Prem. communion Ă  Uruguayana

07/Sep/2010

La Première Communion est loin d'être passée à l'état d'habitude dans le Rio Grande do Sul. Avant l'arrivée des Frères dans l'intérieur du pays, un bien petit nombre avaient accompli ce grand acte de la vie chrétienne ; c'est ainsi qu'à Uruguayana, ville de 20.000 habitants, à peine une cinquantaine de personnes avaient conservé l'usage des sacrements. Dans beaucoup de paroisses, le rôle du Curé se bornait à administrer le Baptême que la plupart des enfants ont toujours reçu, à bénir quelques mariages, et à recommander les défunts. Aussi on peut comprendre que les difficultés furent grandes pour modifier un tel état de choses ; on rencontra surtout une grande opposition à la confession des enfants ; certaines familles refusèrent même formellement d'y donner leur consentement. Cependant, la grâce de Dieu aidant, les efforts ne sont pas restés vains, comme on en jugera par les chiffres suivants des Premières Communions : 0 en 1905, 18 en 1906, 24 en 1907, 9 en 1908, 0 en 1909, 32 en 1910 et 37 le 7 septembre 1911.

Depuis le 15 août, ils étaient 40 à suivre le catéchisme préparatoire, et, vu leurs admirables dispositions, on n'aurait pas un instant douté d'un succès complet, sans la douloureuse expérience des années précédentes. Sagement dirigés et pieusement formés par le dévoué F. A*** à une habile tactique de diplomatie, 37 d'entre eux obtinrent l'autorisation de leurs parents. C'était la chose capitale et une victoire de premier ordre que seuls peuvent bien apprécier ceux qui connaissent notre situation.

Ces chers enfants ont montré la plus grande bonne volonté et beaucoup de sérieux dans la retraite préparatoire, presque entièrement dirigée par l'un de nous. C'était admirable de les voir passer de longues heures à l'église récitant pieusement le chapelet ou faisant le chemin de la croix.

La cérémonie, d'abord fixée au 8 septembre, eut lieu le 7, notre vénérable archevêque ayant témoigné le désir qu'elle fût offerte comme hommage de filiale reconnaissance pour le décret. Quant singulari : le 7 était en effet le jour anniversaire de l'ordination sacerdotale de Sa Sainteté PIE X.

Dès 7 h. et demie les premiers communiants quittaient le collège, accompagnés d'une vingtaine de leurs camarades qui devaient les suivre à la sainte Table. Le temps, très menaçant la veille, semblait, en se mettant subitement au beau, avoir voulu accroître l'allégresse générale. Un harmonieux cantique salua leur entrée dans l'église trop petite ce jour-là pour contenir la foule des parents et amis qui voulaient être témoins du bonheur de leurs enfants. Pendant la messe célébrée par le R. P. Caruso, Vigario de la paroisse, la chorale exécuta de magnifiques chants de circonstance. A l'offertoire eut lieu la rénovation des vœux du baptême suivie immédiatement d'une allocution touchante du P. Constancio, qui fit ressortir l'honneur que Dieu faisait aux parents en admettant leurs enfants au banquet sacré.

Puis ce fut le moment solennel de la communion. Il est impossible de traduire le bonheur qui se peignait sur les jeunes visages de ces enfants lorsqu’ils revenaient à leur place emportant dans leur cœur leur Dieu qui venait d'en prendre possession. Qu'ils étaient beaux à voir en cet instant solennel les plus jeunes surtout, beaux comme des séraphins, produisaient une impression profonde sur tous les assistants.

Beaucoup d'entre ceux qui les regardaient avec admiration et envie auraient pu s'écrier avec le poète :

« Qu'ils sont aimés, grand Dieu, tes tabernacles !

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Un seul moment qu'on passe dans ton temple

Vaut mieux qu'un siècle au palais des mortels ».

Environ 90 personnes, élèves ou adultes, les ont suivis à la sainte table. Dans ce nombre étaient une dizaine de dames qui communiaient pour la première fois. Jamais un tel spectacle ne s'était vu à Uruguayana ; on n'en pouvait croire ses yeux ! N'est- ce pas un signe certain que la foi se réveille dans ces populations et un gage d'espérances pour l'avenir ?

Après la messe les privilégiés du jour et les camarades qui les avaient accompagnés au Banquet divin, se réunirent dans la cour intérieure du Collège artistement décorée pour la circonstance, et tous firent honneur à un excellent déjeuner de fête. Après quoi il fut remis à chacun un magnifique souvenir du grand acte qu'ils venaient d'accomplir ; le reste de la journée se passa dans la plus franche gaieté et dans des exercices de sport où têtes et jambes purent prendre la revanche de la contention ou de la contrainte des jours précédents.

En somme, délicieuse journée qui console de bien des peines et difficultés et encourage à travailler avec une nouvelle ardeur pour assurer la persévérance de ces enfants et préparer une génération franchement chrétienne.

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                                                                        Extrait d'une lettre du C. F. EDOUARD Directeur

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