Réception du T. R. Frère Stratonique à Quillota

24/Sep/2010

De la République Argentine, où nous l'avons laissé dans le dernier numéro du Bulletin, le T. R. Frère Stratonique passa successivement, avant d'aborder aux Etats-Unis et au Canada, par tous nos établissements du Chili et du Pérou. Il put même faire une apparition à la Havane, capitale de la république cubaine, et partout il reçut un chaleureux accueil non seulement de la part de nos Frères et de leurs élèves — ce qui allait de soi — mais encore des membres du clergé, des comités d'œuvres catholiques, et même assez souvent des autorités civiles. Dans l'impossibilité où nous sommes de présenter ici un compte rendu même succinct de toutes ces réceptions, nous nous bornerons à donner à titre d'échantillon, d'après un journal du pays, quelques détails sur celle qui lui fut faite à Quillota, intéressante localité située un peu à l'est de Valparaiso (Chili), où depuis 1914 nos Frères dirigent un collège florissant.

A son arrivée par le train de Santiago, il trouva à la gare, venus pour le saluer, non seulement la communauté des Frères avec les élèves anciens et actuels du collège, mais toute une élite nombreuse de ce que la population a de plus distingué; et ce fut au milieu de ce sympathique et imposant cortège qu'il fit, avec le Frère Constancien et le Frère Guillaume qui l'accompagnaient, le trajet assez long qui sépare la gare du collège. Le journal remarque qu'il refusa toute voiture et que, malgré ses 80 ans, il fit gaillardement la route à pied sans en éprouver la moindre fatigue. Naturellement, pour recevoir un hôte si vénérable et si aimé, le collège avait revêtu, à l' intérieur et à l'extérieur, la plus belle parure qu'avaient pu lui préparer les mains filiales de ceux qui l'y attendaient. A peine y était-il arrivé que M le Maire et plusieurs autres notabilités de la ville, notamment le recteur du Lycée, vinrent également le saluer; et, après une courte visite à la chapelle, où l'on rendit grâces à Dieu de son heureux voyage, il dut monter sur l'estrade, acolyte à droite et à gauche par tout ce grand monde, pour les souhaits officiels de bienvenue, qui lui furent exprimés en ces termes distingués par M Alvaro Rodriguez, le chef aimé du parti catholique.

 

Très Révérend Frère Délégué,

C'est à l'amabilité des Petits Frères de Marie qui dirigent ce cher Collège et de la chrétienne population de cette localité que je dois le grand honneur de vous souhaiter la bienvenue parmi nous, en vous disant avec quelle affection respectueuse nous vous recevons et quel grand prix nous attachons à votre bienveillante visite.

Après une longue vie consacrée tout entière à promouvoir les plus nobles intérêts de l'enfance et de la jeunesse en lui préparant de bons maitres pour l'instruire, la diriger et la sauver, vous avez voulu, au déclin d' une aussi sainte existence, venir visiter vos dignes disciples, voir de près leur travail intense, et les consoler par votre exemple de l'absence de la famille et de la patrie, généreusement, quittées pour le meilleur service de Dieu et de l'humanité.

Comme un père tendrement aimant, vous avez voulu constater de visu la compétence intellectuelle, morale et religieuse de vos fils dans l'enseignement, compétence que vos efforts, durant le cours de votre généralat, ont tendu si fructueusement à perfectionner et accroître. Comme robuste tronc de l'arbre gigantesque dont la féconde main du Vénérable Champagnat jeta, il y a plus de cent ans, la semence à l'Hermitage, vous avez voulu en contempler les nombreux et vastes rameaux qui s'étendent sur tout le monde, les uns couverts des belles fleurs de l'espérance et les autres chargés des fruits savoureux de la réalité.

Eh bien, Vénérable Frère, vous voyez ici, dans ce petit coin de notre chère patrie, un remarquable échantillon de ces fruits et de ces fleurs : c'est l'heureux groupe de jeunes gens et d'enfants qui se sont formés ou sont en train de se former dans ce beau Collège. ils sont une partie de la nombreuse famille de vos enfants, qu'ils aiment comme leurs seconds pères, dont ils placent l'image dans leurs cœurs à côté de ceux-ci, et dont ils écoutent les leçons avec respect, affection et reconnaissance. Vous avez aussi devant vous de nombreux chefs de famille, qui s'estiment heureux de confier à vos affectueux et dévoués Frères le soin et la direction de ces chers objets de leur amour, sachant bien qu'ils ne sauraient mieux être remplacés auprès d'eux durant leur absence. Dans ce saint et salutaire foyer conçu par la grande âme d'un saint prêtre sous l'inspiration du zèle apostolique, élevé en grande partie par la main libérale d'un généreux bienfaiteur, et toujours protégé, par l'Eglise, descendent, comme la rosée du ciel, la foi, la science et la vertu.

