Un brillant ancien élève

H. -X. Arquillière

21/Oct/2010

Sous ce titre la Revue « Stella Maris et Héraults » des Frères Maristes du Canada, donne les lignes suivantes, en son numéro du 15 janvier 1953.

Nous voulons parler de Mgr H. X. Arquillière, P. D. Docteur en théologie et en lettres, doyen de la faculté de théologie de Paris, professeur à la Sorbonne, délégué aux fêtes de l'Université de Laval, en mission actuellement à Ottawa au compte du gouvernement français. Le savant prélat est aussi l'auteur d'un grand nombre d'ouvrages notamment d'une Histoire de l'Eglise, un vrai chef-d'œuvre, à l'usage des écoles supérieures.

A tous ces titres glorieux, ajoutons qu'il est fier de se dire ancien élève des FF. Maristes, à Firminy (Loire), au temps du C. F. Marie-Viateur, directeur et du C. F. Marie-Priscillien.

Le 29 septembre 1952, il écrivait au C. F. Marie-Eparque, à Lévis : «Laissez-moi vous dire combien j'ai été heureux de vous voir à Québec, pendant les fêtes du Centenaire de l'Université.

«Votre rencontre, en effet, me rappelait une lourde dette de reconnaissance que j'ai contractée envers les Très Chers Frères Maristes. C'est eux, en effet, qui, dans ma ville natale de Firminy, ont fait ma première éducation dans leur école, sous la direction du regretté F. Marie-Viateur. C'est là que j'ai appris à prier d'abord. Et puis, je leur dois à peu près tout ce que je sais d'orthographe, de géographie des départements, d'arithmétique, de toutes ces choses fondamentales qui s'impriment d'une façon ineffaçable dans des esprits neufs et qui restent la base indispensable des instructions futures.

« Je suis heureux de rendre cet hommage à mes premiers maîtres. Si, plus tard, j'ai pu faire quelques travaux utiles, je n'ai eu qu'à poursuivre une initiation bien engagée… »

Puis, quelques jours plus tard, cet illustre ancien faisait parvenir le mot suivant qu'il intitula :

 

Vieux souvenirs. — Puisqu'on me demande de faire revivre quelques moments de mon éducation enfantine, je le fais volontiers. Car c'est un charme de remonter aux sources primitives, où l'on s'est trempé le caractère, où l'on s'est imprégné des forces vives qui alimenteront l'énergie future et qui influent déjà sur l'orientation d'une destinée.

« Ma première enfance évoque aussitôt la maison des FF. Maristes, dans ma ville natale de Firminy (Loire). Une belle maison, avec une grande cour de récréation, ombragée par deux belles rangées de platanes et ornée d'une belle statue de la Vierge.

« Que de cris, que d'ébats, que d'agitations évoque pour moi cette cour antique. Les sports étaient moins spécialisés qu'aujourd'hui ; mais certes, on y prenait follement de l'exercice et les muscles s'y développaient à merveille.

« Pourtant en classe, il y avait de la discipline, parfois sévère. On ne s'y ennuyait pas, car souvent on y répétait à l'unisson des leçons qui finissaient par entrer dans les têtes les plus rebelles. Pour ma part, je puis dire que tout ce que je sais d'orthographe, d'arithmétique et de géographie des départements, c'est cette école primaire qui l'a gravé dans mon esprit.

« Je me souviens qu'elle a accusé aussi ma première grosse déconvenue. Quand on nous expliquait que la terre était ronde comme une grosse orange, je me heurtais douloureusement à une impossibilité de comprendre. Comment concevoir que nous marchions bien assurés sur le sol, la tête haute et que ceux qui se trouvaient au pôle opposé, pouvaient marcher les pieds au sol et la tête en bas. Je me butais à un véritable mystère. Je l'admettais pourtant, puisque le maître l'enseignait. Mais à partir de ce moment, j'ai compris qu'il fallait accepter beaucoup de choses sans les comprendre. Et ce fut ma première leçon de sagesse.

« Il y a enfin une chose dont je ne saurai jamais trop gré aux Frères Maristes : c'est de nous avoir inculqué une piété précoce, particulièrement vis-à-vis de la Très Sainte Vierge. Pendant le mois de Marie, nous arrivions, en courant, autour de sa statue et là nous chantions à tue-tête des cantiques. Nous ne saisissions guère le sens des paroles ; mais il y avait en nous une telle confiance, une telle contagion mystique, un tel élan de cœurs naïfs, que la dévotion prolongeait ses racines dans nos âmes et préparait les efflorescences futures.

« Il m'est doux de rendre un témoignage modeste mais convaincu à ceux qui furent les auteurs désintéressés et obscurs de ces biens inestimables. Il est juste qu'on mette parfois en relief les trésors cachés que les hommes portent en eux-mêmes et dont souvent ils ne se rappellent même plus quels en furent les artisans.

H. -X. Arquillière, Prélat de la Maison de S. S.

Doyen de la Faculté de Théologie de Paris,

Professeur à l'école des Hautes-Études, Sorbonne.

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