Lenseignement libre en France

08/Oct/2010

Ces derniers jours, Mgr Baudrillard, Recteur des Facultés catholiques de Paris, présentait au Saint-Père le pèlerinage des membres de l'Enseignement Libre de France. Ils étaient au nombre de 2.500. Notre Saint- Père le Pape les félicita du grand bien accompli. C'est par vous; leur dit-il « qu'une grande partie de la France s'est conservée ou est redevenue chrétienne », c'est par vous, ajoutait-il, « qu'ont été empêchés les ravages de l'école laïque ».

Il n'est sans doute pas hors de propos de voir, cette occasion, l'ensemble de l'œuvre de l'enseignement chrétien en France. Les pages suivantes, en donneront un résumé, se bornant à l'enseignement primaire, d'après le compte-rendu de la Société d'Education. Il suffira pour montrer l'étendue du bien accompli en dépit des conditions les plus défavorables.

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Ces cinquante dernières années. — … En France une lutte homérique commença en 1880. Elle avait eu diverses phases tout le long du siècle, comme en témoigne le célèbre procès de l'Ecole libre, engagé en 1832 par Montalembert et Lacordaire.

Mais en 1880, il se trouva une majorité pour décréter que désormais l'enseignement primaire ne serait plus religieux et que les maîtres congréganistes ne pourraient plus être employés par l'Etat, devenu laïque. L'était dans le mauvais sens du mot, car enfin, depuis Clovis jusqu'à Napoléon III, tous les souverains et tous leurs ministres, sauf quelques cardinaux, qui n'avaient pas fait mauvaise figure, avaient été d'authentiques laïques. Et l'on peut être très laïque et bon chrétien en même temps. Il fallut donc, pour les religieux, abandonner toutes les écoles officielles et emmener leurs élèves dans de nouveaux locaux, là où ce fut possible

Le combat fut rude, mais enfin on ne peut pas dire que ce fut une défaite, car les écoles libres passèrent, pendant la période de 1880 à 1900 de 12.526 à 17.348, ce qui fait une augmentation de près de 5.000. Les élèves suivirent la même progression, car au lieu de 750.000, en 1880, on arriva presque au double, exactement 1.377.000.

Hélas! une nouvelle tempête arriva, avec les premières années du siècle. La concurrence exaspéra l'ennemi qui se demandait s'il arriverait à vaincre. Il forgea de nouvelles armes. Ce furent les lois de 1901 et 1903, démolissant toutes les Congrégations vouées à l'enseignement. Tout était à recommencer.

L'Eglise, éternelle recommenceuse, recommença.

 

Situation actuelle. — Il y a aujourd'hui en France, en dépit de toutes les difficultés, 11.655 écoles primaires libres. On peut estimer à 150 millions de francs les sommes qu'il faut recueillir annuellement, pour l'entretien de ces écoles.

Citons, avant de poursuivre l'énumération de ces chiffres, un exemple des sacrifices que consentent certaines populations.

Allons dans cet admirable diocèse de Viviers, à Sardiges, petite paroisse de la montagne, qui compte tout juste 215 habitants, formant 40 familles. Les quarante pères de famille étant, avec raison, mécontents de l'institutrice qui dirige là une école mixte, et leurs réclamations n'ayant abouti à aucun résultat, ils se sont mis en tête d'avoir eux aussi une école libre et de se débarrasser, par le seul moyen en leur pouvoir, de l'indésirable éducatrice qu'on leur impose et qui restera seule dans son école vide, comme cela arrive en maints autres endroits.

S'étant assuré le concours de deux bonnes maîtresses, ils se sont cotisés. Il n'y a pas de riches parmi ces montagnards. Ils ont pourtant amassé un total de 45.000 francs. L'un d'eux a fourni le terrain. D'autres ont donné les bois de charpente, quelques uns ont promis de faire les charrois. La main d'œuvre sera aussi à peu près gratuite. Aussi les murs sont sortis de terre, en rien de temps sous la direction d'un prêtre. On a confectionné le mobilier et l'école s'est ouverte en octobre.

Il se fait des prodiges dans ce genre en divers lieux. Et l'Eglise, que toujours pousse le souffle de l'Esprit-Saint, oppose partout et toujours ses efforts à tous ceux de l'enfer.

Ne pouvant, faute de place, donner en détail le tableau complet de tout ce qui s'est fait pour l'enseignement primaire, glanons pourtant quelques chiffres édifiants, en commençant par la région lyonnaise, où notre Institut est né.

