La Cause de notre Bx. Fondateur, source de ferveur

F. Alessandro, P.C.

31/Oct/2010

Il ne fait de doute à personne que l'introduction et la marche progressive de la Cause de notre Bx. Fondateur, Marcellin Champagnat, n'ait aidé grandement les Frères à le mieux connaître et à tourner leurs regards sur lui. Chaque nouvelle étape du Procès était l'occasion d'une explosion de joie et avivait l'espoir de sa prochaine glorification. Lorsque, en 1886, sur l'invitation et les encouragements du Cardinal Bortolini, Préfet de la S. C. des Rites, le R. F. Théophane décida de commencer la Cause, une joie immense traversa la Congrégation, joie qui fut partagée pleinement par les Pères Maristes. « C'est de grand cœur, s'écriait le R. P. Martin, alors Vicaire Général de la Société de Marie, que nous ferons cause commune avec vous. Nos deux Sociétés ne sont-elles pas intéressées au plus haut point à la réussite d'un si pieux projet? » (Circ. vol. VII p. 255).

Le 8 avril de la même année, le R. F. Théophane allait se prosterner aux pieds de Sa Sainteté Léon XIII et, lui offrant la vie de notre Fondateur, lui manifestait son intention d'en introduire la Cause. « Le Saint-Père agréa le projet et nous encouragea à le poursuivre », dit le R. Frère (Circ. vol. VII p. 298).

 

Commencement du Procès

Le Procès Ordinaire commença le 2 novembre 1889 et fut le signal d'une époque de ferveur dans la Congrégation: des prières spéciales furent prescrites et les Frères furent invités à redoubler de zèle dans leur apostolat. Le centenaire de la naissance du Bienheureux ranima encore parmi les 2 921 Frères et leurs 78 142 élèves cette atmosphère de ferveur.

Le 12 octobre 1889, lorsque les restes du Bx. Fondateur furent exhumés du cimetière de Notre-Dame de l'Hermitage et transférés à la chapelle de la maison, il sembla aux fils que leur Père revenait parmi eux.

« Comment redire les pensées et les sentiments qui s'emparèrent de l'esprit et du cœur des assistants à la vue de ces restes d'un corps qu'anima une, âme si grande? Il nous semblait que des anges envoyés par vous, ô Vierge bénie, nous disaient: " C'est l'enfant du Rosey, le bon Pasteur de La Valla, (Circ. vol. VIII, p. 10).

C'est celui que les Petits Frères de Marie espèrent appeler Bienheureux "

Et… Vous, fidèle serviteur de Dieu, ô bon Père, souvenez-vous que tout cela n'est qu'une préface… Puisse-t-il nous être dit bientôt que Rome vous attend… puisse la Vierge Immaculée nous aider à hâter le jour où vos restes vénérés seront appelés à prendre le chemin de la Ville éternelle » (Circ. vol. VIII, p. 10-11).

 

Marcellin Champagnat, Vénérable.

Une étape très importante du Procès fut la publication, à Rome, du Décret d'introduction de la Cause, approuvé par le Saint-Père et publié le 9 août 1896 par le Cardinal Gaetano Aloisi Masella, alors Préfet de la S. C. des Rites, oncle de notre vénéré Cardinal Protecteur actuel, décret qui accordait alors au Serviteur de Dieu le titre de Vénérable; ce titre n'est accordé aujourd'hui qu'au moment de la proclamation de l'héroïcité des vertus.

 On peut se rendre compte du frémissement d'enthousiasme qui fit vibrer tout l'Institut à l'annonce de cet événement. Le R. F. Théophane s'exprimait ainsi : « Je n'ai pas à vous dire avec quels sentiments vous devez accueillir ce Décret: ils sont dans tous les cœurs.

1° – Sentiments de joie. Pourrait-il en être autrement lorsque nous voyons notre Père honoré, exalté, mis au nombre des Vénérables par le Chef de l'Eglise universelle?…

Ce Décret fut une lueur d'espoir et une grande consolation au milieu des tristes événements qui affligeaient alors la France et tout l'Institut: « C'est une grande consolation, disait encore le R. Frère, que Dieu nous envoie au milieu des tristesses de l'heure présente… de voir honorer le vrai mérite, la vraie grandeur… Ce soulagement, Sa Sainteté Léon XIII vient de nous le donner par un décret signé de sa main…

2°- Le second sentiment dont nos cœurs sont pénétrés, c'est celui de la reconnaissance… car c'est un insigne bienfait que Dieu accorde à notre Institut et à chacun de ses membres, en permettant que son Fondateur soit reconnu et déclaré Vénérable…

 

Ce que l'Eglise vient de faire pour le V. P. Champagnat n'est, croyons-nous, que le prélude d'honneurs beaucoup plus grands qu'elle lui réserve. Nous avons la ferme espérance qu'un jour, qui n'est pas éloigné, elle lui décernera le culte des Bienheureux, et quelle exposera sur ses autels, à la vénération des fidèles, ses précieux restes… qui reposent, en attendant, dans un caveau de la Chapelle de N.-D. de l'Hermitage.

