Belgique – Visite du C. F. Marie-Odulphe, A. G

05/Oct/2010

Le Départ. — Nos Ecoles du Congo étant officielles, c'est le Gouvernement belge qui les construit et qui en paie les Maîtres. Il se charge également des dépenses pour le voyage, en première classe, du Délégué du R. F. Supérieur Général. C'est pourquoi le 25 Août dernier, le C. F. Assistant se rendit, au Bureau du Ministère des Colonies, en compagnie du C. F. Provincial et du C. F. Visiteur de Belgique, afin d'y recevoir sa feuille de route et de causer des meilleurs moyens de rendre la visite fructueuse.

« Je ne saurais dire, raconte le C. F. Assistant, l'édification que l'on éprouve à entendre des hommes occupant une haute situation officielle, parler en apôtres de la nécessité des Ecoles chrétiennes en pays de mission, et descendre avec tant de cordialité, à des détails pratiques d'organisation pour le meilleur rendement du dévouement combiné des fonctionnaires civils, des Pères missionnaires et des humbles Frères. Heureuses les colonies, heureuses les missions où règne entre le Gouvernement et les missionnaires, prêtres ou religieux enseignants, cette union si favorable au bien ».

Le 29 Août, il s'embarquait sur l'Elisabethville avec le C. F. Joseph-Sabin, et après 16 jours de mer, un jour de chemin de fer et 15 jours de navigation fluviale, il arrivait heureusement en face de Stanleyville, chef-lieu de la Province, où nos Frères dirigent depuis 1911 une école très prospère. Il y séjourna jusqu'au 26 du même mois.

Le lendemain, 27 Octobre, de bon matin, le Frère Assistant, accompagné du C. F. Donatus, Visiteur, prit congé des Frères pour se rendre à Buta, situé à 335 Km. au Nord. Le voyage se fit dans une auto que pilotait avec sûreté et prudence le C. F. Visiteur. La route, couverte de gravier rouge-brun, est très belle, et traverse sur tout son parcours la forêt équatoriale. Le voyage s'achève en une douzaine d'heures, malgré la traversée de cinq cours d'eau, tandis qu'il y a six ans, par bateau et pirogue, il avait duré 14 jours.

Le passage, sur ponton, de cinq rivières, dont l'Aruwimi (800 m. de large) ménage aux voyageurs des occasions de se déraidir les membres, entendre les refrains monotones des pagayeurs, et même, s'ils se font attendre, pratiquer des actes de patience.

En cours de route, le C. F. Assistant et le C .F. Visiteur eurent la satisfaction de saluer à Banalia sur l'Aruwimi, les Pères de la Mission, et vers 7 heures du soir, ils arrivèrent heureusement à Buta, avec quelques Frères qui étaient allés à leur rencontre dans l'auto de Monseigneur.

Avertis de leur arrivée par les acclamations des élèves internes, les autres Frères se portèrent au devant du C. F. Assistant et de son compagnon, et leur firent le plus fraternel accueil. Puis, l’on se rendit à la salle à manger pour le souper, pendant lequel une gaieté débordante anima les conversations.

La réception solennelle eut lieu le lendemain matin à 8 heures, dans la cour de récréation, parce que l'école ne dispose pas encore d'une salle assez varie pour contenir les 750 élèves.

 

Réception par les Élèves. — Laissons ici la parole à un de nos élèves, Paul Sapoa, ne fût-ce que pour donner un spécimen du bon français en lequel, comme beaucoup de ses camarades, il sait s'exprimer :

Parti de Stanleyville le 27 Octobre, au matin, le Frère Assistant arriva à Buta le même jour vers 7 heures du soir.

Le lendemain matin à 8 heures, on lui fit dans la cour de l'école, une réception magnifique.

Pavoisée, sous la direction du Fr. Jérôme, d'une multitude de drapeaux Belges et Congolais qui flottaient au vent, la cour présentait un air de fête.

Sous la véranda, était placée une estrade ornée de draperies tricolores Belges, de feuilles de palmiers et de fleurs. Les élèves, vêtus d'un uniforme blanc et d'une ceinture aux couleurs nationales, étaient rangés face à l'estrade.

A 8 heures, le Frère Assistant arriva accompagné du Fr. Visiteur, du Fr. Directeur, et de deux Pères Prémontrés de la Mission. Ils furent accueillis par de joyeuses acclamations de la part des élèves.

