Echos des Triduums à loccasion de la Béatification du B. P. Fondateur
09/Apr/2010
Depuis la béatification de notre Fondateur, le 29 mai 1955, dans un coin du monde ou dans l'autre, nombreux ont été les triduums qui ont déjà fait monter vers Dieu les prières de l'action de grâces. Ils se continueront plus nombreux encore jusqu'au 29 mai prochain. Très solennels ici et là lorsque les circonstances s'y prêtent, plus simples, mais non moins fervents dans des centres plus modestes, ces triduums disent partout la reconnaissance des Frères à laquelle s'associe -celle des élèves, de leurs parents et du public. De combien de témoignages de sympathie et d'affection, nos Frères n'ont-ils pas été l'objet à cette occasion de la part de toutes sortes de personnes : prêtres, religieux et religieuses, anciens élèves, parents … ! Tout cela nous est très agréable sans doute, mais souligne aussi la nécessité où nous sommes de ne pas être inférieurs à notre tâche.
« Aie bien soin d'être aussi saint qu'on dit que tu l'es », disait un paysan rencontrant François d'Assise sur son chemin. « Ayez soin, mes Frères, d'être aussi vertueux et fervents, aussi compétents, aussi à la hauteur de votre tâche, qu'on le pense de vous », semblent nous dire tous ces témoignages. Que ce soit donc là un stimulant à travailler de toutes nos forces pour devenir tels qu'on l'attend de nous.
Dans l'impossibilité où nous sommes de rapporter ces nombreux événements eu égard à leur nombre, au manque d'information et aussi à la ressemblance de ces solennités, nous nous contentons de publier la relation de quelques-uns.
Si celui de la Maison-Mère ne fut pas le premier en date, il fut bien le premier en importance, car c'était non seulement le triduum de l'Administration générale, mais encore celui du centre de la province de Saint-Genis-Laval dont l'apostolat s'exerce pour une grande partie dans le diocèse de Lyon. Celui de Marlhes fut marqué par une participation particulièrement fervente de toute la population. Nous ajoutons la relation d'un triduum de mission qui ne fut pas sans faste et celle de l'une ou l'autre grande ville où nous avons de nombreuses écoles.
Ces diverses relations suffisent pour donner à tous les Frères, tout en évitant les répétitions, une idée de ce qui se fait dans l'Institut en ce moment.
LE TRIDUUM DE LA MAISON-MÈRE
Le triduum organisé par l'Administration générale en môme temps que par la Province de Saint-Genis-Laval, les 28, 29 e 30 octobre, a été un véritable triomphe pour notre Bienheureux Fondateur.
La première journée vit une imposante cérémonie à la Primatiale Saint-Jean de Lyon, la deuxième fut la journée des enfants à la Maison-Mère et la troisième commencée, par une messe solennelle à l'église paroissiale de Saint-Genis, s'achevait le soir à Fourvière par la Bénédiction du Saint-Sacrement.
Ainsi prirent part, à divers titres, à ce triduum et la Primatiale où le Bienheureux avait été ordonné prêtre, et Fourvière où il était venu tant de fois se consacrer à Marie et enfin, la Maison-Mère, centre de son Institut.
Au soir du vendredi, 28 octobre, la cathédrale illuminée comme aux grands jours, se trouvait remplie. Son Eminence le Cardinal Gerlier, archevêque de Lyon, avait bien voulu présider la cérémonie. Il était entouré de presque tous les dignitaires de son diocèse, et comme c'était la journée qu'on avait réservée aux prêtres, religieux et religieuses, aux séminaristes et sujets en formation, jamais peut-être on n'avait vu une pareille assemblée à la Cathédrale.
En entrant, les regards étaient attirés par le grandiose tableau qui le 29 mai dernier, figurait à Saint-Pierre, dans la gloire du Bernin, et qu'on avait suspendu sous la voûte du chœur au-dessus de l'autel. Fortement éclairé par des projecteurs et orné de festons de velours bleu, on ne pouvait souhaiter mieux pour mettre tous les cœurs à l'unisson.
Inutile de dire la belle exécution des chants, ce soir-là, comme les deux autres jours. Ils étaient assurés par la chorale de la Maison-Mère, renforcée si l'on peut dire par les voix cristallines des juvénistes de Saint-Genis. Il va de soi aussi que toutes les communautés de Saint-Genis : juvénat, noviciat, scolasticat et même les Grands Novices de Saint-Quentin, s'étaient joints à la foule.
