Circulaires 392

Basilio Rueda

1984-09-08

AVERTISSEMENT
GENESE ET FINALITE D'UNE BIOGRAPHIE MARISTE COLLECTIVE

I. L'idée de ce livre
II. Comment m'y suis-je pris ?
III. A qui ont été demandés les témoignages ?
IV. Mes intentions
V. Comment a été employé ce matériel ?
VI. Difficultés de cette utilisation ?
VII. Futures utilisations
VIII. Esprit avec lequel j'ai agi
IX. Remerciement et invitation

CHAPITRE I
REFLEXIONS DOCTRINALES

I. Face à une idéologie contemporaine
A. Peu représentée parmi nous
B. Les certitudes de notre « culture »
C. Présentation et critique de la « contre-culture »
1. Mise en pratique douteuse
2. La vraie fidélité est exigeante
3. Les valeurs même critiquées restent valeurs
4. Où sont les modèles de la « contre-culture s ?
D. Réponse à 3 attaques de la « contre-culture »
1. La fidélité est « mortifère »
2. La fidélité annule la liberté
3. La fidélité rend en fait infidèle
II. Le vrai problème : fidélité à quoi ? à qui ?
A. Jésus-Christ
B. l'institution
III. Intérêts des Témoignages

 

392 

 Volume XXVIII                                                                           Circulaire du 8 septembre 1984 

V.J.M.J. 

LA FIDELITE

 Frères Maristes des Ecoles 

Maison généralice, Piazza Champagnat, 2 – C.P. 10250 

00144 Roma – ITALIA 

 A l'occasion de cette circulaire qui va vous arriver – plus ou moins rapidement selon les langues et les distances – au cours des derniers mois de mon généralat, je tiens à remercier de tout cœur les Frères qui ont collaboré à l'ensemble des communications que je vous ai faites, soit en traduisant, soit en faisant un travail d'équipe assez compliqué, comme ce fut le cas par exemple dans «Un espace pour Marie » ou dans le présent volume.

Je remercie particulièrement Frère G. Michel qui n'a jamais ménagé sa collaboration, qu'il se soit agi de donner forme de circulaire à des conférences que je faisais à des groupes avec cette intention explicite, ou de mettre au point la rédaction finale d'un texte écrit par moi, ou plus souvent dicté. De la sorte était assurée une base doctrinale identique à traduire ensuite dans les autres langues.

Que ces collaborateurs veuillent trouver ici l'expression de ma gratitude, car c'est grâce à eux que pendant ces 18 ans, j'ai pu établir avec vous une des formes du contact requis par la tâche que l'Institut m'avait confiée.  

AVERTISSEMENT  

Cette circulaire est d'une longueur inaccoutumée, mais faites l'effort d'en comprendre le motif. La nature de son contenu, la méthode employée obligeaient à cette longueur, sous peine de rendre presque inutile toute la préparation qu'elle suppose. 

D'une part, je l'ai déjà dit dans une lettre, vous n'êtes pas obligés de tout lire, ni tout de suite, mais je pense que pour une lecture spirituelle communautaire, ce livre ne serait pas pesant. C'est en effet un dépôt précieux de témoignages, d'enseignements, d'expériences que nous livrent quelques centaines de Frères sur leur vocation mariste.

 Je suis convaincu surtout qu'il y a là pour les supérieurs, les formateurs, une source abondante de réflexion et, pour des vocations aux prises avec de graves problèmes, une aide fraternelle réconfortante. Ces témoignages, bons pour aujourd'hui, le seront sans doute encore pour bien d'autres années et d'autres générations. 

Il est tellement rare de compter, dans le monde des Frères Maristes, sur des confidences spirituelles écrites et des récits intimes de vocations que c'était une occasion un peu exceptionnelle dont il fallait profiter coûte que coûte.

 Donnez-vous la peine de commencer et vous trouverez cette lecture facile et fructueuse. Il y a un peu de doctrine, mais, je dirais, comme un fil pour relier les exemples, qui, eux, se chargent de vous donner l'enseignement. Abreuvez-vous à cette source qui, par infiltrations, semble bien sortir de La Valla. Elle est pleine de vie et de vérité.

****************************** 

CHAPITRE PRÉLIMINAIRE

GENESE ET FINALITE

D'UNE

BIOGRAPHIE MARISTE COLLECTIVE 

       SOMMAIRE

I. L'idée de ce livre

II. Comment m'y suis-je pris ?

III. A qui ont été demandés les témoignages ?

IV. Mes intentions

V. Comment a été employé ce matériel ?

VI. Difficultés de cette utilisation ?

VII. Futures utilisations

VIII. Esprit avec lequel j'ai agi

IX. Remerciement et invitation

************************************* 

– A notre Dieu, fidèle dans sa tendresse et son amour ;

– A Marie qui « a tout fait chez nous » ;

– A tant de Frères, silencieux imitateurs de la Vierge fidèle,

qui ont brûlé pour le Christ, une vie tissée de mille vicissitudes.

« Si eux se taisent, les pierres crieront » (Luc 19, 40).

 

I. L'IDÉE DE CE LIVRE

Voici quelque sept ans que pour la première fois m'est venue, comme un trait de lumière, l'intuition de ce livre. Autour de cette intuition s'est agglutinée une montagne de confidences émouvantes que j'avais reçues et que je recevais. Et je laissais mon cœur s'éprendre d'admiration devant toutes ces formes de fidélité et de persévérance dans notre Congrégation.

Une germination avait précédé sans que j'en sois bien conscient à partir de ces entrevues inoubliables où des Frères déversaient souvenirs, joies, difficultés, crises, chutes, relèvements, mille détails de leur vie vécue pour Dieu. Et insensiblement s'imposait à moi la décision d'écrire. Oui, sans le savoir, ils me poussaient à rédiger l'essentiel de ce qu'ils avaient cru devoir me dire.

Je puis citer les noms de quelques disparus qui sont morts avant d'avoir pu écrire leur témoignage : FF. Michel-Antoine, Jesùs Rodriguez, Miguel-Dario, Estanislau, etc. … (1) car des vies aussi remplies que les leurs étaient pour moi une force de persuasion qui allait aboutir un jour à une décision mûrie pendant toutes ces années. L'Esprit-Saint, j'en suis sûr n'y est pas étranger. 

