Prise dhabit Ă Mendes
03/Sep/2010
Une prise d'habit1. — Le 21 décembre dernier, la maison provinciale de Mendes inscrivait sur ses registres les noms de 12 nouveaux Frères qui venaient de prendre l'habit. Comme probablement tut événement de cette importance ne se renouvellera pas de sitôt, il m'a paru qu'à ce titre et à celui de nous avoir valu la présence de notre vénéré Prélat, S. E. Mgr Bennassi, évêque de Nietheroy, il mériterait peut-être d'occuper une petite place dans les pages du Bulletin. Les motifs de tristesse étant, hélas ! si fréquents dans la vie, pourquoi ne pas leur op poser, quand l'occasion s'en présente, les raisons légitimes que nous avons de nous réjouir ?
Du 14 au 21 décembre, nous avions la retraite générale annuelle de tous les Frères de la province. Pour se conformer aux prescriptions de nos Constitutions, les douze postulants qui se préparaient à prendre l'habit, avaient commencé leur retraite deux jours auparavant, et c'est l'impression de tous ici qu'ils se sont montrés d'une édification qu'on n'aurait pu espérer plus grande. Ils avaient soupiré avec tant d'ardeur après cet heureux jour où ils allaient entrer définitivement dans la Congrégation ! Comment n'auraient-ils pas fait tout leur possible pour accomplir clans les meilleures dispositions ce premier pas de leur vie religieuse ? Ils avaient d'ailleurs l'exemple des Frères qui se livraient aussi avec beaucoup de ferveur aux saints exercices de la retraite.
Nous appartenons au diocèse de Nietheroy, et Mgr Bennassi, qui depuis deux ans déjà en est l'évêque bien-aimé, n'était pas encore venu à Mendes : je profitai donc de la circonstance pour l'inviter à venir présider la cérémonie de l'émission des vœux et la première vêture importante que nous avions au Brésil, ce qu'il accepta très volontiers.
Les trains ne permettent pas à Monseigneur d'arriver à temps, pour les cérémonies du matin, à moins de venir la veille. C'est. le parti qu'il n'hésite pas à prendre, et, dès le 20 à deux heures du soir, il fait son entrée à la maison San José, que nous avions décorée de notre mieux pour la circonstance.
Sa Grandeur semble très intéressée du spectacle qu'il a sous les yeux. Il s'avance à pied jusqu'au jardin qui précède la maison, s'étonne de trouver clans une pareille solitude un établissement de si confortable aspect, salue en passant une belle statue de N.-D. de Lourdes posée sur un rocher en avant d'un bosquet de bambous, qui lui forme un gracieux fond de verdure, et arrive bientôt à la chapelle où il est reçu au chant de l'Ecce Sacerdos Magnus.
Une heure après, il apparaissait, aux applaudissements de tous, au seuil de la salle des exercices où toute la communauté l'attendait pour une petite réception officielle. Il écouta avec condescendance une adresse de bienvenue qui lui fut lue par un des Frères, et dans sa réponse, il se montra charmant d'à propos et plein cl' une paternelle affection pour notre Congrégation et ses œuvres.
Le lendemain, 21, était le grand jour, désiré avec une égale ardeur par les heureux postulants qui devaient revêtir le saint habit, par les sept jeunes Frères qui devaient monter à l'autel du sacrifice et se vouer à Dieu par l' émission de leurs vœux perpétuels, et par tous comme la clôture d'une bonne retraite qui avait répandu la joie dans tous les cœurs.
Monseigneur s'était mis à notre disposition. Sur ma demande, il veut bien dire la messe de Communauté où ont lieu deux 'émissions du vœu de stabilité, et communier tous les Frères de sa main ; puis, à peine le temps de prendre un léger déjeuner, et c'est déjà l'heure de la vêture, qui doit être immédiatement suivie de l'émission des vœux.
Après un beau sermon, où il fait l'éloge des vertus que tout bon religieux doit mettre à la base de sa vie : l'humilité, l'obéissance, la charité, Monseigneur bénit. les soutanes, qu'on avait disposées près de l'autel, en suivant avec exactitude le cérémonial ordinaire, et il commence l'interrogatoire. Tandis qu'il adresse les questions en portugais, les postulants répondent en français ; .mais à peine le remarque-t-on dans l'auditoire, tellement on est habitué à se servir indifféremment des deux langues.
Enfin, voilà l’heure solennelle arrivée. Les postulants s'en vont deux à deux, pendant que le chœur chante In exitu Israel ; puis ils reviennent bientôt après, le cœur plein d'une joie qu'ils ont peine à contenir. Monseigneur, resté au pied de l'autel, les reçoit de nouveau, et le dialogue interrompu recommence ; mais il est bientôt terminé, et chaque nouveau Frère, d'une voix émue, prononce sa consécration.
Quand tous ont fini et qu'ils ont entendu leur nom de religion, ils se retirent, et sont remplacés devant Monseigneur par les sept Frères plus heureux encore qui vont se consacrer définitivement à Dieu par la profession perpétuelle et qui accomplissent leur sacrifice avec la même générosité.
Puissent-ils, les uns et les autres, ne jamais oublier les joies si douces de ce jour, et, après avoir mis si vaillamment la main à la charrue, poursuivre jusqu'au bout, sans jamais céder à la tentation de regarder en arrière, l'enviable sillon que la Providence leur a confié ! C’est la grâce qu’auront sans doute demandée pour eux à la Sainte Vierge la plupart des assistants, dans le beau chant du Sub tuurn par lequel, comme d'ordinaire, s'est terminée la cérémonie. C'est aussi le vœu que forme de toute son âme, en leur demandant une prière, le pauvre rédacteur de la chronique du Bullet.
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1 Ce compte-rendu est le résumé forcément un peu incolore d'une relation très intéressante du C. F. Adorator, Provincial, que le défaut d'espace ne nous a pas permis d'insérer in extenso.