La chorale de l'école commença la Séance par le « Chant Mariste » accompagné par le Fr. Jérôme, le très dévoué directeur de la chorale. Puis, un élève de la section des candidats-commis s'avança vers le Frère Assistant et lut d'une voix haute et distincte une adresse de bienvenue.

Le Fr. Assistant y répondit avec un à-propos qui excita notre attention. Il félicita l'élève qui avait si bien lu l'adresse et remercia les Frères et leurs élèves pour leur souhaits de bienvenue. Il exhorta tous les écoliers chrétiens à bien prier tous les jours, à assister à la messe quotidienne et à communier fréquemment, selon le désir de l'Église. Il les engagea aussi à se confesser chaque semaine, à avoir une grande dévotion à la Ste Vierge Marie et à demander tous les jours à Dieu, par l'intercession de sa Sainte Mère, qu'il suscite parmi la jeunesse du Congo des vocations de Prêtres et de Frères enseignants. Il eut aussi quelques paroles aimables pour les élèves païens qu'il encouragea à bien prier afin de se préparer dignement au baptême. Des quelques paroles du Frère Assistant, prononcées avec conviction, excitèrent l'enthousiasme des auditeurs qui y répondirent par de longs applaudissements.

Ensuite, les élèves de la 6ième année primaire déclamèrent avec gestes et un ensemble parfait une très jolie poésie intitulée « L'Ange Gardien ».

Cette déclamation fut suivie d'une série d'exercices gymnastiques à l'aide de cannes tricolores et accompagnés de chants en Lingala et en Français.

Ces exercices furent exécutés par les élèves des 5ième et 6ième années et eurent un plein succès. Aussi, le Frère Assistant félicita-t-il les Frères Jérôme et Candide qui s'y étaient bien dévoués.

Enfin, pendant que la chorale chantait « La Prière des Hébreux » les écoliers se placèrent sur 4 files et, le chœur terminé, tous les élèves défilèrent devant le Frère Assistant en chantant des chants de marche, chaque classe précédée du drapeau national. C'était vraiment impressionnant et quel heureux effet une telle manifestation en l'honneur d'un Supérieur produisit sur nous tous, qui, comme les Blancs, aimons et respectons l'autorité qui vient de Dieu.

Ensuite, sur l'invitation du Frère Directeur, le Frère Assistant accorda volontiers aux élèves congé en ce beau jour de fête, les enfants remercièrent par de longs applaudissements. Puis, après avoir déposé leur uniforme et repris leurs propres habits, ils retournèrent allègrement chez eux.

 

Visite de la propriété. — A la suite de la réception des élèves le C. F. Assistant visita dans la vaste propriété les particularités dont les Frères s'occupent en dehors de leurs travaux scolaires.

Ce fut d'abord la ferme si admirée de tous les visiteurs, le four à briques et le four à chaux, car on est constructeur en grand et il faut préparer tous les matériaux soi-même. Puis ce fut l'internat, assez original, composé de maisons particulières, formant un vrai village entre la route et la rivière. On visita les ateliers avec leurs collections de meubles et d'objets fabriqués par les élèves, puis la procure d'où partent dans toutes les directions les livres de notre collection congolaise fort appréciée, et enfin la petite chapelle des Frères, si coquette et si pieuse. L'après-midi, le programme comportait une visite à notre chantier, à 12 km en forêt, où les scieurs de long, sous la direction d'un Frère, coupent et soient le bois nécessaire pour nos constructions ou la fabrication de meubles divers dans nos ateliers.

Le soir, le C. F. Assistant félicita les Frères de leur dévouement qui se manifeste sous tant de formes et qui assure à la communauté tant d'avantages, notamment la viande fraîche, le lait et les œufs, etc. …, dévouement qui, en outre, donne à la Maison de Buta, l'aspect d'une famille où règnent l'union, le bon ordre, le travail et la joie. Tout cet ensemble ne peut manquer d'édifier les élèves, d'attacher les Frères à leur mission et de leur gagner l'estime et l'admiration de l'administration coloniale.

 

Inspection des classes. — Les réceptions solennelles et visites aux autorités terminées, le Frère Assistant procéda à la visite des classes et des ateliers.

Cette inspection était pour lui plus facile qu'en 1923, lors de sa première visite, vu que la langue de l'école est le Français depuis 1925. Le Lingala y est devenu langue secondaire; toutefois la religion est enseignée en langue indigène.