(1) On ne trouvera pas ici de références au regretté Frère Charles-Raphaël dont la mort est survenue quand se terminait le présent travail. D'une part, la Province de Belgique a très rapidement publié un premier essai biographique, et d'autre part j'ai demandé que nous envoient leur témoignage tous les Frères qui l'ont particulièrement connu, en vue de la rédaction d'une biographie définitive

Je dirais même qu'il y a l'évidence d'une intervention surnaturelle. Quand je vois la durée sur laquelle s'étend ce travail de mûrissement, l'intensité d'effort que j'ai dû y apporter à tous les moments libres, la masse de correspondance qu'il a fallu entrecroiser, classer, lire aux moments opportuns, etc. … je me demande comment j'ai pu persévérer dans cette décision une fois prise.

Pratiquement, mon temps est déjà mangé par le travail du gouvernement et les visites. Je suis en voyages et déplacements continuels, ce qui espace l'arrivée du courrier et les réponses à ce courrier. Eh bien ! malgré cela je n'ai pas eu un moment de doute, même dans les périodes les plus fébriles et les plus épuisantes. C'est pour cela que je crois avoir été soutenu par un amour 'passionné de ma congrégation, et aussi par l'Esprit-Saint qui voulait cet ouvrage que j'ai la joie de vous offrir à la fin de mon généralat.

II. COMMENT M'Y SUIS-JE PRIS ?

Au début je savais ce que je ne voulais pas faire : développer des idées personnelles appuyées par des citations d'auteurs ; en somme une synthèse doctrinale sur la fidélité. Mais alors, que voulais-je faire ? Peu à peu cela se précisait : me mettre à l'écoute du réel (j'y étais depuis longtemps) et laisser dire au réel ce que le réel veut dire ».

J'ai donc commencé un travail de bénédictin, avec la ténacité d'une fourmi, profitant de toutes les occasions qui s'offraient ou que je prévoyais. Dans les entretiens ou les contacts épistolaires, j'expliquais aux Frères mon idée, je les invitais à rédiger leur témoignage (cf. Appendice N°. 1 : première lettre envoyée aux Frères à la date d'octobre 1978, page 597 387).

Les premiers pas ont été difficiles. Le Frère Mariste moyen n'est pas très porté à rédiger un journal spirituel, encore moins à dessiner des arabesques pour illustrer son voyage intérieur. C'est plutôt l'homme d'action, de contact, de don de soi. Tout ce qui tend à un retour sur soi, si noble soit-il, n'est guère dans sa nature.

Si l'on sait gagner sa confiance il peut étaler devant vous toute sa vie, mais quant à la mettre noir sur blanc c'est autre chose. C'est parce que j'ai obtenu ces écrits que je répète : le Saint-Esprit le voulait. Lentement, avec hésitation, la pluie a commencé à tomber : une lettre, et puis une autre, et puis un échange de correspondance. Je remerciais. j'encourageais, parfois je demandais de compléter, d'expliquer, toujours dans la discrétion.

Il y a eu des moments où l'afflux des témoignages – en nombre et en nombre de pages – était tel qu'il débordait largement mes possibilités de lire et de répondre, et j'ai dû recourir à des petites circulaires pour accuser réception, et ajourner ma réponse définitive moyennant promesse de le faire à une date ultérieure. Quelques Frères ont dû avoir la patience d'attendre 2, 3, 4 ans cette réponse.

III. A QUI ONT ÉTÉ DEMANDÉS LES TÉMOIGNAGES

L'idée de base était donc de laisser parler le réel. Or, le réel, en matière de fidélité, c'est souvent la tempête et c'est le Chemin de Croix, avec ses chutes humiliantes parfois, mais aussi l'effort de relèvement et de dépassement tant qu'il reste la foi et l'amour.

C'est dire que mon appel ne s'adressait pas aux jeunes, ni même aux Frères d'âge mûr. Bien entendu, un jeune dévoré d'idéal peut faire de belles considérations. En réunissant rêve, lecture et réflexions personnelles on peut aboutir à un chef d’œuvre littéraire, voire un monument de sincérité ; mais hélas, combien ont pu être des héros d'apostolat et de service qui, un jour, secoués par la crise sont devenus aigris, désenchantés, et nous ont quittés ! Le mot de Heidegger est juste : « Tant qu'un homme est, il n'est pas ; c'est quand il n'est plus qu'il est ».

Oui, ce que l'homme est aujourd'hui, il peut ne plus l'être demain. On ne peut pas encore le définir. C'est lorsqu'il n'est plus que l'on peut dire ce qu'il a été en vérité. De Jean XXIII par exemple, c’est aujourd'hui qu'on peut dire : le bon pape Jean, car il a été bon jusqu'à la fin.

J'ai donc, dans un premier temps, pensé aux Frères qui étaient, par leur âge, plus fondés à donner l'espérance de ne pas changer dans leur option ni dans leur style de vie[1] afin que les témoignages retenus soient le plus valable possible, voire même incontestables. De cette catégorie, j'ai reçu jusqu'à mai 1983 quelque 500 récits autobiographiques maristes.

Mais il m'a semblé ensuite que, à ce matériel de première valeur sur la fidélité, je devais joindre d'autres témoignages et j'ai fait une seconde invitation destinée à toutes les catégories de Frères, moyennant certaines conditions (cf. appendice N°. 2 à la date du 1ierseptembre 1983, page 608).

J'étais sûr, que greffé sur le vieux chêne, ce nouveau rameau apporterait une frondaison riche des nuances d'autres générations et d'autres cultures, sans éclipser les ramures plus anciennes.

Et de nouvelles réponses sont venues : quelque 400[2]que je répartirais en deux séries : 

– la VOIX de Frères d'âge mûr (assez nombreux) ainsi que la voix de jeunes (plus rares) ; 

– et la VOIX d'autres Frères âgés qui n'avaient pas répondu jusque-là, soit qu'ils aient remis à plus tard, soit que l'appel précédent leur ait laissé l'impression qu'il ne les concernait pas, s'adressant à meilleurs qu’eux. Le dernier appel, visant peut-être davantage le Frère Mariste moyen, leur paraissait mieux conforme à leur modestie. C'est mon interprétation.

En somme, nous arrivons à quelque 900 témoignages, qui vont de 1-2 pages, à 500 pages. Variés en étendue, ils le sont aussi quant à leur qualité et à la typologie de leurs auteurs.

