Inauguration du nouveau collège de Valence.

21/Oct/2010

Valence, la troisième ville d'Espagne, sise sur un vaste et riche jardin potager, fut appelée « la repue » à cause de sa grande richesse. Déjà, dans ses monnaies antiques apparaît la corne d'abondance, symbolisant cette saine économie. Il faut ajouter, à cette agriculture de sélection, sa puissante industrie qui va croissant de jour en jour.

Valence est la ville des fleurs. Ses champs et ses avenues, ses cours et ses balcons seigneuriaux sont ornés des plus vives couleurs, démontrant le goût d'un peuple, pour un art consommé. Ses fameuses « Fallas», qui entourent la célébration de la fête de saint Joseph, le 19 mars de chaque année, reflètent le caractère de ce peuple aussi attaché à ses traditions que critique raffiné d'ambiances exotiques.

Ces «Fallas», montées sur chars, représentations satiriques de scènes légendaires, ou prises dans l'actualité, comme les ligures d'un gigantesque Carnaval, sont brûlées en grande pompe dans la nuit du 19, après avoir été exposées pendant trois jours, durant lesquels réjouissances publiques et offices religieux se sont succédé sans interruption. La crémation des «Fallas» est accompagnée d'un immense feu d'artifice et tous ces feux de joie, embrasant le ciel, donnent l'impression que la ville entière n'est plus qu'un énorme brasier.

Nous serions injustes de ne pas souligner le sens profondément Marial de cette région et de la ville de Valence. Sa « Virgen de los Desamparados » (Vierge des Abandonnés) est l'exaltation de ses amours. Il semble qu'il n'y ait pas de spectacle plus émouvant que la sortie (procession) de sa Patronne, de la Basilique jusqu'à la cathédrale, le deuxième dimanche de mai.

 

Le Cinquantenaire de l'Œuvre Mariste. — C'est le 15 septembre 1897 que trois Frères Maristes commencèrent leur apostolat dans cette belle ville.

Trois élèves aussi se présentèrent le jour de l'ouverture de l'école. « El Portal de Valldigna » (L'Étable de Valldigna) fut le premier local scolaire utilisé.

En contemplant ces humbles débuts et ce qui est aujourd'hui le nouveau Collège, un vibrant Magnificat surgit spontanément du fond de notre âme. Mais ce cantique d'action de grâces ne pouvait rester à l'intérieur de chacun de nous. Nous formons une grande famille, nous sommes nombreux qui pensons en Maristes ; nous devions tous nous réjouir d'être ce que nous sommes et extérioriser cette joie cl cette reconnaissance à Dieu et à nos maîtres.

C'est ce qui porta les Supérieurs locaux et provinciaux à célébrer le « cinquantenaire » retardé et l'inauguration solennelle du nouvel édifice.

Peu d'événements auront occupé la presse et la radio aussi intensément que nos cérémonies. Les quatre postes émetteurs et les trois journaux locaux se mirent à notre disposition durant plusieurs jours. Les anciens élèves, entre les mains desquels se trouvent ces moyens de propagande, se chargèrent de faire connaître à tout le monde ce que sont les Frères Maristes, leur Fondateur, leurs œuvres en Espagne et dans le monde entier, le grand collège de Valence et la fierté qu'ils éprouvaient d'avoir fait leur éducation dans nos classes.

Les cérémonies du Cinquantenaire débutèrent le 3 octobre dernier. A 7 heures du soir, ce jour-là, les anciens élèves se réunirent au Collège. Ils saluèrent leurs anciens professeurs et les camarades de ces heureux temps de Valldigna, Roteros, Jativa, El Carmen, Alameda, Mirasol et Libreros, centres où s'exerça la pédagogie mariste faisant du bien à toutes les classes sociales.

La réunion s'acheva par un exercice pieux dans la nouvelle chapelle.

Puis, au milieu du bruit des haut-parleurs qui émettaient constamment l'hymne du Collège, on tira une brillante collection de feux d'artifice se terminant par une pétarade à grands fracas.

 

Bénédiction et inauguration du nouveau Collège. — Le 4, premier dimanche d'octobre, le collège, sobrement orné, reçut les premières autorités de la ville, les élèves anciens et actuels, ainsi que leurs familles. Le local s'avéra bien insuffisant pour accueillir tous ceux qui s'associèrent à la fête de l'inauguration.

A 9 heures du matin eut lieu la consécration de la belle et spacieuse chapelle, cérémonie suivie de la Sainte Messe et communion où assistèrent plus d'un millier de personnes.

Son Exc. Mgr  Jacinto Argaya Coicoechea, évoque auxiliaire de Valence, officia, assisté de prêtres anciens élèves des Frères.