Dans les classes, dirigées par les Frères (5ième et 6ième années), et dans la section des clercs et moniteurs, le Frère Assistant fit une instruction spéciale sur la vocation sacerdotale et religieuse ; il engagea les élèves, qui se sentiraient de l'attrait pour une de ces vocations, à le manifester au Frère Directeur. Il leur parla de son intention de fonder cette année un juvénat et un noviciat dans la Province Orientale du Congo où les élèves de nos écoles de Buta, de Stanleyville et de Bunia, qui penseraient sérieusement avoir vocation pour devenir Frères Maristes, seraient admis pour y recevoir l'instruction et l'éducation appropriées à ce bel apostolat.

Plusieurs bons élèves des 5ième et 6ième années ont exprimé depuis par écrit leur désir d'entrer au futur juvénat.

 

L'école de Buta. — Ce serait ici le lieu de dire quelques mots sur l'Ecole de Buta. Notons seulement que, depuis le long rapport publié par le Bulletin (T. VII p. 568 à 587), l'Ecole a progressé d'une façon extraordinaire. Elle avait alors 5 Frères instruisant 254 élèves. Elle en a aujourd'hui 9, aidés par autant de moniteurs, qu'ils ont formés eux-mêmes, et l'établissement compté 16 classes que remplissent 750 élèves. Ses bâtiments ont grandi en proportion, cela va de soi.

Son influence s'est accrue dans le même rapport.

La plupart des élèves y entrent païens et en sortent chrétiens. Mélangés avec leur camarades déjà baptisés, les petits païens étudient comme eux le catéchisme et récitent les prières, quelques-uns avec une grande ferveur. Leur petite âme se pénètre ainsi peu à peu de christianisme. Tous soupirent après le baptême ; et lorsqu'enfin ils y sont admis, quelle joie c'est pour eux et pour leurs maîtres!

Le C. F. Assistant en a été témoin: il a assisté au baptême de 112 enfants, dont 76 de l'Ecole. Tous s'étaient mis en frais de toilette remplaçant le simple pagne par de beaux vêtements ou au moins une petite culotte toute blanche. Longtemps avant la cérémonie, ils étaient là, trépignant d'impatience, et quand tout fut fini, c'était plaisir de voir ces petits courir, sauter, exulter d'enthousiasme.

Pour les Frères, c'est un beau jour aussi. C'est le triomphe de leur apostolat. S'ils ont tout quitté pour venir au centre de l'Afrique, se dévouer auprès de ces pauvres noirs, n'est-ce pas pour arracher ces chers petits au joug de Satan et pour en faire, par le saint baptême, les enfants de Dieu et de la sainte Eglise?

Le soir, le C. F. Assistant dit aux Pères et aux Frères son bonheur d'avoir pu assister à cette belle et touchante cérémonie et d'avoir constaté d'une manière si palpable le bien, qui se fait à la mission et à l'Ecole de Buta.

 

Caisse d'épargne scolaire. —Mr l'Inspecteur Général avait prié le C. F. Assistant de veiller à l'organisation d'une Caisse d'épargne dans nos Ecoles. Avec plaisir il a pu constater que déjà c'était chose faite, les Frères s'étant bien rendu compte que cette mesure répond à une nécessité pour nos jeunes gens. Au Congo, en effet, c'est la famille du jeune homme qui doit fournir la dot quand il veut se marier. Jusqu'à ces derniers temps cette dot était modérée et à la portée de tons : c'était quelques chèvres, quelques lances ou vieux fusils à piston. Depuis l'arrivée des Européens, le commerce avec ces derniers a fait monter la valeur marchande des denrées indigènes et la cupidité des parents ayant des filles à marier, les a portés à demander des dots de plus en plus élevées au fur et à mesure qu'augmentaient le caoutchouc, l'huile de palme, l'arachide ou le manioc. De sorte que le jeune homme en âge de se marier se trouve dans de grandes difficultés s'il n'a pas par devers lui un capital assez considérable.

C'est ce qui a porté à instituer dans nos Ecoles une Caisse d'épargne qui donne de bons résultats, pour la constitution de familles chrétiennes. Dans les classes primaires, les enfants reçoivent des bons points d'une valeur de 10 centimes dont le total est inscrit chaque mois et dont le montant est remis à la fin des études, on plus tôt, si la sortie de l'École a lieu pour un motif légitime. Dans les sections professionnelles, on constitue l'épargne au moyen d'une retenue mensuelle sur la paie.

