Le Foyer Champagnat
21/Oct/2010
La formation des Frères au triple point de vue spirituel, doctrinal et pédagogique est l'objectif constant des préoccupations des Supérieurs majeurs. L'histoire de l'Institut nous apprendrait les efforts du V. P. Fondateur et de ses successeurs pour répondre aux exigences de leur temps.
Quand autour de 1880, des lois scolaires inspirées par le sectarisme des loges rendirent les titres obligatoires, le R. F. Nestor dressa des programmes, organisa les écoles spéciales (scolasticats) et créa, en 1882, un cours supérieur à la Maison Mère, pour une culture plus complète des maîtres destinés aux classes supérieures des pensionnats et des écoles. Les Frères préparèrent brevet supérieur, baccalauréat et licences. Puis vint le cataclysme de 1903, qui paralysa notablement les efforts en France.
L'exode à l'étranger imposa aux Petits Frères de Marie des adaptations nécessaires aux programmes d'enseignement secondaire, avec langues anciennes. La nécessité d'une élite intellectuelle pour lui confier la formation des aspirants dans les juvénats, noviciats et scolasticats, poussa le R. F. Stratonique à projeter l'organisation, à Grugliasco, d'un Scolasticat Supérieur. On peut voir la décision du Conseil Général à la date du 14 juillet 1913 (Circulaires, T. XII, p. 483).
Des professeurs désignés s'apprêtaient à ouvrir les cours en octobre 1914. La guerre, éclatée au début d'août, empêcha la réalisation du projet. Dans la suite, on comprit que la divergence des programmes, selon les provinces et les pays où travaillaient nos Frères, imposait une autre tactique… Avec le temps, on a vu surgir des écoles normales, des maisons d'étudiants universitaires, des facultés, des institutions spéciales qui permettent à nos Frères la conquête des titres nécessaires en suivant les cours réguliers préparatoires…
Dans le passé, il est arrivé souvent que les Frères préparaient des examens officiels tout en étant chargés d'une classe ou d'un emploi, astreignant à des besognes nuisibles à la santé de l'âme et du corps…
C'est pour obvier à ces inconvénients et pour favoriser au mieux une culture harmonieuse des esprits, que le F. Provincial de Saint-Genis-Laval et son Conseil, avec l'approbation du Conseil Général, ont fondé le Foyer Champagnat pour des Frères suivant les cours aux Facultés catholiques de Lyon.
A cette fin, la province s'est imposé de lourdes charges financières, pour l'acquisition d'un immeuble, admirablement situé sur la commune de Sainte-Foy, dans les faubourgs de la grande cité lyonnaise. La maison, occupée précédemment par les Dames ou Sœurs de Nazareth, était jadis propriété de la famille de Mgr. Rouche, actuellement grand vicaire de Lyon.
La villa est entourée d'un parc et de vastes terrains. Un service rapide de trolley la met en communication facile avec le centre de la ville et les facultés. Loin du bruit, dans le silence de la campagne, les heureux étudiants pourront vivre en communauté et travailler avec ardeur à la poursuite de leur idéal.
Après des aménagements indispensables, le Foyer Champagnat a été officiellement inauguré, le jeudi 23 octobre, au cours d'une réunion intime. Invités par le C. F. Provincial de Saint-Genis-Laval, le R. F. Supérieur Général, les CC. FF. Assistants-Généraux : Jean-Emile, Sebastiani, Régis-Aimé, Charles-Raphaël, Leoncio Martin, et les FF. Économe Général et Secrétaire Général s'y rendaient dans l'après-midi.
Le C. F. Provincial, entouré des CC. FF. Yves-Eugène, Conseiller provincial et Directeur du Pensionnat Saint-Joseph, du C. F. Économe provincial, du F. Directeur du Foyer, des Frères de la Communauté et des premiers étudiants accueille cordialement les Supérieurs à la salle d'étude dont on admire l'installation. La petite chapelle n'étant pas encore en état de recevoir le Très Saint-Sacrement et d'y procéder à une cérémonie religieuse, des prières sont récitées avec la consécration à la Sainte Vierge. Puis, dans une présentation délicate, le F. Provincial remercie le Rév. F. Supérieur et les Membres du Conseil Général, des facilités qu'ils ont apportées à la réalisation d'un projet depuis longtemps caressé.
La nouvelle maison, placée sous le vocable et la protection du V. P. Champagnat, permettra aux Frères de faire les études réclamées par les exigences des programmes universitaires et de conquérir les titres donnant droit aux établissements du second degré d'avoir des élèves boursiers. Le Foyer Champagnat, en facilitant la fréquentation des cours aux diverses facultés, assurera la possibilité de la vie religieuse des Frères étudiants et ménagera, pour les participants, la transition entre les maisons de formation et la vie des écoles et des collèges.
En répondant au C. F. Provincial, le R. F. Supérieur Général le félicita et avec lui ses Conseillers et la Province de Saint-Genis-Laval, de l'initiative à laquelle le Conseil Général a accordé un secours. Il remercie ceux qui ont contribué à organiser le Foyer qui doit être suivant diverses acceptations du terme : lumière, chaleur et abri familial… Les études s'y feront sous la protection et dans l'esprit du V. P. Champagnat. Il souhaite que les premiers bénéficiaires de l'Institution y créent un esprit et une tradition. Il forme le vœu que les participants y viennent nombreux… Et déjà remarque-t-il, elle prend un caractère international, puisqu'il voit un représentant de l'Argentine et deux Frères de Colombie…
On fait la visite des locaux adaptés à la nouvelle destination. On admire le parc, l'étendue de la propriété et des dépendances. Puis, après une dernière réunion au réfectoire, les Supérieurs reprennent la voiture qui les a conduits, en appelant sur le Foyer Champagnat les bénédictions du Seigneur et de Notre-Dame.