Anciens élèves a Lowell

L. B.

11/Sep/2010

L'année dernière, à pareille époque, nous avons donné quelques détails sur l'origine et la première réunion plénière de la Société des Anciens Elèves du Collège St. Joseph de Lowell. Les lecteurs du Bulletin seront heureux d'apprendre que cette Société, au cours de la dernière année scolaire, a complété, resserré, affermi son organisation, et que, le 8 aout passé, dans sa seconde réunion plénière, elle a non seulement renouvelé, mais rendu, si possible, encore plus beau, plus réconfortant, plus édifiant, plus riche d'heureuses espérances, le spectacle qu'elle avait déjà donné il y a un an.

Le programme avait beaucoup d'analogie avec celui de la première réunion; c'est-à-dire qu'il se composait de trois parties: une cérémonie religieuse le matin; une récréation sportive dans l'après-midi, et un banquet le soir; mais la cordialité, l'entrain, l'enthousiasme, bien loin de s'être refroidis, ont paru encore plus vifs et plus unanimes, et le comité organisateur avait mis tant de soin à tout prévoir et à tout régler qu'il n'y a pas eu la moindre déconvenue.

La cérémonie religieuse consistait en une grand'messe solennelle, célébrée dans l'église paroissiale de Saint Joseph. Elle a été magnifique et pleine d'édification. Elle fut célébrée à neuf heures par le R. P. Audibert, de la paroisse, assisté, comme diacre et sous-diacre, des RR. PP. Chaput et Carrier, anciens élèves du Collège, de même que les quatre servants. Le Chœur de la paroisse, qui s'était renforcé d'un bon nombre d'excellents chantres, interpréta la messe royale harmonisée de Boucher, sous l'habile direction de M. Télesphore Maio. L'orgue était tenu par M. Bernard, organiste ordinaire de la paroisse. Les solos de la messe furent exécutés par trois anciens élèves MM. A. Giroux, W. P. Caisse et E. Montmarquet, et par le Frère Priscillianus, ancien directeur du collège St. Joseph. A l'évangile, le R. P. Carrier prononça un beau sermon sur la nécessité pour la Jeunesse catholique de pratiquer ouvertement et vaillamment sa foi.

A l'issue de la messe, les Associés se rendirent en corps au collège Saint-Joseph, leur chère alma mater, pour se reconnaître, renouer leurs anciennes relations ; puis, après le diner, on se disposa à partir pour la fête champêtre qui constituait la seconde partie du programme de la journée. Le lien choisi, cette année, était la ferme Allardvale, Long Pond. Pour s'y rendre, on aborda quatre tramways spéciaux disposés à cet effet, et le court trajet s'accomplit au milieu de chants et d'acclamations de toutes sortes. La récréation sportive commença par deux parties de baseball, où la victoire fut chaudement disputée entre les quatre équipes rivales. Ce fut alors le tour de toute une série de courses amusantes : course à la tarte, course aux sacs, course à reculons, course à trois jambes, course aux patates, course aux pommes, etc. …, durant lesquelles l'intérêt et la gaité ne tarirent pas un moment.

Enfin, la troisième et dernière partie du programme, le banquet, eut lieu le soir, dans la grande salle du Collège, splendidement décorée et illuminée. A la table d'honneur prirent place, autour de M. W. P. Caisse, réélu président par acclamation: le R. P. Watelle, Curé de la paroisse ; M. James O' Donnell, Maire de Lowell; M. Henri Achin, député au parlement de l'État; les RR. PP. Carier, Nolin et Chaput, Oblats de Marie Immaculée : M. l'abbé Bedard vicaire de St. Louis de France; les Frères Priscillianus, Sylvain et Léon-Bernardin, Directeurs successifs du Collège, etc. …1. Autour des autres tables étaient assis environ 400 Anciens Elèves heureux de se retrouver et de rappeler à qui mieux les agréables souvenirs d'autrefois.

