Vêture à Vintimille et Avellanas

12/Sep/2010

De Vintimille, de N.-D. de las Avellanas, et de Pontós, nous avons reçu une relation détaillée et fort intéressante de la vêture qui eut lieu dans chacune de ces maisons, respectivement les 16 et 27 juillet et le 15 août derniers. Il nous serait agréable de pouvoir les donner ici séparément et in extenso ; mais, comme d'une part l'espace nous manque et que d'ailleurs, vu la similitude du sujet, elles renferment nécessairement beaucoup de détails communs, nous devons nous borner à en résumer les traits essentiels, tout en remerciant vivement les auteurs de leur aimable attention et en regrettant d'être obligés d'amoindrir ainsi le bel effet de leur élégante rédaction.

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A Vintimille, le 16 juillet, fête de Notre Dame du Mont-Carmel, les postulants récipiendaires étaient au nombre de dix-sept. Onze jeunes Frères qui finissaient leur noviciat devaient faire le même jour leurs premiers vœux, et onze autres, qui avaient émis leurs vœux annuels les années précédentes, les renouveler.

Tous, sous la direction zélée et pleine d'expérience de M. le chanoine Don Turco, de Mondovi, s'étaient préparés a ce grand acte de leur vie par une fervente retraite, oh leur recueillement, leur piété et leur bonne volonté à profiter des avances de la grâce avaient fait la consolation de tous ceux qui avaient eu a les y aider, et qui s'était terminée, la veille, par l'heure sainte devant le S. Sacrement exposé. Aussi, qui pourrait dépeindre leur joie intérieure, au matin du beau jour de clôture, qui réserve toujours un si inoubliable sentiment de bonheur intime à ceux qui s'y sont ainsi disposés ? La communion du matin, la grand messe solennelle, la cérémonie elle-même de la prise d'habit et de l'émission des vœux, tout fut délicieusement émouvant.

Comme prélude à la vêture, M. le Chanoine Don Turco, qui est un ami dévoué de notre lnstitut et qui en a pénétré profondément l'esprit, montra dans une allocution saisissante le rapport symbolique qui existe entre les diverses pièces de notre costume religieux et les vertus particulières qui doivent caractériser les Petits Frères de Marie, et en tira des applications aussi ingénieuses que pratiques.

Elles demeureront profondément gravées, tout en donne l'espérance, dans l'esprit et le cœur de tous ceux qui les ont entendues et particulièrement de ceux à qui elles étaient spécialement adressées. Puissent-ils porter jusqu'à la mort cette livrée de la Reine des saints qu'ils ont reçue dans les dispositions si heureuses, et réaliser dans toute la suite de leur vie, selon l'éloquente invitation du vénéré prédicateur, l'idéal, si pur, si méritoire, si beau, dont elle est l'austère mais glorieux symbole !

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A N.-D. de las Avellanas, neuf jours après, c'est sous les auspices de saint Jacques le Majeur, patron de l'Espagne, que 10 de nos postulants de ce catholique pays avaient le même bonheur.

N. D. de las Avellanas ! Tous les lecteurs du Bulletin savent que cette antique abbaye est, depuis quatre ans, le principal centre de formation de notre province d'Espagne ; mais ce que beaucoup d'entre eux savent moins peut-être, ce sont les heureuses et importantes transformations qu'elle a subies depuis ce temps. A leur arrivée, les Frères y trouvèrent une propriété fort étendue, c'est vrai, mais épuisée ; une maison vaste mais en partie ruineuse, presque entièrement délabrée et partant assez maussade, comme c'est le sort fatal de tous les édifices restés longtemps inhabités. Mais, qui l'a vue alors et la revoit aujourd'hui a déjà peine à la reconnaitre, tant les choses y ont changé de face. Sous la main diligente de ses nouveaux habitants, la solitude a refleuri. Elle s'est défrichée, rajeunie, rafraîchie, égayée ; la chapelle monumentale a été restaurée, de même que la plupart des bâtiments, dont une partie considérable a été reconstruite à neuf, de manière qu'ils peuvent aujourd'hui donner un abri commode et hygiénique au personnel d'environ deux cents personnes — composé surtout de jeunesse : scolastiques, novices et postulants — qui y vit heureux sous la maternelle protection de Notre-Dame de Bellpuig.