 

Quelques chiffres. — Au diocèse de Lyon, on trouve 720 écoles primaires libres, et ce nombre est heureusement en croissance constante. Huit écoles nouvelles vont s'ouvrir cette année. De plus, 60 de ces écoles ont des maîtres ou des maîtresses qui ont repris le costume religieux créé par le Cardinal Sevin. Le nombre des enfants qui fréquentent ces écoles atteint 52.000 et le nombre de leurs professeurs est de 1800. C'est un budget de plus de 12 millions de francs que les bienfaiteurs ou les parents doivent assurer chaque année. Deux Ecoles normales diocésaines assurent en partie le recrutement du personnel, l'une à Lyon : l'Ecole Gerson, pour les jeunes gens et l'autre, établie dans notre ancien pensionnat de St Genis, pour les jeunes filles.

Ajoutons que dans ce même diocèse, l'enseignement des Facultés catholiques compte 1.200 étudiants, dont plusieurs de nos Frères et l'enseignement secondaire compte près de 10.000 élèves dans une cinquantaine d'établissements, employant plus de 500 professeurs.

Au diocèse de Luçon, le nombre des élèves confiés par les familles aux maîtres de l'enseignement libre dépasse celui des enfants de l'enseignement officiel. Ainsi, on compte 27.000 enfants dans les écoles libres contre 22.000 seulement dans les écoles de l'Etat. Il n'y a pourtant pour l'enseignement libre, bien qu'on en fonde chaque année, que deux fois moins d'écoles. Si l'on arrive à ce résultat consolant, c'est parce que partout où les deux écoles sont en présence, celle du gouvernement montre surtout des places vides dans ses classes.

On verrait le même résultat dans le diocèse de Laval, où l'on a fondé 70 écoles libres depuis 20 ans. L'enseignement libre compte près des deux tiers des enfants de la région.

On trouve dans ce diocèse, comme dans tous ceux de Bretagne un renfort sérieux pour ce qui regarde le personnel enseignant, dans les jeunes vicaires qui sont généralement munis des diplômes exigés pour diriger une école. Les élèves du Grand Séminaire se présentent, en effet, au brevet et peuvent, en cas de besoin, prêter main forte dans l'enseignement.

Ainsi, dans le diocèse de Rennes, sur les 151 écoles de garçons, il y en a 50 qui sont tenues par les vicaires des paroisses correspondantes. La ville de Rennes, à elle seule, compte, sur ses 9.000 enfants, plus de la moitié, environ 5.000 élèves dans les écoles libres.

Nous voyons le même résultat dans les diocèses voisins de Quimper et de Saint Brieuc. Dans ce dernier, le Rapport signale que 120 écoles de filles ont leurs maîtresses en costume religieux.

C'est probablement le diocèse de Nantes qui a le record pour l'effort consenti en fait d'écoles nouvelles. Il s'en est fondé 35 ces trois dernières années. Depuis son arrivée dans le diocèse, Mgr Le Fer de la Motte, n'a pas bénit moins de 100 écoles nouvelles.

Evidemment, l'on trouve souvent dans une certaine presse des plaintes comme celle-ci « Lorsqu'une école privée s'ouvre, elle vide l'école publique des trois quarts des élèves ». C'est un aveu que les lois actuelles ne répondent pas à l'opinion publique. Et si l'on pouvait ouvrir partout des écoles chrétiennes, ce ne serait pas 825.000 enfants qui les rempliraient mais bien 3 à 4 millions. Seulement les maîtres manquent du côté où il en faudrait le plus. Et le budget allant du côté où il y en a le moins besoin, tout va de travers.

Enfin tel qu'il est actuellement l'enseignement libre est le résultat d'un dévouement et d'une charité dont il est difficile de donner une idée suffisante, dévouement du côté des Maitres, charité du côté de ceux qui apportent les ressources.

Il faut, dit le Rapport résumé ici, espérer, en dépit de certaines apparences, que l'opinion publique finira par imposer, non seulement la tolérance qui permet déjà le port du costume religieux dans des centaines de paroisses, mais une refonte des lois scolaires existantes, enfin adaptées aux désirs des familles.

Ces désirs sont légitimes, ils sont sacrés. L'Etat a donc pour devoir de les aider et non de les contrarier. Il ne le fait d'ailleurs pas pour des raisons pédagogiques, mais uniquement sectaires. Il a été prouvé cent fois que les écoles religieuses valent les autres, à ne juger que sur la valeur de l'instruction, contrôlée par des examens publics et l'obtention des diplômes. Les fruits de l'éducation sans religion sont si néfastes que, tôt ou tard, les esprits les plus prévenus finissent par réclamer le secours des forces spirituelles.

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