Après les chants du début Son Eminence se rapprocha de la chaire où son Excellence Mgr Dupuy, évoque auxiliaire de Lyon, nous tint pendant une heure sous le charme de sa parole glorifiant le nouveau Bienheureux. Le salut du Saint-Sacrement acheva cette imposante cérémonie qui avait réuni l'élite du CLERGE et des Ordres religieux de la région.
Le samedi 28, fut la journée réservée à nos élèves du voisinage de la Maison-Mère. Vingt écoles avaient répondu à l'invitation, les unes proches, les autres déjà un peu plus éloignées comme la Côte-Saint-André et l'Arbresle. Des autocars déversèrent un peu avant dix heures une foule de 1.100 enfants dans la cour intérieure. Ce ne fut pas une petite affaire de loger cette masse d'enfants dans la chapelle : il fallut utiliser tous les sièges et tous les coins disponibles.
Son Excellence Mgr Bornet, évêque auxiliaire de Lyon avait bien voulu accepter de présider la messe célébrée par le R.P. Bouvet, provincial des Pères Maristes de Lyon.
Cette messe eut un caractère un peu inaccoutumé. Pour éviter que les enfants ne soient que de simples spectateurs passifs, on avait introduit divers éléments un peu paraliturgiques, pour employer une expression consacrée. A l'offertoire eut lieu une offrande symbolique. Il faut dire d'abord qu'on avait invité les vingt écoles représentées, à une préparation de trois jours de prières et de sacrifices, dont le résultat était inscrit par chaque élève sur une feuille, enfermée dans une enveloppe. Un élève de chaque école porteur de la précieuse enveloppe et accompagné d'un camarade ayant en main un bouquet faisait partie d'un cortège s'avançant vers la table de communion par l'allée centrale. Le Frère Directeur du Juvénat au micro dirigeait le cortège dont les trois parties offrirent successivement les instruments de travail des écoliers : livres et cahiers, puis leurs jeux et enfin leurs prières. Tous les enfants suivaient avec-un intérêt marqué la marche de l'offrande, commentée au micro. Les officiants condescendants firent une longue pose à l'autel et les chants continuèrent. Mgr Bornet, dans un panégyrique bien adapté à la mentalité juvénile de son auditoire, glorifia à son tour notre Bienheureux Père.
Après la messe, l'heure du dîner n'était pas loin. Les enfants avaient apporté ce qu'il fallait. Ils purent s'installer dans les salles de classe ou autres de la maison dans lesquelles les Scolastiques eurent le mérite de transporter plus d'une fois dans la journée, bancs et tables nécessaires.
Ensuite vinrent de grands jeux pour occuper cette jeunesse et vers 16 heures, nouvelle réunion à la chapelle. Un chapelet bien dirigé lui aussi par le Frère Directeur du Juvénat au micro, fut récité en commun et ensuite un beau salut suivi de la vénération de la relique termina la journée.
Le 30, dimanche, allait être la journée finale et la plus mouvementée à cause des déplacements exigés par le programme.
La grand'messe avec diacre et sous-diacre, célébrée par Mgr Bossu, directeur de l'enseignement libre, sous la présidence de Son Excellence Mgr Ancel, évêque auxiliaire de Lyon, eut lieu à dix heures. Les paroissiens accourus nombreux purent jouir des beaux chants et des paroles aimables de Monsieur le Curé, déclarant le Bienheureux paroissien d'honneur de Saint-Genis qui possède depuis près d'un siècle la Maison-Mère de son Institut. A l'homélie du R. P. Sabot, Mariste, Son Excellence Mgr Ancel voulut bien ajouter quelques mots à la fin de la messe soulignant en quelques paroles touchantes le mérite de l'enseignement chrétien et le besoin de vocations nombreuses pour le répandre.
A midi et demi des agapes fraternelles réunissaient à la Maison-Mère une soixantaine de convives choisis : Son Eminence le Cardinal Gerlier, entouré de ses trois Auxiliaires, Nosseigneurs Bornet, Ancel et Dupuy et diverses personnalités ecclésiastiques ainsi que les Provinciaux de tous Ordres, soit prêtres, soit Frères enseignants, du diocèse de Lyon ou leurs représentants.
Des toasts furent prononcés par le Révérend Frère Supérieur Général, par Son Éminence, par le Révérend Père Bouvet, parle CF. Visiteur des Frères des Écoles Chrétiennes et enfin par Mgr Bossu, directeur de l'enseignement libre.
