Nouvelles de la rĂ©volution – Espagne
12/Mar/2010
Tout l'Institut est profondément ému en lisant les récits des horribles scènes qui, ces jours-ci, ensanglantent l'Espagne. Chacun .de nous se demande ce qui arrive à nos confrères exposés à tous les dangers, dans les régions où dominent les communistes.
Les journaux, en effet, sont remplis de récits terrifiants où sont narrés des massacres de prêtres, des incendies d'églises, des emprisonnements de religieux, des tueries de religieuses, des pillages de couvents, le tout accompagné d'horribles sacrilèges.
Aussi de nombreuses prières montent de tous nos meurs pour obtenir du bon Dieu qu'il vienne en aide à ceux qui veulent empêcher l'Espagne de devenir une nouvelle Russie et en particulier pour qu'il protège nos Frères menacés.
Coup d'œil d'ensemble. — Il ne peut être question, pour le moment, de détailler tout ce qui est arrivé à nos établissements, d'autant plus que les nouvelles sont encore fragmentaires, confuses et parfois contradictoires. De plus, il y a malheureusement encore bien des régions dont on ne sait rien et il faut s'attendre à bien des malheurs jusqu'ici insoupçonnés.
Il y a deux aspects dans la situation. Dans les régions où les nationaux ont pu établir leur autorité, c'est-à-dire plus de la moitié du pays, nos Frères n'ont pas eu à souffrir et ils sont en paix. A Tuy, par exemple, après une alerte et un moment de désordre, les forces nationales sont arrivées, le pouvoir militaire s'est établi et il a suffi de quelques exécutions pour ramener la plus grande tranquillité. Les Grands exercices ont pu se dérouler à la date fixée. Il en est de même dans la région de Burgos, la Navarre etc. …
Cela représente pour nous plus de la moitié de nos établissements et de nos Frères.
D'autre part, dans les régions où les communistes sont maîtres, il ne reste plus aucun établissement, ni aucune communauté. Tout est ou anéanti, ou du moins confisqué et les Frères sont dispersés, emprisonnés on cachés.
Il n'y a d'ailleurs des nouvelles un peu précises que des légions de Barcelone et de Madrid. Elles sont dues surtout à des réfugiés non espagnols que, par milliers, les divers consulats ont rapatriés. Il y a parmi eux quelques-uns de nos Frères suisses, français, etc. …
Leurs récits confirment tout ce qui a été écrit par les journaux. Comme, a un signal donné pour l'exécution d'un plan préparé depuis longtemps, des bandes se sont dirigées le même jour vers nos établissements comme elles procédaient ailleurs et y ont agi de la même façon.
Alors se sont déroulées les scènes horribles qu'on ne pourra narrer en détail que plus tard. Ici, les Frères n'ont que le temps de se sauver par toutes les issues possibles. Là, ils se trouvent bloqués et faits prisonniers, soit qu'on les ferme dans un appartement, soit qu'on les conduise dans une prison.
S'il y a un, reste d'ordre dans la cohue envahissante, on se borne à fouiller et voler, avant de mettre le feu ou de réquisitionner la maison, suivant le cas. Deux de nos établissements de Barcelone, se trouvant dans un pâté de maisons, sont simplement pillés et le mobilier, lancé par les fenêtres, est brûlé. Ceux assez indépendants du voisinage sont incendiés. C'est le cas des collèges de Sans et de San José Oriol, vastes et beaux établissements de 5 à 600 élèves.
C'est le cas également de l'Editorial L. Vives, qui fournissait des livres chrétiens à toute l'Espagne et qui n'est plus qu'un monceau de cendres.
A Vich, au juvénat, on donne le temps d'évacuer les enfants avant de mettre le feu. Au Avellanas, noviciat isolé dans la campagne à dix kilomètres de tout village, des bandes armées arrivent et réquisitionnent la maison. La jeunesse présente doit en hâte être placée dans les villages voisins où de braves gens les recueillent.
Si, comme c'est le cas plus fréquent, il n'y a plus aucune discipline, dans les bandes excitées, on pille, on brûle, on tue à tort et à travers. Ainsi, dans une de nos maisons de Madrid, les Frères espagnols n'ont que le temps de fuir, pendant que trois Frères français restent là, espérant que leur qualité d'étrangers leur permettra de protéger l'immeuble. La bande d'énergumènes envahît tout. Un domestique se trouve sur son passage. Il est tué à bout portant. Un jeune Frère malade est emmené on ne sait où, et probablement fusillé. Les trois Frères sont menés en prison et restent entassés avec d'autres, pendant une douzaine de jours. Ils arrivent alors à se faire connaître au Consulat de France qui obtient leur élargissement et sont conduits à Alicante, pour être rapatriés sur un navire.
Quelques-uns, risquant cent fois leur vie parviennent après dix ou quinze nuits de marches nocturnes á franchir les Pyrénées par des sentiers de chèvres et arrivent en France mourants de fatigue et de privations-.
A Lérida, deux Frères sont tués au milieu du désordre. Il en a été de même probablement en deux ou trois autres lieux, mais les nouvelles demandent encore à être confirmées. Deux ont été tués près des Avellanas: un jeune scolastique et le Frère âgé qui essayait de le conduire dans sa famille.
Régions dont on est sans nouvelles. D'une considérable partie de nos établissements on est absolument sans nouvelles, après un mois de désordres. C'est la région au sud de Barcelone jusqu'à Malaga. Cela est inquiétant et quels malheurs n'aura-t-on pas á déplorer, quand on saura tout.
De quelques communautés, on sait que les Frères se sont dispersés dans des familles amies ou cachés de leur mieux, car, grâce á Dieu, c'est une minorité qui terrorise le pays. Dispersés en hâte, ils ont mis des jours pour se retrouver. Le F. Provincial présent à Barcelone a été emprisonné, menacé d'être fusillé et finalement relâché. Il essaie, avec un admirable courage, de repérer ses Frères et de sauver tout ce qui peut l'être.
Mais la situation est affreuse. Plusieurs communautés sont consignées dans leurs immeubles réquisitionnés. Ce sont des otages qu'on fusillera au premier moment.
De plus, il n'y a aucun service religieux possible, toutes les églises et chapelles de Barcelone et de toute la Catalogne ont été brûlées, tous les prêtres sont massacres, en fuite ou réduits à se dissimuler.
A l'heure actuelle, 12 septembre, il y a huit Frères massacrés. Le dernier connu, F. Aureliano, de Badajoz, placé contre un mur et mis en demeure de blasphémer, pour avoir la vie sauve, cria : « Vive le Christ Roi! » et tomba percé de balles.