Pour nos causes de béatification
13/Oct/2010
Le C. F. Joseph-Philippe, le zélé Vice-Postulateur de la cause du Vén. P. Champagnat, venait, quelques jours avant de mourir, de rédiger les pages suivantes et de les envoyer au Bulletin, en le priant très instamment de revenir souvent sur le sujet qui lui tenait à cœur : nos causes de Béatification.
Ses paroles sembleront ainsi nous venir d'outre-tombe et ne seront que mieux reçues de tous les Lecteurs, déjà si désireux de voir l'Eglise glorifier notre Père.
En reconnaissant et en proclamant à la face du monde entier la sainteté de l'un de ses enfants, l'Eglise se propose deux fins: la gloire de Dieu, auteur de toutes les grâces auxquelles a été fidèle son élu ; et la sanctification des âmes, en leur offrant à la fois un modèle à imiter et un protecteur puissant à invoquer dans leurs besoins.
« C'est une vérité certaine et digne de tout accueil, dit saint Bernard, qu'il faut imiter la conduite de ceux qua nous honorons d'un culte religieux ; courir de tous les élans de notre ardeur à la béatitude de ceux que nous appelons bienheureux; implorer le secours de ceux dont nous aimons à entendre l'éloge. »
« La chose est absolument vraie, ajoute-t-il, les saints n'ont pas besoin de nos biens et notre dévotion ne leur procure aucun avantage. De quelle utilité sont ces honneurs terrestres à ceux que le Père céleste honore? Il n'y va donc pas de leur intérêt, mais du nôtre que nous révérions leur mémoire. » (Brév. 6 nov. 4e leçon).
Quant à nous, membres de la famille religieuse Mariste, non seulement notre désir de la gloire de Dieu, l'exaltation de l'Église, et notre intérêt personnel, mais, en plus, notre affection pour notre Père, notre reconnaissance envers celui qui, par la Congrégation, a été l'instrument des multiples faveurs dont nous sommes comblés, envers celui qui, au moment suprême, a promis d'employer son crédit tout entier pour la Société, nous font un devoir de désirer et de rechercher la glorification du V. P. Champagnat.
A cette œuvre de gloire concourent deux facteurs: la miséricordieuse intervention de Dieu et la correspondance de l'homme.
Dieu généralement ne veut pas tout faire par lui-même dans ce qui regarde notre salut; il veut trouver en nous, qui sommes des créatures raisonnables, une coopération consciente.
Si nous n'obtenons pas selon nos ardents désirs la réalisation de nos causes de béatification, nous devons donc en rechercher la raison ici-bas dans une collaboration insuffisante ou défectueuse et dans les obstacles que nous dressons souvent contre les miséricordieux projets de Dieu.
Régularité. — Comme religieux le grand moyen d'obtenir de Dieu la faveur que nous attendons a été indiqué maintes fois dans les circulaires du Rév. Frère Supérieur Général. Voici un passage de celle du 15 août 1920 :
« La béatification du V. Champagnat, lisons-nous, ne contribuerait pas seulement à la gloire de Dieu et à celle du Vénérable. Parce qu'il est Père et Fondateur, une part de l'honneur suprême retomberait sur ses fils, sur notre famille; et cet honneur ne va pas sans de nombreuses faveurs célestes, sans de précieuses grâces. A ce point de vue, cet honneur est une récompense à laquelle nous devons aspirer, niais qu'il faut en quelque sorte mériter.
Nous pouvons donc affirmer, sans crainte de nous tromper, que nous hâterons le jour glorieux de la béatification de notre V. Fondateur, par la régularité, par la ferveur de notre vie comme religieux et par le zèle, la charité de notre apostolat comme éducateurs religieux.
Revenant sur la même idée, le Rév. Frère Diogène écrit le 25 décembre 1926: « N'oublions pas que la première et principale condition pour obtenir une faveur si ardemment désirée par toute la Congrégation, c'est la régularité et la ferveur de tous les religieux et de toutes nos communautés. » (XV° vol. p. 546).
Il insiste encore le 16 avril 1933: « C'est la régularité de nos communautés, la sainte vie de nos religieux et notre zèle à nous acquitter de nos fonctions d'éducateurs chrétiens qui disposeront le bon Dieu à nous accorder la faveur que nous sollicitons: la béatification de notre bien-aimé Père. » (XV° vol. p. 122).
Recherchant ce qui pourrait retarder l'avancement de la cause, il jette les yeux du côté de la régularité et il en avertit les Frères:
« Il y a, dit-il, les exceptions constituées par les communautés peu ou moins ferventes, il y a les manques de générosité, les abus, les irrégularités, les fautes des particuliers et des collectivités qui ralentissent la dispensation des grâces divines ou qui sont des obstacles aux faveurs célestes. » (Circ. du 24 mai 1923. XV° vol. p. 111).
