Ecole de Wei-Hai-Wei, Chine
01/Oct/2010
Nous espérons être agréables aux lecteurs du Bulletin en leur mettant sous les yeux les lignes suivantes que nous empruntons à l'Écho du Vicariat apostolique du Chantong, à propos de l'Ecole Stella Maris de Wei-Hai-Wei, dont la direction a été récemment confiée à notre Institut. La ville de Wei-Hai-Wei est située sur la rive méridionale du golfe du Pé-tché-li, un peu à l'est de Chefou, oh nous avons déjà une école depuis quatre ans.
L'année 1928 marquera dans les annales de notre district, et la prise de possession de notre école par les Frères Maristes sera, pour les progrès de l'évangélisation, d'un secours appréciable en même temps qu'un gage de persévérance.
On sait l'importance de l'école en pays païen et la répercussion que peut avoir, dans une population plus ou moins bien disposée, la bonne formation morale et religieuse non seulement des enfants catholiques, mais aussi des enfants païens.
Ces résultats sont encore plus appréciables lorsque les maîtres, voués à la vie religieuse et uniquement occupes des enfants qui leur sont confiés, ont la direction de l'école. Témoin l'École de l'lmmaculée-Conception de Chefou, qui, après trois ans d'existence, connaît une vogue sans cesse croissante dans la partie la plus honorable de la population chinoise.
Cette promesse de vie vient de nous être accordée,; et l'arrivée des Frères Maristes à l'École Stella Maris, fait de notre humble étoile une étoile de première grandeur….
Suivons rapidement le chemin parcouru. En automne 1915, le R. P. W. Hatlan ouvrait une modeste école qui débuta avec cinq élèves. A cette époque, le district nouvellement ouvert à la religion, ne comptait qu'une petite poignée de chrétiens. Perdue dans une population profondément païenne et superstitieuse, cette œuvre capitale connut des heures pénibles. Trouver des élèves était chose relativement facile; mais ce qui l'était beaucoup moins était de trouver de bons maîtres. Ceux-ci, en effet, ne s'improvisent pas, et le missionnaire dut avoir recours à des païens, remplis de bonnes dispositions mais éloignés tout de même d'avoir les qualités requises pour être de bons éducateurs.
Les plus amers déboires pourtant vinrent du manque de ressources. En 1912, l'école ne comptait que douze élèves, et le Père se voyait obligé d'en refuser d'autres qui se présentaient, car, écrivait-il alors, les enfants payent une ligature par mois, (soit 2fr 50 à cette époque 1913), mais ils mangent pour quatre ligatures de riz ou de millet. Plusieurs fois, il fallut fermer, pour se révéler bientôt tant bien que mal, et l'école alla végétant sans cesse, au milieu de nombreuses vicissitudes, jusqu'en 1924.
C'est alors que le Père Prosper Durand annonça des cours d'anglais. L'effet fut magique : 120 élèves se présentèrent. Il n'y avait de places que pour 40. Bien vite, quelques chambres furent aménagées, deux grands élèves furent nommés professeurs, et le Père lui même assuma l'enseignement de l'anglais.
Pendant l'automne, les premiers bâtiments de l'école actuelle furent édifiés, Le missionnaire était rassuré pour la rentrée du printemps 1925, il pouvait recevoir 150 élèves… Mais qui l'aurait-dit ? A l'ouverture des classes, 220 élèves lui arrivaient, et une fois de plus professeurs et locaux faisaient défaut. On s'ingénia à caser tout ce monde, et les classes eurent lieu. Peu après, le Père Prosper obtenait pour la seconde fois d'une généreuse bienfaitrice, les fonds nécessaires pour agrandir l'école qui pouvait recevoir en 1926, 250 élèves dans des salles claires et bien aérées.
Les progrès réalisés en ces deux années étaient, tout simplement, grandioses : l'étoile était devenue une véritable comète, à la chevelure brillante. Mais pour splendide qu'elle soit, une comète ne fait que passer! il fallait éviter cette disparition plus. ou moins lointaine, problématique, sans doute qu'un rien cependant peut occasionner, comme l'apathie de maîtres peu préparés, ou encore le changement toujours possible du missionnaire. Un seul moyen existait, c'était de remettre entre les mains de professeurs qualifiés, l'école si bien lancée.
Les Frères Maristes possédant déjà un établissement similaire à Chefou, étaient tout désignés. Depuis longtemps on les avait demandés, ils étaient promis. L'an dernier, les espérances semblaient devoir se réaliser, lorsqu'elles s'évanouirent, presque sans espoir de retour…. Et soudain, au début de cette année, tout se transforma, la Providence se mit de la partie, contre toute prévision, en deux jours, la fondation de Wei-Hai-Wei fut résolue, en même temps que l'envoi immédiat des Frères, pour assurer les classes à la rentrée de la nouvelle année scolaire.
Bien plus, faisant un nouveau pas en avant, et dépassant l'enseignement primaire supérieur (kao teng) dont on s'était contenté jusqu'â présent, en y adjoignant un cours d'anglais, les Frères annoncèrent une école secondaire (tch'ou teng) et les cours primaires supérieurs (kao teng), 5 années d'études
C'est ainsi que l'école « Stella Maris » ouvrait ses portes le 14 Mars. Le Frère Directeur avait bien quelques craintes : nouveau régime, forte discipline, rentrée retardée d'un mois, tout semblait devoir limiter le nombre des recrues. Mais ces. craintes furent vite dissipées : 160 élèves étaient inscrits pour le jour de la rentrée, parmi lesquels 30 pensionnaires.
Monseigneur Wittner voulut lui-même présider la séance d'ouverture : quelques jours plus tard, 2 Avril, le T. C. Frère Délégué, accompagné du Cher Frère Provincial, venait encourager la nouvelle fondation, qui semble pleine de promesses pour d'avenir… C'est merveille, en effet, de voir comment ces espiègles élèves, si indépendants, et pas mal sauvages, ont su s'assouplir en moins de quinze jours, à la discipline du silence et des rangs, à l'obéissance au son de la cloche, et même à un esprit de travail et d'application qu'ils ignoraient. De la ville déjà, où tout se sait et tout se dit, nous arrivent des échos quelque peu flatteurs : ''Comment se fait-il que les enfants de cette école soient, cette année, si acharnés à l'étude, même chez eux ?'' Comment cela se fait.il ? C'est le secret des Frères. Mais je crois que beaucoup de ces braves gens, doués d'un très grand bon sens, devineront, et chercheront à mieux comprendre, en envoyant de plus en plus nombreux, leurs enfants à l'école Stella Maris. N'est-ce pas à souhaiter ? Mille et mille fois oui, puisque la vitalité de l'école c'est l'extension assurée du règne du Christ dans l'âme des petits, et par les petits dans celle des grands.
"C'est pourquoi, amis lecteurs, vous qui êtes animés d'un si grand zèle pour la conversion des païens, vous prierez, et vous prierez beaucoup pour cette école, pour ses élèves et pour ceux qui en ont la charge, afin qu'elle soit la pépinière riche en jeunes plants débordants de vie surnaturelle, qui emporteront d'ici la sève de la grâce, et qui iront semer dans les champs en friche de l'intérieur l'Amour du Divin Maître…"