Scolasticat de Vintimille

05/Oct/2010

Agrandissements. — La maison provinciale de St Paul est, comme on le sait, à Ventimiglia, sur la côte ligurienne, depuis l'exode forcé de France.

Avec la bénédiction du bon Dieu, et malgré bien des difficultés, le noviciat qui y fonctionne depuis déjà du temps a fini par produire, comme partout, une abondante jeunesse mariste, noyau de la future province d'Italie, en bonne voie de formation.

Une des conséquences est que la crise du logement s'est fait sentir là comme en beaucoup d'autres endroits, avec une acuité toujours croissante, Le scolasticat n'arrivait plus à se loger.

Après s'être serrés jusqu'à l'extrême limite on a donc fini par rêver et demander aux Supérieurs un agrandissement qui ne pouvait plus être différé.

A l'heure actuelle il est réalisé dans de bonnes conditions et le compte-rendu suivant nous dira par le menu avec quel entrain toute la maisonnée, renouvelant les travaux d'il y a cent ans, à l'Hermitage, a aidé de ses bras et de ses sueurs les équipes d'ouvriers.

Il y a même progrès, puisque jadis les pierres détachées du rocher ne demandaient pas que mieux de descendre au niveau de la bâtisse de l'Hermitage, tandis que cette fois il fallait hisser pierres, sable, fer, ciment et le reste, sur la colline dont la photographie ci-jointe donne une idée.

Les travaux. — En janvier 1930, nous eûmes la visite du C. F. Marie-Florentien, chargé par le R. Frère de dresser les plans sur place.

L'ouverture du chantier se fit au mois de mai après nous être munis du matériel nécessaire, ne voulant pas être cause de chômage pour les maçons une fois en train.

Ceux qui connaissent notre nid penseront avec nous á la difficulté de transporter les matériaux jusqu'au sommet de la colline.

Les directeurs de la Coopérative chargée de la construction ne voulaient assumer le transport que jusqu'au bas de la propriété. Pour faire face à cette difficulté, nos mécaniciens se mirent à l'œuvre et par, le montage de pièces acquises à peu de frais, mirent sur pied un puissant tracteur de 28 chevaux. On le baptisa, au soir même de la Pentecôte, du nom de Carolina pour honorer notre C. F. Provincial présent à la cérémonie.

Pendant ce temps, novices et scolastiques à tour de rôle, déchiraient sans pitié le sein de la Roia pour en extraire le sable et le gravier que l'on chargeait sur des wagonnets traînés sur un decauville à une distance de 150 m.

Dès le lundi de la Pentecôte, la Carolina sortit de son garage de fortune, tapageuse et insouciante du silence monacal, pour commencer ces courses à travers les lacets de la pinède. Elle a tenu bon jusqu'au bout, transportant pendant 5 mois la bagatelle d'une moyenne de 280 quintaux chaque jour. Plus d'un confrère pensera avec moi que si le R. F. Stratonique, de vénérée mémoire, avait assez vécu pour connaître la vaillante Carolina il l'eût sans doute fait classer au Musée de la Maison Mère.

L'esprit de famille de notre jeunesse, soutenant son courage au travail, permit aux ouvriers de garder un rythme accéléré. Aussi, en décembre, presque tout était à point.

Visite du Rev. Frère Supérieur. — Répondant au désir véhément de la Communauté que le C. F. Provincial lui avait exprimé, le R. Frère Supérieur accepta de présider la fête de la bénédiction du nouveau Scolasticat qui comprend un rez-de-chaussée, un étage et une terrasse.

Il nous arriva le 13 décembre accompagné par le C. F. Euphrosin, A. G., et ce fut notre aimable voisin le comte de Galleani qui eut l'honneur de le porter de la gare chez nous, dans sa confortable limousine. Dans sa condescendance, le vénéré supérieur voulut donner à fous la fraternelle accolade. Quelle légitime fierté éprouvèrent alors nos jeunes frères qui tous, pour la première fois, prenaient contact avec la plus haute autorité de l'Institut !

Une visite au Consulat de France et à l'Évêché occupèrent le restant de la soirée.

Bénédiction. — Le lendemain, 14 décembre et dimanche de Gaudete Mr le chanoine D. Lombardi, notre aumônier, prononça une allocution de circonstance où donna le sens des prières liturgiques récitées au moment de la double bénédiction du local considéré tout à la fois comme demeure et comme école.

La sollicitude de l'Eglise pour ses enfants est vraiment touchante dans les formules qu'elle emploie : « Seigneur, dit-elle dans la 1ière oraison, faites régner dans cette demeure : la santé nécessaire à tous ; aux professeurs pour soutenir les fatigues de l'enseignement et aux disciples pour s'appliquer à l'étude ; la chasteté au bienfaisant pouvoir de transformer nos scolastiques en anges terrestres ; la victoire sur les passions juvéniles et dans la lutte incessante contre les défauts ; l'humilité, fondement de la perfection et gardienne des vertus ; la Bonté de cœur, l'amabilité des manières et la douceur qui sont le vrai moyen de conserver la paix et l'esprit de famille ; enfin, la plénitude de la justice, c'est-à-dire la parfaite observance non seulement des préceptes du Décalogue, mais encore des Constitutions et des Règles de l'Institut ». Dans le 2me oraison, de nouvelles grâces implorées rendent la mesure débordante : « Seigneur, donnez : l'abondance de bénédiction et de paix qui dérivent de la pureté de conscience et de l'enthousiasme des cœurs juvéniles consacrés au service de Dieu ; aux maîtres, l'esprit de avec la nouvelle construction sur la droite science, de sagesse et de crainte de Dieu ; aux étudiants, la lumière pour comprendre, la ténacité de la mémoire et la force de volonté pour pratiquer les salutaires enseignements reçus ».

Ce fut dans l'après-midi que le vénérable évêque nonagénaire de Ventimiglia, Mgr Ambrogio Daffra vint lui-même réciter les prières du rituel.

Il nous fallut modérer son ardeur, car après avoir chanté les deux oraisons susdites, Sa Grandeur murmura, aux prêtres qui l'entouraient : « Et maintenant allons asperger chacune des différentes salles ».

Le cortège se reforma et l'on se rendit à la chapelle en chantant le Magnificat qui disait à Dieu notre reconnaissance pour le triple bienfait dont il nous faisait jouir en cet heureux jour : la présence de notre bien-aimé Supérieur Général ; celle de Mgr Daffra pasteur du diocèse depuis 38 ans et qui a présidé toutes nos Vêtures depuis que le Noviciat a été transféré ici en 1911 ; enfin la bénédiction du nouveau Scolasticat.

Vers les 5 heures, toute la Communauté se trouvait réunie à nouveau dans une salle du Noviciat, où s'écoulèrent deux heures délicieuses soit à entendre les différents morceaux du programme, soit, surtout à goûter le charme de la causerie du R. Frère Supérieur. Fascinés par sa parole chaude et prenante, nos jeunes frères expérimentaient par eux-mêmes, quel trésor de père et de chef, la Ste Vierge a donné à notre Institut pour le conduire dans la voie du salut.

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