D'où nous pouvons conclure qu'un Institut religieux dont tous les membres sont parfaitement réguliers, ne peut manquer d'obtenir la grâce qu'il souhaite et qu'il y a lieu aussi d'examiner si personnellement ou en raison de notre manque de vigilance sur ceux dont nous avons la charge, nous ne retardons pas la grande faveur demandée par tant d'autres avec ferveur.
La prière. — La prière, en effet, est le moyen efficace d'obtenir les grâces du bon Dieu. Nous faisons beaucoup de prières en communauté : chaque matin, à l'acte d'offrande, nous n'oublions pas nos causes de béatification ; fréquemment nous répétons la Prière pour obtenir la béatification, mais n'est-ce pas trop souvent sans attention, par routine ?
Avons-nous personnellement quelques pratiques spéciales ? Nous en acquittons-nous fidèlement ? « Prions-nous avec foi, avec persévérance: conditions indispensables de la bonne prière ? Faisons-nous des neuvaines, des triduum ?… Ayons des pratiques quotidiennes dans lesquelles nous invoquerons privément le V. Fondateur. » (Circ. du 2 février 1914, page 28).
Revenant sur le même sujet, qui lui tenait au cœur, le R. F. écrivait encore: « Je vous exhorte tous avec instance, à redoubler vos prières et à faire prier le plus possible à cette intention.
Faisons-nous assez pour que le V. Champagnat soit connu et pour que des prières ferventes, confiantes, nombreuses lui soient adressées pour obtenir des faveurs par son intercession?
….Il y a lieu de raviver notre zèle sur l'emploi des bons moyens destinés à en accélérer l'heureuse issue. » (Circ. du 24 mai 1916, page 228).
Un grand moyen de propagande, pour la région de l'Hermitage d'abord et bien au delà ensuite, a été la Revue Champagnat. Elle franchit aujourd'hui les mers. Partout les Frères au moins peuvent la lire et y trouver les éléments de leur pieuse propagande auprès des élèves.
Que de Directeurs ou simples professeurs d'écoles savent, par son moyen, former parmi leurs élèves d'ardents propagateurs et obtiennent ainsi des résultats fort encourageants. Ils savent montrer que l'honneur de notre V. Père est pour eux un devoir de reconnaissance, car c'est à son dévouement et à son esprit de sacrifice qu'ils doivent les Maîtres chrétiens dont ils jouissent et dont, peut-être, ont joui avant eux leurs pères ou leurs aînés.
En tout cas, dans toutes les localités où cette Revue est répandue, nous constatons que des faveurs distinguées ont été accordées. Ces faveurs, qu'on a soin de communiquer à la rédaction, remplissent chaque mois des pages. Elles encouragent la confiance de tous les lecteurs. Nul doute que ce zèle ne .doive hâter le jour si attendu de la glorification de notre Vénérable Père.
Comment travailler encore plus efficacement à une tâche si belle et si chère à nos cœurs? Le Souverain Pontife va nous le dire. Recevant le 9 octobre 1915, le Supérieur Général d'une Congrégation amie, celle des FF. de Ploërmel, le pape Benoît XV donnait cette consigne:
« Il est très important d'avoir des miracles et, pour cela, il faut faire connaître votre Fondateur, distribuer ses images avec des parcelles de ses vêtements, inviter les malades à s'adresser à lui en vue de leur guérison et de bonne heure demander un certificat du médecin ; car, souvent, quand la maladie a disparu, les docteurs attribuent la guérison aux seules forces de la nature et à leurs remèdes, refusant de reconnaître l'intervention du ciel. »
Le programme est précis: faire connaître les Serviteurs de Dieu et s'adresser á eux pour obtenir, par leur intercession, des miracles qui serviront leur cause, et procureront ainsi la gloire de Dieu.
Faire connaître. — D'abord il faut faire connaître le V. P. Champagnat et le F. François; peut-on honorer ceux qu'on ne connaît pas et recourir à leur intercession ?
Que n'ont pas fait les Carmélites de Lisieux et les amis de sainte Thérèse de l'Enfant Jésus pour la faire connaître et pour porter ceux qui étaient dans le besoin à recourir à son intercession ?
Que n'ont pas fait et que ne font pas encore les Pères Salésiens pour la glorification de leurs Serviteurs de Dieu?
La cause de St Jean Bosco a abouti rapidement.
