Ecole de Wei-Hai-Wei, Chine
06/Oct/2010
Le pays. — La ville de Weihaiwei est située dans la partie nord-est de la province du Chantong, masse de terre montagneuse, qui avec la presqu'île du Liao tong qui lui fait face au nord, enferme cette mer intérieure que l'on appelle Golfe du Pet chili dans les géographies éditées en Europe.
En 1898, l'Angleterre, voulant contrebalancer l'influence de l'Allemagne qui venait de s'établir à Tsingtao sur la côte sud de la presqu'île, prit à bail pour 99 ans, dans le but d'y établir une base navale, la baie de Weihaiwei, une certaine étendue de territoire sur la terre ferme et une île fermant le port. Tel est l'un des quatre territoires à bail cédés par la Chine à cette époque aux grandes puissances.
Au point de vue ecclésiastique, Weihaiwei a jusqu'à maintenant fait partie du vicariat apostolique de Chefoo, confié aux Franciscains français. Mais en vue d'une future division du vicariat, ce sont des Franciscains de la province canadienne qui ont la charge des intérêts spirituels de la région.
Le pays offre beaucoup de ressources: agriculture, mines, pêche. Mais comme il est surpeuplé, la population est en général extrêmement pauvre et les années de disette, ce sont d'interminables processions de familles entières qui passent le détroit et s'en vont tenter la fortune dans les plaines du nord de la Mandchourie.
L'école. — L'école que dirigent actuellement les Frères à Weihaiwei a été fondée par le P. Prosper Durand, Canadien au cœur ardent et entreprenant, qu'aucune difficulté ne rebute. Pendant plusieurs années, il assura avec des aides laïques la marche de l'œuvre ; mais ce n'était qu'en attendant que les Frères qu'il avait demandés et dont il avait vu l'excellent travail à Chefoo puissent répondre à son appel.
C'est au début de 1928 que l'école passa sous notre direction. C'était encore à Weihaiwei le régime britannique et les programmes naturellement étaient en harmonie avec cet état de choses: une moitié de la journée était consacrée à l'enseignement de l'anglais et l'autre à l'enseignement du chinois et des matières de l'enseignement primaire.
Après la rétrocession de Weihaiwei à la Chine, en 1930, il fallut se conformer aux programmes officiels et faire rentrer l'établissement dans l'une des différentes catégories d'écoles prévues par les règlements du Ministère de l'Education. On voulut le faire reconnaître comme établissement d'enseignement primaire et secondaire ; mais le Bureau d'Éducation local qui étudiait lui-même l'institution d'un lycée officiel, craignant sans doute de perdre sa clientèle possible, n'approuva que l'école primaire.
Etat actuel. — Dans le courant de l'année. scolaire 1930-1931, le chiffre des élèves monta à près de 500. A la rentrée de septembre 1931, il y eut une légère baisse, provoquée par l'ouverture de plusieurs écoles primaires officielles, ayant sur la nôtre l'avantage d'être à peu près gratuites. Actuellement, ce chiffre est de 420, répartis en 7 classes. La communauté, à l'exception d'un membre, est entièrement chinoise. La religion est enseignée, comme matière obligatoire, aux élèves chrétiens, mais en dehors des heures de classe.
Les élèves païens, malheureusement les plus nombreux, ne sont point délaissés. Des cours libres de religion, adaptés à leur besoins, se donnent tous les jours, et plus d'une centaine suivent actuellement. ces cours. Cinq se préparaient au baptême pour la fête de la Pentecôte, et un bien plus grand nombre seraient présentés au sacrement de la régénération, si les familles n'y mettaient obstacle, ou si la prudence ne conseillait quelquefois de modérer l'ardeur et l'impatiences des catéchumènes.
Malheureusement l'état anarchique du pays ne peut que nuire aux bonnes études. Quelques faits entre beaucoup d'autres :
Récemment toute la gent scolaire de Weihaiwei, dans un « mouvement patriotique » a brisé carreaux, portes, fenêtres, mobilier, et dispersé documents et archives, etc. … du tribunal local.
Poussés par la même ardeur pour le « salut du pays », ces jeunes gens et demoiselles ont vidé les trois plus grands magasins de soieries et nouveautés de la ville, en ont transporté le contenu sur le terrain de sports et y ont mis le feu. L'incendie a duré de sept à huit heures. Et pendant que le feu faisait rage tout le monde criait : « A bas les traîtres qui vendent des produits japonais ! Boycottons les produits japonais! » La police envoyée sur les lieux fut impuissante à disperser les manifestants.
Il est regrettable qu'une jeunesse si pleine d'ardeur et d'enthousiasme gaspille ses énergies dans d'aussi stériles manifestations. Daigne l'Etoile de la Mer, la Patronne de l'école de Weihaiwei ramener le calme dans le pays et, permettre à nos Frères chinois de faire beaucoup de bien à leurs compatriotes.