Apostolat fructueux
09/Sep/2010
Dieu sait, quand il veut, tirer sa gloire de tout. L'année dernière, en voyant la tournure des événements en Chine, beaucoup de ceux que préoccupent les intérêts de notre sainte religion se montraient très inquiets au sujet des conséquences qu'ils allaient avoir pour les œuvres d'apostolat catholique ; or voila que, d'après l'impression générale qui semble se dégager des nouvelles qui nous en arrivent, elles en auront éprouvé, en somme, beaucoup plus de bien que de mal.
Par le fait de la République, écrivait il n'y a pas longtemps le Frère Provincial, il semble que nous soyons entrés dans une ère nouvelle. Les esprits sont plus tournés vers les sujets religieux. Je viens de passer quelques jours chez nos Frères de Tientsin, qui a été mon premier poste en Chine. Quelle différence entre Tientsin d'aujourd'hui et celui de 1891 ! Je crois rêver lorsque je fais la Comparaison. C'est une véritable transformation qui s'est opérée dans cette ville depuis l'année des Boxers, même au point de vue de la civilisation.
Mais c'est surtout au point de vue religieux que le changement est consolant. Il y a vingt ans, le vicariat actuel de Tientsin n'avait pas 2.000 chrétiens ; aujourd'hui, il y en a 35.000, et l'on peut prévoir que d'ici à 19 ans ils seront plus de 100.000. C’est sans doute le sang des innocentes victimes de 1870 et de 1900 qui a valu cet accroissement prodigieux.
Néanmoins le mouvement n'est pas limité à Tientsin : toutes les missions de la province du Tchéli sont dans le même état de prospérité. L'augmentation annuelle, dans le vicariat de Pékin avant 1900 était de 1000 ; actuellement elle est de 30.000. Si le bon Dieu nous continue ses bénédictions et qu'une réglementation trop européenne ne soit pas imposée aux missions, tout semble promettre pour le Nord de la Chine un beau mouvement de conversions, qui se propagera de là dans le pays tout entier. Dans nos écoles, les élèves désireux d'embrasser le catholicisme sont nombreux. A Canton, il y en a 9, à Hankow, 7, et rares sont celles où il n'y en pas quelqu'un. C'est ainsi que nos Frères peuvent contribuer pour leur petite part à accélérer le mouvement général de conversion qui se dessine un peu partout. Ils s'en réjouissent avec raison, et leur zèle s'en trouve excité et encouragé.
Puisse-t-il être de plus en plus béni de Dieu, et réussir à faire rentrer dans le divin bercail un grand nombre de ces brebis errantes qui s'y sentent peut-être invisiblement attirées et ne s'en tiennent éloignées que pour ne pas connaître suffisamment le véritable Pasteur !