L'école Montalembert de Toulouse, l'une des principales de la ville vient de mener à bonne fin certaines transformations dans ses bâtiments, réclamées par les exigences des temps actuels et la nécessité de mettre fin à une situation nobiliaire par trop précaire. Certains locaux branlants ont été remplacés par des appartements convenables, réunissant les conditions élémentaires de la vie commune et de l'hygiène nécessaire.

Les Chers Frères Directeur et Econome, ont vraiment montré dans cette affaire, un grand courage et un sens profond des réalités.

L'entreprise a mené les travaux avec une diligence et une régularité exemplaires.

Après les travaux de terrassement, la bénédiction de la première brique fut donnée par M. le Chanoine Crouzil, dans une cérémonie fort suggestive. Puis les constructions allèrent bon train, au milieu du vacarme des camions-bennes, des bétonnières et des grues. Une providentielle coïncidence voulut que la Ville procédât, à la même époque, à l'installation des égouts dans la rue des 36 Ponts, ce qui facilita bien des choses.

 

Une courte visite sur les lieux.

Empruntons la « pente douce » qui conduit au sous-sol. Il est immense, malgré la rangée des piliers centraux qu'on n'a pu éviter. Il n'a pas encore reçu d’affectation définitive : garage, cabinet de physique, salle de projection?… Tout est possible…

Faisons « surface » et voici la cuisine alimentée au gaz de ville, toute de blanc carrelée, avec ses marmites à potage et à légumes, ses plaques chauffantes, son gigantesque chauffe-eau, sa sauteuse basculante et sa « friteuse », le tout souligné d'une rangée de « buffets » bleus du plus bel effet… Où est notre ancienne cuisine?

Nous passons maintenant au réfectoire de la Communauté, meublé de tables en formica, aux pieds métalliques. Tout à côté, c'est le réfectoire des « Moyens » avec ses tables vertes qui vous donnent l'impression d'être en pleine nature.

Revenons vers l'escalier si bien éclairé par ses deux immenses verrières et nous sommes au premier étage.

Voici la chapelle étrangement belle dans sa simplicité, avec sa table d'autel taillée en un seul bloc de pierre et ses bancs tout neufs en bois des Iles. Elle a été inaugurée le 4 Juin dernier:

Son Excellence Monseigneur Garrone était venu en personne prononcer les prières de la bénédiction de l'autel et célébrer la première messe.

Prenant la parole après l'Evangile, Monseigneur remercia Dieu de la joie qu'il ressentait de voir enfin construit un lieu de culte proportionné aux besoins de cette Ecole visiblement bénie du Seigneur. Il dit combien il avait participé aux inquiétudes et aux espoirs de ceux qui, présents et absents, travaillèrent patiemment à la difficile acquisition de l'espace vital nécessaire à une maison trop peuplée.

Evoquant ensuite les souvenirs que gardent les élèves de la chapelle de leur collège, il dégagea le « rôle singulier » qu'elle tient bien souvent dans les « déterminations graves de leur existence » : combien de mères et de pères de famille chrétiens, combien de prêtres et de religieux ont pris là des «résolutions que la vie a permis de tenir»! Une chapelle c'est, en effet, « le cadre dans lequel par excellence Dieu a choisi » de nous rencontrer. C'est donc plus qu'un endroit où l'on se réunit de temps en temps pour prier: elle ne tient pas sa valeur d'une initiative humaine. La chapelle est essentiellement le lieu où Dieu a construit son Autel, où la Passion du Christ se renouvelle au milieu de nous. Son Excellence termina en exprimant le vécu que les sacrifices accomplis pour mener à bien ce bâtiment trouvent leur récompense.

Au cours du repas fraternel qui suivit, le Cher Frère Provincial du Sud-Ouest et le Frère Directeur de l'Ecole tinrent à remercier Monseigneur l'Archevêque de ses encouragements et de sa présence. Leur gratitude s'adressa également à tous ceux qui, prêtres, religieux et laïcs, participèrent à cette belle réalisation.

Monseigneur Garrone répondit qu'il avait lui-même une dette de reconnaissance envers les Frères Maristes puisque l'un d'eux est professeur au Séminaire de Cabirol. Il exprima le désir que chacun comprenne et estime de plus en plus la belle vocation de Frère enseignant, manifestement voulue de Dieu, et souhaita aux prêtres du diocèse la joie de découvrir beaucoup de semblables vocations. Poursuivons notre visite…

Le deuxième étage est destiné à la Communauté, avec sa double série de chambres, sa salle de bains, son infirmerie. Il faut bien reconnaître que jusqu'ici les logements des Frères étaient dignes des temps héroïques de la Congrégation!…

Au troisième étage se trouve le plus beau dortoir de Montalembert avec ses trente-cinq places et ses lavabos isolés…

Parvenu à cette extrémité du bâtiment neuf, d'où vous apercevez l'ensemble de l'Ecole, vous pourrez admirer, si vous avez connu Montalembert avant 1918, tout le travail réalisé depuis!…

Pour moi, j'entends encore ces mots que le cher Frère Bertuald se plaisait à nous répéter: «Je n'y serai plus… mais vous autres, les jeunes, vous verrez tout cela!…

Presque chaque soir, quand le silence était retombé sur l'Ecole, une ombre fugitive se profilait vers le sanctuaire, chapelet en main, le cher Frère Bertuald priait pour sa maison, sa Communauté, ses élèves anciens, présents et à venir…

                                                    F. M. Bouchet

 

Après la bénédiction de la nouvelle Chapelle, Son Excellence Monseigneur Garrone nous écrit:

« L'Ecole a donc désormais sa Chapelle.

Elle est digne de la Maison par ses dimensions, par sa sobre élégance.

Un peu dépouillée encore : elle attend et elle recevra l'image maternelle de Notre-Dame et aussi celle de son Fondateur, guide et protecteur de ses fils et de tous ceux au service de qui il les a donnés.

Cette chapelle est destinée à devenir l'âme de Montalembert. Car là Dieu résidera, sous ce visage proche, sensible, qu'il lui a plu de se donner et dont il a revêtu son Corps offert en Sacrifice, donné en Communion.

Une chapelle a une âme. C'est Dieu qui la lui donne, par sa Présence, par sa Parole, par son Sacrifice. Mais cette âme s'enrichit de tout ce que lui confient secrètement les âmes qui viennent y respirer, s'y ouvrir, s'y nourrir.

Les élèves de Montalembert d'aujourd'hui bâtissent à leur façon la chapelle, la chapelle spirituelle, pour ceux qui viendront après eux.

Une Dieu daigne bénir Montalembert et toute cette Maison qui vient de recevoir avec cette chapelle une âme neuve ».

L'Archevêque de Toulouse.