Le diner était servi par les Scolastiques de la classe de philosophie.
Il fallut ensuite se mettre en route pour Fourvière où allait s'achever la journée et tâcher d'arriver de bonne heure pour trouver de la place.
Toute la Maison-Mère, le Juvénat ainsi que les Frères de Saint-Quentin s'y pressaient vers les seize heures. Là, comme dans la Primatiale avait été suspendue sous la voûte du chœur la belle image du Bienheureux, rapportée de la chapelle de Saint-Genis où elle avait aussi figuré, la veille. Il faut faire remarquer ici que c'était toute une entreprise de transporter ce tableau qui a près de huit mètres de haut et six de large et qu'on ne peut pas plier, mais seulement enrouler délicatement et ensuite, de le suspendre à la voûte des églises.
Une assistance compacte remplissait la Basilique. Comme devait le dire Son Éminence dans les paroles qu'il nous adressa après le panégyrique : « Si le Bienheureux avait pu imaginer qu'un jour on le fêterait comme Bienheureux, c'est sûrement à Fourvière où il est venu si souvent prier Marie qu'il aurait choisi de terminer la fête. »
C'est le R.P. Martin, Provincial des Pères Maristes de Paris, qui avait bien voulu accepter de venir prononcer le panégyrique final. Il le fit de tout son cœur et, comme il arrive chaque fois qu'on entend un éloquent discours, on se demanda si ce panégyrique n'avait pas été le plus beau. L'orateur sut rappeler avec bonheur les principaux épisodes de la vie du Bienheureux, appuyer sur son rôle dans la fondation de la Société de Marie et, comme nous nous y attendions, il fit de sa dévotion à la Sainte Vierge, la pièce maîtresse de la spiritualité qu'il a pratiquée et qu'il nous a léguée. Il sut nous montrer dans cette dévotion bénie le secret de sa force d'âme qu'aucun obstacle ne découragea jamais.
C'était, pour nous, une des principales leçons à tirer et elle ne fut pas perdue, comme va le montrer le petit épisode suivant. Un groupe de juvénistes avait formé le cortège des enfants de chœur durant la cérémonie. Pendant qu'ils étaient à la sacristie rangeant les soutanes rouges et les surplis, on s'était hâté de se mettre en route pour Saint-Genis avant la nuit tombante. Quand les pauvres petits sortirent, les cars étaient partis. On ne s'aperçut de leur absence qu'à Saint-Genis même, et vite on envoya un des cars pour essayer de les rejoindre. Ils s'étaient bravement mis en route à pied et avaient fait déjà un bon bout de chemin quand on les rattrapa. Ils allaient bon pas en récitant leur chapelet.
Ainsi cette dévotion à Marie tant prêchée et pratiquée par notre Bienheureux Fondateur est encore en honneur chez ses lointains enfants et sa postérité spirituelle marche sur ses traces.
Puissent ces journées qui ont été si belles et si réconfortantes, porter leurs fruits, aussi bien à la Maison-Mère que dans tout l'Institut. Puissent ces cérémonies analogues qui se déroulent dans tout l'Institut nous exciter à être les religieux fervents que notre Fondateur a souhaités et pour lesquels il a tant travaillé et tant peiné.
F. Jean-Emile, A.G.
MARLHES A FÊTÉ MARCELLIN CHAMPAGNAT
Marlhes se devait de célébrer avec solennité la béatification du plus illustre de ses enfants. Sans doute, dès le jour de la Béatification, de nombreux pèlerinages, de toute la région, ont eu lieu à Notre-Dame de l'Hermitage. Sans doute aussi, la maison du Rosey a vu, durant les grandes vacances, de nombreux visiteurs… Mais rien n'approche de la grandiose manifestation qui a eu lieu à Marlhes le dimanche 9 octobre.
La grisaille monotone des jours derniers a fait place à un soleil éclatant qui joue dans les feuilles dorées par l'automne. Marlhes est décoré de sapins fleuris, de guirlandes. Dès le matin, autos et cars ont amené les fidèles du Père Champagnat.
Avant la messe, M. l'abbé Rouchon, curé de Marlhes, reçoit du Révérend Frère Supérieur Général, un précieux reliquaire qui est conduit processionnellement dans le chœur de l'église, au chant triomphal de l'Iste Confessor.