Dans l'ensemble, ce qu'on peut dire c'est qu'ils constituent une biographie collective de valeur remarquable et qui a impressionné le petit noyau des collaborateurs auxquels j'ai fait appel pour classer et sélectionner ces textes[3]

IV. MES INTENTIONS

L'intention de base de cette circulaire n'a pas été de publier un livre de plus grâce à une stratégie ingénieuse. Non, ce n'est pas le livre pour le livre, le thème pour le thème. Mes intentions étaient vraiment plus profondes :

– ne pas laisser se perdre des trésors de grâce, de correspondance à la grâce, d'enseignement et d'expérience ;

– proclamer la gloire de Dieu, la gloire de sa grâce, de sa miséricorde, de sa providence, de sa patience, de sa fidélité, agissant dans la chair d'hommes bien concrets et construisant des micro-histoires saintes, reflets du combat de Jacob ou du dialogue de Yahvé avec son peuple ;

– présenter, au verso d'une page douloureuse et trouble de l'histoire de l'Eglise post-conciliaire, un petit paragraphe lumineux et encourageant de cette même histoire dont je suis bien sûr qu'elle est répétée et confirmée par des témoignages inconnus mais identiques de fidélité et de sainteté dans les autres congrégations.

Le départ de beaucoup de prêtres, religieux et religieuses, la séparation de beaucoup de couples ont produit une sensation d'écroulement et parfois créé la conviction que de nos jours, la fidélité est impossible à maintenir toute la durée d'une vie.

Ce spectacle bien propre à faire saigner le cœur, a écrasé plus d'un responsable qui ne savait plus que faire, a refroidi l'enthousiasme des jeunes qui s'orientaient vers notre forme de vie, et les bonnes familles n'ont pas pu nous suivre sur des voies qui, au moins apparemment, s'avéraient trop hasardeuses.

Il est donc bien temps de tourner cette page noire des défections. Oui, c'est vrai, la saignée a pu atteindre un quart, parfois un tiers des membres de la plupart des congrégations au cours des 20 dernières années. Mais cela veut dire qu'il en reste trois quarts ou deux tiers qui ont tenu. Et cette ténacité, cette persévérance, témoignent qu'ils ont reçu la grâce de vouloir être fidèles. Faut-il ignorer ce témoignage de force qui se produisait dans des circonstances si difficiles, au sein d'une contre-culture qui justifiait l'infidélité, d'un bouleversement de valeurs qui remettait tout en question et relativisait tout ?

Etre fidèle à des valeurs que tout le monde s'accorde à proclamer, c'est facile, mais rester fidèle aux valeurs que l'entourage conteste et abandonne, c'est héroïque et c'est là que s'affirme la vraie fidélité.

En toute vérité la persévérance et la fidélité dans la période que nous venons de vivre étaient plus admirables que ces mêmes vertus il y a cinquante ans, alors que le contexte social plus protecteur les rendait plus faciles (au moins en général).

C’est de cette réalité cachée ou mal connue que j'ai voulu être témoin, donnant ma voix à ceux qui étaient sans voix, et proclamant que nous ne sommes pas dans le temps de l'infidélité, mais bien plutôt dans une période d'ambivalence[4]. Je veux donc présenter à la Congrégation et éventuellement plus tard au grand public un échantillon pris chez les Frères Maristes de cette masse impressionnante et silencieuse de persévérance et de fidélité qui se maintient dans l'Eglise et dont je souhaite qu'elle soit l'aurore d'un lendemain splendide. 

V. COMMENT A ÉTÉ EMPLOYÉ CE MATÉRIEL ?

Comment a-t-on employé le matériel communiqué en vue de cette circulaire ?

En premier lieu je peux dire que tout a été employé. Tout a été lu, réfléchi, médité, voire prié, et c'est dans ces lignes pleines de vie et d'histoire que les leçons du réel ont été entendues et accueillies. Donc vos pages ont été la carrière d'où l'on a tiré enseignement et inspiration.

En outre il y a eu des centaines de passages choisis qui ont été insérés plus ou moins textuellement, avec les seules modifications qu'imposait la sauvegarde de l'anonymat.

Ultérieurement il y aura encore d'autres emplois que je prévois : j'y reviendrai. 

VI. DIFFICULTÉS DE CETTE UTILISATION

Une première difficulté qui se présentait consistait à donner unité et classification à des témoignages de vie émanant de cultures et d'attitudes très différentes, et évoquant des vies fort diverses. On est quand même arrivé à faire une grille de classification qui, à la fois respectait le réel (elle est née du réel) et permettait un repérage rapide, facile et utile.

Le plus difficile était de tailler dans les textes. Tel texte très beau dans le contexte complet d'une vie avec ses tenants et ses aboutissants, perd beaucoup si on l'en isole. Ou bien on doit faire du contexte un résumé laborieux pour y enrober le texte et on allonge la circulaire. Ou bien on cite sans commentaire mais en risquant de ne faire comprendre qu'à moitié pourquoi on a retenu ce passage.

Nous avons fait pour le mieux en cherchant à suivre une voie moyenne. Le lecteur voudra donc bien penser que presque toujours ce qui n'est pas cité ajouterait beaucoup à ce qui l'est et que nous regrettons de ne pas pouvoir lui communiquer l'enthousiasme que nous avons éprouvé.

Mais la plus grande difficulté que nous avons trouvée a été l'embarras du choix. Sur beaucoup de points il y avait une telle affluence de citations possibles et excellentes que l'on aurait volontiers cédé à la tentation d'anthologie. Et c'était d'autant plus désagréable d'élaguer ou de rejeter que tant de ces pages étaient une si généreuse offrande d'un Frère à la disposition de ses Frères.

Que tous ceux qui ne se retrouveront pas à tel passage où leur témoignage paraissait bien indiqué, soient sûrs que leur communication n'est pas restée sans fruit, mais qu'elle a contribué à l'inspiration du fond même de la circulaire. Je vais dire un peu plus loin comment chaque Frère peut accepter d'autres utilisations de son texte, à l'intérieur d'un cadre de protection. Cela donnera donc à vos témoignages encore bien des occasions de servir.

VII. FUTURES UTILISATIONS

Il n'entrait pas dans mon intention première de faire ultérieurement d'autres usages de cette circulaire, mais les témoignages renferment tant de beauté, de richesse et de réalisme qu'il me paraîtrait dommage de les détruire. Il n'y a pas grand effort à faire pour leur trouver d'autres utilisations. La simple lecture en suggère.