 

Excursion. — Le 11 Novembre, anniversaire de l'armistice de 1918, était un jour de congé, et l'on en profita pour faire une promenade d'environ soixante kilomètres en automobile sur la route de Titulé. L'on s'arrêta dans la « chefferie » du père d'un de nos élèves. Après avoir causé pendant quelques minutes, nous visitâmes l'école du village. Figurez-vous deux petites salles de 4 mètres sur trois, ce sont les deux classes ; les murs, construits avec des pieux et des bâtons, sont a claire-voie et le toit est couvert de feuilles; le pavement est de la terre d'argile battue ; dans chaque classe, une douzaine d'élèves et un jeune moniteur qui enseigne le catéchisme et l'histoire sainte, les éléments de la lecture et du calcul.

Le Frère Assistant s'intéressa fort à cette école élémentaire et éprouva un vrai plaisir à voir le Frère Visiteur interroger paternellement ces écoliers très attentifs, tel un vieux maître d'école à barbe blanche au milieu de ses bambins.

Le Frère Assistant fut charmé des réponses de ces braves enfants et félicita le chef indigène pour la bonne marche de l'école.

Vers midi, nous fîmes un dîner champêtre qui apaisa agréablement l'appétit excité par le voyage. Notre salle à manger était un hangar en pisé, couvert de feuilles, et servant d'ordinaire de tribunal indigène. Nous fîmes ensuite une petite promenade dans le village, au milieu duquel se trouvait un gong, troue d'arbre creusé d'environ 2 m, dont les sons retentissent dans un rayon de plusieurs Km. c'est le téléphone et le tambour Congolais:

Invité à battre le gong, ne voilà-t-il pas qu'un notable du lieu se met à annoncer le « Rassemblement » par une volée de coups bien rythmés. Entourés aussitôt de tous les habitants du village, ceux-ci n'entendent pas être appelés inutilement.

Les Noirs sont très friands de tabac. Ces braves gens, avides de fumer, tendent la main au Frère Assistant qui s'était muni en conséquence et se met à distribuer des cigarettes aux plus anciens. Il pousse même la condescendance jusqu'à les allumer lui-même. « C'est dommage, disait un Frère, que nous ayons oublié notre Kodak, nous aurions ici à prendre quelques belles photos qui exciteraient l'hilarité de nos confrères de Belgique ».

Après avoir visité tout le village, nous saluâmes le chef indigène et nous reprîmes le chemin de Buta, où nous arrivâmes vers 5 heures, très satisfaits de notre agréable promenade.

Le 17 novembre, le Frère Assistant et le Frère Visiteur nous quittèrent pour se rendre en auto à notre maison (le Bunia, situé à environ 1200 Km. à l'est de Buta près du lac Albert. Ils y arrivèrent heureusement le 21 novembre au soir.

 

Réception à Bunia. Un témoin a raconté la réception du C. F. Assistant à notre Ecole de Bunia au fond de l'Ituri. Elle eut un caractère original et pittoresque.

Le C. F. Assistant et le C. F. Visiteur arrivaient en auto. Se trouvant à quelques kilomètres de Bunia, ils furent arrêtés par une foule d'hommes, de femmes et d'enfants, portant des palmes à la main et guidés par quelques Frères.

Lorsque les deux voyageurs descendirent de voiture, ce fut une scène indescriptible, rappelant certainement par plus d'un côté l'entrée de Notre Seigneur à Jérusalem, le jour des Rameaux. Les pauvres Supérieurs étaient pressés de tous côtés, tandis qu'ils voyaient avec inquiétude pour leurs lunettes et leur casque s'agiter frénétiquement des palmes au dessus de leur tête et qu'ils étaient abasourdis par des acclamations et des chants accompagnés de danses rythmées et de claquements de mains. C'était un vacarme sauvage, un tohu-bohu inimaginable, où l'on distinguait, entre tons, le Frère Médard, le grand organisateur, qui se démenait et s'époumonait pour relever du geste et de la voix l'ardeur de son monde quand elle venait à baisser.

N'eût été la présence des Frères parmi cette troupe de noirs en liesse, on aurait pu s'imaginer pareille scène se passant il y a quarante ans à l'arrivée inattendue de deux pauvres blancs égarés en pleine foret équatoriale et tombés à l'aveuglette au centre d'un village d'anthropophages, lesquels à la vue de ces deux victimes à la chair bien blanche que le ciel leur envoyait, ne les eussent pas entourées de plus de démonstrations de joie avant de les immoler pour un délicieux festin.