Puis, c'est la messe pontificale célébrée par Son Exc. Mgr Bornet, évêque auxiliaire de Lyon. La chorale de la paroisse Saint-Roch de Saint-Etienne — où M. l'abbé Rouchon fut vicaire avant d'être nommé curé de Marlhes — exécute de magnifiques chants, en particulier, à la sortie, la Cantate au Bienheureux Champagnat, œuvre de son directeur, M. l'abbé Deville, sur des paroles de M. l'abbé Blineau.
Avec le Cardinal Gerlier. — Le soir l'assistance est encore plus dense. La place de l'église elle-même est envahie et beaucoup de pèlerins devront suivre les cérémonies de l'extérieur, grâce aux haut-parleurs. r Comme le dira tout à l'heure, M. le Curé accueillant Son Eminence le Cardinal Gerlier, «Marlhes, aujourd'hui, a vraiment retrouvé tous ses enfants : ceux que les nécessités de la vie ont obligés à partir ; les paroissiens d'été et la foule des amis du Bienheureux Marcellin Champagnat…
Et cette foule est grande : cette église que l'on proclame trop vaste est aujourd'hui trop petite… »
Cette foule est recueillie : durant une semaine, elle a suivi les exercices spirituels prêches par le R. P. Rascle et c'est pour une fervente clôture de retraite qu'elle se trouve rassemblée.
Trois heures viennent de sonner. En chape d'or M. le Curé va à la rencontre de Son Eminence qui bénit les fidèles pressés dans l'église. Après le Ta es Petrus et Chant d'Allégresse exécutés par la chorale, Son Eminence le Cardinal Gerlier monte en chaire pour le panégyrique. Il raconte la vie du Bienheureux et, surtout, il en dégage la signification et la portée spirituelle.
Lourdes et Marlhes. — « Dieu choisit ce qu'il y a de plus humble, de plus méconnu, de plus méprisé même, pour confondre ceux qui se croient puissants. Si, dans les premières années du xix° siècle on avait demandé à un habitant de Marlhes qui honorerait le plus sa petite patrie, je suis sûr de ne pas me tromper en disant que personne n'aurait songé au petit Marcellin du Rosey.
« Et, souvent, je fais un rapprochement. Si, au début de 1858, on avait demandé à un habitant de Lourdes qui apporterait le plus de gloire à son village, il aurait pensé à tous, avant de penser à Bernadette qu'on voyait passer dans les rues avec sa robe rapiécée et son petit capulet.
« Et pourtant, la gloire de Lourdes, c'est Bernadette et la gloire de Marlhes, c'est Marcellin Champagnat.
« Certains se croient importants, ils sont les arbitres de leur siècle. On ne parlera plus d'eux dans cent ans. Tandis que des siècles et des siècles pourront passer e l'on parlera encore de Bernadette et de Marcellin Champagnat parce qu'ils sont des saints. »
Ne pouvant rapporter ici l'émouvante évocation de la vie du Père Champagnat et de son œuvre, nous citerons simplement quelques phrases de la péroraison : « Comment le Père Champagnat a-t-il pu monter à de pareilles hauteurs dans la sainteté ? Par la valeur de son âme qui rayonne, qui entraîne, qui passe à travers tous les obstacles… Et chacun, dans le cadre de vie qui est le sien a le devoir d'interroger Marcellin Champagnat sur les vertus qui l'ont conduit à la gloire des autels, chacun a le devoir de l'imiter.
Ainsi l'Église aura atteint son but qui est non seulement d'exalter Une âme, mais d'aider, par elle, toutes les âmes à se rapprocher du Seigneur Jésus. »
La cérémonie se termine par la bénédiction du Saint-Sacrement et la vénération des Reliques du Bienheureux Père Champagnat aux quelque trois mille personnes présentes.
Selon le mot du Cardinal, cette journée, comme le pèlerinage de Rome a été conduite par deux prêtres : l'actuel curé de Marlhes et son prédécesseur, M. l'abbé Monteux que Dieu a rappelé à lui l'an dernier et qui avait pour le Père Champagnat une dévotion pleine de familière confiance.
(Voyages et Missions, décembre 1955.)
KUTAMA HONORE LE BIENHEUREUX MARCELLIN CHAMPAGNAT
Kutama est la mission de la province canadienne d'Iberville en Rhodésie du Sud, à une centaine de kilomètres de Salisbury. Les fêtes du triduum en l'honneur du Bienheureux Marcellin Champagnat eurent lieu au milieu du mois d'août. Le dimanche 14 août fut la journée principale alors que les célébrations : Messe Pontificale par Son Excellence Mgr Chichester, archevêque de Salisbury, banquet, démonstration de gymnastique par les élèves devaient se dérouler devant un grand nombre d'invités.