Les premiers élèves, ceux que nous appellerons fondateurs de ces salles de classe, ont déjà reçu le diplôme qui leur permet de suivre une carrière professionnelle, ou de se livrer dans des conditions avantageuses à un travail honorable et productif; pourvus qu'ils sont des armes intellectuelles et morales dont l'homme a besoin, dans la lutte de la vie, pour accomplir sa haute destinée en se rendant utile à la patrie, à la société et à la famille.

A leur suite s'avance la belle phalange de ceux que nous voyons ici lutter avec ardeur et persévérance, à l'exemple de leur devanciers, pour arriver avec honneur et distinction au même résultat; et, d'année en année, accourent, comme des volées d'oisillons, les tout petits, qui du sein de leurs familles viennent avec avidité recevoir ici la nourriture intellectuelle et morale qui s'y distribue d'une main aussi aimante que prodigue.

Ce beau Collège ne peut manquer d'avoir sur l'avenir de la localité une influence aussi heureuse que puissante; car l'enseignement qu'y reçoivent ceux qui le fréquentent est on ne peut plus apte à faire des hommes bons dans toute la vraie acception de ce mot, des hommes qui sachent remplir dans sa plénitude la mission si faute et si étendue du croyant convaincu, du citoyen honnête et laborieux et du gardien consciencieux du foyer.

En ces temps malheureux, où le monde convulsionné semble vouloir, dans son délire, secouer les bases de toute organisation morale et sociale, il est grandement consolant de voir les efforts de ces établissements dont les maîtres dévoués réussissent à grouper autour d'eux ceux qui doivent être les fondateurs de la société de demain et procurent ainsi à la famille le soutien, la consolation et la paix: cette paix qui est le suprême bonheur de la vie, ce qu'il y a sur la terre de plus semblable au ciel, puisqu'elle est le reflet du modeste asile de Nazareth, dont la lumière rédemptrice ne manquera jamais de répandre son doux éclat sur toutes les familles chrétiennes.

Que Dieu ait auprès de Lui l'âme créatrice du Patriarche fondateur de cette sainte et bienfaisante Congrégation! Qu'il daigne bénir, protéger et conserver ceux qui la dirigent! .

Qu'il fasse descendre sur le digne prêtre qui édifia cette maison et lui amena ses premiers habitants, de même que sur ses généreux coopérateurs, tous les biens spirituels et temporels que méritent ceux qui professent ses divines doctrines, les enseignent et les inculquent . à leurs semblables!

Enfin, vénérable Délégué. recevez les félicitations les plus sincères de vos disciples, de leurs élèves, et de toute cette population, qui vous souhaite de toute son âme un agréable et heureux séjour sur ce sol qui nous est si cher, et fait des vœux pour que la divine Providence écarte de vous tout fâcheux accident durant votre long voyage et vous conduise comme par la main jusqu'à votre retour dans votre sainte maison.

 

Aux applaudissements de l'assistance, le T. R. Frère dit plaisamment à l'orateur, en le remerciant de son beau discours, dont les principaux passages avaient provoqué de chaleureuses acclamations: "Si j'étais Président de la République, je ferais de vous un ministre de l'instruction publique",. Et il trouva également des termes heureux pour exprimer sa gratitude et celles des Frères à M le sénateur Rafael Ariztia, à M. l'abbé Ruben Castro, curé de Quillota, à M. le maire, Cyprien Estay,… et à toute la sympathique population, qui, avant de lui faire à lui-même un si aimable accueil, s'est toujours signalée par son attachement aux Frères et à leur ouvre. Il unit ses applaudissements à ceux de tous les auditeurs, en écoutant le discours du jeune Manuel Calcagno, qui après avoir fait, au nom des anciens élèves, ses condisciples, un reconnaissant éloge des enseignements qu'il avait reçus et des bons procédés dont il avait été l'objet pendant son séjour au Collège, exposa les projets qu'ils forment, lui et ses camarades, pour le bien de la jeunesse catholique du pays. Puis, enfin, lorsque, à une heure déjà tardive, tout le programme eut été épuisé, il dit encore en français quelques bonnes paroles à ces braves gens, et les congédia par ces mots, prononcés cette fois en leur langue: Muchas gracias y buenas noches!

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