Fédération des Amicales du Canada

17/Oct/2010

Les lecteurs du Bulletin de l'Institut sont assez informés de la nécessité de grouper nos anciens élèves, du but général que se propose une Amicale, des grands avantages qui résultent d'une bonne association d'anciens élèves pour le bien des individus et de notre Congrégation, de l'influence que nos anciens élèves peuvent exercer sur l'œuvre de l'éducation chrétienne en général. Aussi, dans ces pages, nous serons plutôt objectifs, nous parlerons de l'organisation et des premières activités de la Fédération de nos Amicales canadiennes.

 

Organisation. — Si nous avions à représenter graphiquement la vie des Amicales maristes canadiennes, la courbe accuserait trois montées. La première commença en 1921, alors que le collège Laval de Saint-Vincent-de-Paul, groupait ses anciens et constituait un comité de direction. Puis, chaque année, généralement à l'occasion de la fête du Collège, au début de l'été, avait lieu la réunion générale. Quelques années plus tard, en 1926, l'école paroissiale Saint-Malo, dans la ville de Québec, formait son Amicale qui fut très active un certain temps. En 1927, l'école paroissiale Saint-Pierre, à Montréal, voyait ses anciens revenir en grand nombre et les organisait en Amicale. Deux ans après, l'école Saint-Joseph de Baie Saint-Paul, à son tour, groupait ses anciens élèves.

Pendant quelques années, ces Amicales tinrent des réunions et manifestèrent beaucoup de dévouement à la cause qu'elles poursuivaient. Mais, soit éloignement les unes des autres, soit manque d'un idéal bien défini et d'un facteur important dans le choix des membres du bureau de direction, ou absence d'une intelligence directrice communiquant un même esprit à chacun des groupements, ces Amicales, sauf celle du Collège Laval qui fut toujours très active, cessèrent peu à peu leurs activités et connurent même une longue léthargie.

Il faut attendre l'année 1935, cinquantenaire de l'arrivée des Frères Maristes au Canada, pour voir les Amicales retrouver un regain de vie. Dans la plupart des écoles, des groupements s'organisèrent, on réussit de magnifiques fêtes un peu partout ; on fit même des vœux où l'on exprimait la volonté de se réunir plus souvent. Mais ces solennités restèrent sans lendemain, du moins dans le domaine des Amicales, et ces enthousiastes réunions ne se renouvelèrent pas.

De sorte que vers 1940, on ne comptait que 3 ou 4 écoles qui avaient des Amicales réellement actives. Dans les autres établissements, on sentait le besoin de se regrouper ; mais faute d'une âme dirigeante pour unir toutes les bonnes volontés, personne n'osait se lancer résolument à l'action. Tous cependant brûlaient, pour ainsi dire du même désir : reformer leurs rangs pour mieux s'aider sur le chemin de la vie, pour mieux aider, soutenir la cause de l'école chrétienne, pour mieux accomplir ses devoirs de chrétien et de citoyen.

En 1943, lors de la division du Canada en deux provinces maristes : de Lévis et d'Iberville, l'occasion paraissait bonne pour donner une nouvelle impulsion au projet de fonder des Amicales un peu partout dans nos écoles et de les maintenir malgré les échecs déjà enregistrés.

Comme le C. F. Marie Wenceslas avait vu naître, prospérer et puis s'anémier l'Amicale de l'école Saint-Pierre, étant donc parfaitement au courant des causes de réussite et d'échec, on le désigna pour remplir la délicate mission de Directeur général des Amicales. Sa tâche fut allégée par le grand esprit de corps qui anime nos Frères du Canada. Dans les deux provinces, avec l'encouragement des autorités ecclésiastiques, on se mit résolument à la besogne pour reformer les cadres des Amicales inactives et pour en fonder de nouvelles, même où ces groupements paraissaient impossibles au premier abord. Les Frères provinciaux dans leurs articles mensuels rappelaient souvent aux Frères de favoriser l'organisation des Amicales. La revue Stella Maris, qui va dans toutes nos écoles, publiait avec détails les faits et gestes de ces associations. Dans chaque communauté, on s'ingéniait pour aider les confrères qui s'occupaient des anciens élèves. Ainsi, de part et d'autre, chacun apportant sa contribution, en moins de deux ans, une quinzaine d'écoles avaient un groupement qui fonctionnait d'une façon normale. On pouvait donc songer à la Fédération, car toutes ces Amicales, malgré leur jeunesse, faisaient preuve de beaucoup de vitalité.

 La Fédération des Amicales devint donc l'œuvre qu'on s'efforcerait de réaliser à l'occasion du 60e anniversaire de l'arrivée des Frères Maristes au Canada ; ce serait le monument-souvenir qu'on érigerait avec succès. Cette mémorable réunion eut lieu à la maison provinciale d'Iberville, berceau des provinces maristes de l'Amérique du Nord, le 7 octobre 1945, en la fête de Notre-Dame du Rosaire.