Mgr Chichester avait dit au Frère Directeur : « Vous aurez beaucoup d'invités de Salisbury : des prêtres, des religieuses, des laïques catholiques et protestants, des personnalités officielles qui viendront à Kutama pour la première fois, sans parler de vos anciens élèves. Il faut que tous soient bien impressionnés. Faites donc les choses en grand. Je le veux pour l'honneur de l'Église catholique en Rhodésie et pour l'honneur de votre Bienheureux Fondateur que j'admire beaucoup… »
Un travail considérable d'organisation devait précéder cette fête, travail où tout le monde, personnel et élèves, groupés en équipes, fut appelé à fournir son effort. Ainsi pendant la dernière quinzaine seulement, une activité fébrile dotait la Mission de l'électrification de tous les bâtiments, branchés désormais sur le courant direct, d'une chambre frigorifique de plus de 14 mètres cubes, de l'installation d'une chaudière pour génération électrique de la vapeur pour la cuisson des aliments des élèves, de l'érection de l'autel et du trône pontifical en plein air, sans parler des travaux de peinturage des murs intérieurs de l'église et des réfectoires, du nettoyage, de l'embellissement et de la décoration de la vaste propriété. Aussi tout était décoré avec goût et reluisant de propreté quand, le dimanche 14 août, apparurent les premiers invités…
Messe pontificale. — A dix heures, Son Excellence Mg l'Archevêque, arrivé depuis quelques jours, célébrait la Messe Pontificale, assisté de Pères Jésuites et des aumôniers de l'institution, dont l'un est en même temps élève de l'École Normale supérieure. Le chant du commun de la messe était exécuté à quatre voix par la chorale du Collège, forte de 250 chantres e le propre de la messe était rendu par un groupe de séminaristes indigènes. Après l'Évangile, le R. P. J. Brennan, S. J. esquissait brièvement la vie héroïque du nouveau Bienheureux et le rayonnement de son œuvre à travers le monde.
Parmi les personnalités ecclésiastiques et religieuses qui avaient pris place près de l'autel on remarquait plusieurs Pères Jésuites, dont le Supérieur de la résidence, le Recteur du collège Saint George de Salisbury et un Père de chacune des Missions jésuites de la Rhodésie, deux Pères des Missionnaires de Bethléem de Gwelo, un Père de la Société missionnaire de Burgos de QueQue et trois prêtres indigènes, anciens élèves de Kutama.
Les religieux enseignants et convers étaient représentés par deux F. ères Carmes, une demi-douzaine de Frères Jésuites, deux Frères Maristes du Nyassa, un de la Rhodésie du Nord, quatre de QueQue, les vingt Frères Maristes de Kutama dont trois indigènes et deux Frères indigènes d'une congrégation diocésaine. Quant aux religieuses, elles étaient nombreuses aussi : Religieuses Dominicaines, Religieuses de l'hôpital… En tout, 20 prêtres, 38 Frères et 28 Religieuses.
Parmi les invités les plus distingués du monde civil, on remarquait Lord Malvern, Premier Ministre de la Fédération des deux Rhodésie et du Nyassa ; l'Honorable P. B. Fletcher, Ministre des Affaires Indigènes, trois Commissaires civils, le Directeur du Département de l'Éducation et deux Inspecteurs du même Département, trois Membres du Parlement don l'un indigène, deux Grands Chefs indigènes…
Plus de vingt-cinq Européens, anciens élèves des Frères Maristes des cinq parties du monde, étaient aussi venus rendre hommage au Bienheureux Champagnat et à ses disciples tandis qu'environ 250 anciens élèves de Kutama, la plupart instituteurs et professeurs, étaient accourus vers leur Alma Mater, des quatre coins de la Rhodésie et d'au-delà.
Banquet. — Le banquet préparé avec soin par les Religieuses Dominicaines de Salisbury, venues deux jours plus tôt à la demande de Mgr Chichester, fut servi avec une distinction parfaite par les grands élèves, dans la grande salle à manger inaugurée récemment. Il était présidé par le C. F. Antoine-Célestin, visiteur du District. A ses côtés avaient pris place Son Excellence Mgr Chichester, Lord Malvern, l'Honorable Fletcher et les personnages énumérés plus haut.
