Union Missionnaire B. M. Champagnat

17/May/2010

Rome, le 24 février 1966

Nos bien chers Frères,

Parmi les Décrets conciliaires promulgués en fin de Concile, le 7 décembre 1965, celui « ad gentes » relatif à l'activité missionnaire de l'Eglise est un des plus longs et des plus importants. Voté à la presque unanimité (2 394 suffrages favorables sur les 2 399 suffrages exprimés), il constitue désormais la Charte des Missions: ses 42 articles forment un magnifique ensemble. Voici quelques passages qui, entre autres, nous concernent particulièrement : « …Il a plu à Dieu d'appeler les hommes à participer à sa vie non pas seulement de façon individuelle, sans aucun lien avec les autres, mais de les constituer en un peuple dans lequel ses enfants qui étaient dispersés, seraient rassemblés dans l'unité » (Cf. Jo. 11, 52) (N. 2 du Décret).

…« C'est pourquoi la nécessité incombe à l'Eglise — et en même temps elle en a le droit sacré — d'évangéliser, et par conséquent son activité missionnaire garde dans leur intégrité, aujourd'hui comme toujours, sa force et sa nécessité » N. 7).

…« Deux milliards d'hommes dont le nombre s'accroît de jour en jour, qui sont rassemblés en des groupes importants et déterminés par les rapports stables de la vie culturelle, pair les antiques traditions religieuses, par les liens solides des relations sociales, n'ont pas encore entendu le message évangélique ou l'ont à peine entendu » (N. 10).

…« Il faut que l'Eglise soit présente dans ces groupements humains par ses enfants qui y vivent ou sont envoyés vers eux » (N. 11).

…« Cette présente doit être animée de cette charité dont nous a aimés Dieu, qui veut que nous aussi nous nous aimions mutuellement de la même charité» (Cf. 1 Jo., 4, 12).

« Les chrétiens doivent donc travailler; ils doivent collaborer avec tous les autres à organiser de manière droite les affaires économiques et sociales: ils doivent se dévouer avec un soin spécial à l'éducation des enfants et des jeunes au moyen des écoles de toute sorte qu'il faut considérer non seulement comme un moyen privilégié pour former et élever une jeunesse chrétienne, mais en même temps comme un service de très haute valeur pour les hommes, surtout pour les nations qui montent, pour élever la dignité humaine et préparer des conditions plus humaines» (N. 12).

..« Les Instituts religieux de vie contemplative et active ont eu jusqu'ici et ont une très grande part dans l'évangélisation du monde. Leurs mérites, le Saint Concile les reconnaît de grand cœur et rend grâces à Dieu pour tant de sacrifices acceptés pour la gloire de Dieu et le service des âmes; il les exhorte à persévérer sans défaillance dans l'œuvre commencée, puisqu'ils savent que la vertu de charité qu'ils sont tenus de pratiquer de façon plus parfaite du fait de leur vocation, les pousse et les oblige à un esprit et à un travail vraiment catholique.

…« Les Instituts de vie active, qu'ils poursuivent ou non une fin strictement missionnaire, doivent se poser sincèrement devant Dieu la question de savoir s'ils peuvent étendre leur activité en vue de l’expansion du Règne de Dieu parmi les païens… si leurs membres prennent part selon leurs forces à l'activité missionnaire, si leur façon habituelle de vivre est un témoignage de l'Evangile, vraiment adapté au caractère et à la situation du peuple » (N. 40).

Ces quelques brefs extraits du Décret conciliaire (texte de l'Osservatore Romano en langue française) nous montrent l'ampleur du problème missionnaire, la nécessité de bien connaître tout le Décret et le devoir de répondre à l'appel pressant des Pères Conciliaires.

En cette année préparatoire au 150ième anniversaire de la fondation de l'Institut, il nous revient d'examiner l'œuvre missionnaire mariste à la lumière des données conciliaires pour la rendre encore plus efficace dans l'esprit si apostolique de notre Bx. Fondateur.

Commentant l'Encyclique Fidei donum de Pie XII, P. F. Greco affirme en conclusion qu'« Il est juste de prétendre que la valeur spirituelle d'une personne, d'un groupe, d'une école, d'une communauté, d'une paroisse, d'un diocèse ou d'une nation se jauge aux prières, aux efforts et aux sacrifices consentis pour l'expansion missionnaire ». C'est bien là d'ailleurs l'affirmation souvent répétée des derniers Papes.

Plusieurs Provinces de notre Institut sont animées, grâce à Dieu, d'un grand souffle missionnaire et ont même suscité des Districts missionnaires qui leur font honneur. D'autres qui n'ont pas pu encore le faire s'intéressent aux Missions de différentes manières et notamment par le moyen de l'Union Missionnaire Bx. M. Champagnat. Quelques-unes malheureusement encore en marge de ce bel élan missionnaire restent trop concentrées sur elles-mêmes. Qu'elles entendent l'appel adressé aux jeunes Eglises par les Pères Conciliaires:

« Pour que ce zèle missionnaire commence à fleurir chez les frères de la même patrie, il convient tout à fait que les jeunes Eglises participent effectivement à la mission universelle de l'Eglise en envoyant elles aussi des missionnaires qui pourront annoncer l'Evangile par toute la terre bien qu'elles souffrent d'une pénurie de clergé. La communion avec l'Eglise universelle sera d'une certaine manière consommée lorsque, elles aussi, elles participeront activement à l'action missionnaire auprès d'autres nations » (N. 20).

