Rome – Précis historique sur lancien et le nouveau « San Leone Magno ».
F. Enrico
25/Oct/2010
Dès 1863, lors de l'approbation de l'Institut par le Saint-Siège, les Supérieurs se rendirent compte de l'intérêt que présenterait notre installation à Rome, au centre de la catholicité, mais ce ne fut qu'en 1886, dans une audience auprès de S. S. Léon XIII, que le Rév. F. Théophane manifesta au Saint-Père son désir d'ouvrir une école dans la Ville éternelle.
A cette époque, la florissante Province de Saint-Paul-Trois-Châteaux, qui comptait plus de 800 Frères, avait comme Assistant Général le C. F. Bérillus, âme douée d'une clairvoyance peu commune et d'un esprit apostolique exceptionnel. Dès les premiers jours de novembre 1886, le paquebot Tirreno embarquait à .Marseille, à destination de Gênes et de Rome, les FF. Marie-Urbain, Illide, Alvar et Emery. Les Frères descendirent chez les Pères du Sacré-Cœur d'Issoudun, rue délia Sapienza, n° 38, où ils furent cordialement accueillis par le P. Victor Jonet, Supérieur de la maison. Ils devaient y passer un temps assez long pour apprendre l'italien et s'initier aux méthodes et règlements scolaires en vigueur en Italie. Six mois après, avec l'agrément de S. Em. le Cardinal-Vicaire, ils s'établirent via Flavia, 18, où ils continuèrent leurs études et cherchèrent un terrain pour y construire une école. Après bien des recherches inutiles, ils se fixèrent via Palestro, 19, dans deux appartements loués, au rez-de-chaussée pour les classes et au dernier étage pour la résidence. C'était le 4 novembre 1887.
Selon quelques-uns, c'était une témérité que de vouloir fonder une école catholique à cette époque de libéralisme insensé, surtout pour des religieux étrangers ne connaissant pas l'italien. Les Frères pensèrent alors à s'adjoindre un maître d'école pour les aider dans leur tâche. Ils eurent la main heureuse en faisant appel au concours de M. Cesare Teodonico qui consacra à la nouvelle école toute son énergie et toute son expérience. Pendant ce temps, les Frères Candidus, Vinebaud et Philadelphus étaient venus de France pour prêter main-forte aux premiers arrivés. L'ouverture fut fixée au 4 novembre mais ce jour-là, il n'y eut aucune inscription. Les Frères attribuèrent cette déception à l'ouverture trop tardive et à l'ignorance du public sur les œuvres des Frères Maristes. Cette situation dura près d'un mois. Sans se décourager, les Frères attendirent patiemment, dans l'incertitude, jusqu'aux premiers jours de décembre. La famille Ceresole, qui logeait dans le même immeuble et qui arrivait du Piémont, fit inscrire son petit Henri pour la première élémentaire. Ce fut là l'hirondelle annonciatrice du printemps car, aussitôt après, quelques enfants se présentèrent, si bien qu'on arriva à la fin de l'année avec une quinzaine d'élèves. L'année suivante, on en comptait une cinquantaine. Le départ était pris.
Quoique ces débuts ne fussent guère encourageants, le Rév. F. Théophane mit son espoir dans la Providence et il acheta un terrain de 2.000 mètres carrés au bout de la rue Montebello, entre les murs auréliens et l'école communale Pestalozzi. La construction avança rapidement si bien qu'on put faire coïncider l'ouverture de la nouvelle école avec le Jubilé sacerdotal de S. S. Léon XIII. Dans l'audience accordée à cette occasion, le grand Pape appela la bénédiction de saint Léon sur l'Institut. Ce fut là le baptême de « S. Leone Magno ».
Les élèves, au nombre de 80, rentrèrent dans le nouveau local au début de l'année scolaire 1889-1890. Le F. Marie-Urbain était l'âme du Collège, le F. Candidus le secondait de toutes ses forces et les autres Frères suivaient leurs traces. De leur côté, les élèves venaient de plus en plus nombreux et l'on prévoyait un avenir florissant quand il plut à Dieu d'appeler à la récompense le Directeur bien-aimé, frappé d'apoplexie foudroyante à son bureau, le 21 juin 1898.
Le premier moment de stupeur passé, le F. Candidus qui succéda au regretté défunt, travailla de son mieux au développement de l'école dont le nombre des élèves s'éleva bientôt à 150. Mais la double charge de Directeur et de Procureur Général près Je Saint-Siège, avec toutes les démarches qu'elle impliquait, ne permettait pas au F. Candidus de se consacrer comme il l'aurait voulu, à sa tâche de direction ; c'est pourquoi, en 1901, fut-il affecté uniquement à la Procure Générale alors que le F. Emery le remplaçait à la tête du Collège.
Ce fut à cette époque que le Frère Assistant donna une nouvelle impulsion aux études. Il réunit à Rome tous les jeunes Frères italiens et, après une sérieuse préparation, les fit se présenter aux examens officiels de la « Licenza normale » qui donnait le droit d'enseigner dans les classes élémentaires. Il les poussa ensuite à suivre les cours de l'Institut technique et même ceux de sciences et de mathématiques à l'Université pour acquérir le droit d'enseigner dans les écoles techniques. Une section professionnelle fut établie au Collège dont le nombre des élèves passa à 200.
