimanche et jour de fête, une fois son service achevé près de nous, il allait s'enfermer parfois pour des heures, au confessionnal qu'il gardait à la cathédrale, toute proche. Que de confessions il a entendues et que de consciences il a dirigées !
Ses dernières années ne furent pas exemptes de croix. Sa vue ayant commencé à faiblir, il dut modérer d'abord et suspendre enfin tout travail de lecture et d'étude. Vers la fin, il ne put plus dire que la messe de la Sainte Vierge. Quelle épreuve pour cet homme qui fut toujours un travailleur acharné et qui, dans les écrits qu'il a publiés, se montrait un écrivain si délicat! Il ne restait pas pour cela oisif. Levé, dès 4 heures du matin, selon sa vieille habitude, il était debout le premier, dans la maison, et commençait même avant les Frères ses longues oraisons.
Plus tard, dans sa dernière année, la maladie de cœur qui devait l'emporter vint augmenter ses souffrances, mais ses longues nuits d'insomnie ne purent avoir raison de son énergie. Il se faisait porter à la chapelle assis dans son fauteuil, plutôt que de ne pas assurer ses fonctions d'aumônier.
Au commencement de ces dernières vacances, on l'avait emmené dans la maison de campagne du Lycée, espérant qu'un changement d'air, joint aux soins qu'on lui prodiguait depuis longtemps, améliorerait sa santé. Mais, le mieux ne se produisit pas. Au contraire. Et à la veille de la retraite, on ne crut rien pouvoir faire de mieux que de le confier aux bonnes Sœurs de l'hôpital, car on ne pouvait plus le laisser seul, même pour le temps de la retraite. C'est là qu'il est mort pieusement, après quelques jours bien pénibles, acceptant la mort de la main de Dieu, qu'il avait appris à tant d'autres à bénir toujours.
En l'absence de Mgr. l'Archevêque, alors en voyage, ce fut Mgr. Mamos, grand vicaire, qui présida les funérailles, entouré de tout le clergé d'Athènes, et l'on vit bien alors, soit à l'émotion du prélat, soit à celle de la foule accourue nombreuse, en quelle haute estime chacun tenait le vénéré défunt.
R. I. P.