Brésil: Jubilé du C. F. Géraud
04/Oct/2010
La Province mariste du Brésil méridional née en 1901, rendue autonome en 1908 possède, grâce à Dieu, une ardente jeunesse dont elle a tout lieu de se féliciter et chez elle les têtes blanches sont encore rares.
Aussi, c'est une raison de plus pour elle de vénérer, avec un saint respect, les vétérans qui lui donnent le spectacle d'une longue carrière de cinquante années passées, au service du bon Dieu, dans l'Institut.
En 1927 furent célébrées pour la première fois, des noces d'or, c'était en l'honneur de notre bien aimé frère Weibert, fondateur de la. Province, organisateur de nos principaux établissements et, aujourd'hui encore, malgré son âge et ses infirmités, professeur de sciences au Gymnase Santa Maria.
Et voici que l'année 1930 nous a amené le 50ième anniversaire d'entrée en religion de notre cher frère Géraud, provincial, et du bon frère Ysice. Le premier s'initia aux combats à Beaucamps, en compagnie des 29 frères que la province du Nord a fêtés grandement au mois de Septembre dernier, à l'occasion de la retraite annuelle.
Séries de fêtes. — La Province du Brésil méridional, ne pouvant, vu les distances se grouper tout entière autour de son vénéré Provincial, l'a fêté en trois fois.
Une première retraite a réuni les Frères de la région du nord à Villa Garibaldi, dans cette paisible région agricole où travaillent des colons allemands ou italiens. On y voit, entre autres merveilles, les vignes du F. Pacôme qui couvrent les coteaux et produisent d'excellents vins, dont la vente profite au Juvénat.
Une deuxième retraite à Santa Maria groupait les Frères de la frontière et du centre.
Elle était rehaussée par la présence de 12 nouveaux profès de vœux perpétuels, des 4 vétérans qui ont émis le vœu de stabilité et du C. F. Joao Marcellino, premier Frère mariste brésilien de notre province qui célébrait ses 25 ans de vie religieuse.
Enfin, la troisième retraite eut lieu à Porto Alegre au cœur même de la Province.
Partout ce furent et le même entrain et les mêmes manifestations de la piété filiale envers, le vénéré jubilaire.
A Porto Alegre. — Le Bulletin, bien regret, faute de place, doit se borner à donner le récit de ce qui eut lieu à Porto Alegre où la présence des juvénistes novices et scolastiques permit d'amplifier tout ce qui avait précédé.
Les Frères Conseillers provinciaux, les CC. FF. Weibert, fondateur de la province, Marie-Liévin, ancien provincial et Marie-Christophe, provincial du Brésil central étaient présents.
Avec le concours des juvénistes, des novices, des scolastiques et de 115 frères retraitants tous les chants des cérémonies religieuses furent interprétés on ne peut mieux. Au programme des autres clôtures s'ajoutait la prise d'habit de 15 postulants, toujours impressionnante dans sa simplicité immuable. Cette cérémonie remue doucement les cœurs, évoque bien des souvenirs, fait couler de douces larmes, donne du courage à tous.
Jeunes gens! ne regardes pas en arrière; la vie de sacrifices qui vous attend est bien digne d'être vécue, semble dire la présente fête jubilaire.
Puis a lieu une belle réunion de famille. L'aspect de la salle est tout à fait significatif ; on voit sur les murs les dates marquantes de la vie du C. F. Provincial et les divers établissements par où il a passé en France, au Danemark et au Brésil.
Deux pelouses sont figurées de chaque côté de l'estrade; dans l'une se détachent ces mots : Sur la Terre, entourés d'innombrables épines laissant apparaître, de ci de là, quelques petites fleurs à la mine rabougrie; dans l'autre : Au Ciel, terme de la vie, pas une ronce, pas une épine, mais des fleurs variées aux fraîches couleurs, laissant échapper de leurs tendres corolles un parfum délicieux.
Impossible de citer ou même de résumer tous les discours de l'éloquente province.
Disons seulement que ce jour-là, comme cela avait déjà eu lieu dans les réunions précédentes, les Frères présentèrent leurs vœux de fête, en portugais, en français, en allemand, en espagnol, en italien, en anglais, en danois, en flamand, en saxon et en polonais.
Chose rare dans l'Institut, et probablement ailleurs, à tous les orateurs, moins le polonais et le saxon, notre cher Frère Provincial répond dans la même langue, avec un à-propos admirable.
Mentionnons simplement, en passant, les chants et déclamations qui mirent une note gaie dans l'assemblée.
A son tour le C. F. Provincial nous dit les sentiments qui remplissent son âme.
Pouvant à peine surmonter son émotion il laisse parler son cœur tout imprégné des vertus maristes : sincère humilité, attrayante simplicité, douce modestie; quelle confusion pour nous de l'entendre s'excuser de n'avoir pas réalisé tout le bien qu'il devait faire et d'en demander pardon au bon Dieu. Inutile de dire comme cela donne à réfléchir même à la clôture de la retraite.
Une heureuse surprise, vint mettre au comble la joie de l'assemblée; c'était la lecture d'une lettre autographe adressée au Jubilaire par S. G. Mgr Becker, archevêque de Porto Alegre.
En voici la traduction:
A l'occasion des noces d'or que vous célébrez dans l'Institut des Petits Frères de Marie, admiré de vos supérieurs et vénéré de vos inférieurs, je suis heureux de vous offrir les vœux que je forme pour votre bonheur et la prospérité toujours croissante des œuvres éminemment chrétiennes et sociales que vous dirigez dans notre archidiocèse de Porto Alegre et dans tout l'État du Rio Grande do Sul, pour le plus grand bien de la jeunesse, rendant ainsi d'inestimables services à la Sainte Eglise de Jésus-Christ et à la patrie brésilienne, ce dont je vous remercie avec effusion.
De tout cœur, je vous bénis, ainsi que tous les Frères soumis à -votre juridiction.
† Joao, Archevêque de Porto Alegre.
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Au réfectoire, c'est encore la joie et l'allégresse des enfants qui fêtent leur père ; on sent toute une province vibrer à l'unisson pour chanter la gloire et célébrer les mérites de son chef. Par une heureuse coïncidence, notre province sœur du Brésil central avait ici son représentant le plus autorisé pour apporter au vénéré jubilaire les hommages qu'inspire la charité fraternelle bien entendue. En un langage choisi, avec un à propos plein de naturel, le C. F. Marie-Christophe salue son vénérable collègue en s'élevant à des considérations qui augmentent chez les auditeurs le désir d'arriver vite aux noces d'or.
Daigne le bon Dieu ratifier les vœux et les prières que nous lui avons offerts pour notre C. F. Provincial et nous accorder comme à lui la grâce de la persévérance dans la vocation, unie à un vrai zèle pour notre perfection religieuse et la formation chrétienne des enfants qui nous sont confiés.