Instruction et formation chrétienne

14/Oct/2010

Un rappel. — Le rapport sur la formation religieuse et intellectuelle, adopté par le dernier Chapitre Général, déclare que « tous les Frères doivent se rendre capables d'enseigner la religion avec science et habileté ». (Circulaire du 5 août 1932, t. XVI, p. 725.) Il considère l'abandon de la demi-heure d'instruction religieuse dans les classes, prescrite par les Constitutions (art. 197), comme une trahison de la confiance des familles, des sociétés chrétiennes et de la cause même de Dieu. Agir ainsi, c'est s'écarter du but assigné par le Vén. Père Fondateur.

« Le Chapitre appelle encore l'attention de tous sur le devoir qui incombe aux Frères Provinciaux et aux Frères Directeurs de veiller à ce que l'enseignement de la religion ne soit pas uniquement théorique, mais surtout pratique. La religion doit à la fois enrichir l'intelligence de connaissances, former le cœur et mouvoir la volonté à la pratique du bien pour orienter tout l'homme vers Dieu. C'est ainsi qu'il convient d'insister sur la fréquentation des sacrements. » (Id. p. 726.)

Cette invitation rejoint les conseils et suggestions des éducateurs et catéchistes qui, dans ces dernières années surtout, font les plus louables efforts pour introduire les méthodes inductives, prenantes, actives dans l'enseignement religieux et rendre le catéchisme « vivant » (cf. Boyer; Catéchisme vivant; Quinet, Pédagogie du catéchisme et Carnet de préparation; Roy, Méthode pédagogique d'enseignement du catéchisme; Cuttaz, Pour le succès de nos catéchismes, etc. …).

Tous s'accordent à considérer le catéchisme non pas seulement comme une leçon ou classe de religion ; ils affirment qu'il doit être plus et mieux : « un véritable exercice de piété » (Cuttaz, p. 74). Il ne s'agit pas seulement de faire comprendre et apprendre la doctrine, mais de la faire pratiquer.

Puisque le plus souvent, c'est à des baptisés, à des âmes qui possèdent Dieu et qui ont en germe les vertus théologales de foi, d'espérance et de charité que les leçons s'adressent, tous les efforts des éducateurs apôtres que nous sommes par vocation doivent tendre à faire croître, épanouir et fructifier la vie surnaturelle. Et voilà un plan de formation qui se dessine à nos yeux. L'abbé Boyer l'esquisse ainsi : 1) Tout d'abord, faire prendre conscience à l'enfant de son caractère de baptisé ; 2) chercher à le faire vivre en enfant de Dieu ; 3) commencer en lui par chacune des leçons de catéchisme, la « mise en train » des vertus de foi, d'espérance et de charité ; 4) s'attacher à l'éducation de la volonté en obtenant le sacrifice ou l'oubli de soi.

L'abbé Quinet (Pédagogie du Catéchisme) après avoir affirmé que la base de l'éducation religieuse sera, après la grâce et pour la coopération de la grâce, «la foi aux vérités connues », indique aussi la marche à suivre pour mettre en œuvre le programme de formation religieuse, c'est-à-dire pour cultiver les esprits, les cœurs, les volontés, former à la piété. L'auteur a concrétisé sa méthode dans le Carnet de préparation du Catéchiste (3 volumes, Tolra, Paris).

Mais nous possédons tout cela excellemment exposé dans notre Guide des Écoles dont les précieux conseils ont pour eux l'autorité d'une expérience collective plus que séculaire. N'est-il pas à craindre que nous perdions de vue les directives données aux chapitres VI et VII de la première partie, concernant précisément la formation chrétienne de l'esprit, de la conscience, du cœur et de la volonté ; la formation à la piété, l'éducation des élites et la culture des vocations ?

Pour comprendre l'importance, la gravité du problème de l'éducation religieuse des enfants, il suffit d'observer les efforts multipliés en tous pays par les ennemis de l'Église, quel que soit le nom dont ils s'affublent. C'est avec un acharnement diabolique qu'ils accaparent la jeunesse pour l'arracher à l'influence de Notre-Seigneur Jésus-Christ.

