JubilĂ© des FF. Flamien, Gregorio – Grugliasco

02/Mar/2010

Le 20 mai dernier était à la fois le 50ième anniversaire de la prise d'habit du C. Frère Flamien, 2nd Assistant Général de l'Institut, et la date centrale autour de laquelle s'échelonnait à courte distance la fin des 60 ou 50 ans de vie religieuse de quatre autres vétérans de nos deux maisons de Grugliasco et de Carmagnola: les CC. Frères Gregorio, Théodulphe, Léopold et Albéricus. A double titre, ce jour méritait donc de ne point passer inaperçu ; et, sous l'inspiration du Rév. Frère Supérieur et des Membres du Régime, la communauté de la Maison Mère, en prit occasion pour offrir à ces vénérés jubilaires un affectueux témoignage de sa religieuse sympathie en même temps que de s'unir à eux pour rendre à Dieu de ferventes actions de grâces.

Dès le matin, ce fut la principale intention de tous au Salve Regina, à la prière, à la méditation, à la sainte communion et à une première messe, en attendant qu'à huit heures, une Grand-messe solennelle, célébrée spécialement pour le même motif, et où les grands novices et les juvénistes exécutèrent des chants magnifiques, donnât à la journée son caractère vraiment festif.

Puis, à 10 heures, dans la grande salle du second noviciat brillamment ornée, une séance de famille réunit autour du Régime toutes les sections de la Communauté pour la présentation des vœux.

Après un beau chœur d'ouverture, où, sous l'habile direction du Frère Gervais, Grands Novices, Scolastiques et Juvénistes unirent harmonieusement leurs voix pour une première traduction des sentiments qui remplissaient tous les cœurs, le Frère Secrétaire Général, à qui était échu l'honneur d'être auprès des chers jubilaires l'interprète de l'assemblée, s'exprima en ces termes:

Très Cher Frère Assistant,

Méritants et très aimés vétérans.

Comme vous voyez, toute la maison est aujourd'hui en fête à votre sujet, et certes ce ne saurait être à meilleur droit. C'est, en effet, sans doute, un beau jour pour tous; mais c'est aussi, à titre non moins légitime, un beau jour pour toute cette communauté, qu'on peut bien .regarder comme un raccourci de l'Institut, puisque, à l'honneur d'en posséder le cœur et la tête; elle joint l'avantage de compter dans son sein ries représentants de presque toutes les régions qui le composent.

Ce doit être dis-je, un beau jour pour vous; car je me figure qu'en songeant à toutes les grâces, à tous les bienfaits dont la bonté divine vous a favorisés au cours de vos cinquante ou soixante ans de vie religieuse, vous devez être certainement heureux d'avoir un jour tout entier spécialement consacré lui en rendre de solennelles actions de grâces. Mais, serait-ce une exagération d'ajouter que c'est à plus forte raison encore un beau jour pour nous?

A quelqu'un qui lui disait : Quelles belles choses vous feriez si vous aviez quelques centaines de mille francs! le Vénérable Fondateur répondit d'une manière très opportune et avec beaucoup de vérité: Nous en ferions de bien plus belles si la Providence nous envoyait cinquante bons Frères. Ce n'est pas surtout d'argent, en effet, qu'un institut a besoin pour prospérer et faire ses œuvres; c'est de bons et fervents religieux, attachés à leur vocation du fond de leur âme et profondément pénétrés de son esprit. Ce sont là ses trésors véritables, plus précieux pour lui que l'or et les pierreries, pour employer une expression de la Sainte Ecriture. Or je crois être ici le fidèle interprète des sentiments du Rév. Frère Supérieur, du T. R. Frère et de tous ceux qui ont eu l'avantage de vivre près de vous, Bien Cher Frère Assistant et très aimés Vétérans, en affirmant que c'est bien véritablement de tels religieux que la Providence fit présent à notre chère Congrégation, il y a un demi-siècle ou un peu plus, en vous envoyant dans ses rangs. Et c'est pourquoi nous nous estimons extrêmement heureux non seulement de nous joindre cordialement à vous pour rendre grâces à l'Auteur de tout don parfait des grâces personnelles qu'il vous a faites; mais aussi de le bénir, au nom de tout l'Institut, pour tout le bien qu'il lui a fait par votre entremise. Et que ce bien, dans des sphères différentes, a été grand et précieux!

A commencer par vous, bien cher Frère Assistant, — car à tout seigneur il est juste que revienne tout honneur — que de Te Deum de gratitude ne lui devons-nous pas pour les belles œuvres qu'il a opérées parmi nous par votre sage, vaillant, et généreux intermédiaire.

Tout jeune encore, alors que vous n'étiez que le Benjamin des communautés de Saint-Remèze et de Saint-Florent, vous étiez la consolation et la joie de vos Directeurs, à qui votre changement, s'il faut en croire la renommée, fit répandre plus d'une larme Puis, tout en faisant vos premières armes comme professeur, à Saint-Martin de Valamas, vous laissiez déjà prévoir aux moins prophètes de vos confrères le Maitre émérite que vous seriez bientôt à Salindres, où, pendant 10 ans, vous deviez faire un si grand bien et laisser, tant parmi vos élèves et leurs familles que parmi les membres de la communauté- et le personnel de l'usine, un souvenir qui n'est pas près de s'effacer:

Même quand l'oiseau marche, on sent qu'il a des ailes.

