Le Vén. F. François et le développement de lInstitut

04/Nov/2010

Le lundi 22 mai, au Palais Apostolique du Vatican, en l'auguste présence de Sa Sainteté le Pape Paul VI, glorieusement régnant, se réunissait la Congrégation Générale des Rites, au cours de laquelle les Cardinaux, les Prélats officiers et les Théologiens consulteurs émirent leur vote au sujet des vertus héroïques de trois Serviteurs de Dieu, au nombre desquels se trouvait F. François Rivât, premier Supérieur Général de notre Institut.

Le verdict de la Congrégation Générale lui a été favorable, et nous pouvons espérer, pour un temps très proche, la publication du Décret qui proclamera l'héroïcité de ses vertus en lui conférant le titre de Vénérable.

L'événement nous remplira tous d'une sainte joie. C'est le premier de nos Frères en religion qui va faire le pas décisif et solennel vers la gloire des autels.

Qu'on nous permette ici une courte digression: Les Frères Enseignants sont, ces temps-ci, à l'honneur à la Sacrée Congrégation des Rites. On s'apprête, en effet, à accorder les honneurs de la canonisation au Bx. F. Bénilde des Frères des Ecoles Chrétiennes. On espère qu'il sera canonisé avant la fin de cette année. Nous savons, de par ailleurs, que le Père Jean-Marie de La Mennais, fondateur des Frères de l'Instruction chrétienne de Ploërmel, a été déclaré Vénérable par Décret du 1ier décembre 1966. La glorification annoncée de notre bien-aimé premier Supérieur Général donnera une nouvelle splendeur à cette galerie de Serviteurs de Dieu qui se sont sanctifiés dans le dévouement envers l'enfance pauvre et délaissée.

Des plumes plus qualifiées ont célébré et célébreront la sainteté du Serviteur de Dieu, et remarquons qu'il y a là un vaste champ à explorer. Nous ne voulons, dans ces quelques lignes, que rappeler certains faits qui mettent en évidence l'homme de gouvernement.

On le fait souvent remarquer dans nos livres et revues de famille: c'est sous le généralat de F. François que l'Institut a connu sa plus grande prospérité. F. François était l'homme sage et prudent que le Seigneur a placé à la tête de son peuple. Lorsque notre Bienheureux Père fut appelé à la récompense éternelle, il s'endormit tranquille dans le Seigneur, voyant l'œuvre de sa vie et de son cœur confiée à des mains sûres, à l'homme vigilant qui veillerait sur les habitants de sa maison.

La suite lui donna entièrement raison. Après sa sainte mort, la Congrégation prend, en effet, un essor prodigieux. Les vocations affluent, nombreuses et excellentes, les fondations se multiplient, l'Institut franchit les frontières de la France et s'étend en Océanie, en Angleterre, en Belgique et en Ecosse. Le nombre des Frères passe, sous son généralat, de 280 à 2 086; celui des écoles, de 48 à 379. Ces chiffres nous laissent rêveurs et nous font deviner ce que cela suppose de démarches, d'actes d'administration et de soucis. Les documents de nos archives nous montrent que c'était souvent le R. F. Supérieur en personne qui intervenait pour régler les mille et une difficultés dans la marche des petites écoles (Cfr. Bull. Vol. 27, p. 165).

Aux sollicitudes de chaque jour s'ajoutèrent celles des grands événements de son gouvernement. Pensons aux multiples démarches occasionnées par l'union, en 1842, aux Frères de l'Hermitage, des Frères de Saint-Paul-Trois-Châteaux, et celle, en 1844, des Frères de Viviers. Nos archives possèdent là-dessus une masse de documents qui supposent une autre masse de soucis et de graves préoccupations.

Une autre source d'inquiétudes et de tracas fut l'obtention de la reconnaissance officielle de la Congrégation par le gouvernement français, que le Bx. Fondateur avait vainement sollicitée. F. François se mit avec courage et sans tarder à l'œuvre en vue de régler cette affaire de suprême importance pour l'Institut. La monarchie de Juillet refusa et infligea à nos Supérieurs les mêmes humiliations et les mêmes fatigues qu'au Père Fondateur. Mais la reconnaissance fut accordée de façon pleine, comme le Bx. Fondateur l'avait annoncé, le 20 juin 1851, par la Seconde République, au moment où cette reconnaissance allait devenir indispensable.

