En lhonneur du B. P. Chanel

22/Oct/2010

Au moment où le manuscrit du Bulletin est donné à l'impression, les esprits et les cœurs sont tournés vers Rome où se préparent les solennités de la Canonisation de saint Pierre-Louis Chanel. Et quand ces lignes passeront sous les yeux des lecteurs de notre modeste publication, les périodiques catholiques du monde entier auront servi à leurs abonnés d'amples relations des fêtes romaines.

Déjà, les Circulaires du Révérend Frère Supérieur ont dit combien les Petits Frères de Marie sont heureux de s'associer à la grande allégresse de la Société de Marie qui voit l'auréole des Saints rayonner au front du premier martyr de l'Océanie.

Quand le Père Pierre-Louis Chanel partait en décembre .1836 pour sa lointaine mission, le Père Champagnat brûlait du désir de se joindre à ce groupe de pionniers de l'apostolat polynésien. Nos annales de famille nous disent comment son zèle, retenu par l'obéissance, se dédommagea en préparant de courageux auxiliaires pour les évangélisateurs de l'Océanie.

Depuis, l'esprit missionnaire ne s'est point affaibli dans les deux familles religieuses, comme en témoignent les nombreux établissements qu'elles dirigent en ces contrées et les relations qui les ont constamment unies.

Les Petits Frères de Marie font monter leurs supplications et leurs chants d'actions de grâce vers saint Pierre-Louis-Marie Chanel, avec tous les autres membres des familles religieuses qu'anime l'esprit profondément mariste du Vénérable Père Colin.

Que le martyr de Futuna continue, dans le resplendissement de la gloire céleste, à veiller sur ces immenses régions, afin que le règne de N.-S. et de Notre-Dame s'y étende de plus en plus malgré les obstacles dressés par les ennemis de la Sainte Église !

Le T. R. Père Haour, Assistant Général de la Société de Marie, a bien voulu nous communiquer la traduction du Décret « De Tuto », par lequel s'est achevée la longue série des procès qui ont conduit le Père Chanel à la gloire des autels.

Nous reproduisons ce précieux document :

CAUSE DE CANONISATION DU BIENHEUREUX
PIERRE-LOUIS CHANEL, PRETRE DE LA SOCIÉTÉ
DE MARIE, PREMIER MARTYR DE L'OCÉANIE

Questions : « Étant donné que deux miracles ont été approuvés depuis la Béatification, peut-on, en toute sécurité, procéder à la canonisation solennelle du Bienheureux ? »

Décret : « Dieu a racheté les hommes de la servitude du démon, les a élevés par l'adoption jusqu'à la dignité de fils et leur a donné part à son royaume éternel dans la mesure où ils sont trouvés fidèles au moment de leur mort. Mais, poussé contre eux par la malignité de l'envie, l'ennemi acharné du genre humain s'efforce par tous les moyens de les faire déchoir d'une si haute dignité par le péché, de les maintenir dans ce péché jusqu'à leur mort et de les associer à sa damnation et à ses peines. C'est pourquoi il ne cesse pas de s'attaquer à tous les ministres de Dieu qui se dévouent avec zèle au bien des âmes et spécialement aux missionnaires qui s'efforcent de détruire son empire séculaire parmi les païens, les hérétiques et les schismatiques.

Innombrables en réalité sont ceux qui, depuis le temps des apôtres jusqu'à nos jours, torturés cruellement jusqu'à la mort et l'effusion du sang ont donné et donnent encore par leur martyre un témoignage de la Foi chrétienne.

Parmi ces derniers, il convient de mentionner particulièrement le bienheureux Pierre-Louis Chanel, de la Société de Marie, premier martyr de l'Océanie.

Ce dernier, mû par le zèle apostolique, partit en 1837 avec quelques autres religieux de la même Société jusqu'à l'Ile de Futuna en Polynésie. Là, après un ministère efficace mais rempli de douleurs, d'angoisses, de souffrances de la faim et de la persécution, il fut frappé d'une mort affreuse et couronné d'un glorieux martyre le 28 avril 1841.

Ce martyre ayant été reconnu comme tel suivant les normes exigées par le droit, le Pape Léon XIII inscrivait le Père Chanel au nombre des martyrs du Christ le 17 novembre 1889.

Puis la cause fut reprise et Ton s'occupa de deux miracles qui étaient mis en avant. Tous deux furent approuvés le 17 janvier dernier.