Une vingtaine d'Amicales en activité ou ayant un comité d'organisation constitué furent représentées par 5 ou 6 membres. L'éclat de cette assemblée, qui groupait une centaine de délégués des deux provinces maristes canadiennes, était rehaussé par la présence de l'honorable Omer Côté, secrétaire de la province de Québec et ancien élève des Frères, de Mgr Goyette, également ancien élève des Frères, et d'une délégation de la province mariste des États-Unis.

Au cours de la journée, on tint une grande réunion générale á laquelle prirent part les délégués officiels de chaque école. Après un exposé clair et vibrant du projet par le C. F. Directeur du Collège Laval, on accepta d'emblée la proposition de fonder une Fédération avec Conseil général et Bureau de direction.

Voici, en résumé, les principaux articles de la constitution de la Fédération :

Siège social: Collège Laval, Saint Vincent de Paul.

Patron: Notre-Dame du Rosaire. Devise: S'unir et agir.

Organe : Stella Maris. Cette année, comme notre revue Stella Maris paraît sous une autre formule, nous publierons un journal propre qui sera distribué à tous les «Amicalistes ».

But: 1° Créer un lien de fraternité entre les membres des différentes Amicales. 2° Promouvoir les intérêts particuliers et généraux des Amicales et de leurs membres par une entraide mutuelle plus étroite au triple point de vue religieux, national, social. 3° Coopérer à l'œuvre d'éducation, de recrutement et de formation des Frères Maristes. 4° Diriger tous les membres vers l'Action Catholique sous la direction des Évêques, de l'Aumônier et des Frères Maristes. 5. Encourager la formation et le maintien d'Amicales d'anciens élèves dans toutes les écoles dirigées par les Frères Maristes.

 

Direction: La Fédération est dirigée par un Conseil général et un Bureau de direction.

 

Le Conseil général comprend:

1. Le Frère Directeur et le Président de chaque Amicale ou leur représentant. 2. Un délégué de chaque Amicale désigné par le Bureau de direction de son Amicale. 3. L'Aumônier de la Fédération et le directeur général des Amicales.

 

Le Bureau de direction comprend: 1° Un Frère Directeur de chaque province mariste désigné par son Frère Provincial. 2° L'Aumônier de la fédération et le Directeur général des Amicales. 3° Neuf membres élus ou choisis par le Conseil général. Ces membres sont élus pour trois ans et renouvelables par tiers tous les ans. Ils sont toujours rééligibles. On ne peut en nommer plus d'un par Amicale.

Les membres du. Bureau de direction élisent un président, un vice-président, un secrétaire et un trésorier, les autres sont Directeurs. Le quorum du Bureau de direction est de cinq. Celui du Conseil général de un tiers des membres.

Les officiers du Bureau de direction sont aussi officiers du Conseil général de la Fédération.

Les Frères Provinciaux font de droit parti, du Conseil général et du Bureau de direction.

Au Conseil général et au Bureau de direction, les Frères ont voix consultative, mais non délibérative, excepté pour les élections.

L'aumônier a droit de veto sur les questions touchant au dogme ou à la morale.

L'Assemblée générale a lieu une fois par an à la date et au lieu fixé par le Bureau de direction.

Toute discussion politique est formellement interdite dans les assemblées.

Chaque Amicale conserve son autonomie pour l'administration de ses affaires particulières.

Les Chers Frères Provinciaux ont droit de veto sur toute décision prise par le Conseil général ou le Bureau de direction.

Vu l'étendue du pays, on prévoit pour un avenir rapproché, l'organisation d'une Union régionale en chaque province; chacune ayant ses activités propres, tout en faisant partie de la Fédération. Il y aurait alors un président général et un bureau, puis un président régional et un bureau.

 

Activités. — La Fédération, encore dans sa phase de formation, n'a pas de grandes œuvres à son actif. On peut cependant mentionner deux activités intéressantes : son premier congrès et une réception à l'occasion du sacre de Mgr Cabana, des Pères Blancs, ancien élève des Frères.

Le 2 juin 1946, la Fédération tenait son premier congrès, à son siège social, Saint Vincent de Paul, pour fêter les vingt-cinq ans d'existence de l'Amicale mariste du Collège Laval et l'inauguration du splendide monument érigé par les Lavallois aux Saints Martyrs Canadiens et assister au 23e festival annuel de gymnastique.

Les Amicales de Québec, Beauceville, Chicoutimi, Normandin, La Tuque, Saint-Michel de Bellechasse, Montréal, Saint-Jean, Iberville, Ville Saint-Pierre, Dorval, Henryville, Waterloo, avaient envoyé des délégations.

C'est devant un millier de Lavallois anciens et actuels que le B. P. Antonio Dragen, provincial des Jésuites canadiens, célèbre la sainte Messe au Monument des Martyrs qu'il vient de bénir et que M. l'abbé Hurtubise, aumônier du collège et de son Amicale, prononce un émouvant sermon.

