Au Sacré-Coeur de Pékin
F. C.
06/Sep/2010
Ce fut vraiment un jour de bonheur et de sainte joie, pour notre Ecole paroissiale du Sacré-Cœur, que celui du 7 mars dernier, où 120 de nos élèves, la plupart très jeunes, faisaient leur première Communion, tandis qu'un bon nombre d'autres la renouvelaient.
Depuis plusieurs semaines, ils recevaient chaque jour une instruction immédiatement préparatoire ; et, les trois derniers jours, une petite retraite à leur portée leur fut donnée avec beaucoup de fruit par les prêtres de la paroisse. Outre deux instructions et la bénédiction du Saint Sacrement qui se donnaient chaque jour à l'église paroissiale, il y avait encore plusieurs exercices communs dans la chapelle de l'école : et c'était vraiment touchant de voir quelle bonne volonté ils mettaient à ces exercices, pourtant bien nouveaux pour eux, et quel soin ils apportèrent à préparer leur confession générale.
Le matin du jour fixé, malgré un vent poussiéreux très désagréable, ils nous arrivèrent bien avant l'heure, proprettement vêtus, leur petite tresse gentiment peignée, et le visage tout souriant du bonheur qui remplissait leur âme.
Ils se rendirent ensuite processionnellement à la cathédrale, revêtue en leur honneur de sa plus belle parure, et à 7 heures et demie précises commença la messe de communion, dite par Mr Che, vicaire de la paroisse. Elle fut pieusement entendue par les petits communiants, leurs camarades de l'école, leurs parents et une nombreuse assistance qui remplissait la vaste nef. On se serait cru — n'eût été la différence de physionomies et de costumes — non point dans un pays païen, mais dans quelque fervente paroisse d'Europe. C'était la même affluence, la même foi, la même impression de bonheur.
Ce fut aussi le même attendrissement, au moment de la communion, en voyant ces enfants, s'avancer vers la Sainte Table, dans une attitude modeste, recueillie, et en revenir avec le sentiment peint sur leur visage qu'un mystère d'amour venait de s'accomplir en eux et qu'ils étaient devenus, pour ainsi dire, les temples vivants de Jésus Hostie.
Après l'action de grâces, ils chantèrent de tout leur cœur, en chinois, le cantique bien connu :
Je le sens le Dieu d'amour,
Le vrai pain des Auges.
Il est à moi sans retour :
Ah ! quel heureux jour !
Et cette gracieuse mélodie exécutée par une masse de 120 voix fraîches comme le sentiment qui les inspirait, impressionna vivement la nombreuse assistance.
Vers les dix heures, une messe solennelle fut célébrée encore dans la cathédrale par le R. P. Tong, curé de la paroisse, et chantée par la chorale de l'école ; et enfin, à 5 heures du soir, eut lieu l'instruction de clôture, suivie de la bénédiction du Très Saint Sacrement.
Depuis lors, ils assistent tous les jours, à l'école, à un catéchisme particulier où l'on complète leur instruction religieuse, et l'on s'efforce de les acheminer à la pratique de la confession et de la communion fréquentes. Grâce au grand dévouement des prêtres de la paroisse, la tâche pour le moment est facile et fructueuse. Malheureusement, bien que l'école soit gratuite et entièrement à la charge de la mission, il y a beaucoup de ces enfants qui, appartenant à des parents pauvres, ne peuvent rester chez nous que trop peu d'années, et trop souvent nous avons la douleur de les voir quitter prématurément l'atmosphère d'innocence et de piété qu'ils respirent ici, pour passer dans le milieu païen qui nous environne, et où ils sont exposés à perdre peu à peu les principes et les sentiments que nous avons pris tant de peine à leur inculquer.
Nous prions les lecteurs du Bulletin d'avoir dans leurs prières un souvenir spécial pour ces pauvres petits chinois, afin qu'ils se conservent sages et qu’ils deviennent un jour les soutiens dévoués de notre sainte religion au milieu de leurs compatriotes chrétiens.