Dans une page intitulée : «Unique moyen d'armer l'enfant pour toute la vie », l'abbé Cuttaz signale l'importance du catéchisme : « Jusque dans les villages les plus reculés, les âmes sont exposées à la contagion morale. Que d'objections contre la foi ! Que d'occasions dangereuses ! Que d'attaques ! Dans quelques années, qu'ils le veuillent ou non, par la force des choses, nos enfants seront jetés dans la bataille dont leur salut est le véritable enjeu, et ils n'auront que les armes, les munitions et les énergies dont nous les aurons munis au catéchisme ! Malheur à eux si elles sont insuffisantes et à nous si c'est notre faute ! A l'atelier, à l'école, à la caserne, sur les grandes routes de la vie libre, souvent infectés d'athéisme et d'immoralité, ils n'emporteront — et bien réduit ! — que le bagage reçu de nous au catéchisme.

Songeons à la multitude de mauvais écrits, journaux ou livres, qui inondent nos villes et nos campagnes, aux conversations provocantes qui s'entendent au travail, en voyage, dans les trains, les voitures, les cafés !… Songeons à ce que deviendra, au milieu de ce déluge de mensonge et de boue, une foi mal éclairée ou une vertu mal affermie ! »

Le problème délicat à résoudre est donc celui-ci : donner à l'enfant des convictions et un tempérament chrétien assez viril pour résister aux multiples influences délétères qui s'exerceront sur lui dans le milieu familial, scolaire et social…

 

Une analyse psychologique à faire. — Dans bon nombre de nos établissements nous gardons les élèves pendant de longues années ; parfois depuis l'âge de 6 ans jusqu'à 16, 17, 18 ans et plus. Or, il est des faits qui n'échappent pas aux maîtres qui savent observer. Parmi les petits, la formation morale et religieuse est relativement facile, car ils sont en général simples, naïfs, dociles, malléables. Mais quand arrive la période critique de l'adolescence, les éducateurs conscients de leur mission suivent avec une attention soutenue et dévouée ces âmes dont la cohue de tendances qui bouillonnent rend la surveillance et l'éducation particulièrement difficiles.

C'est alors que les réactions personnelles peuvent être lourdes de conséquences pour l'avenir moral et religieux de l'adolescent, du jeune homme et qu'il importe d'assurer à ces âmes en pleine effervescence une direction religieuse à la fois avertie, virile et paternelle. C'est alors que l'ambiance exerce une influence profonde.

Avec la croissance physique, coïncide parfois une crise de la foi et des passions. La vie chrétienne commence à se présenter au jeune homme pour ce qu'elle est : vérité et moralité ; elle impose une façon de penser : la foi, et une manière d'agir : la loi… Et la lutte se fait plus ou moins vive selon les tempéraments. La volonté encore mal formée, mal affermie est tentée de regimber contre les commandements de Dieu et de l'Eglise et éprouve de la répulsion pour les dogmes ou les vérités qui les fondent ; elle pousse à la révolte l'intelligence incommodée par l'obscurité des mystères.

Cette période de combats qui débute généralement au collège et à un âge qu'il n'est pas facile de déterminer mathématiquement, explique jusqu'à un certain point les attitudes prises parfois par les « grands » dans leur formation religieuse.

Puisque le collège doit être une préparation à la vie, il importe souverainement de tenir compte de la psychologie tourmentée des adolescents et du milieu social dans lequel ils doivent vivre pour l'organisation des programmes d'instruction et de formation religieuse. C'est à quoi invite la Circulaire précitée (t. XVI, p. 726). « L'enseignement religieux doit avoir ses degrés et ses développements comme les matières profanes. Pour les jeunes gens de nos pensionnats et collèges, des cours secondaires et supérieurs de religion doivent être superposés an catéchisme élémentaire destiné aux enfants. Quelques principes solides de philosophie pour baser les études religieuses sont spécialement souhaitables pour les futurs étudiants universitaires qui sont exposés à rencontrer des professeurs indifférents ou même hostiles à la religion. »

Ce serait, en effet, une faute de tactique équivalente à la trahison que de poursuivre avec ténacité une formation littéraire et scientifique secondaire ou supérieure et de laisser au stade primaire ou avec de graves lacunes l'instruction et la formation religieuses. Par là, s'expliquerait au dire de certains auteurs, que « la maladie causée par l'hyperesthésie critique, l'intellectualisme et le savantisme et son orgueil » produise tant de ruines. « Ce qui la rend plus contagieuse sans doute, c'est l'inégal développement de l'instruction religieuse ; beaucoup n'ont pour parer au mal que le petit bagage de catéchisme emporté du collège : science d'enfant contre des difficultés d'homme. » (Pinard, Dictionnaire Apologétique, col. 1178.)

