Nouvelles de Mondovi

26/Sep/2010

A propos de la visite de Monseigneur de Gap, nous venons de nommer le Juvénat de Mondovi. Le Bulletin en a déjà plus d'une autre fois entretenu ses lecteurs ; mais il ne résiste pas au désir de leur en dire encore un mot aujourd'hui, à l'occasion d'un petit trait que ne manquera pas, nous le croyons du moins, de les intéresser.

Ils seront bien aises d'abord, sans nul doute, de savoir que, grâce à Dieu et à Marie Immaculée sa céleste patronne, les juvénistes y sont en nombre relativement grand. Avant les dernières vacances il en comptait plus de 70, qui donnaient en général toute satisfaction à leurs Maîtres par leur piété, leur bon esprit et leur amour pour leur vocation, et, bien que 24 soient allés au noviciat, ils sont déjà de nouveau au même nombre.

Les études y étaient, comme elles y sont encore aujourd'hui, en pleine efflorescence, ce qui faisait un heureux complément du reste. Ils sont divisés en trois cours, dont les programmes correspondent à ceux des enfants de leur âge dans les écoles officielles d'Italie. Avant la fin de la dernière année scolaire, cela donna au Frère Provincial la pensée d'établir entre eux et les cours correspondants de nos Collèges de Rome, de Gênes et de Viterbe un concours dont il donna lui-même les épreuves, et le résultat fut tout à l'honneur des Juvénistes de Mondovi, ce qui, étant donné la force des autres concurrents, n'était pas un petit mérite. Le second cours, en particulier, qui porte le nom de Saint Alphonse, eut le premier rang dans toutes les matières.

Si la joie fut grande, au Juvénat de l'Immacolata, quand le Frère Provincial vint proclamer ce succès, on peut se l'imaginer. Elle ne se borna même pas aux élèves du cours St- Alphonse ; mais, par sympathie, elle s'empara de toute la maison. Mr l'Aumônier, qui s'intéresse beaucoup aux juvénistes, fut des premiers à participer à ce mouvement, et, dans sa grande générosité, il fit présent aux élèves du cours vainqueur, d'un magnifique billet de 100 Lires pour être employé à l'usage qu'ils croiraient le meilleur.

C'était vraiment un cadeau princier, et peu s'en fallut que nos juvénistes, à l'exemple du bon savetier de La Fontaine, ne crussent avoir en leurs mains

………tout l'argent que la terre
Avait, depuis plus de cent ans,
Produit pour l'usage des gens.

Mais là précisément commença leur embarras. Qu'allaient-ils faire de cette fortune ? Se payer un bon pique-nique à la campagne ?… Ce n'eût certes pas été sans attraits ; mais à cela le Frère Provincial, qui n'oublie rien, avait déjà pourvu ; puis, ceux qui avaient des sentiments élevés — et c'était le grand nombre — trouvaient que ce serait lui donner une destination vraiment trop terre à terre : ils auraient préféré, quant à eux, en acheter, pour la classe, une série de belles cartes géographiques ou mieux encore une statue du saint patron. En plus d'être utile pour le présent, cela resterait encore dans la classe après leur départ pour le noviciat et perpétuerait, auprès de leurs successeurs, le souvenir de la victoire commune. Cette opinion, à peine exprimée, trouva beaucoup d'adhérents même parmi ceux qui avaient d'abord été pour le piquenique. Néanmoins, pour finir de tout accorder, on convint de prendre l'avis du donateur lui-même.

Celui-ci, tout en approuvant les projets mis en avant, offrit d'en suggérer un qui lui paraissait meilleur encore. "Si vous voulez, leur dit-il, nous allons, avec ces 100 Lires, racheter un petit nègre esclave. En l'honneur de votre patron, nous lui donnerons le nom de Saint alphonse, et pour prénom, il aura Jean-Baptiste, celui du premier du cours, lequel lui servira de parrain. La proposition, acclamée avec enthousiasme, fut aussitôt mise en exécution. Le billet de 100 Lires fut envoyé à Rome, à la "Société de St. Pierre Claver, pour le rachat des Esclaves" et, peu de temps après, la Présidente, Mme la Marquise Leudocowska en accusa réception en assurant que tout se ferait selon le désir des enfants. Le reçu était accompagné d'un beau tableau représentant Saint Pierre Claver au milieu d'esclaves dont il brise les chaînes, et qui, entouré d'un cadre en rapport, fait aujourd'hui l'ornement de la classe.

Quant au petit nègre racheté et baptisé, on vit dans l'attente de ses nouvelles ; on prie pour que le bon Dieu le fasse grandir dans sa grâce et dans son saint amour ; et, lorsqu'il aura douze ans, on se propose de l'inviter au Juvénat, afin que, devenu Petit Frère de Marie si la Providence lui en donne la vocation, il puisse aller évangéliser, au Congo ou ailleurs, ses compatriotes.

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