Les maison de formation en Belgique

24/Oct/2010

1. Les Juvénats. — La première maison de formation créée en Belgique fut le Juvénat de Pittem. Quelques Frères, venus de Beaucamps, l'ouvrirent en 1895. A cette époque, il était relativement facile de trouver des jeunes gens désireux d'embrasser la vie religieuse. Le Frère Directeur de Pittem s'adressait aux curés et aux instituteurs de la Flandre, si fertile en vocations, et parvenait aisément à rassembler un petit groupe de garçons bien disposés, pour peupler le Juvénat. Ils y achevaient leurs études primaires et apprenaient en même temps les premiers éléments de la langue française. Après un an ou deux de Juvénat, ils passaient au noviciat de Pommerœul.

Actuellement, la Province belge compte deux juvénats en Belgique : celui de Pittem, de langue flamande, et celui à Arlon, d'expression française. Nous faisons abstraction pour le moment des juvénats du Congo belge et de Hollande dont il sera question plus loin.

Les Juvénistes sont reçus dans ces maisons de formation, dès qu'ils ont terminé leurs études primaires, soit à 12 ou 13 ans. Au juvénat, ils suivent le programme des études moyennes inférieures, trois ans, qui se terminent par un certificat.

A quinze ou seize ans, ils commencent les études d'école normale ou bien ils continuent encore un an ou deux dans les humanités modernes. A 17 ans, ils passent au postulat, puis au noviciat. La formation dans la maison de noviciat les oblige donc à interrompre leurs études profanes pendant deux années entières. Cette formation sera poursuivie au scolasticat.

La plupart des juvénistes des maisons de formation de Belgique viennent des écoles dirigées par les Frères. Cela constitue une sérieuse garantie de persévérance. Il y a cependant encore trois recruteurs dans la Province, qui vont semer la bonne parole dans les écoles des villages, mais on constate de plus en plus, que leurs efforts sont rarement récompensés par des rentrées considérables, malgré les peines qu'ils s'imposent pour bien s'acquitter de leur tâche.

 C'est que les enfants des bonnes familles sont tellement sollicités par les prêtres de l'endroit et par les recruteurs des différentes Congrégations, que les élèves qui ont vraiment les dispositions souhaitables pour la vie religieuse ou sacerdotale sont bien vite repérés. Aussi on constate que le véritable recrutement pour nos juvénats, celui qui est le moins sujet aux déceptions et qui présente le plus de garanties de persévérance, est celui qui se fait dans nos écoles, par les Frères qui travaillent dans la localité et qui connaissent les élèves et leurs familles. Si les vocations deviennent plus rares, ce n'est pas tant faute de générosité ou de bons sentiments chez les jeunes. L'opposition vient plus souvent dos parents. Les enfants sont moins nombreux qu'autrefois dans les familles et les parents, très tôt, ont fait des projets pour l'avenir de leurs fils. La vocation, à leur point de vue, vient alors tout contrarier. Aussi les parents s'y opposent-ils trop souvent et l'enfant n'est pas encore de taille à dire fermement son intention. Combien de vocations sérieuses sont ainsi étouffées sans jamais avoir reçu un commencement de réalisation.

Le rapport sur le recrutement dans le diocèse de Namur affirme, avec chiffres à l'appui, que la première idée d'une vocation supérieure chez l'enfant, lui vient, dans la majorité des cas, vers la fin des études primaires, donc avant douze ans.

Les statistiques publiées par le Dr J. Dellepoort, dans « Les vocations sacerdotales aux Pays-Bas », établissent de même que plus de 50 % des jeunes appelés à une vocation supérieure en Hollande ont éprouvé le premier appel à cet idéal, avant l'âge de treize ans.

Ces chiffres semblent bien consolants pour nous, quand on considère le grand nombre d'enfants de cet âge, qui se trouvent entre nos mains.

 

2. Le Noviciat, — En 1903, le noviciat de Beaucamps était venu s'établir en Belgique. Forcés par les circonstances, les Supérieurs avaient acheté un domaine à Pommerœul, dans la province de Hainaut, près de la frontière française. A côté des dépendances d'une grande ferme, fut édifié un nouveau bâtiment, destiné à abriter les principaux services et le personnel du noviciat. On y était fort à l'étroit, mais en ce temps de persécution, le confort n'entrait pas en ligne de compte et l'on acceptait avec le sourire les plus grands sacrifices, pourvu que la formation des jeunes puisse se poursuivre.

La maison de Pommerœul abrita donc les novices et les postulants du Nord de la France et de la Belgique, jusqu'à la division de la Province de Beaucamps en 1934.

A cette époque, les Supérieurs venaient d'acquérir une belle propriété au centre de la Belgique, à Mont-Saint-Guibert, à quelque 35 kilomètres au sud de Bruxelles. Une aile de bâtiment fut construite à côté de l'ancien château. La nouvelle construction contenait la chapelle, les classes et le dortoir. 