Après le Benedicite, dit par le R. P. Watelle, l'orchestre Harmonie, sous la direction de M. A. Larivière, commença un morceau populaire, tandis que chacun attaquait avec entrain, le magnifique menu servi par les employés de la maison D. L. Page.

Après le dessert, l'orchestre joua l'hymne national "America’’ que tout le monde écouta debout en signe de respect; puis M. W. P. Caisse se leva, et, en qualité de Président, il souhaita en termes excellents la bienvenue aux Hôtes d'honneur et à tous les Sociétaires. Alors commença la longue série des toasts: à la Paroisse, au Canada, à l'Etat de Massachusetts, à la ville de Lowell, à la France, aux Frères Maristes, au Collège et à l'Association, auxquels il fut répondu par de très beaux discours que nous regrettons de ne pouvoir reproduire, faute d'espace. Faisons cependant une exception pour celui de M. James O' Donnell, Maire de Lowell, dont la présence à cette fête a été regardée avec raison comme un des plus grands honneurs qui aient été faits à la jeune Société:

Monsieur le Président, Révérends Peres et Frères, Messieurs,

Je m'estime très honoré d'avoir â prendre la parole au nom de la ville de Lowell devant une assemblée composée de fils de Canadiens-Français, de fils de ces immigrants d'une génération disparue, qui par leur habileté naturelle, leur profonde honnêteté et leur inaltérable bonne foi ont donné A ce pays quelques-uns de ses fils les plus illustres et de ses plus honorables citoyens.

Pour répondre convenablement à la santé de ‘’la ville de Lowell’’ il me faudrait parler de leur accroissement en nombre et en influence depuis le long et fécond apostolat du R. P. Carin, de sainte mémoire, jusqu'au temps présent ou ils forment le tiers de la population. Leurs progrès sont une page brillante de l'histoire de Lowell, qui vous est familière à tous. Je me reprocherais donc de prendre pour vous la redire le temps réservé aux autres messieurs qui doivent parler. Depuis les premiers temps de leur immigration, nous voyons la même chose. Partout où ils se sont établis, les Canadiens-Français ont bâti simultanément une église et une école; elles ont grandi en même temps, et leurs progrès n'a pas même été arrêté par des conflagrations désastreuses.

Il y a un an, à l'occasion de votre première réunion, je donnais quelques détails statistiques sur la somme d'argent que le maintien de cette école économise à la commission scolaire. Depuis lors, une autre année de succès a passé, et le Collège a atteint sa majorité: il a aujourd'hui 21 ans d'existence. Pendant ce temps, il a envoyé dans le monde quatre milliers de jeunes gens qui, parvenus à l'âge d'hommes, sont devenus des citoyens de Lowell et qui ont été un honneur pour notre cité et leur "Alma Mater’’. Les gradués de cette école sont actuellement des hommes marquants dans la ville, et ce doit être un grand sujet de joie pour les Révérends Frères qui l'ont ouverte, en regardant autour d'eux, de voir réalisé le proverbe connu : « Du gland naît le grand chêne ».

Messieurs, il serait oiseux de vous dire que Lowell apprécie grandement les Canadiens-Français: c'est un fait qui ne peut échapper à aucun de ceux qui vivent dans notre ville et connaissent ce qui s'y passe. Vous faites bien d'honorer votre alma mater. Puisse chaque nouvelle année, en ajoutant de nouveaux membres à votre Association, apporter de nouveaux honneurs et, de nouveaux succès à la grande institution qui s'est consacrée avec tant de soin â votre éducation intellectuelle et vous a armés pour la grande lutte de la vie! »

La réponse au toast "à l'Association’’ et à sa devise "nous nous souvenons’’ revenait au R. P. Biais, O. M. l. qui, au grand regret de tous, n'avait pu assister à la fête. Sur l'invitation de M. le Président le R. P. Nolin, qui avait déjà répondu par un magnifique discours au toast "au Canada’’, y suppléa par la lecture de la belle poésie suivante, composée par lui sur le même sujet.