Plus que l'affermissement de la Congrégation à l'extérieur, c'est son organisation interne qui tenait à cœur au vigilant Supérieur. Il s'employa dans ce but, avec l'aide du F. Jean-Baptiste, à mettre en bon ordre, à codifier l'ensemble des prescriptions qui avaient réglé jusque-là la vie de la Congrégation. Leurs travaux, leurs conclusions furent examinés, complétés par le Chapitre Général de 1852, qui fit publier les Règles Communes, les Règles du Gouvernement et le Guide des Ecoles. La Congrégation possédait désormais son code bien défini qui consacrait ses traditions, ses usages et lui donnait des assises fermes pour l'avenir. Nous en avons vécu, et fort bien, jusqu'à nos jours.

 

Le Bulletin de l'Institut nous a donné le récit (Vol. 25, p. 708) du long séjour que le Serviteur de Dieu fit à Rome pour obtenir du Saint-Siège l'approbation de la Congrégation et de ses Constitutions. On peut se faire facilement une idée de l'importance que le Vénéré Supérieur attachait à cette approbation en suivant ses pas à travers la Ville Eternelle: ses démarches sans nombre, ses visites aux personnages qui pouvaient intervenir en sa faveur, sa patience inlassable devant la lenteur romaine, ses déceptions aussi. Après mille promesses, après bien de bonnes paroles, il dut repartir n'emportant que des promesses. Ses efforts ne furent cependant pas vains: le 7 décembre 1859, le Pape Pie IX faisait l'éloge des Petits Frères de Marie à la S. C. des Evêques et Réguliers (Bull. Vol. 24, p. 285) et le 9 janvier 1863, était publié le Décret qui reconnaissait définitivement la Congrégation et, à titre provisoire, ses Constitutions.

La vie, à Rome, du Serviteur de Dieu, fut celle du pèlerin pieux tout occupé de choses religieuses, de dévotions et des lieux sanctifiés par les martyrs, leurs reliques et par les souvenirs des saints qui remplissent l'histoire de Rome.

Nous pourrions parler aussi de ses Circulaires si pleines de doctrine solide et que nous lisons encore avec tant de profit. C'est encore un acte de gouvernement qui suppose un travail intense et de constantes sollicitudes.

Tous ces travaux portent sur une vingtaine d'années et furent réalisés dans la souffrance et dans la peine, car F. François fut à peu près toujours malade. Le Bulletin nous l'a montré (Vol. 24; p. 278 et ss.). Il souffrait de céphalalgies et d'autres fatigues qui amenaient un épuisement nerveux. En 1843, l'écriture lui devint impossible. Le Serviteur de Dieu, aux abois, se tourna vers St Joseph. Ce bon saint le secourut si bien que F. François pouvait écrire: « St Joseph, notre cher et puissant patron et protecteur, m'a secouru merveilleusement » (Ponty, 118).

Cependant, si ce bon Saint lui rendit la plume, il lui laissa la croix des maux de tête qui persistèrent jusqu'à sa mort.

Ces fatigues lui rendaient fort pénibles les actes de gouvernement. F. François, conscient de ses graves responsabilités, se décida en 1863 à résigner ses fonctions entre les mains d'un Vicaire. Le Chapitre Général de cette année-là nomma le F. Louis-Marie pour l'aider dans le gouvernement de l'Institut. Ce fut lui désormais qui en porta tout le poids. F. François se retira à Notre-Dame de l'Hermitage où tout lui rappelait le souvenir de son Père bien-aimé, le Bienheureux Fondateur. C'est là qu'il vivra désormais tout adonné à la prière et à la pratique des vertus du véritable Petit Frère de Marie. C'était le Moïse sur la montagne, les bras levés au ciel pour implorer en faveur de sa famille religieuse.

Dieu l'appela à lui le 22 janvier 1881.

Vers les années 1920-1930, il y avait encore à Notre-Dame de l'Hermitage des Frères qui, dans leur jeunesse, avaient connu le Serviteur de Dieu. Tous se rappelaient la réputation de sainteté dont il jouissait auprès des Frères, son zèle pour le respect de la Règle, en particulier de celle du silence, sa bonté, son affabilité. Tous admiraient en lui la parfaite copie du Bienheureux Père Fondateur.

RETOUR

Statistiques de lInstitut...

SUIVANT

Comment amener la jeunesse à la pratique sai...