 

Une question spéciale à résoudre. — Pour des jeunes gens qui poussent leurs études jusqu'au baccalauréat et au delà, qui se familiarisent avec les diverses littératures, avec les conclusions des sciences physiques et naturelles et abordent les théories philosophiques, il surgit tôt ou tard un problème dont la solution peut avoir pour leur vie religieuse et morale des conséquences d'une gravité exceptionnelle. Il s'agit des relations de la raison on de la science avec la foi, ou encore de la philosophie avec la théologie.

Parlant de « la crise de la foi chez les jeunes », le Père Léonce de Grandmaison écrivait : « Une initiation progressive aux difficultés soulevées contre nos dogmes est considérée comme possible et désirable. Seulement, qu'elle s'appuie, loin de le précéder, sur un enseignement dogmatique ferme ; qu'elle s'insère dans la trame intellectuelle éprouvée qu'assure la philosophie de saint Thomas ; qu'elle soit donnée par des maîtres joignant à la compétence technique, l'exemple d'une vie spirituelle édifiante. » (La crise de la foi, p. 39.)

Nous reproduirons ici, à titre documentaire, le schéma d'une enquête pour situer la question.

 

I. Une première catégorie de philosophes soutient qu'il y a incompatibilité entre la foi et la raison. — Dans les systèmes rationalistes, la philosophie est réfractaire au surnaturel et à la révélation. « La raison, dans la doctrine de Kant et de ses disciples, se voit refuser la possibilité de pénétrer dans la réalité véritable… et interdire toute démonstration concernant l'existence de Dieu, la nature de l'âme, les perspectives ultra-terrestres. » (E. Rolland, Apologétique, article « Révélation », p. 205.)

Il s'est trouvé des auteurs fidéistes, traditionnalistes qui ont soutenu une doctrine diamétralement opposée à la précédente. Devant les aberrations de la raison humaine enregistrées par l'histoire, ils déclaraient l'esprit humain impuissant à parvenir à la vérité et prétendaient ne s'appuyer que sur la Foi. Ce fidéisme exagéré a été condamné par Grégoire XVI.

 

II. Il est une seconde catégorie de philosophes qui admettent la possibilité d'une harmonie entre la foi et la science ; ils expliquent cet accord d'une triple façon :

1) Pour les uns il y a identité entre la foi et la science. Dans leur système, les vérités de la foi et les mystères peuvent être démontrés au moins quant à leur existence : ce qui est formellement hérétique et condamné par l'Église. Cette doctrine aboutit nécessairement au rationalisme. Il s'est trouvé, au cours des siècles, des penseurs qui ont voulu rationaliser les mystères de la religion. Plusieurs, au moyen âge, subirent l'influence de la philosophie rationaliste arabe.

2) D'autres nient toute relation réciproque, toute dépendance entre la foi et la science, il ne saurait y avoir de désaccord puisqu'il n'y a pas de rencontre possible. Ce sont deux royaumes indépendants.

Contrairement à l'enseignement catégorique du Concile du Vatican, ils soutiennent que la foi n'est pas un acte de l'intelligence. Elle est un sentiment engendré par le besoin du divin, sans l'intervention d'un jugement préalable ; un phénomène subconscient. La science se réfère aux faits conscients. Quand donc les poussées du sentiment religieux franchissent le seuil de la conscience, les choses de la foi : dogmes, sacrements, etc., ne sont que des symboles, sujets aux changements comme les autres sciences et non des vérités divines. C'est l'erreur moderniste condamnée par l'encyclique Pascendi (1907).

En raison du point de vue anti-intellectualiste, pour le bergsonisme, le surnaturel n'est pas seulement inexistant, il est impossible.

 3) Enfin d'autres philosophes (ce sont les catholiques) enseignent qu'il y a accord mais avec des distinctions importantes.

A) Dans quel sens y a-t-il distinction d'abord, entre la foi et la science?

