En 1924, la Province d'Argentine établissait à Pergamino une école que les Frères fondateurs mettaient sous le patronage de Saint Joseph.

Les difficultés des premiers temps furent grandes comme dans toute œuvre qui commence: la maison d'école était vieille et peu adaptée à la vie écolière. Mais grâce au dévouement des Frères, l'œuvre prit un bon départ. La population lui fit bon accueil et les classes se remplirent sans tarder. La ville dans son ensemble appréciait le bienfait de posséder un établissement ouvert à toutes les classes sociales et où les enfants recevraient une éducation conforme aux principes chrétiens.

 

Les anciens élèves se souviennent encore du vieux collège avec l'émotion que suscite le souvenir des années juvéniles. Répandus aujourd'hui à travers toute la région, exerçant les fonctions les plus diverses, ils sont restés unis par les liens de l'affection et leur Amicale s'est maintenue et s'est toujours intéressée aux œuvres maristes.

Avec les années la maison avait grandi et bientôt l'enseignement secondaire vint s'ajouter au primaire. Le collège prospérait. La petite semence avait donné des fruits abondants. Mais, en 1945, arriva une mauvaise nouvelle. Une circulaire des Supérieurs de la Province mariste avertissait parents et élèves et leur disait : «Nous avons le regret de vous faire savoir que nous nous voyons dans l'obligation d e retirer les Frères de l'école de Pergamino. La nécessité où nous sommes de remplir les vides laissés par ceux de nos Frères rappelés en Europe à la suite de la fin de la guerre est la cause de cette résolution que nous regrettons autant que vous».

En effet, en février 1946, au grand regret de la population, les FF. se retirèrent Une grande foule était venue les saluer au départ et manifester sa douleur. Mais dès ce jour naquit la résolution de travailler à leur retour. Le Docteur Angel Godoy, le premier élève de 1924, et sa digne mère, Mme Blanca Ferreira de Godoy, jetèrent les bases d'un accord avec les anciens de l'école, en vue de travailler à ce retour dès que disparaîtraient les circonstances qui avaient occasionné ce départ.

Ce retour, grâce à Dieu, vient d'avoir lieu. Après bien des années de sacrifices, l'action persévérante des anciens élèves vient de produire ses fruits. Que de démarches, de voyages, de réunions ne leur a-t-il pas fallu pour arriver à leur but et procurer à leurs enfants et petits enfants l'éducation chrétienne dont ils avaient joui eux-mêmes!

 

 

 

C'est aujourd'hui un fait accompli. Les Frères sont de nouveau à l'œuvre et l'avenir s'annonce plein de promesses.

Leur retour a donné lieu à des manifestations de sympathie de la part de toute la population. A leur arrivée, une grande foule les attendait et les autorités les ont reçus avec grands égards. A l'église, Monseigneur l'évêque diocésain entonna un Te Deum et souhaita aux Frères de grands succès dans leur mission éducative. Au collège, les manifestations de joie se renouvelèrent. Monseigneur bénit les installations scolaires et une statue de Saint Joseph qui a réintégré sa place dans la cour centrale de l'école. Cette statue mérite une mention spéciale. Lors de la fermeture de l'établissement, elle fut donnée à la maison de noviciat d'Alta Gracia où elle a été honorée; mais le retour des Frères à Pergamino a vu aussi celui de Saint Joseph. Les anciens élèves sont allés la reprendre et l'ont réinstallée à l'endroit où, pendant 21 ans, elle avait présidé à leurs ébats d'enfants.

Le collège a repris vie avec huit classes primaires. Les sections des petits sont dirigées par des maîtresses, mais les Frères se réservent le droit d'y faire le catéchisme. Le nombre initial des élèves a été de 300 environ.

La commission des anciens qui a travaillé au retour des Frères se promet de continuer ses activités pour le développement du collège. On projette déjà l'achat de certaines propriétés avoisinantes pour y bâtir de nouvelles classes. Les succès obtenus font bien augurer pour l'avenir. Le travail accompli est une preuve de ce que peuvent la constance et l'enthousiasme, quand c'est pour Dieu et pour le bien de l'enfance que l'on se dépense.

(Voir « Ecos de Familia », juin 1965)