Nouvelle chapelle Ă Arlon
03/Sep/2010
Le 2 septembre était jour de liesse pour la communauté d'Arlon. Outre la double solennité de la prise d'habit et de l'émission des premiers vœux, les frères fêtaient l' arrivée chez eux de Monseigneur l'évêque de Namur, venu à leur appel pour la bénédiction de la chapelle neuve. Quel jour heureux! Quelles cérémonies réconfortantes! Le Révérend Frère, dont nous nous plaisons à admirer l'activité inlassable, avait voulu les rehausser de sa présence. Dès le dimanche, alors que tous les frères achevaient. clans le recueillement les exercices d'une fervente retraite, il était venu nous surprendre et se donner, comme il nous le dit le lendemain, le plaisir de voir rassemblée la plus nombreuse communauté de l'Institut, et de la consolation de constater que l'esprit de prière ne conviait pas de déclin parmi nous, qu'aujourd'hui comme hier, en Belgique comme en Italie, nos retraites retrempent l'âme dans le sérieux d'un seul à seul avec Dieu. Et ce fut pour nous tous une joie profonde d'entendre notre premier Supérieur nous parler avec émotion de nos frères poursuivis, ruinés, martyrisés et un puissant réconfort d'apprendre de sa bouche comment les persécutions ne font qu'affermir et. étendre nos œuvres…
Le jeudi, à 10 heures, toute la communauté, réunie clans la cour d'honneur autour du Révérend Frère, acclamait Sa Grandeur Mgr Heylen, venu directement de sa lointaine ville épiscopale pour la circonstance. Cette condescendance ne nous étonnait nullement d'ailleurs. Le inonde entier sait le zèle de l'éminent prélat pour la gloire de l'Eucharistie. La confiance du Souverain Pontife l'a investi de la présidence à vie des Congrès eucharistiques internationaux qui, chaque année, dans une des grandes villes du monde, font à Jésus-Hostie un triomphal cortège de fervents adorateurs accourus de toutes parts: on conçoit qu'il ait accepté de venir consacrer au Dieu de l'autel un temple nouveau, si modeste qu'ait pu l'édifier notre pauvreté… Après quelques phrases de bienvenue dites par un jeune frère au Prélat, on se dirigea processionnellement vers la chapelle. Les prières liturgiques, si belles dans leur éloquente simplicité, furent successivement dites, on aspergea les murs d'eau bénite en chantant les litanies des saints, puis on entra pour bénir l'intérieur. La cérémonie achevée, la messe fut chantée par M. le curé de Saint Martin, et aussitôt après, Monseigneur, au milieu d'un religieux silence, prononça d'une voix émue une touchante allocution. S'inspirant des enseignements de la journée, et s'adressant spécialement aux jeunes qui allaient se lier à l'Institut par le triple lien des vœux, il compara les deux cérémonies, celle qui venait de finir et celle qui allait commencer, les deux consécrations également émouvantes de deux temples également saints; il montra, en un langage à la fois très élevé et à la portée de tous, comment Jésus au Tabernacle est l'incomparable modèle de la pauvreté, de Ia pureté, de l'obéissance, le modèle du sacrifié, le prototype du religieux… Puis 25 postulants revêtirent l'habit mariste et 25 novices prononcèrent les vœux…
L'ancienne chapelle était convertie en réfectoire depuis quelques jours. On avait dît ouvrir de nouvelles fenêtres, paver certains endroits, cloisonner et plâtrer en toute hâte et voici que Monseigneur nous faisait l'honneur de dîner avec la communauté !… Aussi quelle activité pour improviser une ornementation passable! Des plâtres trop frais furent dissimulés sous draperies habilement disposées, des tentures couvrirent les plaies béantes des murs, des faisceaux de drapeaux furent cloués un peu partout, des guirlandes simples mais si neuves et d'un si bon goût vinrent jeter sur l'ensemble la gaîté de leurs pimpantes couleurs, puis quelques écussons, quelques oriflammes et vraiment, Sa Grandeur put à bon droit féliciter les décorateurs quand à 1 heure, elle pénétra dans la salle. Tout un cortège l'accompagnait des ecclésiastiques en grand nombre: M. le Doyen de Saint Donat, M. le curé de Saint Martin, MM. les chanoines Lecler et Tharsicius, le R. P. Recteur des Jésuites, tout le clergé de la ville, Monsieur l'Aumônier; puis M. Joset le Rédacteur de l'Avenir le vaillant journal catholique d'Arlon, puis les entrepreneurs. Voici les retraitants des grands exercices conduits par le R. P. Tiberghien leur très dévoué prédicateur, .voici des frères ‘’dispersés’’ tout heureux de se trouver a pareille fête, dans une communauté si nombreuse, et le cercle de famille s'élargit. ,
Au dessert, le R. F. Supérieur se leva et prononça un discours fort éloquent et fort applaudi. Après avoir dit la reconnaissance de l'Institut envers Mgr l'évêque de Namur pour sa venue en ce Jour et pour sa bienveillance continuelle; envers tout le clergé de la ville et du diocèse, envers la Belgique hospitalière et charitable; il montrait la prospérité incontestable de la Maison et de toute la Congrégation comme une réponse péremptoire de la Providence aux persécutions des hommes et promettait que les Frères, à l'avenir comme par le passé, se montreraient dignes de la confiance de l'épiscopat par leur zèle et leur piété. Monseigneur Heylen répondit: Renvoyant à Dieu la gloire de ses œuvres, il remercia le R. Frère et l'Institut pour le bien fait par les Frères, pour le concours précieux qu'ils apportent partout au clergé. « L'enseignement religieux par les religieux, ajouta le Prélat, devient de plus en plus nécessaire à mesure que l'enseignement officiel se laïcise et offre moins de garanties. Et j'espère, pour le bien de mes ouailles, que les vocations viendront dans cette maison de plus en plus nombreuses pour fournir d'instituteurs congréganistes mon diocèse et les autres »
Monseigneur devait partir à 3 heures. Toute la communauté vint s' agenouiller dans la cour d'honneur pour recevoir une dernière bénédiction ce c'est au milieu d'une ovation spontanée que la voiture s'ébranla, emmenant Sa Grandeur qui nous laissait sous le charme de sa simple bonté profondément remués par ses paroles émus délicieusement par toutes les cérémonies de cette belle journée. Demandons à Dieu d'en conserver vivant le souvenir dans nos cœurs.