C'était, sans le savoir, vous signaler tout naturellement aux Premiers Supérieurs pour des emplois de confiance, qui vous rattacheraient de plus en plus étroitement aux œuvres vitales de notre chère Congrégation, Et ce qui devait arriver arriva.

Après un an de préparation au ‘’Cours Supérieur’’ de la Maison-Mère (on un des plus chers souvenirs de votre pauvre interlocuteur est de vous avoir vu pour la première fois à l'œuvre), vous étiez mis à la tète du scolasticat d'Aubenas, qui ne connut jamais de plus belle époque. Pour avoir une juste idée de ce que votre présence y apporta de vie, d'application sérieuse et de studieuse ardeur, il faut l'avoir entendu dire avec le même enthousiasme par le bon Frère Onias, Directeur rie la Maison, par vos co-professeurs, par vos élèves, ou consulter le registre des admissions aux examens, qui ne porte pas moins de 144 brevets obtenus au cours de cette période de six ans.

Votre participation aux saints exercices du Second Noviciat, en 1899, fut pour vous l'occasion d'une promotion nouvelle à une dignité plus haute: celle de Visiteur, qui allait étendre à toutes les communautés et à toutes les œuvres scolaires de la Province la bienfaisante influence qu'avait eue sur sa jeunesse studieuse votre passage au scolasticat. Ses salutaires effets devaient même bientôt déborder sur la plupart des provinces de l'Institut; car à vos fonctions de Visiteur vous n'alliez pas tarder à ajouter, pendant quatre années consécutives, celle de Directeur du Second Noviciat, à la grande satisfaction comme au grand avantage de ceux qui auraient à y prendre part…

Mais surviennent les tristes jours de 1903, commencement d’une des plus tristes époques par lesquelles il ait plu à Dieu de faire passer les familles religieuses en France. C'est alors qu'on vous voit, au sein de la furieuse tempête, vous faire généreusement, en même temps que le soutien et le guide de ceux qui sont restés fermes, la Providence visible des désemparés; donnant à tous, au milieu du désarroi inévitable de ces jours de trouble, l'exemple du calme, du courage, de la confiance en Dieu et en Marie, éclairant ceux qui étaient dans l'erreur, rassurant les timides, réconfortant ceux qui avaient le cœur abattu et réussissant par ces moyens a diminuer dans toute la mesure du possible les déplorables effets de la persécution.

Et depuis lors, successivement avec le titre de Provincial et d'Assistant Général, vous n'avez cessé de poursuivre avec le même inlassable .dévouement, le même zèle et le même succès, dans la grande partie de l'Institut qui forme aujourd'hui les trois provinces d'Aubenas, de Léon et du Brésil Nord, la même œuvre de paternité spirituelle, «affermissement dans le bien et d'excitation au mieux, sans compter votre collaboration précieuse au gouvernement général de la Congrégation.

Nous ne saurions donc avoir, Bien Cher Frère Assistant, de plus justes motifs de nous réjouir aujourd'hui avec vous en ce cinquantième anniversaire de votre Prise d'Habit, de bénir la Providence à votre sujet et de profiter de cette occasion pour vous offrir, avec le respectueux hommage de nos vœux, la plus affectueuse expression de notre religieuse sympathie, que nous vous prions d'agréer.

Et n'avons-nous pas aussi, proportions gardées, les mêmes raisons de nous réjouir à votre sujet et de vous féliciter cordialement, en cet heureux jour, intrépides et très aimés Frères Théodulphe, Gregorio, Léopold et Albéricus, qui fêtez l'un votre soixante-quatrième année et les autres votre cinquantième année de vie religieuse Y.., Car, dans une sphère différente, vous avez, vous aussi, et d'une façon particulièrement remarquable, bien mérité de l'Institut. De même qu'il eut été facile de trouver dans la vie du C. Frère Assistant des analogies frappantes avec le Frère Pascal, dont nous parlent les ‘’Biographies’’ vous avez été, et continuez à être à un haut degré parmi nous, les continuateurs et les émules des inoubliables Frère Stanislas, Bonaventure, Damien, Nicétas, Hippolyte, Ribier, etc. …; qui surent allier d'une si admirable manière la piété, le don d'oraison, l'esprit de foi, la régularité,… en un mot toutes les vertus religieuses, avec l'amour filial de la Congrégation et tout cet ensemble délicat de pensées, de sentiments et de façons d'agir qui caractérisent l'esprit de famille.