Vers onze heures, commencèrent les cérémonies de l'inauguration du Collège d'après le programme suivant : bénédiction de l'entrée, du vestibule, de l'escalier d'honneur et du couloir du rez-de-chaussée ; découverte d'une plaque à la mémoire des maîtres et des élèves qui donnèrent leur vie pour Dieu et pour l'Espagne dans la Croisade de Libération. S. Exc. l'évêque auxiliaire officia, tandis que José-Maria Haro Salvador et le C. Fr. Provincial prononcèrent une brève allocution de circonstance.

Dans la splendide salle des fêtes du Collège, officiellement inaugurée, se déroula la solennelle séance académique et littéraire à l'occasion des Noces d'Or de l'arrivée des Frères Maristes à Valence, sous la présidence de M. le Recteur, Don José Cots Grau, représentant le Gouverneur civil. Sur l'estrade présidentielle on voyait : Mgr l'Evêque, M. le Maire de Valence, le représentant du Gouverneur militaire, les FF. Provinciaux de Levante et de Bética, le délégué de l'Information et du Tourisme, M. Alvarez Rubiano, ainsi que MM. Haro Salvador, Lluch Garin, Meléndez Bosca, M. le Curé et des représentants de tous les Instituts religieux enseignants.

La séance commença par un hymne de victoire, belle poésie de circonstance, déclamée avec beaucoup d'expression par un élève de la dernière année du Baccalauréat.

Don Alfredo Carrasco, premier élève reçu par les Frères à Valence, lut ensuite quelques pages sur la signification de la réunion, rappelant le 15 septembre 1897, date d'ouverture du collège des Frères.

Le G. F. Aurelio Victor, Provincial de Levante, fit la synthèse de l'œuvre mariste à Valence durant les 56 premières années de l'arrivée des Frères à la belle capitale du Turia. Il retraça avec émotion, dans ses grandes lignes, le méritant labeur des Frères qui ont éduqué des centaines et des milliers de jeunes gens dans les vieux collèges maristes ci-dessus mentionnés, offrant le collège inauguré en ce jour, aux familles, à la ville et à l'Eglise.

Finalement le Dr Cots Grau, en des termes simples et éloquents, souligna la compénétration de buts, de soucis et de responsabilité que les circonstances présentes de l'Espagne exigent de tous ceux qui exercent le magistère de la jeunesse. Il exalta l'œuvre éducative réalisée par les Frères Maristes : « A la rigueur, dit-il, c'est Valence même qui célèbre de tout cœur ces Noces d'Or avec ceux qui ont été les maîtres illustres de trois générations. L'Université a toujours dans chacun de ses cours une preuve vivante de l'excellente formation que les Frères donnent à leurs élèves, et je suis heureux de le reconnaître et de le proclamer publiquement. » Il acheva en félicitant les professeurs, les élèves et Valence de ce nouveau Collège du Sacré-Cœur.

La séance se termina par le chant de l'hymne du Collège interprété par la chorale de l'établissement. Ensuite les autorités et les invités parcoururent les diverses dépendances et on leur offrit un vin d'honneur.

 

Le nouveau local. — L'édifice inauguré avec tant de solennité se compose de quatre étages, d'un rez-de-chaussée et d'un sous-sol. Dans ce dernier sont installés les services de cuisine, lavoir, salle de machines pour air conditionné, et autres dépendances pour dépense frigorifique, etc. … Au rez-de-chaussée, les réfectoires et parloirs ; au fond, l'entrée principale de la chapelle.

Les trois premiers étages sont destinés aux trente classes. Pour le rapide déplacement des élèves, ces étages sont desservis par trois escaliers : deux aux extrémités et un au centre, ce dernier royal, monumental et très large. Au deuxième étage se trouvent la salle des professeurs, la salle de lecture et la bibliothèque. Au troisième sont m>-tallés trois magnifiques laboratoires de Sciences Naturelles, de Physique et de Chimie avec tout le matériel requis. Ce même étage donne accès, par un large couloir, au salon-théâtre de 700 sièges.

Le quatrième étage est destiné à 40 chambres de la communauté, parfaitement installées avec leurs services hygiéniques complets et modernes.

L'édifice a six terrasses et une cour scolaire de 3.200 mètres carrés. L'appartement le mieux soigné et qui semble devenir un authentique joyau, c'est la chapelle, aux vastes proportions et riche en matériel. Le tabernacle est une véritable œuvre d'art. Tout l'ensemble est de style romano-byzantin. Les fenêtres sveltes avec leurs vitraux polychromes s'harmonisent parfaitement avec le marbre et la dorure de l'autel, du tabernacle et de la table de communion.