Après les toasts à la santé du Pape et à celle de la Reine, proposés par le Président, le Premier Ministre présentant le toast à la santé des Frères Maristes loua leur œuvre éducatrice, dans la Fédération, soulignant combien une bonne éducation sert les vrais intérêts d'un pays et combien excellents peuvent être des éducateurs comme les Frères Maristes qui consacrent toutes leurs activités au service de la jeunesse. Il émit également le vœu — grandement applaudi — qu'ils ouvrent un jour un collège pour les blancs en Rhodésie.
En réponse à cette éloquente appréciation de l'œuvre des Frères en Rhodésie, le C. F. Directeur exprima la cordiale gratitude des Frères Maristes de Kutama pour tous ceux qui ont facilité leur travail d'éducation et d'apostolat, en particulier, les autorité religieuses et gouvernementales et les membres du Département de l'Administration indigène…
La fête sportive. — Peu après le banquet, plus de 450 élèves du Collège, dans le simple et gracieux uniforme de l'école, marchaient au pas rythmé par les accompagnements de la fanfare, vers le champ de sports où l'assistance nombreuse les attendait pour la démonstration sportive. Cette assistance ne fut pas déçue, car les impressionnants mouvements d'ensemble bien synchronisé aux accords de la fanfare, retinrent son attention pendant une demi-heure. Puis vint un chœur polyphonique exécuté par les élèves de l'école d'application du village. Mais ce qui intéressa plus encore les spectateurs, peut-être en raison de sa nouveauté, ce fut l'habile démonstration d'équilibre sur fil de fer aérien donné par trois jeunes étudiants du Collège. « Certainement il y a de la magie là-dedans », répétaient les jeunes Noirs qui voyaient une telle démonstration pour la première fois.
Après des rafraîchissements pour tous, une partie de football chaudement disputée entre les anciens élèves de Kutama et la première équipe de l'école termina la journée, non sans laisser au cœur de chacun les plus durables impressions de cette fête donnée par les Frères de Kutama et leurs élèves en l'honneur de leur Bienheureux Fondateur.
On le vit bien par de nombreuses lettres qui arrivèrent les jours suivants où des invités exprimaient à la fois leur reconnaissance e leur admiration. Tous se disaient, émerveillés par l'œuvre magnifique que les Frères ont accomplie depuis une quinzaine d'années et dont ils venaient de faire la découverte.
(D'après F. Ernest, Kutama.)
JOUR D'ACTIONS DE GRACES A SYDNEY
Sydney est bien la ville qui renferme le plus d'écoles dirigées par les Frères Maristes : le calendrier religieux en indique une vingtaine. Des statistiques plus précises nous apprennent que dans ce secteur, on compte 160 Frères Maristes donnant l'éducation à 7.000 élèves. Aussi était-il tout indiqué de marquer par une cérémonie collective spéciale la reconnaissance à Dieu pour le bienfait de la béatification de notre bien-aimé Fondateur.
Cette cérémonie grandiose eut lieu le 11 octobre dernier. Une messe pontificale fut célébrée par Son Excellence Mgr Toohey, coadjuteur de Maitland, ancien élève de Darlinghurst. Son Eminence le Cardinal Gilroy, ancien de Saint Benedict et de Kogarah, assistait au trône avec son Excellence Mgr Carroll, son évêque auxiliaire. Les prêtres officiants étaient à peu près tous des anciens élèves, de même que le prédicateur, le R. P. Thomas Muldoon, ancien de Lismore, un des orateurs sacrés les plus réputés d'Australie. Outre quelques Monseigneurs, quatre-vingt douze prêtres avaient pris place au chœur et une quinzaine dans la nef, presque tous anciens élèves, ou venant des paroisses dans lesquelles nos Frères dirigent une école.
M. le Consul de France, ainsi que les Provinciaux ou représentants des Frères des Écoles Chrétiennes (De La Salle), des Frères des Écoles Chrétiennes d'Irlande (Irish Christian Brothers), des Frères de Saint-Patrice, des Frères de Saint-Jean-de-Dieu, avaient une place spéciale dans la nef. Un bon nombre de personnalités civiles étaient présentes ; d'autres s'étaient fait excuser parmi lesquelles le Premier Ministre, le Maire de Sydney, ancien élève. Une section avait été réservée pour les religieuses venues très nombreuses.
Pour éviter l'encombrement dans la vaste cathédrale, les invités devaient présenter une carte, et l'on avait limite à quarante le nombre de représentants pour chaque école. C'est parmi ces élèves qu'avait été choisie la chorale comprenant 500 voix. Un chœur de 60 Frères et 30 Novices chanta l'Ecce Sacerdos Magnus à l'entrée du cortège, ainsi que le propre et le commun de la messe, auquel répondait le chœur des 500 voix d'enfants. La fin de la cérémonie fut marquée par le chant du Te Deum solennel de Perosi par les Frères et du Sub tuum par les enfants.