Nous nous efforcerons de hâter ce grand jour du triomphe par les [trières ferventes, les plus propres à toucher le cœur de Dieu » (Circ. vol. IX, p. 54-55).

Cet heureux événement fut encore souligné par S. Em. Pierre Hector Couillé, archevêque de Lyon, dans une lettre pastorale qui fut lue dans toutes les églises paroissiales et chapelles de l'archidiocèse, et par laquelle l'Archevêque invitait les communautés religieuses et les fidèles à remercier Dieu de ce joyeux événement. Un Te Deum solennel fut chanté à l'église primatiale, avec assistance d'un nombre considérable d'autorités et de représentants du clergé et des Instituts religieux; les Pères Maristes y accoururent très nombreux. Les Frères, eux, étaient au nombre de 600, sans compter les novices et les juvénistes de Saint-Genis-Laval et une forte délégation d'élèves. Des triduums de prières furent célébrés dans toutes les maisons de l'Institut.

 

Héroïcité des Vertus.

Ces manifestations de joie se sont renouvelées chaque fois que la Cause a fait un nouveau pas en avant ravivant l'enthousiasme et le vif espoir de la Béatification. Le monde mariste y aspirait comme attiré par un lointain mirage.

Un de ces pas importants fut la Congrégation Préparatoire du mois de mars 1912. On avait espéré, pour le mois de novembre de la même année, le réunion de la Congrégation Générale, mais il fallut attendre. Cet espoir se ralluma en 1914, lorsque cette réunion fut donnée comme certaine. Le R. F. Stratonique exprima alors l'espoir de voir la Béatification se réaliser à l'occasion du centenaire de l'Institut. On dut pourtant encore patienter, attendre et prier (Cfr. Circ. vol. XII, p. 458).

Cet espoir semble près de se réaliser quand, le 11 juillet 1920, S. S. Benoît XV proclame l'héroïcité des vertus de Marcellin Champagnat. L'événement est vraiment solennel : tout l'Institut s'y prépare par une neuvaine fervente. Le R. F. Diogène se rend à Rome en compagnie du T. R. F. Stratonique, son prédécesseur, et du F. Dalmace, Secrétaire Général. Le R. P. Raffin, Sup. Général des Pères, s'y rend également.

La salle du Consistoire où a lieu la proclamation se trouve remplie par plus de 400 personnes invitées par billet spécial. Devant elles, le Saint-Père, après lecture du Décret, prononce un discours qui renferme les plus beaux éloges qu'un Vicaire de Jésus-Christ ait jamais prononcés en faveur de notre Fondateur.

Le Frère Supérieur Général prescrit, en cette mémorable circonstance, des prières particulières de reconnaissance. La joie générale se mêle alors d'un espoir toujours plus intense, toujours plus impatient de la béatification. Or, il faut deux miracles pour atteindre cette étape tant désirée! Frères, élèves et familles multiplient à l'envi neuvaines de prières et de pratiques pieuses, et la divine Providence ne reste pas insensible à cette insistance. De nombreuses grâces sont obtenues, mais il faudra encore attendre 20 longues années avant d'obtenir les deux faveurs réunissant les conditions requises pour une béatification. La proclamation de l'héroïcité des vertus a lieu après le 100ième anniversaire de la fondation de l'Institut lorsque, à la suite des désastres de la première guerre mondiale, la paix est revenue sur le monde. Les deux miracles pour la Béatification seront le don de Dieu pour le 100ième anniversaire de la mort du Père Fondateur. Rappelons-les: guérison, en 1939, de Mme Georgina Grondin, affligée d'une tumeur maligne, et celle de Jean Aimé Ranaivo, guéri d'une méningite cérébro-spinale en 1941.

Mais une fois encore la guerre entre nations et autres obstacles viennent retarder la marche vers la Béatification.

 

Béatification.

Le retour de la paix permet de reprendre la Cause.

Nous pouvons considérer comme un don de l'Année mariale la double perle que la douce Vierge Marie, dans sa bonté maternelle, fera à l'Institut en mai 1955 : le 3 mai, Congrégation Générale pour l'approbation des deux miracles; 29 mai, jour de la Pentecôte, Béatification et élévation à la gloire des autels de celui qui, la veille de la Pentecôte 1840, quittait cette terre et naissait à la gloire du ciel.