1. Exemples parlants et percutants pour des conférences et des retraites.

2. Illustrations pour des thèmes monographiques : vie communautaire, oraison, dévotion à Marie, apostolat, crises, sexualité, etc. … La classification à partir d'une grille facilite beaucoup la recherche.

3. Enregistrement pour faire écouter à des personnes et des groupes dans une circonstance particulière.

4. Rédaction de nouvelles biographies.

A partir de ces témoignages on peut en effet publier des biographies qu'on laisserait anonymes pour respecter la volonté de l'auteur. Mais si celui-ci a donné toute latitude pour l'utilisation de son témoignage, qui donc ne voit qu'on a là, pour raconter sa vie, des éléments autobiographiques, qui toutes proportions gardées, font penser à la petite Thérèse ou à Augustin ?

5. Enfin, l'avantage de conserver des documents qui ont abouti à cette circulaire, c'est qu'on peut toujours s'y référer pour mieux expliciter, si on le désire, certaines des affirmations qui le demanderaient.

Evidemment, tous ces usages éventuels ne se feront pas sans une permission explicite de l'intéressé qui demeure seul maître de son texte.

Presque dans tous les cas, d'ailleurs, il faudra procéder à une nouvelle élaboration et une nouvelle rédaction du texte original, surtout quand il faudra couvrir l'anonymat, mais aussi, parfois pour éliminer ce qui a peu de valeur et viser à une brièveté porteuse de l'essentiel.

VIII. ESPRIT AVEC LEQUEL J'AI AGI.

Ces lettres ont impliqué pour moi des heures de lecture spirituelle aussi nombreuses qu'inoubliables. Elles m'ont fait beaucoup de bien. Je les ai parcourues avec un sentiment de profonde affection pour leurs auteurs, de gratitude pour leur confiance en moi, d'ouverture et d'amitié, avec aussi une vraie admiration pour la sincérité parfois débridée et parfois douloureuse avec laquelle ils exposaient leurs problèmes, avec enfin une grande émotion devant de mystère de la vocation, les voies insondables de la Providence, le pouvoir de la grâce. Elles m'ont fait comprendre ce mot de Tillard : « La vie religieuse, sacrement de la présence et de la puissance de Dieu ».

Bien des fois, ces textes m'ont invité à faire silence et à élever au Seigneur une prière de louange et de gratitude avec l'auteur et pour lui.

IX. REMERCIEMENT ET INVITATION

Merci donc Mes Bien Chers Frères.

Un jour j'ai frappé à votre porte pour demander votre collaboration, et votre réponse a dépassé mon attente. Même en dehors des perspectives surnaturelles, il y a bien des sociologues qui seraient ravis d'avoir pareille moisson, et pour la masse de la collaboration, et pour son contenu et même sa forme. Vous représentez quand même plus de 50 pays.

Quand vous recevrez ma lettre personnelle je vous invite à me donner vos directives sur l'utilisation ultérieure de votre travail[5]. Il peut encore y avoir tel ou tel qui, pour une raison ou une autre, n'a rien envoyé et croit cependant bon de le faire. 

Qu'il le fasse donc car sa quote-part s'ajoutera à tout ce qui est déjà classé pour les éventuelles utilisations signalées ci-dessus.

J'espère que les pages que vous allez lire maintenant démontreront non seulement que le Christ continue aujourd'hui à appeler et à trouver des hommes qui ne veulent d'autre raison de vivre et de mourir qu'en lui seul, mais que le charisme du Père Champagnat est un charisme toujours vivant : il n'existe pas que dans les sources de l'Institut, il reste présent et agissant dans la vie et le cœur de beaucoup d'excellents Frères d'aujourd'hui. La sainteté, nous disent-ils, n'est pas une chimère ; elle est une réalité qui continuellement sollicite le religieux dans sa vie quotidienne.

Vraiment je suis touché de l'esprit qui se manifeste dans vos réponses : non seulement par le nombre de celles-ci mais aussi par leur teneur. Quelques exemples suffiront comme échantillons pour faire apprécier la franchise de cette collaboration qui parfois est restée anonyme, mais bien plus souvent a été nominale malgré mon insistance à bien rappeler qu'elle pouvait toujours être anonyme.

* * *

Pour le bien de l'Institut, je n'hésite pas à vous livrer l'histoire de mes infidélités et de la fidélité de Dieu dans son amour gratuit pour moi.

* * *

Sainte Vierge, vous le savez, ce n'est pas pour me montrer que je vais écrire ; aussi aidez-moi à être vrai, à être simple pour faire voir simplement combien votre maternelle protection m'a accompagné tout au long de mes jours.

* * *

Mon Supérieur m'a demandé d'écrire l'histoire de ma vie. Ca m'a bien coûté de la faire, mais, venant de qui elle venait, cette demande était pour moi un ordre. Pourquoi cela m'a-t-il coûté ? Parce que ma vie de religieux mariste a été si tiède que j'ai grande honte de parler de moi.

* * *

Je me sentais intérieurement invité à mettre par écrit quelques-unes des expériences qui ont été à la fois pour moi éprouvantes et réjouissantes depuis ces 18 derniers mois surtout. Je n'aurai pas vraiment la paix tant que je ne l'aurai pas fait. Votre invitation arrive donc comme tout à fait providentielle.

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CHAPITRE I

REFLEXIONS DOCTRINALES

 

SOMMAIRE 

I. Face à une idéologie contemporaine

A. Peu représentée parmi nous

B. Les certitudes de notre « culture »

C. Présentation et critique de la « contre-culture »

1. Mise en pratique douteuse

2. La vraie fidélité est exigeante

3. Les valeurs même critiquées restent valeurs

4. Où sont les modèles de la « contre-culture s ?

 D. Réponse à 3 attaques de la « contre-culture »

1. La fidélité est « mortifère »

2. La fidélité annule la liberté

3. La fidélité rend en fait infidèle

II. Le vrai problème : fidélité à quoi ? à qui ?

A. Jésus-Christ

B. l'institution

III. Intérêts des Témoignages

 

Malgré l'orientation très concrète que j'ai voulu pour cette circulaire, il me semble inévitable de consacrer un chapitre à un exposé doctrinal qui ne sera pas illustré par des témoignages mais essayera simplement de situer la fidélité dans la problématique de notre temps.

Je dis bien simplement au lecteur peu philosophe de ne pas hésiter à passer tout de suite au deuxième chapitre, en laissant ces considérations me peu abstraites.

