Maison éditoriale « Luis Vives » à Saragosse

22/Oct/2010

Les lecteurs du Bulletin de l'Institut n'ignorent pas que nos Frères d'Espagne dirigent à Saragosse une importante Maison d'Editions, peut-être — disons-le en passant—la plus puissante de l'Espagne en livres scolaires.

C*est en 1937, plus d'un an après la désastreuse destruction de notre établissement éditorial de Barcelone, que l'œuvre s'établit sur les bords de l'Ebre avec son individualité indépendante. Le choix de son nouvel emplacement ne fut pas sans motif. La Maison voulut se mettre plus en sûreté, après les deux incendies révolutionnaires qu'elle subit à Barcelone en 1909 et 1936, et vint se mettre sous la protection de Notre-Dame du Pilar.

 

Organisation technique. — Dans ses ateliers, l'Editorial Luis Vives imprime aujourd'hui quelque 180 ouvrages rédigés par nos Frères. La plupart de ces ouvrages sont des classiques pour l'enseignement primaire et l'enseignement secondaire. On y trouve aussi des ouvrages religieux et pédagogiques, entre autres ceux qui sont proprement de l'Institut. Le Catalogue complet porte, en outre, 88 brochures d'hagiographie et une longue série de cahiers de papier rayé.

La Communauté de l'Editorial se compose de 21 Frères résidant sur place à Saragosse, et de trois autres qui ont en charge les librairies succursales de Madrid et de Barcelone. Ces 24 Frères appartiennent en nombre égal aux quatre provinces maristes d'Espagne et, au point de vue religieux, ils sont sous la juridiction du Frère Provincial de Levante.

Tout le personnel ouvrier est laïc, et son nombre s'élève à environ 130.

Les Frères ont à leur charge la direction technique et artistique, l'administration, la rédaction et la correction des ouvrages, et la comptabilité de l'entreprise.

Toutes les sections industrielles sont installées dans un grand édifice, de construction récente. La propriété s'étend sur une surface de 15.000 mètres carrés, nécessaires pour le fonctionnement commode de l'œuvre. La construction prend plus du tiers du terrain.

Les ateliers se composent des sections suivantes : dessin et gravure ; laboratoires photographiques et préparation des plaques lithographiques ; typographie et offset (procédé d'impression au moyen d'un rouleau de caoutchouc passant sur la forme encrée dont il reporte l'encre sur le papier) ; composition mécanique et manuelle ; reliure ; expédition et dépôts généraux, et même une fonderie qui remet en service les débris du métal employé dans les machines composeuses.

Le corps d'édifice destiné aux machines est une grande salle à trois nefs de 75 mètres de long, 25 de large et 8 et 6 mètres de haut, douée d'un excellent éclairage naturel et fluorescent.

Pour son fonctionnement autonome, l'Editorial a ses installations, ses machines, son personnel spécialisé et une main-d'œuvre suffisante, c'est-à-dire tout le nécessaire pour faire face à la complexité des opérations successives qui se présentent dans la confection d'un livre, depuis le moment où il est mis en projet jusqu'à l'heure de le mettre en vente.

Une fois en possession des matières premières : papier, encres, cartons, toiles à relier, matériels photographiques, plaques de zinc, produits chimiques complémentaires, etc., tout se manipule et se transforme dans les différentes sections et les laboratoires de l'entreprise, jusqu'à complète élaboration des livres Edelvives qui se répandent dans les librairies.

Ces livres-là sont imprimés soit par typographie, soit par un procédé « offset creux ».

Il y a six presses typographiques de différente grandeur et trois pour « offset » de grande productivité ; l'une d'elles installée pour deux couleurs, peut imprimer des feuilles de 100 x 140 cm.

Le travail de composition typographique est presque tout mécanique, à linotype. Pour ce travail, il y a deux machines à composer.

Pour couper le papier et les livres en reliure, il y a quatre massicots; l'un d'eux est à triple tranche, dont deux simultanées et la troisième immédiatement consécutive.

La section de reliure dispose de deux machines à plier le papier en cahiers, lesquels, une fois des livres formés, passent ensuite à quatre machines à coudre. Après vient le tour d'autres machines auxiliaires et la main-d'œuvre complète la reliure. En plus du cartonné courant pour les classiques, cette section relie aussi des ouvrages en toile, en peau, avec le doré correspondant pour certains ouvrages religieux ou pédagogiques. Elle prépare aussi de belles quantités de cahiers scolaires et des blocks cousus avec du fil de fer en spirale.

On pourrait donner encore beaucoup de détails sur la marche économique, le mouvement industriel et même le remarquable travail apostolique que nos Frères d'Espagne réalisent par le moyen du livre, tout en tendant à réaliser de plus en plus la devise de leur Maison : A la mayor dignificación del libro escolar.

