Chers Lecteurs

18/Sep/2010

Nos Bien Chers Lecteurs,

La voilà donc déjà sur son déclin, cette chère année 1917, cette année bénie du Centenaire, que nous avions appelée de tant de vœux, que nous avions saluée de loin avec un si pieux enthousiasme et sur laquelle nous fondions de si légitimes espoirs. Avant qu'elle n'aille s'abimer sur les pas de toutes ses devancières, dans le gouffre sans fond de l'éternité, nous avons à lui dire un adieu ému et reconnaissant : car elle a été pour nous, somme toute, un grand bienfait du Seigneur.

Sans doute, à beaucoup d'égards, elle a été très différente de ce que l'auraient voulue nos désirs : mais nos pauvres désirs sont souvent si capricieux, si égoïstes, si terre à terre, si bornés dans leurs vues, si peu conformes non seulement au bien absolu, mais même à nos intérêts véritables !

.Elle a été ce que Dieu l'a voulue : nous ne risquons donc rien de dire qu'elle a été aussi bonne que possible. Elle aura même été excellente pour nous, bien qu'elle n'ait pas réalisé toutes nos espérances, si, comme il y a tout lieu de le croire, elle .nous a été une occasion providentielle de nous mettre plus sérieusement en face de notre idéal et de nous élancer à sa conquête, animés par l'exemple de notre Vénérable Fondateur et de nos aînés dans la Congrégation, d'un pas plus ferme, plus vaillant et plus résolu : si elle nous a été un stimulant efficace à nous renouveler dans l'esprit de foi, de ferveur, de zèle, de pauvreté, d'humilité, d'obéissance et de sacrifice :'qui est l'âme de toute vie vraiment religieuse et en particulier de toute vie vraiment mariste.

Que le Seigneur en soit donc béni, comme de toutes les œuvres de sa Providence, qui ne sauraient être que bonnes ! Qu'il soit béni également d'avance, et pour la même raison, de la prochaine année 1918 qui, par l'effet de sa bonté, va bientôt se lever sur le monde, quoi qu'elle puisse nous apporter !

Humainement elle est loin, hélas ! de se présenter sous de riants auspices : elle est pleine des plus redoutables inconnues : mais bienvenue soit-elle quand même, puisque c'est un Dieu infiniment bon qui nous l'envoie : et qu'elle soit ce que voudra sa bonté.

Il est permis évidemment, pourvu que ce soit en vue de sa gloire, et en conformité avec les desseins de sa Providence, de souhaiter pour nous et pour ceux que nous aimons, la santé, la consolation, le bonheur en ce monde, — et c'est de toute notre âme que nous les souhaitons ainsi pour vous, nos bien. chers Lecteurs : — mais si au lieu de nous donner la paix, que nous désirons si légitimement, il lui plaisait de nous laisser encore en proie aux maux de la guerre : si au lieu de nous conserver la santé, il jugeait bon de nous envoyer la maladie : si au lieu de nous faire guider la consolation, il trouvait préférable de nous soumettre à l'épreuve, nous ne devrions pas l'en bénir d'un cœur moins sincère, persuadés que c'est pour notre plus grand bien, ni lui dire avec une adhésion de cœur moins filiale, à l'instar du saint pape Pie VI: « Dans la pauvreté comme dans la richesse, dans les mépris comme dans les honneurs, dans la tristesse comme dans la joie : dans la maladie comme dans la santé, à la mort conne dans la vie, je vous bénirai toujours, ô mon Dieu ! ».

Demandons cette sainte disposition les uns pour les autres, en présence du mystère dont s'enveloppe le contenu de l'année nouvelle au seuil de laquelle nous nous trouvons. Ce sera le vrai moyen, quoi qu'il puisse arriver, de maintenir la paix dans notre âme et de défendre au trouble et à l'inquiétude de trouver place dans nos cœurs résignés.

Vouloir ce que Dieu veut est l'unique science

Qui nous mette en repos.

                                           L. R.

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