I. FACE À UNE IDÉOLOGIE CONTEMPORAINE

Quand j'ai décidé de faire cette introduction doctrinale sur le sujet de la fidélité[6] j'ai voulu parcourir un peu quelques écrits plus ou moins contemporains et je suis resté désagréablement surpris de leur agressivité et de leur irréalisme. 

A. Peu représentée parmi nous

Si je regarde ma propre vie en matière de vocation, il y a vraiment eu option. Il y a eu option au moment où j'ai découvert en moi l'appel, option au moment où d'autres facteurs interposaient des alternatives différentes, non moins valables (sacerdoce, autres formes de vie consacrée), option enfin au moment où mon engagement devenait définitif par les vœux perpétuels.

Dans ces divers moments, j'ai pu percevoir avec lucidité à quoi je renonçais. Je me sentais merveilleusement bien appelé, et j'étais heureux et désireux de suivre cet appel, mais il n'empêche que j'ai voulu poser un vrai acte de discernement, de liberté et d'option dans ma réponse.

Je comprends fort bien que la vocation n'est pas seulement une option (on ne se donne pas la vocation, on la reçoit, et le possédé gérasénien est renvoyé à sa famille dans Marc 5, 19) mais elle est quand même une option, car elle peut être accueillie ou non. Je fais donc l'option de l'accueillir en laissant tout, car même si ensuite j'ai le centuple, ce sera par et pour cette vocation et non en dehors d'elle.

Alors en quoi consistait ma surprise en face d'une certaine littérature contemporaine ? Eh bien voilà. La tentation d'être infidèle à ma vocation n'a jamais vraiment traversé mon esprit, même si j'ai pu redouter que cela m'arrive. Mais ce qui m'était encore bien plus impensable c'était que l'infidélité pût être présentée comme une valeur, comme un progrès par rapport à la fidélité. Vraiment là vous recevez un choc quand vous voyez toute une apologie directe ou indirecte de l'infidélité. Lorsqu'on nous dit que la fidélité, de nos jours, est malade, ce n’est pas seulement au niveau de la volonté mais à celui de d'intelligence. Les faits, eux, disent assez que d'homme moyen est devenu aboulique, mais on lui impose toute une subtile rationalisation pour justifier ses faiblesses et en faire des vertus, pour le pousser à une ouverture vers toutes les expériences comme à une sorte de nouvelle ascèse.

Ce que je dois dire c'est qu'après 16 ans de généralat, j'ai très peu perçu que les cas de non-persévérance[7] pouvaient se référer à une idéologie qui fait l'apologie de la non-fidélité. Bien au contraire, dans les quelque 3.000 cas d'abandon, dans une congrégation qui, au sommet de sa courbe, avait compté environ 9.700 membres, la grande majorité n'est trouvée bien loin de ce genre de rationalisation.

 Beaucoup sont partis le cœur gros, voire les larmes aux yeux, regrettant fort la démarche qu'ils faisaient, les valeurs qu'ils quittaient. Je peux même dire que beaucoup ont cherché à maintenir le mieux possible un esprit, certaines valeurs et surtout le dévouement à la cause de Jésus-Christ.

D'autres sont partis, parce que, par leur faute ou sans faute, l'idéal de la vie religieuse leur était de venu insupportable avec la manière dont ils vivaient celle-ci. Ils auraient bien voulu dépasser cette situation, mais ils croyaient être arrivés à un point de non-retour et ils demandaient pardon au Seigneur pour les faiblesses et les tergiversations qui les y avaient conduits.

D'autres encore reconnaissaient s'être trompés. Ils avaient peu à peu découvert que la vie mariste et la vie consacrée étaient vraiment grandes et belles, mais qu'ils n'y étaient pas appelés.

Mais des cas de non-persévérance qui se seraient appuyés sur cette idéologie que nous pourrions qualifier de contre-culture, j'en vois franchement très peu.

Cependant abordons le problème puisque, aussi bien, nous y sommes. Comment se présente-t-il pour nous ? Nous avons cru fermement et passionnément que la vocation est un don merveilleux de Dieu. Nous avons entendu l'appel de Jésus à tout quitter sans hésitation, sans calcul, sans regards de côté[8] et surtout sans regard en arrière, et nous avons vu dans cet appel une chance inappréciable[9].

 Pour nous, la « suite de Jésus-Christ » qui est un appel général adressé à tout chrétien par le baptême et qui nous voue à une vie chrétienne à l'intérieur de l'histoire du salut, s'est concrétisée dans une vocation déterminée. Nous avons reçu une place et un rôle dans cette histoire du salut et dans ce grand déploiement d'une Eglise au service du Seigneur et des hommes.

C'est cette foi et cette conviction qui nous ont guidés, les uns dans une fidélité rectiligne, admirable de cohérence, les autres dans une fidélité en constant progrès ; d'autres encore dans des parcours Mus sinueux, avec des hauts et des bas, des grandeurs et des faiblesses ; d'autres enfin dans une louable fidélité rachetée et réconciliée. Oui, elles nous ont guidés tout au long de la vie et font qu'aujourd'hui nous sommes heureux et pouvons dire : ce que je suis, je le dois à ma vocation, et je serais prêt à m'y réengager si je devais recommencer ma vie. 

B. Les certitudes de notre « culture »

Quand nous regardons en arrière nous pouvons voir les autres occasions qui se sont présentées Ic long du chemin, et nous faisons trois solides constatations :

1. Nous ne regrettons pas du tout les occasions de réorientation que nous avons laissé passer pour suivre le Christ dans la fidélité et dans l'amour.

2. La rapine qu'ont constituée nos infidélités, les plaisirs ou satisfactions plus ou moins frelatés que nous avons essayé de grignoter ça et là ont en la saveur aigre-douce des déceptions et des défaites, et s'il était possible de les effacer de notre vécu, nous le ferions sans hésitation.

3. Dans les cas où il y a eu non-persévérance, très fréquemment c'était le geste désespéré qui mettait un point final à une lutte où l'on se débattait entre la volonté du oui et une conduite qui épisodiquement et accidentellement disait non, aboutissant ainsi à des tiraillements de la conscience.

La décision pour certains de mettre fin à une vie double par l'abandon de la vocation n'était peut-être pas la meilleure. Cependant si elle était prise, c'était pour aboutir à une certaine paix et non pas avec l'intention de justifier une faiblesse dont ils avaient bien conscience qu'elle était une faiblesse.

