Mexique – La rĂ©volution et nos oeuvres
13/Sep/2010
Ce n'est pas sans raison, hélas ! que dès les premières pages de ce numéro du Bulletin nous mettions au nombre de nos grands sujets de tristesse la persécution violente qui s'est déchaînée, vers le milieu du mois juillet, sur notre florissante province du Mexique. Nous n'avons encore que des informations incomplètes ; mais, d'après celles qui nous sont parvenues, il semble bien que de notre belle œuvre dans ce pays, elle n'ait pas laissé grand-chose debout. Des vingt-deux maisons remarquablement prospères que nous y avions, c'est à peine s'il en est encore cinq ou six qu'elle ait laissées subsister.
Depuis trois ans, comme on sait, le pays était en proie à tons les malheurs de la guerre civile entre fédéraux et constitutionalistes. Ces derniers, dès les débuts, s'étaient signalés par leurs visées antireligieuses. Partout où ils avaient eu l'avantage, ils avaient pris des mesures plus ou moins vexatoires ou persécutrices contre les évêques, les prêtres, les religieux, et en général contre toutes les institutions catholiques. La victoire ayant fini par leur rester, ils ont donné libre cours à leur rancune. En lisant les décrets de certains gouverneurs, on se dirait vraiment revenu aux temps de Néron, de Dèce ou de Robespierre et de Marat. Non seulement les évêques, les prêtres et les religieux sont violemment emprisonnés, proscrits et accablés de calomnies infâmes ; mais il est tel endroit où la messe, la confession et la communion sont défendues, sous peine de mort !
Jusqu'à ces derniers mois, nos établissements avaient eu relativement peu à souffrir, malgré les moments de terrible incertitude où ils s'étaient plus d'une fois trouvés. Il n'y avait guère que ceux d'Uruapan et de Monterrey qui eussent été obligés de fermer leurs portes, l'un en septembre 1913 et l'autre en juin 1914. Mais à partir du mois d'août, les choses se précipitent.
Les Frères de Guadalajara et de Cócula, jetés en prison avec une soixantaine d'autres religieux ou prêtres, tenus au secret pendant dix jours, conduits sous escorte militaire à Colima en les retient trois semaines sous la surveillance de la police, sont enfin embarqués sur un bateau mexicain â destination de San Francisco, où ils devront attendre les ordres du Frère Provincial. Les Frères de Léon et d'Irapuato sont contraints à partir de même pour la frontière du Nord. Ceux de Mexico et du District Fédéral vont chercher un asile au sein de familles amies, d'où un certain nombre sont ensuite rapatriés par les Gouvernements français et espagnol. A Jacona, on n'a pas été directement inquiété ; mais, faute ressources, on s'est vu forcé, non sans un grand serrement de cœur, à rendre momentanément à leurs parents le plus grand nombre des Juvénistes, tous les prêtres de la région avaient été emprisonnés. Nous ne savons pas encore non plus ce qu'il en aura été des Frères de Campeche, de San Cristóbal et de Tehuantepec et du Yucatan, qui n'avaient pas été inquiétés quand nous avons reçu les dernières nouvelles.
Il semble que dans quelques endroits, notamment à Mexico et dans les environs, la situation, depuis quelques jours, soit devenue un peu meilleure ; on ne désespère même pas que plusieurs établissements de cette région puissent se rouvrir bientôt. Dieu le fasse !
Il n'est pas non plus téméraire d'espérer que dans les autres endroits l'état actuel de persécution ne sera qu'une épreuve passagère. Le peuple mexicain, dans sa masse est encore trop, profondément religieux pour que longtemps l'impiété puisse y prévaloir à ce point
En attendant l'heure marquée par la Providence, nos Frères du Mexique, nous en sommes sûrs, ne se laisseront pas décourager. Se souvenant que la croix est le sceau dont Dieu a coutume de marquer les œuvres veut faire tourner à sa gloire, ils porteront d'un cœur vaillant celle qui leur échoit ; ils suivront docilement la voie qui leur sera tracée par leurs Supérieurs, et ils garderont la ferme confiance qu'aux jours de tempête et d'orage succédera la calme des jours sereins.