Notre Ă©cole de Buta au Congo Belge

13/Oct/2010

Le 5 décembre 1937, ramenait le 25ième anniversaire de l'arrivée des Petits Frères de Marie à Buta (Congo Belge). Cette date ne devait pas passer inaperçue. Les amis de l'École, au rapport du journal: la Croix du Congo, organisèrent une série de manifestations propres à mettre en relief la surprenante réussite de l'école et le dévouement des Maîtres qui la dirigent depuis 25 ans.

Arrivés à Buta le 5 décembre, les Frères ouvraient leurs classes le 2 février 1912…

 

Discours d'un ancien élève. — Si l'espace le permettait, nous reproduirions « in extenso » le très original discours prononcé, au Cercle d'Etudes de buta par Mr. Alphonse Babade, ancien élève et ancien moniteur, devant Monseigneur, Mr. le Commissaire du District et une foule sympathique, et dans lequel l'orateur fait l'histoire sommaire de la fondation.

Il se dit d'abord l'interprète de la joie et de la reconnaissance éprouvées par tous les élèves actuels et anciens, par tous les amis et protecteurs de la chère Ecole.

Puis abordant le sujet de son discours: Le développement de l'École de Buta, il s'exprime ainsi : « Jetons un regard rétrospectif sur le passé.

Il y a une cinquantaine d'années, les populations du Congo-Belge vivaient encore dans un état de détresse au point de vue intellectuel. L'école était, pour ainsi dire, inconnue au Congo et personne ne savait lire, ni écrire. Les diverses tribus avaient entre elles des signes conventionnels pour se faire comprendre et les tatouages appliqués sur le corps et sur le visage, désignaient l'origine des tribus et des races. L'arrivée de l'Européen sur notre sol amena l'époque du développement intellectuel.

On nous raconte que nos grands pères étaient dans un étonnement. complet, en voyant l'Européen communiquer avec un autre Européen, en marquant simplement des lettres sur un papier souple et léger. Ils considéraient cette ingéniosité comme une faveur de Dieu. Les messagers de cette époque, porteurs d'une lettre, pouvaient à peine saisir comment un blanc parvenait à transmettre ses pensées à une très longue distance au moyen d'un papier rempli d'écriture. De nos jours encore, il n'est pas rare de rencontrer dans des villages éloignés des personnes réservant leur admiration pour des gens instruits.

Pourtant en ces temps reculés, le roi Léopold II, souverain de l'État du Congo avait fixé avec pitié ses regards sur la profonde ignorance de nos ancêtres au point de vue intellectuel : il fut l'homme à y remédier efficacement et d'une façon merveilleuse. L'histoire du Congo nous apprend que les Missionnaires catholiques, envoyés par le Grand Souverain Belge, sont venus nous apporter avec le flambeau de la foi du Christ, l'enseignement de la doctrine chrétienne et de l'instruction scolaire. C'est alors que l'on a vu surgir les écoles dans plusieurs postes importants du Gouverneraient, et Buta reçut le privilège d'une belle fondation d'école, dont nous sommes justement fiers et sincèrement reconnaissants ».

Allusion est faite ensuite aux difficultés du début. Aucun lecteur du bulletin ne peut s'en étonner puisque toute œuvre de Dieu naît et se développe à l'ombre de la Croix. Puis, Mr. Babade recourt à l'éloquence des chiffres. En février 1912, remarque-t-il, il y avait 4 Frères maristes pour 3 classes et 106 élèves. Le 5 décembre 1937 on compte; 910 élèves, 20 classes, 9 Frères et 22 moniteurs. Il salue affectueusement les premiers pionniers qui accomplirent une dure besogne. dont deux sont parmi ses auditeurs; les CC. FF. Donatus, Visiteur des FF. Maristes au Congo et le C. F. Marie-Lazarus, resté à Buta. Il dit le souvenir de reconnaissance émue qu'il conserve des Frères qui furent ses professeurs ici même.

« En 1920, ajoute-t-il, les premiers élèves sortirent de l'école avec beaucoup d'honneur; ils reçurent tous un certificat. et obtinrent une belle situation rémunératrice par les soins du Gouvernement. Depuis cette époque, le succès de l'Ecole de Buta n'a fait que grandir ; désormais, elle ne connaitra que la gloire du progrès, en fournissant annuellement au Gouvernement aux Sociétés Commerciales et Industrielles un contingent d'élèves diplômés comme clercs, commis, infirmiers, menuisiers et forgerons. »

Et après avoir rendu hommage à l'intervention bienveillante du Chef du District de l'Uélé et de l'Administration territoriale, souligné l'admiration sympathique de toutes les autorités civiles et religieuses, des particuliers et des Chefs de la contrée, l'orateur, en terminant, félicite les Maîtres actuels et forme les vœux les plus ardents pour la prospérité de la chère Ecole.

 

Vitalité actuelle. — Cette prospérité, en effet, est rayonnante. La Croix du Congo, dans l'article élogieux écrit à l'occasion de l'anniversaire, énumère, avec complaisance les œuvres qui se sont merveilleusement développées, à côté de l'Ecole, sur la terre congolaise : Association religieuses: congrégation de la T. S. Vierge, croisade eucharistique, ligue du Sacré-Cœur; musique chorale, fanfare, sports : football, tennis, cyclisme, athlétisme, natation ; action sociale : cercle d'études, théâtre, caisse d'épargne, association des anciens élèves.

Tous ces faits expriment incomparablement plus que des paroles la puissante vitalité de notre Ecole de Buta. Mais il en est une autre série qui manifeste mieux encore la valeur d'ordre surnaturel de la formation donnée par nos Frères. Le 8 décembre 1937, parmi les solennités prévues au programme, se plaçaient les émouvantes cérémonies du baptême conféré à 114 néophytes. De plus on signale 22 demandes d'admission au petit séminaire d'Ibembo et 12 demandes d'admission au postulat des Frères indigènes.

Cette efflorescence de vocations est la vraie pierre de touche pour juger de l'atmosphère spirituelle d'une école ou d'un collège! Aussi bien Mgr Van Huytven qui apprécie le travail des Frères de Buta, a-t-il, dernièrement adressé au C. F. Donatus, Visiteur, ses félicitations pour l'esprit religieux, l'union et le dévouement apostolique de nos confrères.

En ce moment, des tractations se poursuivent au sujet de ce bel établissement. Le Gouvernement belge qui jusqu'ici a payé les constructions pour habitation, classes et ateliers, assuré le traitement des maîtres et un voyage en Europe tous les trois ans, ne pouvant plus supporter de telles charges, propose de faire passer l'École sous le régime libre. Les bâtiments actuels seraient cédés aux Frères, mais aussi toutes les dépenses d'entretien des bâtiments et des élèves, etc. … En échange, ils recevraient un simple subside annuel bien inférieur au traitement d'instituteur assuré jusqu'ici.

Formons les souhaits les plus ardents pour que la chère Ecole de Buta puisse néanmoins continuer son œuvre éminemment religieuse et sociale ! ! !

RETOUR

Asile de Quillota, Chili...

SUIVANT

Maison mère - Grugliasco...