Noël
01/Oct/2010
Non ! Noël ! cri d'espérance !
Il est nous, l'Emmanuel!
Chante, Israël, ta délivrance:
Jésus est né : Noël ! Noël !
Noël ! Jamais mot, sans doute, depuis que le monde est monde, ne vibra aussi harmonieusement aux oreilles des hommes et ne parla aussi délicieusement à leurs cœurs que celui-là.
Il suffit que ce cri de joie et d'espérance, qui retentit une première fois sur les montagnes de la Judée, il y a près de deux mille ans, pour annoncer aux pasteurs émerveillés l'accomplissement des prophéties, se fasse entendre de nouveau chaque année parmi nous pour qu'aussitôt des torrents de joie sainte, d'incoercible expansion et de délicieuse poésie surgissent spontanément dans les âmes, comme si l'événement était d'hier.
Sous l'action d'on ne sait quel mystérieux ressort, tout le monde s'émeut comme à son insu; on voit naître partout l'animation et l'enthousiasme. Le vieillard sent palpiter son cœur comme aux plus heureux jours de sa vie. A la ville et à la campagne, dans les palais et dans les chaumières, dans les temples et dans les foyers, tout devient mouvement et vie. C'est ce que proclament à l'envi la voix joyeuse des cloches, les accords des instruments de musique, et les cantiques qui résonnent partout à la louange de l'Enfant Dieu. D'une extrémité du monde à l'autre, sous une forme tantôt naïve et tantôt sublime, montent vers le trône de Dieu les innombrables variantes du cantique qu'entonnèrent les anges au-dessus de la grotte de Bethléem: Gloire à Dieu au plus haut des cieux et paix sur la terre aux hommes de bonne volonté!
Bien qu'à ce point de vue du culte extérieur toutes les solennités catholiques soient véritablement remarquables, il semble qu'aucune autre ne soit, au même degré, populaire par excellence, pleine de mouvement et de vie sans cesser d'être sublime; où l'on voie aussi bien à la fois l'enfance caressée par de charmantes images et la vieillesse réjouie par d'aussi agréables souvenirs; dont les joies soient attendues avec autant de plaisir, et aussi regrettées quand elles s'éloignent.
Aussi, dans tous les pays chrétiens, avec des variantes qui ne lui donnent que plus de charme, la nuit de Noël est-elle la nuit par excellence; celle que le peuple a idéalisée en l'embellissant des plus beaux rêves de son imagination. Selon de vieilles légendes qu'on se passe fidèlement d'une génération à l'autre et qu'on aime à se raconter tous les ans autour de la grande bûche qui brûle au foyer, la nature inanimée elle-même donne en cette nuit des marques sensibles de sa joie. Les étoiles sourient au firmament; les oiseaux chantent comme dans une belle matinée d'avril; les enfants et les mères se voient favorisées de visions enchanteresses; au moment où les grandes horloges des clochers font entendre à travers la campagne les douze coups de minuit, les animaux eux-mêmes, dans leurs étables et leurs basses-cours, éprouvent un frémissement de joie… Ainsi le peuple, en Paissant intervenir dans l'allégresse universelle tous les êtres de la création nous donne à sa manière comme un commentaire de la magnifique strophe que l'Eglise chante en ce jour:
Hune astra, tellus aequora
Hune omne quod coelo subest
Salutis Auctorem novæ
Novo salutat cantico.
''Les astres, la terre, les mers et tout ce qui est sous le ciel saluent par un nouveau cantique l'Auteur de notre régénération
Entrons donc joyeusement, nous aussi, dans l'esprit de l'Eglise en adorant in cordis jubilo notre Rédempteur nouveau-né. Mais n'oublions pas non plus au prix de quel abaissement et de quelle somme d'humiliations et de souffrances Jésus naissant nous a procuré cette joie ; et, après avoir payé notre juste tribut à l'allégresse qu'inspire à tout l'univers son heureux avènement, prosternons-nous dévotement au pied de sa crèche; tâchons de réparer, par la ferveur de nos adorations et de nos hommages, l'indifférence, la froideur, le mépris et même la haine dont un trop grand nombre d'hommes ne craignent pas de payer un si prodigieux amour; et tâchons d'apprendre de lui les vertus d'humilité, de pauvreté, de patience, d'obéissance et de zèle Four les âmes dont il nous donne de si divins exemples.
D'après le Dr SARDA; El Ario Sacro.