Restait au Souverain Pontife à s'assurer que toutes les formalités prévues par le Droit Canon avaient bien été accomplies par la Sacrée Congrégation, de telle sorte que l'on puisse en toute sécurité procéder aux actes qui précèdent la Canonisation solennelle. Pour cela, il fut sagement décidé que les Cardinaux, les Prélats et les Consulteurs feraient connaître, maintenant que le déroulement de la Cause se trouvait achevé, si l'on pouvait ou non aller plus avant en toute sécurité. Un vote favorable fut acquis à l'unanimité sur ce point.

Le Saint-Père toutefois différa quelque temps de faire connaître sa décision afin d'implorer de Dieu plus de lumière. Puis, s'étant pieusement acquitté de cette tâche, après avoir célébré le Sacrifice eucharistique, il confirma la sentence de la Sacrée Congrégation des Rites et décréta : . « On peut procéder en toute sécurité à la Canonisation solennelle du Bienheureux Pierre-Louis Chanel. »

Enfin, il ordonna que ce décret soit promulgué comme il convient et consigné dans les Actes de la Sacrée Congrégation dés Rites.

Fait à Rome, le 2 avril de l'Année Mariale 1954.

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A la dernière heure, nous pouvons utiliser l’Osservatore Romano des 13, 14, 15 juin et le beau cliché de saint Pierre-Louis-Marie Chanel apportés de Rome par le R. F. Supérieur Général. On peut y lire les détails de la grandiose proclamation des cinq nouveaux saints, faite devant la Basilique de Saint-Pierre, pour permettre à la foule des fidèles d'assister à la solennité…

C'est le 12, vers 17 h. 40, que la longue théorie du clergé régulier et séculier et des hauts dignitaires déboucha sur la place Saint-Pierre par le célèbre grand Portail de Bronze…

Ce qui, dans l'immense cortège, attira particulièrement les regards fut le défilé des grands étendards des cinq nouveaux saints… L'étendard de saint Chanel avançait le premier, précédé du Postulateur, le R. P. Umberto Giannini, du Très Rév. P. Alcime Cyr, Supérieur Général de la Société de Marie, qui a tenu à ce que le R. F. Leonida, Supérieur Général des Petits Frères de Marie fût à ses côtés, avec le Père Supérieur de Nouvelle-Calédonie et six Provinciaux Maristes…

L'étendard de saint Pierre-Louis-Marie Chanel représentait d'un côté l'héroïque Protomartyr d'Océanie dans la gloire et de l'autre le grand mariste évangélisant les indigènes. Deux tableaux représentent les miracles nécessaires pour la canonisation.

Le premier est arrivé dans la personne de François Vion-Dury. Il avait totalement perdu la vue en 1882, à la suite d'un accident. Il la retrouva parfaitement en 1890 après une neuvaine au Bienheureux.

Le deuxième est survenu dans la personne de la jeune Rosalie Monnier. atteinte de tuberculose grave, compliquée de gastrite ulcéreuse grave, etc. … Elle guérit subitement le 8 septembre 1904, après des prières réitérées au Bienheureux Chanel.

Nous ne nous arrêterons point à relater les diverses phases de l'imposante cérémonie. Notons seulement que le Saint-Père, ayant prononcé la formule de canonisation, accueillie par les vibrantes acclamations de la foule, massée sur la place Saint-Pierre, le voile qui couvrait l'image des nouveaux saints exposée sur le balcon central de la Basilique fut écarté…

Alors, on entendit le Saint Père commencer, d'une voix étonnamment forte, le discours à la gloire des nouveaux saints dont nous ne pouvons reproduire que le début :

 « Si les forces du mal ne cessent, au cours des siècles, leurs attaques contre l'œuvre du Divin Rédempteur, Dieu ne manque pas de répondre aux supplications angoissées de ses fils, en suscitant des âmes riches des dons de la nature et de la grâce qui soient pour leurs frères un réconfort et un secours.
« Quand s'affaiblit dans la conscience des hommes la connaissance des vérités salutaires, obscurcies par les attraits des biens terrestres ; quand l'esprit de révolte et d'orgueil suscite contre l'Église des persécutions dissimulées ou violentes ; au milieu des misères toujours présentes des âmes et des corps, la Divine Providence appelle, sous l'étendard de la Croix du Christ, des héros de sainteté, irradiantes splendeurs de pureté virginale et de charité fraternelle pour subvenir à toutes les nécessités des âmes et maintenir dans son intégrité la ferveur des vertus chrétiennes. »

 

A ce moment, le Saint Père relève en chacun des nouveaux saints les vertus caractéristiques, puis il entonne le Te Deum poursuivi par la Cappella et par la foule…

La grandiose manifestation de foi s'achève avec la Bénédiction apostolique et l'indulgence plénière…

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