Une foule sympathique de spectateurs applaudit le merveilleux programme de, gymnastique des collégiens. Mais le clou de la fête est le cortège des Martyrs avec chars allégoriques et procession aux flambeaux qui aboutit au monument des Martyrs dont le R. P. Primeau S. J. fait un éloquent panégyrique.

Le tout s'achève par un feu d'artifice : brillante apothéose, digne point final d'une inoubliable journée, supérieurement organisée et durant laquelle dévouement, joie, amitié, beauté, ont coulé à plein bord.

Une deuxième fête réussie de la Fédération est celle offerte en l'honneur de Mgr L. J. Cabana, des Père Blancs, récemment sacré évêque par son frère Mgr Georges Cabana, archevêque de Saint-Boniface, tous deux anciens élèves des Frères Maristes, à Granby.

A cette occasion, le Frère Directeur de l'école Saint-Pierre .félicite les nombreux anciens de Granby de la fidélité que, par leur présence, ils témoignent à leurs premiers maîtres. La devise de l'Amicale Saint-Pierre : « Fidèles, toujours » leur convient bien. Il les invite à se réunir à l'École Saint-Pierre pour cultiver les vieux souvenirs.

Le Cher Frère Louis-Gustave, provincial d'Iberville, dit la grande joie et la fierté des Frères Maristes puisque, en fêtant l'archevêque de Saint-Boniface, le Vicaire apostolique de l'Ouganda et de nombreux anciens, ils peuvent constater que les semences jetées jadis à Granby ont levé en glorieuse moisson.

L'Honorable Omer Côté, secrétaire de la province de Québec, exprime toute sa satisfaction de présider une telle soirée. « En effet, dit-il, c'est la première fois, dans notre pays, qu'un archevêque consacre son frère… C'est avec grand plaisir que j'apporte les hommages de la province et de tout le gouvernement. Monseigneur le nouvel Élu, à côté du témoignage sincère d'admiration que vous rendent les Chers Frères Maristes, nos anciens Maîtres, acceptez cet hommage non moins sincère, qui témoigne une fois de plus en faveur de cette antique et franche alliance de l'Église et de l'État chez nous. »

A son tour, Mgr L.-J. Cabana, vicaire apostolique de l'Ouganda, heureux de se voir entouré de tant d'amis d'enfance et de ses maîtres vénérés, forme le vœu que l'œuvre des Frères Maristes grandisse davantage et qu'une abondante moisson de missionnaires mûrisse dans leur champ d'apostolat. Pour que la devise du Vicaire apostolique Adveniat regnum tuum! se réalise, il faut des Pères et des Frères enseignants missionnaires. « Soyons unis, dit-il, comme ce soir, par la pensée pour le salut des âmes. Au rendez-vous éternel, Dieu nous fera connaître les vrais artisans des conversions ; peut-être verrons-nous alors que celui qui a le plus travaillé pour les missions n'est pas tant le missionnaire qui verse l'eau sur la tête du néophyte, que l'orant qui obtenait de Dieu de répandre à flots les grâces de la foi. »

Mgr Georges Cabana, archevêque de Saint-Boniface insiste afin d'obtenir, du Frère Provincial, des Frères Maristes pour son diocèse, où la moisson est prête et abondante, et les moissonneurs manquent. « Je suis sûr que nous avons de bons élèves, aussi dociles que les anciens de Granby. N'est-ce pas, ajoute aimablement Monseigneur, que nous, les vétérans de Granby, nous donnons un démenti au fabuliste La Fontaine qui prétend que la gent écolière est ingrate ? Son Excellence parlant de l'influence des religieux dans l'éducation, conclut par ces mots : Chers anciens maîtres, quand bien même il arrive parfois aux élèves de faire des petites étourderies, il ne faut pas perdre confiance, voyez comme ça tourne bien. »

Un autre projet est à l'étude qui mérite d'être signalé. Les diverses Congrégations de Frères enseignants du Canada : Frères de Écoles Chrétiennes, Frères de l'Instruction de Ploërmel, du Sacré-Cœur, de Saint-Gabriel, de Saint-Viateur, de Sainte-Croix, des Frères Maristes, ont une Fédération des Amicales. Depuis quelque temps on travaille à l'union .de ces Fédérations en une vaste Confédération dans laquelle on envisage la possibilité d'admettre les groupements d'Amicales laïques. (Il ne faut pas perdre de vue que l'enseignement des laïques au Canada n'est pas du tout un enseignement «laïque » au sens péjoratif, mais reste bien catholique.)

On réussirait ainsi une Confédération Générale des Amicales de l'enseignement catholique dont on peut prévoir la puissante influence pour assurer l'éducation chrétienne de la jeunesse montante, grande espérance du Canada !

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