Pékin : érection dun monument à nos martyrs de 1900

03/Sep/2010

 

D'une lettre circulaire adressée, le 15 mai dernier, par le C. F. Louis-Michel, provincial de Chine, aux Frères de sa juridiction, nous extrayons les lignes suivantes, que tous nos lecteurs liront sans doute avec plaisir :

« Depuis quatre semaines, toutes mes journées se passent dans notre cimetière de Cha-la, situé à l'ouest de Pékin, à 40 minutes environ de notre maison de noviciat.

Une simple croix de bois faisait jusqu'ici tout l'ornement des tombes de nos Frères, et rien ne distinguait des autres la tombe commune où reposent, depuis 1904, les restes mortels des Frères Jules-André et Joseph-Félicité.

Le Frère Joseph-Marie-Mon et le postulant Jen Paul, les deux premiers martyrs chinois de l'Institut, dont les restes n'ont pu être retrouvés, n'avaient pas encore leurs noms inscrits dans ce lieu où nous conservons de si précieux souvenirs.

Aujourd'hui, à la place de la croix de bois qui indiquait le caveau recouvert de terre où reposent nos saintes victimes, s'élève une gentille petite chapelle de style ogival. La croix en marbre blanc qui surmonte la façade émerge seule au-dessus de la tète des saules pleureurs dont les festons mêlent leur tendre verdure au vert foncé des cyprès qui encadrent les tombes.

Deux portes, ordinairement fermées par des grilles en fer, donnent accès dans ce petit sanctuaire où l'on rencontre d'abord une belle pierre tombale portant l'inscription suivante :

 

ICI REPOSENT :

FRÈRE JULES-ANDRÉ

stable, nè au diocèse de Lyon

le 17 juillet 1863

arrivé en chine

le 26 août 1893

nomme visiteur du district

en 1896

tué au pe-tang

le 12 août 1900

FRÈRE JOSEPH-FÉLICITÉ

profès perpétuel

né au diocèse de Chambéry

le 4 février 1872

arrivè en chine le 12 avril 1891

nommé directeur

de l'orphelinat de cha-la en 1897

tué au pe-t'ang

le 18 juillet 1900

 

 

 

Une pierre de même couleur supporte la pierre ou plutôt la table d'autel et sert d'en-tête à la pierre tombale. Au milieu de cette pierre se trouve le monogramme de l'Institut qu'entourent une branche de lis d'un côté et une palme de l'autre. A droite et à gauche du monogramme se trouve la devise mariste : « Laudetur Jesus-Christus et Maria Mater ejus »

La table d'autel ainsi que l'unique gradin sont en marbre blanc. Ces deux pièces ont été choisies parmi les débris des anciens cimetières des Missionnaires qui furent ravagés de fond en comble en 1900. Le gradin de l'autel qui est adossé au mur sert de piédestal à une croix en granit mesurant avec son socle m. 1,50 de haut. A droite et à gauche de cette croix sont dressées deux stèles en marbre blanc, débris d’une pagode dont nous fîmes l'acquisition en 1900. L'inscription gravée sur ces deux stèles en français et en chinois, est la suivante :

A la mémoire des Frères Maristes tombés victimes de la persécution des Boxeurs à Pékin et à Cha-la en 1900 : F. Jules- André, Visiteur, le 12 août ; F. Joseph-Félicité, Directeur, le 18 juillet ; F. Joseph-Marie-Adon, professeur, le 17 juin ; Jen Paul, postulant, le 17 juin. Les restes de ces deux derniers n'ont pu être retrouvés.

Au-dessus de la croix, une niche dans le mur attend une petite statue en fonte qui viendra de France, une Mater Dolorosa.

Cette petite chapelle, orientée au nord, est éclairée à l'est et à l'ouest par deux œil de bœuf de m. 0,50 de diamètre, servant, pour ainsi dire, d'acolytes à une fenêtre ogivale de m. 0,50 de large sur m. 1,50 de haut. Ces ouvertures sont closes par des fenêtres fixes faites avec des verres de différentes couleurs formant des dessins variés.

Tel est, mes bien chers Frères, dépeint en quelques mots, le monument que nous venons d'élever à la mémoire et à l'honneur de nos martyrs. Il est petit dans ses dimensions : quatre mètres de long sur trois de large, niais il est précieux par la richesse du dépôt qu’il renferme et la grandeur des souvenirs qu'il rappelle.

Les travaux seront terminés dans une huitaine de jours, mais nous devrons attendre jusqu'au congé du premier jeudi de juin pour réunir à Cha-la nos différentes communautés de Pékin et célébrer un service solennel qui sera suivi de la procession au cimetière où se fera l'absoute et la bénédiction de la chapelle »

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