L'une et l'autre ont quelque chose de commun : ce sont des actes de l'intelligence, ayant pour objet le vrai. Mais il y a distinction sous de multiples rapports.

a) La foi et la science considèrent un objet identique: Dieu et son œuvre. La distinction se prend du côté de l'aspect particulier que l'on envisage en cet objet ou de la lumière spéciale qui le fait voir : la force naturelle de la raison, pour la science ; la puissance surnaturelle de la Révélation, pour la foi.

b) Le motif qui porte à adhérer à des vérités de foi, par exemple aux mystères de la Sainte Trinité et de l'Incarnation, c'est l'autorité divine qui a révélé. En science, le motif d'assentiment est l'évidence intrinsèque, immédiate comme pour les axiomes ou les premiers principes dont la vérité s'impose à l'esprit dès qu'il perçoit les termes qui les expriment ou bien l'évidence médiate acquise par l'expérience ou par la démonstration.

c) L'origine de la foi est l'illumination divine, la grâce du Saint-Esprit, qui meut la volonté : celle-ci commande à l'intelligence pour qu'elle donne son assentiment à une vérité non évidente, car la raison d'elle-même ne donne pas l'assentiment à ce qui n'est pas évident. C'est ainsi que l'acte de foi, résultat de trois facteurs dont le plus important est la grâce, peut être dit acte humano-divin.

La science tire son origine des choses sensibles par voie d'abstraction. La connaissance sensible est présupposée à la connaissance intellectuelle de laquelle procède l'évidence. L'histoire de la philosophie montre que beaucoup d'erreurs proviennent de la confusion au sujet de l'origine de la foi et de la science.

d) Sous le rapport de l'effet, l'acte de foi procédant de l'intelligence et de la volonté est libre ; mais la liberté d'un acte en fait le mérite. Par contre dans l'acte de science, la vérité s'impose à l'intelligence par l'évidence même, l'esprit ne pouvant pas ne pas donner, à moins de se renier soi-même, son assentiment à une proposition de telle nature.

Cet acte n'étant pas libre, mais nécessaire, en un sens, en soi n'est pas méritoire. Notons néanmoins que, accidentellement, des études scientifiques orientées par la volonté vers une fin surnaturelle deviennent très méritoires.

B) Entre la philosophie et la théologie des distinctions s'imposent quant aux principes, quant et la fin et quant aux moyens employés.

a) Toute science repose sur des principes. Dans la théologie sacrée proprement dite, les principes sont des dogmes, des articles de foi. La notion de dogme requiert : une vérité, garantie par l'autorité divine et, au sens strict, promulguée par l'Église soit par voie de définition solennelle, soit par voie d'enseignement ordinaire et universel. L'ensemble de ces vérités de foi catholique et de foi divine constitue la dogmatique… Les conclusions que l'on peut en déduire par l'étude, et les systèmes plus ou moins heureux que l'on peut construire pour les justifier forment précisément la théologie ou science de la foi. Il est clair que la raison intervient puissamment dans ce travail de coordination et de systématisation.

En philosophie, les premiers principes tels que : d'identité, de causalité, etc. …, connus par la raison, s'imposent par leur évidence.

b) La théologie sacrée étudie Dieu en tant que fin surnaturelle, objet de vision béatifique et comme tel connu par la Révélation. En philosophie, Dieu est connu par les forces de la raison comme cause première et fin suprême ; c'est l'objet de la théologie naturelle ou théodicée.

c) Sous le rapport des moyens mis en œuvre dans les investigations, la théologie se nuance encore de la philosophie. Le théologien s'éclaire à la double lumière de la Révélation qui lui fournit les articles de foi et de la raison qui tire les conclusions des dogmes révélés. La lumière qui guide le philosophe est la raison.

C) Grâce à des distinctions nécessaires, les auteurs catholiques pensent qu'il y a concorde entre la raison et la foi, la philosophie et la théologie.

Les sciences exactes et expérimentales ont des méthodes particulières : la philosophie, de même. Les objets étant divers, les méthodes doivent l'être aussi. Il doit y avoir concordance, d'abord parce que la foi et la raison ayant la même origine : Dieu, l'unique Vérité ! ne peuvent jamais se contredire. Les philosophes du moyen âge admettaient ce principe fondamental ; saint Thomas, mieux que tous a su montrer le plein accord des vérités révélées avec la vérité naturelle. (Cf. Thonnard, Histoire de la Philosophie, p. 329.)

a) La foi guérit et surélève la raison.

Vertu surnaturelle que la grâce dépose dans l'intelligence, la foi perfectionne la nature et guérit les blessures d'ignorance et d'erreur causées par le péché originel. Indirectement elle calme les passions, écarte l'orgueil et dispose à la recherche de la vérité.

Sur les problèmes philosophiques fondamentaux qui intéressent le salut de l'âme : par exemple, Dieu et la création, l'âme et ses destinées ; tandis que la science, la raison tâtonnent, la foi nous donne d'avance des garanties infaillibles de certitude.