Ces deux dates sont comme deux phares resplendissants placés de chaque côté de la date du 20 mai, jour où brilla, dans les ténèbres de 1789, la petite flamme de Marcellin Champagnat. La Béatification fut la réponse du Seigneur aux soupirs de tant de générations de Pères et de Frères Maristes, de milliers d'élèves, d'anciens élèves et de beaucoup de familles chrétiennes; la récompense des prières et des sacrifices de tant d'âmes qui avaient hâté cet événement sans pouvoir en jouir. Le rêve du R. F. Théophane devint une réalité: Rome, en ce 29 mai 1955, exalta dans le plus grand temple de la chrétienté, l'humble prêtre de La Valla; ses reliques, sorties de l'obscur caveau de N.-D. de l'Hermitage, furent portées dans la Ville Eternelle et exposées solennellement dans la basilique vaticane; devant elles, se prosterna l'immortel Pie XII entouré de cardinaux, d'évêques, d'ecclésiastiques, de religieux, de diplomates et d'innombrables fidèles. Le Te Deum chanté dans l'église primatiale de Lyon, le 13 septembre 1896, ne fut qu'une faible annonce de celui qui, le 29 mai 1955, « ébranla les voûtes de Saint Pierre » (Cire. vol. IX, p. 55 et 68).

Nous qui depuis 10 ans jouissons de la grâce de la Béatification, nous pouvons certainement nous considérer heureux. Cependant les limites imposées à notre vénération envers le Bienheureux Fondateur par le Bref apostolique du 29 mai 1955 font qu'à notre joie se mêle une sainte aspiration: notre désir à tous est de voir celui qui disait: « Tous les diocèses du mande entrent dans nos vues », être vénéré sans restrictions dans le monde entier. Nous désirons ardemment que notre Fondateur soit inscrit définitivement au catalogue des Saints.

 

Encouragement et appel.

Voilà donc qu'après dix ans notre reconnaissance à Dieu se relie aux aspirations des générations qui nous ont précédés. Nous ne pouvons rester les simples « jouisseurs » de la gloire de la Béatification que d'autres ont préparée el vers laquelle ils ont tant soupiré. Deux devoirs nous incombent donc: celui de la reconnaissance pour tous les Confrères des générations passées, et celui de préparer pour les générations à venir la joie définitive de la Canonisation.

Ce que le R. F. Théophane écrivait aux Frères de son temps reste parfaitement valide pour nous: « …Mais ce n'est pas tout de voir dans le grand acte pontifical du 9 août 1896 (et nous pouvons en dire autant pour celui du 29 mai 1955), un sujet de joie, un motif de reconnaissance et un encouragement; il faut y voir aussi UN APPEL A LA SAINTETE adresse par le ciel à chacun de nous. Vous y répondrez, mes Très Chers Frères… par les résolutions les pins généreuses et par votre application… à réformer, à perfectionner dans votre vie ce qui concerne vos vœux, les vertus, les devoirs de votre état et l’accomplissement de la Règle. C'est en travaillant sérieusement à notre perfection et en nous montrant, par notre sainte vie, les dignes enfants du V. Marcellin Champagnat, que nous nous rendrons agréables à Dieu et que nous obtiendrons les nouvelles faveurs… les miracles… La date du 9 août 1896 (et du 29 mai 1955, ajoutons-nous), doit compter comme celle d'un renouvellement, d'un accroissement extraordinaire de zèle, de régularité, de piété et de ferveur dans tout l'Institut... » (Circ. vol. IX, p. 55).

« …Mais il y a plus, s'écrie le R. F. Diogène. La Béatification du Père Champagnat (et la canonisation, ajoutons-nous), ne contribuera pas seulement à la gloire de Dieu et à celle du Vénérable: parce qu'il est notre Père et Fondateur, une partie de l'honneur suprême retomberait sur ses fils, sur notre famille; et cet honneur ne va pas sans de nombreuses faveurs célestes, sans de précieuses grâces pour nos religieux, pour nos écoles et pour nos œuvres. A ce point de vue, cet honneur est une récompense à laquelle nous devons aspirer mais qu'il faut en quelque sorte mériter. Nous pouvons donc affirmer, sans crainte de nous tromper, que nous hâterons le jour glorieux de la Béatification (et nous disons: de la "Canonisation"), de notre Fondateur, par la ferveur de notre vie comme religieux, et par le zèle, par la charité de notre apostolat comme éducateurs religieux… ». (Circ. vol. XIV, p. 394).

F. Alessandro, P.C.

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