Telle était donc la « culture » classique dans laquelle évoluaient les concepts de vocation, de persévérance et de fidélité. Avec la théologie conciliaire, ces concepts n'ont pas changé ; ils se sont épurés et enrichis. Mais en même temps et indépendamment se développait cette contre-culture à laquelle j'ai fait allusion et qu'ont tâché de réfuter plusieurs livres récents[10]. Leurs auteurs ont défendu la fidélité face à des faits sociaux, des attitudes contemporaines, en particulier des tendances d'une certaine jeunesse des sociétés occidentales, et surtout face à une véritable idéologie. 

C. Présentation et critique de la contre-culture.

Voici donc quelques considérations à propos de cette « culture » et de la critique qu'elle présente à d'égard de la fidélité.

Pour Nietzsche qui est, si l'on veut, l'ancêtre du mouvement, l'homme fidèle est méprisable, car « Il ne change jamais ». Telle est bien sa faute capitale, que sa fidélité soit « dans l'effort ou dans le vice ». La société l'estime car il la maintient en état léthargie. Il est pour elle « une nature-outil » dont elle se sert pour éviter les révolutions et les soubresauts[11]. L'homme supérieur n'a que faire de la fidélité.

 Gide se trouve dans une ligne un peu parallèle. Selon son habitude sacrilège, il cherche dans l'Écriture une sorte de justification à sa nouvelle morale. Il faut être « disponible » à toute « nouvelleté », à toute « joie » — ce mot impliquant toute forme de jouissance. C'est comme la manne du désert qu'il ne faut pas garder plus d'un jour[12].

 Simone de Beauvoir « délivrée de Dieu qui lui volait la terre », parle à peu près de la même façon : « Il faut que la joie d'exister soit affirmée en chacun à chaque instant ».

Sartre n'a pas le même optimisme que sa compagne, mais sa « conversion » est essentiellement un refus du passé – « qui n’est que confort et usage d'un monde hypocrite » – en vue d'un « engagement » dans une liberté qui ne sera jamais satisfaite d'ailleurs ; mais telle est la nouvelle exigence.

On comprend que de telles idées aient pu provoquer, hier, l'idéal du surhomme d'un Hitler, et aujourd'hui d'autres attitudes destructrices dont la presse et la télévision sont pleines. Plus quotidiennement encore, ce courant envahit toute une partie de notre monde qui ne croit plus à la fidélité, au moins à la fidélité totale : vie consacrée jusqu'à la mort ; mariage conçu comme lien indestructible, etc. …

Disons que la question essentielle se pose à peu près comme suit : « Peut-on convaincre d'erreur les contempteurs de la fidélité ? Peut-on leur prouver que tôt ou tard, ils se trouveront coincés dans cette alternative : 'retourner à la fidélité authentique ou renoncer purement et simplement au bien de l'homme et de l'humanité ?

En d'autres termes, quand ils rejettent une authentique fidélité, est-ce qu'ils peuvent mettre A la place, non pas des théories, mais des valeurs tangibles, capables de conduire l'humanité vers des biens vrais et supérieurs à ceux de la fidélité, de la morale classique, de l'Evangile ?

S'ils pouvaient montrer qu'ils sont dans le vrai, cela voudrait dire que c'est nous qui sommes victimes inconscientes d'une idéologie, et que, comme pensait Nietzsche, nous nous sommes contentés de la morale des esclaves au lieu de viser à celle des surhommes.

C'est donc ce seul point auquel je voudrais limiter ma réponse, sans trop m'arrêter aux autres objections qui, encore une fois, sont traitées par les Frères Albert Tremblay et Vincent Ayel[13]

1. Mise en pratique douteuse

Disons d'abord que ce que l'on affirme en théorie dans la contre-culture, on a bien soin de ne pas le mettre en pratique, ou au moins de le nuancer très fort dans la pratique. Ceux en effet qui voudraient vraiment accorder radicalement leur vie avec les postulats de la philosophie nietzschéenne ou sartrienne aboutiraient vite à une démolition de la personne humaine et à une désintégration de la société. Pour ne pas en rester à des généralités, je dirais simplement ceci : on est libre de rejeter tout engagement personnel, toute cohérence de demain par rapport à aujourd'hui et à hier, mais dans ces cas, il faut accepter que les autres nous paient de la même monnaie ; donc ne plus compter sur personne. et renoncer définitivement à être accueilli, aimé par qui que ce soit, à pouvoir participer, vivre en communion avec qui que ce soit.

2. La vraie fidélité est exigeante

Il y a des situations et des résultats axiologiques interpersonnels auxquels on ne peut prétendre sans en payer le prix, un prix parfois très élevé, mais qui procure un grand bonheur.

En refusant toute cohérence, tout engagement et toute fidélité, la contre-culture renonce à toute vraie réalisation parce que la nouvelle valeur ou la nouvelle option pour lesquelles je laisse tomber la personne, les biens ou l'engagement préalables sont elles-mêmes menacées, voire même condamnées. En effet si je m'attache à cette nouvelle valeur, je trahis mes « principes », car ceux-ci exigent que je ne m'engage à rien pour être ouvert à tout et faire de mon existence une série de choix successifs libres, discontinus, capricieux qui sont une véritable course au néant.

3. Les valeurs même critiquées restent valeurs

Par ailleurs, il est toujours possible, au niveau des paroles, de nier l'engagement, l'action cohérente et stable, la persévérance dans la poursuite des valeurs, ou, si l'on veut, l'objectivité même des valeurs. Mais malgré les paroles, les valeurs continuent à valoir. Leur absence de ma vie me suit, et donc je vais tôt ou tard payer les conséquences de mes théories. La vapeur ne va pas tarder à se renverser, car en général les groupes sociaux n'aiment pas se suicider.

4. Où sont les modèles de la « contre-culture » ?

Donc laissons de côté les théories et comparons les résultats des deux systèmes. Le système disons classique, présente des vies admirables de personnages qui sont des jalons pour l'histoire de l'humanité ; e'autre système en est encore à chercher un seul exemplaire valable d'homme ou de femme vraiment réalisé.

D. Réponse à 3 attaques de la « contre-culture »

De toutes les attaques de la contre-culture je vais en retenir trois :

1. La fidélité disent-ils, est mortifère.

Pour rester fidèle à ce qu'on a choisi, on tue les puissances de vie et on ferme la porte à mille possibilités. D'emblée ces possibilités sont tuées dans l’œuf : on ne saura même pas ce que nous réservait l'avenir au-delà de cette porte qu'on a fermée.