Pour le montrer à ceux .qui ne vous connaîtraient pas, il pourrait être utile de parcourir un peu, pour chacun de vous, l'histoire de ces cinquante ou de ces soixante et tant d'années, afin de recueillir au passage, pour en composer un bouquet de fête, quelques-uns des beaux traits parmi lesquels il n'y aurait qu'a choisir; mais, outre que ce serait un peu long, ce serait sans objet pour ceux — en grand nombre ici — qui ont eu l'avantage de vous voir à l'œuvre. Nous laisserons donc, non pourtant sans quelque regret, cet agréable tache a vos futurs biographes, et surtout à vos bons anges, qui les ont minutieusement inscrits dans le Livre de Vie pour en faire au ciel les joyaux de votre couronne.

Le soin que nous ne voulons laisser à personne, c'est de vous offris-, à l'occasion de ces fêtes jubilaires, ainsi qu'au cher Frère Assistant, Ifni est ici votre chef de chœur, nos plus cordiales félicitations, nos plus fraternels souhaits de bonde fête, et le vœu fervent que le Seigneur vous conserve encore de longues années à notre affection, en attendant qu'il nous réunisse tous au ciel, auprès de Marie notre auguste Mère, de notre Vénérable Fondateur et de tous nos bons Frères qui nous y attendent.

Ad multos, faustos et santos annos!

Naturellement, bien des traits intéressants et surtout édifiants avaient été oubliés. Le Révérend Frère Supérieur, avec le tact, le bon goût et la présence d'esprit qui ne l'abandonnent jamais, en glana, au passage, quelques-uns très caractéristiques; et il en composa, à la louange des chers Jubilaires, une petite gerbe dont l'auditoire fut littéralement charmé.

Puis la parole revint au cher Frère Assistant, qui dans une très aimable causerie remercia, tant en son propre nom qu'en celui de ses co-jubilaires, de la marque vraiment touchante de religieuse sympathie dont ils se voyaient l'objet, surtout de l'aide qu'on voulait bien leur apporter pour rendre grâces à Dieu des bienfaits, en effet très nombreux et très grands, dont sa Providence les avait favorisés au cours de ces cinquante ans de vie religieuse ; raconta en preuve, en ce qui le regarde personnellement, quelques circonstances de sa vie on cette bonté de la Providence à son égard s'était manifestée d'une façon véritablement ineffable; donna, sur l'invitation du Rév. Frère Supérieur et du Très Révérend Frère, un jour de grand congé à toute la maison en souvenir de la fête, et distribua dans le même but une belle image avec inscription ad hoc1.

Au dîner de famille, que tous les jubilaires furent invités à prendre avec le Régime et les RR. Pères Aumôniers, les conversations reflétèrent naturellement les heureuses impressions de la matinée; divers toasts affectueux furent portés en l'honneur des héros du jour; et un des RR. Pères Aumôniers, le R. Père Chapus, qui, selon sa modeste expression, s'essaie parfois à taquiner la Muse, mit le bouquet par la lecture de la petite poésie suivante, dont, avec sa bienveillante permission, nous nous plaisons à égayer la sécheresse de ce long compte rendu.

Aux vénérés jubilaires.

La joie est grande et sainte en notre Maison-Mère,

D'héberger dans nos murs enguirlandés de fleurs,

Ces Vétérans aimés, ces pieux Jubilaires

Qui comptent trois cents ans de fructueux labeurs !

… (En gros: trois cents, cinq…) Ah! que de jours tranquilles

Passés sans vains désirs à mériter le ciel;

A méditer souvent la Règle et l'Évangile,

A ne songer qu’à Dieu, notre But Eternel !

A suivre un Idéal qui vous soulève l'âme:

Celui d'aimer Marie et de la faire aimer!!!

Noble et fécond amour, pure et céleste flamme,

Qu'au seul nom de la Vierge on voyait s'allumer

En votre pur regard ! C'est Elle, votre Reine,

La Vierge au nom si doux, qui vous rendit vainqueurs.

Des appels de la terre; et dont la voix sereine,

En vous parlant tout bas fit déborder vos cœurs.

Parfois, dans nos jardins, nous voyons la rosée,

Joyau des fleurs, briller au soleil matinal:

Mais votre âme est plus belle et fraîche, ainsi posée

Par la Vierge dans son parterre virginal.

Ce parterre est fleuri, de vertu simple et douce,

De droite intention, d'actes édifiants,

De ce courage enfin qui jamais ne repousse

La croix que Dieu ménage á ses plus chers enfants.

Frères, par vos travaux, dans vos emplois austères,

Vous avez mérité deux places dans les cieux:

L'une pour ces labeurs qui sont vus de la terre,

L'autre pour le travail qui n'est vu que de Dieu.

En attendant le ciel, souffrez, ô Jubilaires,

Qu'on fête de grand cœur, et dans l'intimité,

Vos cinquante ans passés á servir notre Mère,

Vos cinquante ans d'amour et de fidélité!

Puis, le soir, comme il est de bonne tradition dans l'institut pour les solennités de ce genre, la fête se termina par le salut du Saint Sacrement, avec chant du Te Deum.

_________________

1 Par une heureuse surprise que nous avait value l'aimable intervention du C. Frère Procureur Général près le Saint Siège, un télégramme de la Secrétairerie d'Etat de Sa Sainteté, arrivé au cours même de la séance, apporta aux Jubilaires la Bénédiction spéciale du Saint Père.

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