Ouverture de l'Exposition et Banquet. — Avant le banquet qui devait réunir cent vingt convives, Son Eminence et sa suite ainsi que M. le Consul de France étaient conduits à la salle publique où avait été préparée une exposition qui coïncidait avec le triduum. Il s'agissait d'en faire l'inauguration officielle avant l'ouverture pour le public. Après une réception tout intime par le C. F. Provincial et les Frères, les visiteurs distingués firent le tour des stands où les responsables s'empressèrent de donner les explications appropriées.
Cette exposition avait été rendue possible grâce à une sage organisation, au dévouement, au savoir-faire et à la collaboration d'un bon nombre de Frères des écoles environnantes et même de toute la province. Il serait évidemment trop long quoique instructif pour ceux qui ont à en préparer de semblables, de décrire chaque stand en détail. Bornons-nous à évoquer rapidement quelques-uns d'entre eux.
Un stand ou kiosque reproduisait les débuts de l'Institut, ses martyrs, ses publications ; un autre, le travail qui se fait dans les écoles ; l'un était consacré à Saint-Joseph's Collège ; un autre, au Noviciat et au Juvénat. Sur la scène, on avait représenté le Bienheureux Champagnat, grandeur naturelle, entouré d'enfants de différentes nationalités aux costumes particuliers à chacune d'elles. Sous une cloche de verre, on pouvait admirer l'ostensoir employé par le Bienheureux Fondateur à La Valla. Au centre de la scène, bien en évidence, figurait le globe terrestre mariste, prêté par la province de Melbourne, animé d'un lent mouvement giratoire et sur lequel de petites lumières rouges indiquaient les établissements des Frères Maristes dans le monde.
A droite, un stand bien attrayant évoquait au moyen de personnages réduits, les étapes de la vie d'un Frère Mariste, depuis le berceau au sein d'une famille chrétienne jusqu'à la vieillesse dans une accueillante infirmerie.
Tout près, un projecteur cinématographique fonctionnant presque sans interruption montrait la vie mariste.
Dans un coin une grotte de Notre-Dame avait été érigée sur les murs de laquelle on pouvait lire le texte de l'Ave Maria en seize langues différentes, avec l'inscription : « Les élèves des Frères Maristes récitent l'Ave Maria dans un grand nombre de langues ».
Un kiosque rappelait le travail des Frères de l'Australie dans leur mission des îles Salomon. Les juvénistes salomonais se tenaient à la disposition des visiteurs pour expliquer les objets exposés. Inutile de dire qu'ils furent grandement questionnés.
On pouvait voir encore un stand où étaient exposés les objets en bois et en fer fabriqués dans les classes industrielles des Frères pendant que des élèves travaillaient devant les spectateurs ; un autre étalait une collection de photographies des établissements scolaires les plus importants de l'Australie et des autres pays. Au-dessus des stands, des cartes de 2 mètres par 1,60 m représentaient les différents pays où nos Frères se dévouent.
Toute la semaine l'exposition resta ouverte où afflua un nombreux public d'écoliers et d'adultes. Le dernier jour, Son Excellence Mgr le Délégué Apostolique vint y faire une visite. Reçu par le C. F. Provincial qui lui souhaita la bienvenue et le conduisit à travers l'exposition, l'illustre visiteur exprima avant de partir sa haute admiration pour le bon travail des Frères et la gratitude de l'Église pour les bons services que les Frères Maristes rendent à l'éducation chrétienne en Australie.
A l'Eglise Saint Patrick. — Saint Patrick est l'église des Pères Maristes à Sydney. C'est là aussi que nos Frères ouvrirent leur première école en arrivant en Australie. Les Pères, s'associant à nos Frères dans ces célébrations, avaient réservé le dimanche 16 octobre comme jour principal d'actions de grâces. Nos Frères participèrent nombreux à la messe de communion. Un grand nombre de religieuses avaient également répondu à l'invitation.
Le soir à 5 heures, la Grand'Messe était célébrée par le R. P. Hurley, ancien Assistant des Pères Maristes. Au chœur, avec un nombreux clergé, avaient pris place les membres du Conseil provincial et quelques Frères Directeurs. L'assistance remplissait complètement l'église. La chorale des Frères chanta la messe ainsi que le Te Deum final.
