Une retraite Ă  Polistena.

20/Sep/2010

Le jour du 16 décembre vit enfin l'ouverture de la retraite si longtemps attendue: Et certes le désir qu'on avait d'en suivre les exercices n'était pas un désir ordinaire. A mesure que les circonstances retardaient ces jours bénis, le désir d'avoir ce cœur à cœur avec Jésus Sauveur, devenait de jour en jour plus fort, au point de venir à tout instant sur les lèvres se traduire en demandes aux supérieurs, en regrets, conjectures et souhaits entre orphelins. On se rend empressés au sermon d'ouverture, où la première grâce nous attend. Le bon Père, dans un langage simple et imagé, montre à tous, ce qu'est la retraite et ce qu'elle doit produire parmi nous; la grandeur de ce bienfait de Dieu et la nécessité d'en bien profiter. Jésus Hostie bénit l'impression bienfaisante qui enveloppe les cœurs. Peu après, les orphelins vont prendre leur repos et tous s’endorment, laissant au soin de leur bon ange, d'achever un dernier Ave.

Le matin suivant était pluvieux et paraissait peu propice à favoriser la réflexion. Mais à travers les diverses "squadre" il y avait plus que le silence: on sentait régner une grande bonne volonté et un profond recueillement. L'assistance à la sainte Messe avait un charme tout nouveau, le spectacle des communions nombreuses était plus touchant. Jésus passait au milieu de nous, chacun sentait le souffle divin qui guérit les cœurs ou ressuscite un sentiment qui meurt.

Ce matin-là se passa un fait qui, au cours d'une retraite, aurait pu étonner ou du moins sembler anormal. Le concert musical était invité à des funérailles. Sortir en ville, exécuter de la musique, rester pendant plus d'une heure au milieu d'un public tapageur, n'était-ce pas contraire à l'esprit de la retraite ? Le bon Père, non seulement consentit à la sortie du concert, mais avant le départ, il donna une belle instruction sur le travail, sa dignité, sa nécessité et finit en disant qu'il faut tout sanctifier par la pureté d'intention, condition nécessaire au mérite de nos actions.

En ce premier jour, rien n'était plus édifiant que de faire une visite dans les cours. Les petits, par groupes de trois ou quatre, se promenaient dans celle de leur division, récitant le chapelet. Parmi les grands, les uns lisaient un livre de piété, les autres priaient et par moments, le chapelet immobile entre les doigts, se prenaient à réfléchir. En rencontrant les yeux de quelque adolescent, on restait frappé du regard franc et décidé. L'on emportait dans l'esprit cette pensée consolante que la bonne semence avait rencontré une terre capable de produire.

Deux instructions caractéristiques marquèrent le second jour. L'une eut pour sujet l'infinie miséricorde de Dieu, que le bon Père, après un captivant exposé, termina par l'histoire de l'enfant prodigue. Ce trait de l'Évangile, toujours ancien et toujours nouveau, fut raconté. de telle façon; qu'il impressionna grandement le jeune auditoire. Au sortir de la prédication, l'attendrissement et l'enthousiasme brillaient dans tous les yeux et sans nul doute chacun se disait à lui même: "Puisque Dieu est si bon, j'irai me jeter entre ses bras et redeviendrai son enfant chéri par le moyen d'une bonne confession".

Mercredi était le dernier de ces beaux jours de la retraite. Le Père, d'une façon plus familière encore, nous parla de la Madone et de St Joseph, expliquant en quelques paroles leur grandeur et leur puissance. Le soir, il parla de la Garde d'Honneur du Sacré-Cœur, qui devait s'établir le lendemain. Le recueillement dans lequel se finit cette journée était pénétré d'une gaîté paisible et douce, provenant sans doute du calme des consciences, mais aussi de l'attente d'un lendemain plus beau, d'une joyeuse et consolante clôture.

Nous voici au matin du 20 décembre. Le bon Dieu, pour mettre la journée en harmonie avec les cœurs, fit succéder à la nuit tourmentée un beau ciel profondément serein. Ce phénomène, en Calabre, n'a rien d'étonnant; mais cette coïncidence témoigne de la bonté de Dieu à notre égard. La joie intérieure que chacun ressentait contribua beaucoup à accélérer les mouvements du lever, car il fallut peu de temps, pour que tous fussent en ordre et prêts à se rendre à la prière.

Durant la sainte Messe, onze petits orphelins firent leur première communion.

Au déjeuner qui suivit, il fut permis au contentement de s'épancher un instant, mais le temps libre qui suivit, replongea. tout ce jeune monde dans le silence.

La cloche annonce enfin la cérémonie finale. Des sentiments divers courent sur les physionomies. C'est la joie sous divers aspects, joie calme chez les grands et joie légèrement bruyante chez les petits.

Le "Veni Creator" chanté, le bon Père fait quelques réflexions sur les promesses du baptême. Son accent sérieux, mais satisfait en même temps, est celui de quelqu'un qui met la dernière main à une œuvre qui s'achève. Qu'elle est simple cette rénovation, mais combien de douces pensées ne fait-elle pas revivre dans les cœurs!

Les plus grands d'abord, les petits ensuite s'avancent deux à deux au pied de l'autel et, la main sur l'Evangile, redisent leurs saintes promesses.

La réception de 19 jeunes gens, dans la "Garde d'Honneur du S. C." fut plus impressionnante encore. Bien plus de 19 avaient supplié d'être inscrits dans cette pieuse société, mais pour cette 1ière réception, l'on se contenta des 19 plus âgés, comme étant les plus raisonnables et donnant plus de garanties de fidélité à leurs nouvelles obligations. Chaque 1ier vendredi du mois verra s'augmenter le nombre des "Gardes d'Honneur".

Pour clore cette belle cérémonie et cette fin de retraite, on avait demandé permission à Mgr l'Evêque de porter le St. Sacrement en procession, dans nos cours et dans nos jardins. La procession s'ébranle donc, et, après un petit quart d'heure, tous, maîtres et élèves, se trouvent agenouillés devant l'autel improvisé sur lequel repose Jésus-Hostie, et que domine, dans toute sa splendeur, notre chère statue du Sacré-Cœur. Après une splendide allocution, durant laquelle le vénéré Père remercia le Sacré-Cœur de Jésus au nom de tous d'avoir préservé si complètement l'orphelinat de l'épidémie qui fit rage à Polistena, durant les mois de juillet, août et septembre derniers, les rangs se reforment et aux accents d'un cantique de triomphe, on retourne à la chapelle, pour recevoir le surplus des grâces de ta retraite, que Jésus nous réserve pour le moment solennel de sa dernière bénédiction.

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