C'est donc dans ce calme et religieux séjour que les 40 postulants dont nous venons de parler eurent la joie, le 25 juillet, de revêtir le saint habit de Marie, objet depuis longtemps de leurs pieux rêves, et de faire le premier pas effectif dans la vie religieuse, où leur ferme propos est de marcher résolument jusqu'à la mort.

Ils venaient de s'y disposer par une retraite particulièrement fervente, à laquelle avait pris part toute la communauté. La veille, après l'Office solennel pour les défunts, ils s'étaient rendus processionnellement au cimetière, avec tous les autres retraitants, conformément à une tradition chère à la province de Saint Paul-3-Châteaux, et ils avaient sûrement souhaité d'y dormir un jour leur dernier sommeil au milieu de ceux qui ont obtenu la persévérance finale.

Aussi quel bonheur intime, pour eux dès le matin, de voir arrive le jour de se donner à Dieu entièrement et sans réserve, d'abord dans la communion da matin, puis dans la cérémonie spéciale et toujours si touchante de la prise d'habit, et enfin au salut solennel du soir, par la consécration à Marie !

Ils firent tout cela d'un cœur si généreux et d'une manière si édifiante que la communauté en demeura extrêmement émue, chacun se rappelant avec attendrissement le jour où il avait eu un bonheur semblable et les inoubliables impressions qu'il y avait éprouvées.

Au nom et place du Révérend Frère Supérieur, qui n'avait pût y venir à cause d'une visite qu'il faisait en ce moment â nos Frères des iles Britanniques pour leur présenter le C. F. Columbanus nouvellement élu Assistant Général, le C. F. Michaélis présidait la fête. Pour lui faire honneur, ainsi qu'aux autres supérieurs présents, et pour procurer à toute la communauté une distraction agréable, les novices avaient organisé, vers les 4 heures, une séance académique dont le programme heureusement composé d'éléments religieux, récréatifs et instructifs, rendus avec naturel, intelligence et facilité, remplit à souhait le but poursuivi.

Du haut du ciel, le bon Dieu, Notre-Dame de Bellpuig, le saint patron de l'Espagne et le Vénérable Fondateur auront jeté en ce jour, nous l'espérons, un regard de complaisance sur la maison de las Avellanas.

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Enfin, le même spectacle de joie familiale et d'édification religieuse auquel nous venons d'assister déjà deux fois, se renouvelait encore le 15 août, jour de l'Assomption de Notre-Dame à Pontos, maison principale du district espagnol de la province d'Aubenas, où 25 jeunes postulants échangeaient les livrées du monde contre les insignes des enfants de Marie, tandis que dix pieux novices s'immolaient généreusement au Seigneur par l'émission de leurs premiers vœux.

C'était également à la suite d'une bonne retraite à laquelle avaient pris part, avec la communauté de la maison, une grande partie des Frères des établissements du district, sous la présidence du C. F. Flamien, Assistant Général, et la direction particulièrement compétente de Mr. Vessière, des Prêtres de la Mission, de sorte qu'ils se trouvaient on ne peut mieux disposés.

D'autre part la chapelle, déjà très gracieuse par elle-même, depuis qu'elle a été décorée de peintures très artistiques, avait reçu en raison de la solennité du jour une magnifique parure de chandeliers, de candélabres, de draperies et de fleurs naturelles et artificielles qui achevait de la rendre à souhait pieuse et délicieusement impressionnante.

Qu'on y ajoute l'atmosphère de ferveur naturelle à pareil jour ; la beauté des chants et des cérémonies liturgiques ; le touchant dialogue qui s'établit entre le célébrant et les aspirants au moment de la prise d'habit et de l'émission des vœux, les fraternels épanchements de la récréation après huit et même dix jours de rigoureux silence, le pieux serment fait à Marie, devant l'autel inondé de lumière, de l'aimer sans retour, de lui être inviolablement fidèle et de mettre tout son zèle à la faire aimer et honorer, et l'on concevra que cette fête du 15 août est de celles qu'on n'oublie point et dont le souvenir a toujours le privilège de réveiller dans l'âme les plus saintes émotions.

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