NOUS NOUS SOUVENONS

 

Je me souviens.

C'est la belle devise

Du vieux Québec, terre de nos aïeux.

Quelles leçons leur descendance y puise,

Pour se rendre grande, comme eux!

 

Visitez-la, cette terre bénie

Qu'ont illustrée, aux beaux jours d'autrefois,

Des fiers colons l'effort et le génie,

Et prêtez l'oreille à sa voix.

 

Prêtez l'oreille, et ses hautes montagnes,

Et son grand fleuve, et, son beau ciel si pur,

Et ses forêts, ses paisibles campagnes,

Ses lacs ou se mire l'azur;

 

Le toit rustique abritant la famille

Nombreuse et saine, espoir de l'avenir,

Le temple saint, le blanc clocher qui brille,

Invitant le ciel à bénir;

 

Ses habitants, peuple de gentilshommes,

Au caractère honnête, ferme et doux

Tout vous dira, frères, ce que nous sommes,

Tout vous dira: Souvenez-vous.

 

Souvenez-vous de tout ce que comporte

Le noble nom de Canadiens-français:

Cœur généreux, âme vaillante et forte,

Dans les revers et les succès.

 

Souvenez-vous de la grande épopée

Qu'a burinée aux bords du Saint-Laurent

De vos aïeux, par la croix et l'épée,

Le courage persévérant.

 

Souvenez-vous des femmes admirables,

Qui, prodiguant l'amour et la bonté,

Ont fait grandir, à l'ombre des érables,

Notre nationalité.

 

Souvenez-vous aussi de ce collège,

Où l'on forma vos esprits et vos cœurs:

Ce souvenir dans les combats protège,

Réconforte et fait les vainqueurs.

 

Souvenez-vous que les fruits de l'automne

Sont mesurés aux labeurs du printemps,

Et que l'esprit comme le sol, ne donne

Ses trésors qu'aux efforts constants.

 

Souvenez-vous que pour suivre la route,

Il faut porter du croyant le flambeau,

Illuminant L'obscurité du doute,

Jusque par-delà le tombeau.

 

Oui, du passé chérissez la mémoire,

Et ses leçons sachez les retenir:

Pour y puiser force, bonheur et gloire,

Attachez-vous au souvenir.

 

O souvenir, ta douce transparence

Des jours anciens évoque le décor,

Et devant nous fait poindre l'espérance

Des jours qui ne sont point encor.

 

Des fondateurs de notre illustre rare

Nous admirons les faits et les grands noms;

Nous aspirons à marcher sur leur trace,

Et nous nous souvenons!

 

Oui, nous l'espérons, les jeunes gens de l'Association des Anciens Elèves du Collège Saint-Joseph se souviendront longtemps de cette belle journée, commencée par un acte de foi et de piété et terminée par une magnifique expression d'amour, de fidélité et de dévouement à tous les objets qui ont droit de leur tenir le plus au cœur: leur religion, leur patrie d'origine, leur patrie d'adoption, leur ville, leur église, leur école, leurs maitres d'autrefois, leur idéal exprimé dans une superbe devise. Ils s'en souviendront avec bonheur et tiendront pendant longtemps à revenir chaque année y goûter le même charme, y ressentir les mêmes douces émotions et y puiser le même réconfort. Ils y viendront réchauffer leur foi, retremper leur patriotisme, revivre leurs jeunes années, entendre d'éloquentes paroles, recevoir de sages conseils, raviver leur enthousiasme pour tout ce qui est bon, grand, noble et beau; et ils en repartiront plus dispos, plus confiants, plus résolus, mieux armés pour les saints combats de la vertu et même pour la lutte contre les dures nécessités de la vie présente. C'est le vœu que nous ajoutons à tous ceux qui furent exprimés au cours de cette inoubliable soirée.

                                            L. B.

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1 Le C. F. Ch. Frère Chryseuil, premier Directeur de l'Etablissement et Président honoraire de la Société, n'avait pu venir. Son absence a été vivement regrettée.

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