Disons que cette critique sonne faux : en fait où ne tue rien, car l'avenir n’est pas encore vivant. Par contre, se dérober au présent pour laisser ouvert l'avenir, c'est préférer le possible au réel, et c'est un leurre plus paresseux que courageux.

La contre-culture va peut-être arguer : « Mais nous prenons aussi le présent, seulement nous le prenons sans engagement, d'une manière provisoire, si le cœur nous en dit et quand le cœur nous en dit ». Sans doute, mais dans ce cas-là, le réel, l'idéal, et surtout les personnes ne vous donnent plus que le minimum d'eux-mêmes. Il y a des relations qui ne donnent leur plénitude et le meilleur d'elles-mêmes qu'à travers le temps et la fidélité.

2. La fidélité disent-ils encore, attaque et annule la liberté.

Voilà une affirmation qui ne peut être faite que par des gens ignorant tout de la vraie liberté et pliant les termes à leur fantaisie : la liberté n'est ni la velléité ni le caprice.

Si le pouvoir, le vouloir et le faire étaient à peu près équivalents et en succession quasi instantanée, on pourrait presque soutenir les affirmations de la contre-culture ; mais il y a loin de la coupe aux lèvres. Il y a des choix qui demandent toute une suite d'efforts et de cohérence prolongés dans le temps. Croire que ma liberté va tout soumettre à ma volonté capricieuse, sans contrôle, irrationnelle, ce n’est qu'un rêve et la condition humaine le dément radicalement.

Il faut donc, qu'on le veuille ou non, distinguer entre liberté de choix et liberté de réalisation.

Si je ne suis pas capable de réaliser ce que je choisis, je ne suis pas vraiment libre : « Je ne fais pas le bien que j'aime et je fais le mal que je hais ». Or, c’est dans cette condition humaine bien réelle que survient la grâce qui nous rend vraiment libres, c'est-à-dire capables de réaliser les valeurs dont nous rêvons ; capables de « devenir ce que nous sommes » c'est-à-dire ce que nous sommes dans la conception que Dieu s'est faite de nous.

En toute vérité on peut dire que la fidélité, quand elle est authentique, n'annule pas la liberté mais la réalise. Elle est une liberté continue en processus de réalisation du propre vouloir[14]

3. Ils disent enfin : la fidélité rend l'homme infidèle

au vrai bien, car en nous hypothéquant dans le passé, elle est source d'anachronisme et de passivité.

Là encore on cache derrière un brillant sophisme une incroyable falsification de l'acte humain.

D'abord quand on s'engage à quelque chose et qu'on y demeure fidèle, ce n'est pas du pur passé, c’est, comme l'exprime la grammaire de plusieurs langues, un passé présent. Ce n'est pas parce qu'un événement a eu lieu hier que les réalités qu'il conditionne sont passées et que ce passé-là bloque et le présent et l'avenir. Les valeurs ont besoin de s'appuyer sur le temps, mais elles dépassent le temps. La vocation est une intuition axiologique qui découvre un idéal pas du tout passé, mais qui, par contre, a besoin d'une vie pour se réaliser. Et surtout cette vocation est la rencontre d'une personne vivante avec qui je commence une histoire d'amour et d'interaction mutuelle.

Non ce n'est pas sérieux de dire que la fidélité est une source d'anachronisme, de fixisme, de passivité. Ce qui est vrai c'est que, lorsque je fais une option, surtout une option définitive, je limite mon champ d'opération, pour la bonne raison que la nature de certaines options et leur réalisation demandent une certaine concentration des moyens et du temps à leur consacrer.

Refuser cette loi, c'est se condamner à ne faire que du médiocre, à végéter entre les immédiatismes d'un agir rudimentaire, proche de la nature. Il faut même dire que ces immédiatismes (cas des hippies) ne sont possibles que grâce à une société, dont les membres actifs se livrent à une action engagée, sérieuse, technique, alors que les membres récalcitrants en deviennent usufruitiers et parasites.

En tout cas, l'histoire des vies qui vont vous être présentées, avec les fidélités qui en découlent, est une histoire qui ne manque ni de liberté ni de créativité.

Dans la réalité concrète, tout être fidèle sent constamment bouillonner en lui-même la liberté avec la possibilité de trahir ou de maintenir, avec des forces de l'amour et de l'égoïsme ; et c'est l'exercice quotidien de ces forces qui écrira une histoire réelle.

Toute fidélité est historique, et, parce qu’historique, libre. Et c'est parce qu'elle est libre qu'il y a des fidélités intégrales, des non-fidélités, et des fidélités maculées, car la réalisation de l'idéal s'exerce à travers les vicissitudes de la liberté humaine.

II. LE VRAI PROBLÈME : FIDÉLITÉ À QUOI ? À QUI ?

Maintenant, quand donc un choix peut-il apparaître digne d'être maintenu en dépit de toutes les occasions qui porteraient à le rejeter tout le long du chemin ? C'est la grande question. Il faut en effet, pour fonder une vraie fidélité, que la valeur que contient une vocation, l'idéal qu'elle cherche, soient sinon les meilleurs possible, au moins de grande qualité. Qui clone voudrait brûler toute une vie pour un but inconsistant ?

A. A Jésus-Christ

La difficulté est là et elle mérite attention. Quand on parle de vie religieuse, l'engagement est à la fois avec le Christ et avec une institution. Du côté du Christ et de l'appel inspiré dans la sainte atmosphère de l'Evangile, l'option se présente comme indiscutablement bonne ; du point de vue de l'institution c’est autre chose. Quelqu'un dirait que l'Evangile mêle ses eaux pures aux eaux souillées de l'humanité, et il faut voir alors ce qui arrive à dominer dans cette symbiose, ce que deviennent la puissance et la beauté du message de Jésus et de la vie de son Esprit [15]

B. A l'institution

Il est bien certain qu'en nous liant à une institution concrète, je fais entrer dans ma vie des éléments de contingence et de misère humaine qui, unis à ma propre faiblesse fournissent la seule justification sur laquelle pourra s'appuyer le droit de l'Eglise à me dispenser éventuellement de mon engagement.

C'est une limitation à accepter ; mais il faut ajouter tout de suite que, en dehors des cas exceptionnels de quelques grands saints que Dieu mène en dehors des voies communes, l'institution offre à la plupart de ceux qui s'y engagent, une voie où l'idéal est plus élevé et les moyens d'y tendre plus abondants, une voie aussi qui a plus de garantie de durée qu'on en trouverait en cherchant ce même idéal en dehors de toute institution.