A plus forte raison, toute Eglise ancienne, toute Province mariste doit-elle répondre à cet appel pressant du Concile en faveur des Missions!

Le tableau statistique ci-contre indique une légère augmentation des Frères Profès en pays de mission et surtout en Frères autochtones. La diminution du nombre d'élèves provient surtout de l'école importante non encore rouverte de Buta au Congo-Léo. Par contre le nombre des Ecoles Normales et Professionnelles est en sensible augmentation.

Une communauté a été supprimée à OBAKU (Nigeria) mais huit autres ont été établies nouvellement: «) Par la Province de Cuba-Amér. Centrale à LOJA (Equateur) et à QUEVEDO (Equateur); b) par la Province de Grande-Bretagne-Irlande-Nigeria à M ANKON-B AMENDA (West Cameroun); c) par la Province de Desbiens à AKONO et à SAA (Cameroun); d) par la Province d'Iberville à INYANGA, Juvénat (Rhodésie); c) par le District de Madagascar à FARATSHIO; /) par le District de Ceylan à RAGAMA, Noviciat.

Au Congo-Brazza, la nationalisation des écoles a suscité la fermeture de MAKOUA: deux Frères sont restés pour le Juvénat en attendant des temps meilleurs. Les autres Frères sont allés au Cameroun pour aider au séminaire d'AKONO et tenir l'école à SAA.

A CEYLAN. il y a davantage de tolérance dans l'application des mesures persécutrices prises par l'ancien gouvernement mais la situation est encore précaire. Les Frères restent courageux et confiants dans l'attente de meilleurs jours qui semblent, en effet, s'annoncer. Le Noviciat a été transféré le 11 février 1966 à RAGAMA pour 8 postulants qui seront rejoints par 5 autres en juillet prochain, ce qui est de bon augure.

En CHINE intérieure, 42 Confrères sont toujours dispersés: que leur souvenir nous soit constant et nos prières en leur faveur nombreuses et ferventes !

Le souci d'aide matérielle aux Missions en 1965 s'est traduit par les sommes suivantes relevées dans les différents Etats parvenus au Secrétariat Général au début de 1966:

Propagation de la Foi:

59 179 441 Lire (94 687 dollars contre 108 252 l'an dernier). Œuvre de la Sainte-Enfance:

1.1945.207 Lires (19.112 dollars contre 17.248 l'an dernier). Missions maristes (Union Missionnaire Bx. M. Champagnat):

16.901.624 Lire (27.203 dollars contre 2.1971 l'an dernier).

Missions maristes secourues par les Provinces dont elles dépendent directement:

65.677.270 Lire (105.083 dollars contre 83.960 l'an dernier).

Moyenne par élève pour les Provinces qui, n'ayant pas de Mission proprement dite, envoient les sommes recueillies à l'Union Missionnaire Bx. M. Champagnat:

Allemagne: 747 L., Rio: 371 L., Pérou: 269 L., Italie: 203 L., Mexique Central: 182 L., Suisse-Missions: 161 L., Chili: 149 L., Belgique-Hollande: 123 L., Venezuela: 121 L., Sao Paulo: 108 L., Cuba-A. C. : 83 L., Córdoba: 81 L., Liban-Syrie: 71 L., Léon: 68 L., Norte: 61 L., Colombie: 58 L., Lujan: 57 L., Mexique Occidental: 51 L., Sud-Est, Sud-Ouest, Castille, Sa. Catarina, Cataluña, Madrid, Porto Alegre, N.-D. de l'Hermitage, Levante, Madagascar.

Des secours ont pu être attribués en 1965 aux Missions suivantes:

Chine intérieure, Singapore (Noviciat), Ceylan (Noviciat et Scolasticat), Sibu (Juvénat), Hongkong (Juvénat), Madagascar (Juvénat en construction), Congo-Léo (Noviciat), Afrique du Sud (Ecole pour métis), Nigeria (Scolasticat), Iles Salomon, Nouvelle-Guinée, Mozambique-Angola (Ecoles Normales, Scolasticat, Noviciat), Congo-Brazza (Juvénat). Rhodésie (Juvénat supérieur), Malawi (Noviciat), Bolivie, Colombie (Putumayo).

Puisse la générosité des élèves être encore plus grande durant la nouvelle année, en union avec le grand élan missionnaire suscité partout par le deuxième Concile œcuménique du Vatican et, chez nous, par la préparation du 150'' anniversaire de la fondation de l'Institut. Qu'au 2 janvier 1967, il n'y ait que des Provinces missionnaires 100%!

Nous vous prions d'agréer, nos bien chers Confrères, nos sentiments bien religieux et fraternels en N.-S., N.-D. et notre Bx. Fondateur.

Pour l'U. M. Bx. M. Ch., Frère Joannès-Eugène, Secrétaire.

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