 

Action sociale, — Nous parlerons très volontiers de ce que l'Editorial Luis Vives, S. A., fait, comme entreprise catholique, en faveur de ses ouvriers, tout en suivant d'une façon particulière les directives pontificales, qui poussent à des améliorations sociales et matérielles, et d'autres, en vue (lu bien spirituel de l'ouvrier.

Le Très Rév. F. Supérieur Général en a présenté un résumé dans la Circulaire du 24 mai 1953. Voici ce qui a lieu. Dès l'entrée d'un ouvrier à l'Editorial Luis Vives, S. A., il commence à percevoir un salaire supérieur au minimum légal, volontairement augmenté par l'entreprise. Il en est de même et avec ampleur quant aux généreuses protections et assurances sociales, que la législation très avancée de l'Etat espagnol donne à la classe ouvrière.

De même, dès son entrée, l'Editorial ouvre aussi en faveur de chaque ouvrier ce que nous pourrions appeler « un carnet d'épargne» à la charge de l'entreprise, dans lequel elle inscrit chaque année la somme fixe de 300 pesetas, plus les intérêts que le capital antérieur uni aux intérêts ont produit au 4 pour cent. Un calcul approximatif nous dit qu'un ouvrier, au bout de 50 ans de service à la Maison Editorial Luis Vives, peut se retirer avec un capital d'environ 50.000 pesetas. Cette somme lui appartient entièrement, avec cette particularité que l'ouvrier n'a jamais eu à débourser un centime, ni supporter aucun escompte, puisque l'entreprise seule a fait tous les dépôts et a capitalisé cet argent durant ce laps de temps.

De plus, lorsque dans la famille de l'un de ces employés il y a quelque événement : mariage, naissance ou décès de quelque enfant, une première communion, un trépas de parents, etc., l'Editorial donne à l'ouvrier une gratification de 200 pesetas.

Mais de toutes les œuvres sociales que l'Editorial des Frères a entreprises, la plus sympathique est celle que l'on a appelée : Obra Máxima de Educación.

Cette œuvre consiste en ce que l'entreprise paye tous les frais d'éducation, d'instruction ou d'enseignement de tous les enfants — garçons et filles — des ouvriers dans un Externat de la ville à leur choix. Les élèves les plus remarquables et intelligents, à la fin des études secondaires, peuvent suivre une carrière universitaire, religieuse ou sacerdotale ; dans ce cas, l'entreprise continue à payer les dépenses d'immatriculation et les livres correspondants.

Une autre mesure remarquable établit que tous les deux ans l'Editorial paye l'étoffe nécessaire pour un habit à tous ces étudiants, fils ou filles d'ouvriers ; leur nombre était de 44 pendant le cours scolaire 1953-1954.

Le jour de la fête des Rois Mages, le 6 janvier, très populaire en Espagne, il y a une fête sympathique de circonstance, d'après les habitudes du pays. Quelques ouvriers qui interviennent dans la fête font les Rois Mages et, en présence de tous les ouvriers et de leurs parents réunis sous les larges nefs de l'imprimerie, on procède à la distribution de joujoux à chacun des enfants bénéficiaires de la Obra Máxima de Educación.

 L'Editorial favorise l'accomplissement du devoir pascal de ses ouvriers en les préparant à cet effet par un triduum de conférences quadragésimales que l'on clôture le dimanche de la Passion par la communion pascale, avec une certaine solennité externe, rappelant les belles fêtes de première communion des grands collèges maristes, avec des chants, même polyphoniques, et un sermon de circonstance.

En dehors de ceci, pendant la dernière année scolaire, une vingtaine d'ouvriers ont fait leur retraite fermée, comme les nôtres, et l'Editorial affecte une somme pour en couvrir les frais.

En souvenir de cette année mariale et en filial hommage à notre Reine et notre Mère, le premier mai on a installé et béni solennellement un vitrail artistique de 3 m. 60 par 2 m. 30, représentant le Cœur Immaculé de Marie et Notre-Dame du Pilar avec son temple.

Devant ce vitrail marial qui rappellera constamment aux ouvriers et ouvrières une dévotion qui leur est bien chère, le C. F. Provincial de Levante a consacré solennellement l'Editorial et tout ce qu'il contient et signifie, à la Très Sainte Vierge.

Son Cœur Immaculé préside ainsi le labeur journalier de tous ceux qui travaillent dans les différentes sections des ateliers et reçoit chaque jour le fervent hommage de la récitation du chapelet que des ouvriers, volontairement et à tour de rôle, dirigent au microphone, et que les autres suivent grâce à des haut-parleurs installés dans toutes les dépendances de travail de l'Editorial.

Devant la belle Dame du vitrail, pendant le mois de mai, nos ouvriers, sans interrompre leur travail quotidien, ont fait leur mois de Marie avec une solennité une piété et une ferveur édifiantes, suivant chacun, selon son travail, les prières, la lecture et les cantiques d'occasion.

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