Cependant, sur un signe du F. Médard, à la suite d'un cheval que la bousculade avait jeté à terre et qui s'était remis sur pied, tout ce monde tourna bride et fit route en chantant vers la maison des Frères. Enfin libérés les deux voyageurs purent saluer dans l'intimité les confrères, puis Monseigneur et les Pères missionnaires accourus en toute hâte et assister du haut de la galerie, comme d'un poste de refuge, au défilé des élèves qui chantaient cette fois des chants européens d'une voix exercée. Ils évoluaient autour d'un immense massif de fleurs, en agitant en tous sens des centaines de lanternes vénitiennes, ce qui dans la nuit commençante donnait à tout ce spectacle, un cachet vraiment féérique.

 

Retraite annuelle. — Le 31 décembre, le Frère Assistant et le Fr. Visiteur étaient de retour à Buta, désigné cette année pour la retraite annuelle du 2 au 9 janvier, à laquelle 18 Frères étaient invités à prendre part. Sept Frères de Stanleyville y arrivaient en même temps.

Tout se passa comme dans nos ferventes communautés d'Europe.

Nous avions l'avantage d'entendre et de goûter la parole animée et persuasive de notre C. F. Assistant, s'efforçant de toute l'ardeur de son âme de supérieur paternel et d'apôtre zélé, de nous communiquer le feu sacré dont son grand mur déborde. Dans une série d'instructions captivantes, agrémentées de traits d'histoire vécue, le digne Délégué du R. F. Supérieur développa avec clarté et intérêt les qualités d'un Frère Mariste missionnaire, à savoir: 1° un grand amour pour Notre Seigneur et sa Sainte Mère; 2° une piété solide et éclairée; 3° un zèle ardent pour notre sanctification personnelle et le salut des âmes ; 4° une véritable mortification.

Il résuma les qualités et les vertus d'un vrai missionnaire dans le symbolisme de notre habit religieux: soutane, cordon et croix, afin de nous le faire estimer toujours davantage.

Il nous recommanda l'union cordiale avec les autorités civiles et religieuses.

Enfin, le Frère Assistant nous fit part de l'entrevue qu'il avait eue à Bunia avec Mgr. Matthysen, Préfet Apostolique du Lac Albert, où les Pères Blancs évangélisent les indigènes, et de la fondation prochaine de deux nouvelles maisons Maristes, l'une à Kilo, une école pour catéchistes, dont une section constituerait notre juvénat, et l'autre à Fataki à 100 km au nord de Bunia, où serait fondé le noviciat.

Il semble, en effet, que le temps est venu d'ouvrir les rangs de l'Institut aux enfants noirs qui le désirent. Nombre de séminaires et noviciats sont établis déjà dans nos régions. L'Ouganda, tout voisin,- compte déjà ses prêtres noirs par douzaines, ses religieuses' par centaines, et rien n'empêche de croire que les vocations de religieux éducateurs ne puissent aboutir ici, aussi bien que dans tous les pays du monde.

 

Départ du C. F. Assistant. — Le 9 janvier, veille de son départ, au cours du dîner d'adieu, qui groupait autour d'une même table 20 Frères Maristes, le Frère Assistant prononça un toast qui fut écouté avec attention et respect : « Mes bien chers Frères, dit-t-il en résumé, à la veille de mon départ de Buta, je veux remplir un bien doux devoir, c'est de vous remercier de l'accueil filial et réconfortant que vous m'avez fait à Stanleyville, à Buta et à Bunia. Je vous suis très reconnaissant pour votre bon esprit et pour les consolations que vous m'avez procurées par votre conduite édifiante, et je vous félicite de votre affectueux attachement au centre de l'Institut ».

Une seule note était venue troubler la visite du C. F. Assistant. Le C. F. Henri-Alexis, âgé de 33 ans était décédé à Stanleyville le 13 décembre, après une brusque maladie que sa forte santé et son caractère jovial ne faisaient pas pressentir. C'est le cinquième de nos Frères qui tombent victimes de leur dévouement dans ces régions au climat pénible. Il offrit généreusement le sacrifice de sa vie pour le succès de la visite de délégation chi C. F. Assistant.

Le 10 janvier, le Frère Assistant fit ses adieux aux Frères de Buta et de Bunia et nous quitta pour reprendre, en compagnie du Frère Visiteur et de sept autres Frères, le chemin de Stanleyville, où il prendrait le bateau fluvial pour retourner en Europe en compagnie du Frère Henri-François et du Fr. Ignace-Antoine. Nos prières les accompagnent pendant leur voyage. Ave, maris stella!

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