La richesse actuelle du temple et les compléments qui surviendront sont, en totalité, un cadeau des élèves et de leurs familles, ainsi que des anciens élèves. Les deux collectes organisées à cet effet ont dépassé le chiffre de 150.000 pesetas. Comme leur générosité est grande et qu'ils sont fiers de leur collège, nous espérons transformer la Maison de Dieu en « ce qu'il y a de mieux ».

 

Clôture des fêtes du Cinquantenaire. — Deux cérémonies solennelles ont marqué la clôture du Cinquantenaire.

La première eut lieu le 29 novembre. Dans le cadre grandiose de la cathédrale, Mgr l'Archevêque célébra la Messe Pontificale en action de grâces pour les 50 ans de vie du Collège. La messe fut chantée par tous les élèves. A l'évangile, Son Exc. Mgr Marcelino Olaechea, archevêque, eut, dans son allocution de circonstance, des paroles fort éloquentes pour exalter la grande figure de notre Vénérable Fondateur qu'il appela son vénérable homonyme. Il félicita les Frères pour leur apostolat effectif, encouragea et conseilla les élèves actuels et anciens, leur disant : « Vous êtes les plus nombreux et les meilleurs, vous devez être à l'avant-garde pour honorer Notre-Dame en cette Année Mariale, en tant que Maristes. Valenciens et Espagnols».

Et comme boucle d’or, on célébra au grand théâtre Apollon, le « Concours Marial Vincentin » qui marquait l'ouverture officielle de l'Année Mariale à Valence.

La Schola du Collège intervint par l'exécution de deux morceaux de musique. La Chorale Polyphonique de Valence, sous la direction du Maître Alam n, ancien élève, eut une fois de plus un magnifique succès.

La fête fut présidée par Son Exc. Mgr l'Archevêque, Don Marcelino Olaechea, M. Aunós, ancien ministre et Président du Tribunal des Comptes du Royaume et de la Fédération des Anciens Élèves Maristes d'Espagne ; le C. F. Provincial de Levante, le Gouverneur Civil, le Maire de la ville, le Président de la Députation de Barcelone, ancien élève du collège ; et bon nombre de notabilités religieuses, civiles et militaires.

Devant l'estrade présidentielle défilèrent successivement, les élèves récompensés pour leurs travaux scolaires de l'année antérieure.

Le docteur Roda Soriano ouvrit la séance. L'élégance de sa parole et la chaleur de son cœur ardent soulevèrent l'émotion d'un public qui applaudit avec enthousiasme les brillants passages de son discours. Souvenirs de sa vie de collégien, les inoubliables Mois de Mai dans la chapelle si recueillie de Mirasol, l'affection vraiment paternelle de son professeur le Frère Salvador, l'éducation intégrale reçue au collège, ce furent comme de beaux poèmes en l'honneur de l'Institution Mariste. « Vous êtes, dit-il à ses anciens professeurs, ceux qui élevez l'homme vers Dieu, sublime fonction et raison d'être de votre haute vocation ». Celui qui souffrit dans sa propre chair ne pouvait oublier l'héroïsme de tant de professeurs et d'élèves maristes morts pour le plus bel idéal.

Après la remise des prix aux champions des luttes littéraires, Don Eduardo Aunes, Mainteneur du Concours, vient se placer devant le micro.

Avec une parfaite maîtrise de la pensée et de la parole, il nous donne une magnifique leçon. Il rappelle ses années de collégien à Lérida, la figure sympathique du martyr Frère Fabian et cette solide formation reçue dans les classes maristes.

Il fait un grand éloge de la perfection de l'édifice du Collège de Valence qu'il ne craint pas de placer aux tout premiers rangs des établissements scolaires modernes.

Il félicite les élèves et leurs familles : « Les collèges maristes, — leur dit-il, — sont vos seconds foyers, où l'on vit comme des frères, sous le regard affectueux de vos professeurs, de nos professeurs ».

Il augure un monde nouveau meilleur dans lequel le Christ, par la médiation de Marie, doit régner. Pour hâter l'avènement de ce monde que nous souhaitons, il faut faire en chacun de nous la rénovation, la révolution.

Avec ce magnifique collège, bienfait de la Providence et fruit des sueurs et des sacrifices des Frères nombreux et exemplaires, une nouvelle ère commence pour l'œuvre mariste à Valence.

Daignent le Sacré-Cœur de Jésus et le Cœur Immaculé de sa très sainte .Mère, Notre-Dame des Abandonnés, répandre sur nous leurs bénédictions, pour que nous soyons les dignes continuateurs de nos méritants devanciers qui, sans bruit mais de façon efficace, ont semé et cultivé la bonne semence que Notre-Seigneur a si abondamment bénie et multipliée.

Toute la gloire en soit rendue à Dieu et à noire Mère du Ciel !

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