Toutes ces célébrations contribueront, c'est le ferme espoir de tous, à intensifier le recrutement si nécessaire pour subvenir aux besoins toujours grandissants de l'éducation chrétienne en Australie.
(D'après Marist Monthly, nov.)
BRUXELLES :
En l'honneur du Bienheureux Marcellin Champagnat. De modestes écoles primaires, dispersées dans une grande ville comme Bruxelles, ne peuvent songer à organiser, séparément, un triduum vraiment solennel. Or, nos Frères y dirigent cinq grands externats, qui donnent surtout l'enseignement élémentaire. D'autre part, la maison provinciale est dans la Capitale. Et d'autres écoles maristes se trouvent dans les environs de la ville. On forma donc le projet de faire célébrer une messe solennelle à la Collégiale de Sainte-Gudule en l'honneur de notre Bienheureux Fondateur ; une délégation de toutes ces écoles y serait invitée.
Cette messe fut chantée le 6 octobre 1955. Quelque deux mille élèves étaient venus. Par un geste de délicatesse fraternelle, une forte délégation des élèves des Frères des Écoles Chrétiennes s'était jointe à nos groupes. Dans le chœur, où deux drapeaux des écoles encadraient le maître-autel, avaient pris place Mgr Suenens, évoque auxiliaire de Malines, ancien élève de nos Frères d'Helmet, et Mgr Boone, doyen de la Collégiale.
Du côté droit du chœur, on remarquait MM. les Inspecteurs diocésains, les Frères Provinciaux de diverses Congrégations et les Directeurs de nombreuses institutions catholiques de la Capitale. Le côté gauche était réservé aux Frères Maristes : le C. F. Assistant Général, qui était précisément de passage, le C. F. Provincial, les CC. FF. Visiteurs de la Belgique et du Congo, les Membres de l'administration provinciale et les Frères Directeurs des diverses écoles.
Il faut noter que les trois célébrants étaient d'anciens élèves de nos Frères.
Après l'Évangile, Mgr Suenens prononça, du haut de la chaire, en français et en néerlandais, le panégyrique du nouveau Bienheureux. Il rendit hommage aux Frères Maristes, ses anciens Maîtres, et exalta la vocation de Frère enseignant. Après avoir retracé brièvement la vie du Bienheureux Marcellin Champagnat et signalé la merveilleuse fécondité de son œuvre, il fit comprendre à son jeune auditoire le double secret de cette réussite : les deux grands amours du Fondateur : celui de la Très Sainte Vierge, qu'il appelait volontiers sa « Ressource Ordinaire », et celui des âmes. En terminant, Monseigneur confia tous les enfants assemblés dans l'immense basilique aux éducateurs maristes : « Donnez-leur, insista-t-il, le meilleur de vous-mêmes. Dieu vous le rendra au centuple. »
LE TRIDUUM A CHATEAU-RICHER AU CANADA
Château-Richer, paisible village situé sur la rive nord du Saint-Laurent, en aval de Québec, à mi-chemin entre la Capitale et Sainte-Anne-de-Beaupré, à quelque quinze kilomètres de cette dernière localité, est depuis peu, le centre du Noviciat de la province de Lévis. C'est là qu'eut lieu, du 30 juillet au 1ier août, le premier triduum de la province en l'honneur du Bienheureux Fondateur. Il coïncidait avec la bénédiction de la maison par Son Excellence Mgr Audet, évêque auxiliaire de Québec. Ce dernier y célébra une Messe Pontificale, le dimanche 31 juillet, en présence d'une foule considérable.
Le banquet qui fut servi dans la grande salle de récréation réunissait trois cents convives. Dans le toast qu'il porta à la fin du repas, le C. F. Provincial termina par ces paroles : « Que votre bénédiction, Excellence, descende sur cette maison que nous avons voulu simple, mais vaste et commode ; qu'elle s'étende sur ceux qui l'habitent et l'habiteront ; qu'ils s'y préparent à devenir des apôtres au cœur de feu. Bénissez les malades qui viennent y refaire leurs forces et ceux qui y remplissent l'apostolat de la souffrance comme d'autres, celui de l'action. Bénissez cette solitude, cénacle où nous nous efforcerons d'attirer sur vous, Monseigneur, les bénédictions du ciel. »
Le 15 août, 26 novices émettaient leurs premiers vœux et 18 postulants prenaient la soutane.
(D'après Entre-Nous.)