De plus, dans la vie chrétienne fervente, la foi s'accompagne des dons du Saint-Esprit, principalement ceux de science, de conseil, d'intelligence et de sagesse. Sous cette divine influence, des perspectives à l'infini sur les mystères s'ouvrent à la raison. C'est ainsi qu'en scrutant les dogmes de la Trinité, de l'Incarnation, etc. …, les philosophes chrétiens ont apporté d'admirables précisions sur la connaissance, sur certaines notions de personne, de nature, etc. …

b) Réciproquement, le rôle de la raison est aussi multiple par rapport à la foi.

La raison peut et doit prouver certaines vérités essentielles comme l'existence de Dieu et ce qu'on appelle les préambules de la foi, nos raisons de croire ou les motifs de crédibilité : c'est un travail d'apologétique.

Les mystères échappent à toute démonstration rationnelle. Ils se prouvent par l'autorité de l'Écriture Sainte, sanctionnée par les miracles et par l'enseignement officiel de l'Église et des Pères. Mais l'étude trouve des raisons de convenance ; au moyen de quelques principes philosophiques, elle groupe, ordonne les diverses vérités révélées. Cet ensemble de vues destinées à expliquer le dogme, constitue un système théologique. Plusieurs essais d'explication du dogme ont été tentés. L'Église qui ne confond pas la parole de Dieu avec les raisonnements de l'homme ; les dogmes, avec leur exposition systématique, laisse la liberté à chaque école. Cette difficulté ne compromet en rien l'unité doctrinale puisque la rivalité n'existe que sur la question « de savoir comment défendre mieux la foi commune ». (Newman, Difficulties felt by Anglicans, X.)

Parmi les synthèses doctrinales, celle de saint Thomas jouit d'une grande considération dans l'Église et les derniers Souverains Pontifes l'ont particulièrement signalée et recommandée.

La raison défend la foi en réfutant les objections. Il importe à cet égard de ne pas confondre la dogmatique avec la théologie. Le « Credo » primitif loin de s'effriter, s'est consolidé et précisé ; mais les explications qu'en ont tentées les philosophes et les théologiens se sont modifiées. La science et la foi sont des plans différents. « C'est une soudure qui est toujours à refaire, parce que l'un des métaux varie sans cesse et c'est la science… Les dogmes à expliquer restant les mêmes, leur explication scientifique a progressé et progressera parce que les sciences ont progressé et progresseront. Jamais la science ne prouvera les mystères et, de ce chef, ceux qui ne veulent pas croire auront toujours des objections… Le point qui importe, c'est qu'aucun de nos dogmes n'est atteint par les conclusions certaines d'aucune science. S'il en est ainsi, l'opposition existe bien entre les savants — certains savants et la foi, non entre la science et la foi. » (Dictionnaire Apologétique, col. 1178.)

 

Encore deux observations.

a) Quel que soit le niveau intellectuel de nos élèves et le degré d'instruction religieuse à leur départir, l'ouvre éducatrice est surnaturelle dans sa fin. Il faut donc des moyens proportionnés de même ordre pour la réaliser. Voilà pourquoi les vrais éducateurs apôtres, se considérant comme les coopérateurs de Dieu, ne perdent pas de vue que le Maître par excellence est le Saint-Esprit dont ils s'efforcent de seconder le travail intime. Voilà pourquoi les vrais catéchistes comptent plus sur la mise en œuvre des moyens surnaturels prière, sacrements, dévotion à Notre-Dame, sacrifices… que sur le déploiement d'habiles procédés et les talents naturels. N'est-ce pas là le pur esprit du Vénérable Champagnat ?

Toujours, il restera incontestablement vrai que le travail intime d'amélioration de l'âme étant l'effet de la grâce, seul l'ouvrier apostolique profondément uni à l'Artiste divin, au Saint-Esprit, trouvera les avenues secrètes des cours. Oh ! comme les images banales du radiateur et de l'accumulateur présentent des analogies parlantes du rôle de l'éducateur plus l'appareil communique avec la source du fluide, plus il est à même de rayonner !

b) Le catéchisme est une vie… Mais la vie doit se manifester, se traduire extérieurement par des actes. Sans activité, c'est la mort ; comme pour le vivant privé d'air ou d'eau.

Et ici nous rencontrons l'objet même de l'action catholique qui n'est en somme que le rayonnement de la vie chrétienne dans tous les milieux. Notre ambition doit être d'allumer au cœur de nos élèves la flamme apostolique et de les aider à la développer dans la famille et à l'école en attendant le milieu social où la Divine Providence les appellera.

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