Pendant les longues années du directorat du F. Serafino, ce nombre alla toujours en croissant et ce progrès s'amplifia encore sous son successeur le F. Raffaele qui fut le grand constructeur du Collège « S. Leone Magno ». Ce fut lui qui présida à son agrandissement par l'érection d une construction supplémentaire avec de grandes classes vitrées un bel escalier pour favoriser les évolutions des élevés dans la maison surtout au moment des entrées et des sorties, une magnifique chapelle, une salle de théâtre, un portique-marquise très commode les jours de pluie. C'est alors que l'on put établir les cours de l'Institut technique inférieur et ceux des classes de gymnase. Le nombre des élèves s'éleva à 600.
On arriva ainsi à 1939, date à laquelle le Collège célébra solennellement son cinquantenaire. Sur l'intervention de S. Em. le Cardinal Marmaggi, une lettre de la Secrétairerie d'Etat du Vatican apporta au F. Domenico, Directeur, les encouragements et les félicitations de S. S. Pie XII, pour le bien accompli pendant les cinquante premières années du Collège et ses meilleurs souhaits, bien fondés, pour regarder avec confiance l’avenir. Dirigeants et Maîtres, encouragés par la Suprême Autorité, se mirent aussitôt à l'œuvre pour établir les cours techniques et classiques qui permettaient de garder les élèves jusqu'à la fin de leurs études et de compléter ainsi chez nous leur formation. Les dortoirs furent transformés en classes et les cours purent ainsi fonctionner normalement. La reconnaissance légale fut obtenue peu de temps après et le nombre des élèves passa à 700, ensuite à 800 puis à 900 et monta même à 970. Ces résultats remarquables furent dus aux Directeurs successifs, les FF. Sebastiano, Pancrazio, Domenico, Alessandro, aujourd'hui Procureur Général, et Gildo, Provincial actuel d'Italie.
Le Collège était devenu insuffisant pour cette population scolaire en perpétuel accroissement. Aucune séparation des grands d'avec les moyens et les petits n'était possible et l'unique cour, trop petite, ne répondait plus aux besoins même élémentaires, d'une école. Devant cet état de choses, les Supérieurs Majeurs, le F. Provincial et son Conseil, le F. Gaetano, Directeur, étudièrent soigneusement la solution hardie du transfert du Collège sur un vaste emplacement, dans un des nouveaux quartiers de la ville, par la construction d'un bâtiment ad hoc. Après avoir bien pesé toute chose, après bien des recherches, on arrêta son choix sur l'actuel emplacement, à 2 kilomètres de l'ancien, entre la via Nomentana et la via S. Costanza, à 200 mètres de la Basilique Sainte-Agnès. Le nouveau Collège fonctionne depuis l'année dernière à la satisfaction générale. Chaque section a son pavillon, sa propre cour pour les petites récréations et son entrée particulière permettant ainsi l'autonomie voulue à chaque ordre d'enseignement avec sa direction et son personnel. Le nombre des inscriptions était déjà de 1.050 à la rentrée de 1957 ; en 1958, il s'élevait à 1.170. L'année prochaine, on ouvrira trois nouvelles classes, ce qui portera la population scolaire à 1.300 élèves. L'établissement destiné à recevoir uniquement des externes, atteindra ainsi sans tarder les 1.500 élèves pour lesquels il a été construit. On pense, pour plus tard, à la construction d'un pensionnat sur l'emplacement de « Prato Lauro », à 8 kilomètres sur la Nomentana. près des catacombes de saint Alexandre où se trouvent, les terrains de sport : football, tennis, pistes de patinage, etc. Les élèves s'y rendent à tour de rôle une fois par semaine dans l'après-midi, pour pratiquer le sport sous la surveillance de leurs maîtres.
Les photos jointes au texte permettent de se faire une idée des bâtiments et de leur caractère tout à fait spécial et unique à Rome : constructions à grands vitrages montés sur des châssis en aluminium inattaquable, qui courent tout le long des parois latérales des classes et qui donnent aux bâtiments l'apparence d'un palais de verre posé au milieu d'un parc de gigantesques cèdres séculaires. Une simple inspection suffît au visiteur pour se rendre compte que l'architecte, M. Lenti, a soigneusement étudié les moindres détails et que l'entrepreneur, sous le contrôle vigilant et expérimenté du F. Fabiano, a réalisé parfaitement les plans prévus. L'établissement est un modèle du genre sous tous les rapports : installations sanitaires modernes, éclairage, chauffage et mobilier scolaire. Cette réalisation hardie et si bien réussie n'a pas manqué d'attirer l'attention des architectes, des ingénieurs, du public et même du Ministre de l'Instruction Publique. Celui-ci, à l'occasion des 70 ans de « S. Leone Magno » a bien voulu solliciter M. le Président de la République pour l'attribution au Collège de la « Médaille d'Or », pour services éducatifs exceptionnels. M. le Président de la République acquiesça à la demande de son Ministre lequel prévint le F. Domenico, Directeur actuel, par le télégramme suivant :
ROME, 22-8-1957.
SUIS HEUREUX COMMUNIQUER CONCESSION FAITE ISTITUTO S. LEONE MAGNO MEDAILLE OR POUR AVOIR BIEN MÉRITÉ ÉCOLE — CULTURE — ARTS ACCORDÉE PAR M. PRÉSIDENT SUR MA DEMANDE.
VIVES FÉLICITATIONS. CORDIALES SALUTATIONS.
MORO, MINISTRE INSTRUCTION
La remise du diplôme aura lieu officiellement au printemps.
F. Enrico