Au mois de septembre 1934, Son Eminence le Cardinal Van Roey, archevêque de Malines, vint bénir les nouveaux locaux et le noviciat de la Province belge fut solennellement inauguré. Il fonctionna normalement, avec une moyenne annuelle de 40 à 45 aspirants, jusqu'au mois de mai 1940. A cette époque la guerre-éclair vint brusquement interrompre la vie paisible du noviciat.

Les bombardements et les attaques aériennes obligèrent bientôt les Supérieurs à licencier les postulants et à s'enfuir avec le groupe des novices. Ceux-ci s'engagèrent donc sur les grands chemins du côté de la France avec les personnes évacuées. Ils se dirigèrent ainsi d'un couvent à l'autre jusqu'à l'armistice, ayant tout juste le temps de rentrer à Mont-Saint-Guibert et de reprendre le noviciat, pour ne pas être obligés de recommencer l'année canonique de formation.

L'extrême pénurie au point de vue alimentaire et les exigences sévères de l'occupant forcèrent une nouvelle fois les Supérieurs à prendre des mesures extrêmes. Le noviciat fut complètement suspendu et les locaux furent occupés par des pensionnaires. La destination de Mont-Saint-Guibert était changée. Cette formule permit d'abord aux Frères de vivre pendant les années de la guerre. Puis, comme le pensionnat avait eu du succès, on le laissa se développer encore davantage et Mont-Saint-Guibert est aujourd'hui un pensionnat-externat de quelque deux cents élèves.

Quant au noviciat, il se réorganisa péniblement après la guerre, d'abord à Pittem, à côté du juvénat. En.in après bien des hésitations, il se fixa définitivement à Habay-la-Vieille, non loin d'Arlon, où il fonctionne encore de nos jours. Il y avait pris la place du Juvénat qui émigra à Arlon.

Habay est un site idéal de solitude et de recueillement pour une maison de formation. En outre, la proximité de l'Ecole Normale d'Arlon a favorisé dans les villages environnants, la nomination d'instituteurs, qui sont d'anciens élèves des Frères. Ce qui constitue un excellent facteur pour le recrutement. Malgré ces avantages extérieurs et les nombreuses écoles dirigées par les Frères, le nombre de vocations de la Province a fortement diminué depuis la guerre ; il est devenu nettement insuffisant pour combler les vides et pourvoir en même temps aux besoins actuels. Cela montre à chacun et à tous, l'urgente nécessité de travailler encore davantage à sa sanctification personnelle et à l'intensification du recrutement dans nos écoles.

 

3. Le Scolasticat. — Après le noviciat, la grande majorité des jeunes profès passe au scolasticat d'Arlon, où tous ont la faculté de continuer leurs études, soit à l'Ecole Normale pour obtenir le brevet d'instituteurs, soit dans les humanités modernes pour les compléter. Comme la plupart d'entre eux ont déjà fait une partie de leurs études moyennes avant de se rendre au noviciat, ils passent généralement trois ou quatre ans au scolasticat. A la fin du scolasticat, ils obtiennent alors le diplôme d'instituteur ou bien le certificat de fin d'études secondaires qui leur permet de poursuivre les études de l'Ecole Normale Moyenne ou d'entrer à l'Université de Louvain.

L'Ecole Normale Moyenne ou Régence fonctionne à l'Institut Sainte-Marie d'Arlon et dure deux ans. Elle comprend les trois sections : littéraire, scientifique, et langues germaniques. Le diplôme que délivre l'Ecole Normale Moyenne, confère le droit d'enseigner dans une école moyenne du pays. Les examens de fin d'études à l'Ecole Normale Primaire, comme à l'Ecole Normale Moyenne, se passent devant des inspecteurs délégués du Gouvernement. De ce fait les diplômes ont une valeur légale et les porteurs de ces titres sont rémunérés par l'Etat.

Inutile de dire que les Supérieurs de la Province poussent les études des scolastiques aussi loin que possible, et encouragent par tous les moyens les jeunes Frères à chercher les titres nécessaires aux différents degrés de l'enseignement en Belgique. C'est un immense avantage que toutes ces études, à l'exception de l'enseignement universitaire, puissent se faire dans nos établissements, sous le contrôle des Frères. Cela prolonge souvent le scolasticat de deux ou trois ans, mais en même temps, c'est un sérieux complément de formation donné aux scolastiques, capables de poursuivre ces études jusqu'au titre de Régent.

En dehors du Congo, la Province compte actuellement 93 juvénistes, 18 postulants, et 11 novices.

 

4. Le Scolasticat universitaire. — Dans le but de faciliter aux Frères la fréquentation des cours universitaires, les Supérieurs, de la Province ont fait l'acquisition d'une maison très spacieuse à Louvain. Elle est située quelque peu en dehors de la ville, à Kessel-Lo, mais les communications avec les bâtiments de l'Université sont très aisées. Quatre Frères y suivent actuellement les cours universitaires. La maison des Frères, qui compte seize chambres particulières, sert également de résidence à des universitaires prêtres, ou anciens élèves des Frères. Inutile d'ajouter que les Supérieurs de la Province, et le Frère Directeur de Louvain en particulier, accorderaient volontiers l'hospitalité à des Frères d'autres provinces désireux de suivre les cours à l'Université de Louvain.

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