Ils ont encore actuellement en cours celle du Vénérable Dominique Savio, de la Vénérable Mère Marie Mazzarello; celles des Serviteurs ale Dieu Don Rua, Don André Beltrami, dont les procès apostoliques sont en marche; celles des Serviteurs de Dieu: le Prince Auguste Czartoryski, Mgr Louis Versiglia, Don Calliste Caravario, Don Louis Mertens, dont le procès informatif est en instance; celles des Servantes de Dieu: Dorothée Chopitée, Sœur Thérèse Pantellini, Sœur Madeleine Morano dont le procès de l'Ordinaire va commencer.
Tous les membres et participants des Salésiens s'y intéressent et s'y emploient avec zèle.
Si, pour nous servir de l'expression de saint Paul, l'amour nous presse de procurer la gloire de Dieu, le salut des âmes, par la glorification du V. Champagnat et du F. François, d'autres motifs bien doux à nos cœurs nous pressent aussi : l'amour filial pour notre Père, la reconnaissance, la justice même.
Animés de tels sentiments, nous prendrons les moyens en notre pouvoir pour faire connaître autour de nous la Vie de nos Serviteurs de Dieu; nous ne souffrirons pas que nos élèves l'ignorent; nous leur apprendrons, avec l'histoire de leur vie, les vertus qu'ils ont pratiquées si excellemment et dont ils sont les modèles.
Ne négligeons pas les manifestations extérieures dont les enfants ont besoin. Le portrait, les images, le Calendrier Champagnat doivent être familiers à tous nos élèves, répandus par eux et dans leurs familles. Un moyen indiqué est de les donner en récompense.
Dans les classes, au parloir et dans les appartements ces portraits et le calendrier Champagnat doivent être en bonne place.
Les élèves en profiteront plus qu'on ne pense, si, en classe leur attention est amenée de temps à autres à les contempler.
A l'occasion des neuvaines, et plus particulièrement le 6 juin pour la Journée Champagnat, une sobre décoration rappellera à toute l'école, avec les faveurs sollicitées spécialement, la glorification si ardemment désirée.
Ce soin de décoration pourrait être laissé aux élèves, soit d'une classe, soit de toutes les classes alternativement.
Les images petit format, les feuillets à 6 pages constituent également un moyen puissant entre les mains de ceux qui savent s'en servir. On les répand le plus possible.
Mentionnons les images souvenirs à propager, à bon escient, parmi les personnes qui veulent recourir à l'intercession de nos Serviteurs de Dieu, pour solliciter quelques faveurs: le choix d'un état de vie, l'acquisition de telle vertu, la demande d'une vocation supérieure, la guérison d'un malade, etc., toute grâce spirituelle ou temporelle.
Le récit des faveurs obtenues amorcera naturellement la question des neuvaines pour la guérison des malades et conséquemment celle de la cause de béatification des Serviteurs de Dieu. Il faut que sur ces divers sujets les enfants soient suffisamment instruits pour qu'à l'occasion ils soient auprès de leurs parents et amis, les avocats et les apôtres de cette cause, surtout qu'ils sachent bien ce qu'il faut faire, en cas d'accident ou de maladie grave, dans leur parenté ou dans leur voisinage.
Tout d'abord ils avertiront leur Maître qui leur proposera de recourir à l'intercession du Serviteur de Dieu et fournira autant que possible une image-relique ; en cas de besoin, il entrera dans quelques détails pour les prières à faire pendant la neuvaine et la manière de les faire. On n'oubliera pas d'associer tous les élèves de l'école à la neuvaine. En cas de guérison subit, recueillir par écrit, le plus tôt possible, les dépositions des témoins oculaires, ainsi que les constatations des médecins, avant et après la guérison, toutes pièces dûment signées.
La Journée Champagnat. — La Journée Champagnat, le 6 juin, doit être marquée dans nos écoles avec quelque solennité.
Elle sera préparée par la prière, par quelque instruction sur le Vén. Fondateur. On peut rappeler pendant les neuf jours qui précèdent quelqu'une de ses maximes.
Le 6 juin, les enfants sont invités à assister à la sainte messe, à y chanter quelque cantique en l'honneur de la sainte Vierge et à y recevoir la sainte Communion.
Dans tous les exercices de la journée domine la pensée du V. Père, et pour que ce souvenir soit plus vivant et se grave davantage, on expose le tableau du Vénérable à une place d'honneur, orné avec goût, évidemment mais sans luminaire.
Une petite séance récréative sur le sujet de la fête est parfaitement de mise et produit un excellent effet.
Toute cette solennité impressionne profondément les enfants, leur donne une haute idée du Vénérable, les porte à s'adresser à lui dans leurs besoins, et les incite à regarder la vie religieuse comme une faveur extraordinaire.
Cette Journée est un plaisir bien doux pour le Frère animé de l'esprit filial, pour les enfants eux-mêmes: ils s'y intéressent volontiers avec ferveur et enthousiasme pour la gloire de Dieu, pour l'exaltation de l'Eglise et le plus grand bien des âmes.