L'institution devient à la fois, presque par une loi qui lui est intrinsèque, mère bienheureuse et douloureux conditionnement, source de support et pesante servitude. Mais, tout compte fait, le niveau évangélique qui naît du projet vécu au sein d'une institution est largement supérieur à la majorité des projets individuels.

Il y a des Frères qui sont partis parce qu'ils se sentaient étouffés par l'Institution, et qui voulaient faire de leur vie une meilleure réalisation. La grande majorité ont vu s'effondrer leurs meilleures intentions devant la vie quotidienne réelle de celui qui lutte seul sans l'appui d'une communauté et sans l'aide d'une institution[16].

 D'ailleurs il ne faut pas oublier que l'institution n'est pas un en-soi indépendant des personnes qui la composent, que les structures ont été produites par des personnes et peuvent être modifiées aussi par des personnes à travers les canaux adéquats de l'institution. Il y a tout un jeu de libertés qui vivent et s'entrecroisent à l'intérieur de l'institution et qui vont des processus législatifs aux charismes prophétiques. La liberté de chaque membre est au milieu de tout cela, recevant et donnant. C’est dans ce sens profond qu'il faut comprendre, de l'institution la parole que le P. de Lubac dit de l'Eglise : « L'Eglise fait le chrétien et le chrétien fait l'Eglise ».

Nous pouvons dire que, d'une certaine manière, un individu réalise sa vocation avec fécondité et plénitude quand il reproduit dans sa propre vie à l'égard de l'institution le mouvement dialectique de la vie du Christ : il doit s'incarner, grandir, être éduqué dans l'institution ; il doit prêcher à l'institution (apporter sa parole, ses idées, etc. …) ; il doit souffrir la mort dans l'institution, et c'est alors seulement qu'il connaîtra une sorte de résurrection dans l'institution[17].

 Il ne faut pas oublier que la fidélité à la vocation implique aussi fidélité à tous les éléments du charisme, à toutes ces grâces prophétiques que l'Esprit-Saint a mises dans chaque membre pour être des ferments capables de transformer sa congrégation. Mais ce n’est qu'à l'intérieur de cette loi dialectique de la vie chrétienne qu'il pourra exercer cette action.

Reste néanmoins que l'institution ne pourra jamais suppléer le Christ ni le reléguer après elle. Fondamentalement la vocation religieuse est un engagement pour Dieu à la suite du Christ, et quelque importance qu'ait prise l'institutionnalisation de cette « suite du Christ », ce n'est jamais l'élément institutionnel qui pourra être avancé comme critère définitif.

L'engagement à suivre le Christ dans une institution déterminée peut bien être perpétuel, mais il reste relatif à l'institution. Celle-ci est faillible, donc éventuellement peut provoquer révision lorsque le discernement des faits et une prudence vraiment surnaturelle amènent un membre à voir qu'il doit rompre son engagement et quitter l'institution où d se trouve. Cc serait mal comprendre la fidélité et l'invoquer à tort si l'on fermait, par amour d'une fidélité matérielle, la porte à l'Esprit qui pousse à une fidélité spirituelle. Qu'il suffise de rappeler, pour la seule Société de Marie, les cas du Père Julien Eymard ou du Père Rougier, qui sont formés dans une institution et meurent dans une autre sans être le moins du monde infidèles. L'exemple vient de haut, puisque le Christ et Marie commencent dans la Synagogue et finissent dans l'Eglise.

Concluons donc en redisant que la fidélité ne tue pas la liberté et qu'aucune liberté vraiment axiologique ne peut être exercée en dehors d'une vraie fidélité. Toutes deux ont leur rôle dans la vocation que Dieu dans son amour a donnée à chacun.

III. INTÉRÊT DES TÉMOIGNAGES

Après ces considérations un peu abstraites, venons-en maintenant à la nature concrète de ce livre. y ne signifient les témoignages présentés ? Ils veulent dire qu'il est possible d'être fidèle, que l'idéal d'une vie évangélique totalement engagée et jusqu'à la mort, sans retour en arrière est possible, bien possible, que cet idéal est même épanouissant, qu'il n'aliène pas, mais réalise la personne humaine.

Oui, ces témoignages prouvent que ceux qui ont été fidèles ont été heureux dans la mesure même de leur fidélité ou dans la mesure des pardons reçus, quand ils sont revenus à la maison du Père. Ils veulent dire enfin qu'il y a un trésor de fidélité dans la congrégation, et, comme nous ne prétendons certainement pas être meilleurs que d'autres, qu'il y a un trésor de fidélité dans les congrégations et dans l'Eglise.

Le lecteur en feuilletant ces pages, pourra voir, comme moi, cette nuée de témoins qui ont pris la suite de ceux dont parle l'épître aux Hébreux[18].

 Je ne veux rien majorer ni prétendre que je vous présente une collection de vies saintes et canonisables[19]. Non. Simplement un défilé de témoignages de la famille, mais un défilé assez surprenant.

 En lisant ces pages, vous pourrez-en admirant les plus impressionnants – vous poser à votre tour la question : « Ce qu'ils ont fait, pourquoi ne le ferais-je pas ? ».

Vous sentirez grandir en vous la fierté d'appartenir à cette famille, la conviction que vous avez bien fait de choisir le Christ et d'entrer dans la Société de sa Mère ; vous sentirez couler dans vos veines la sève des vertus maristes ; enfin votre sens spirituel vous fera percevoir que vous avez une vraie parenté d'âme avec ces hommes qui vous ont apporté là leur vie réelle, pauvre et faible comme la vôtre à ses moments, mais courageuse aussi et pleine de foi, car la fidélité c'est la foi passant de l'intelligence et du cœur vers l'amour durable de l'action quotidienne.

 


[1]Ces derniers temps on s'est mis à sacraliser le changement, mais s'il y a des stabilités sclérosées, il y en a par contre qui ont plus de valeur que tous les changements. Ce n'est pas pour rien que la stabilité de Dieu est comparée à ce Roc qui fait notre sécurité et notre joie durable.

[2]On n'a pas fait une statistique rigoureuse. Il s'agit d'un ordre de grandeur.

[3]Comme je l'avais dit dans la circulaire d'invitation, j'ai dû me faire aider par une petite équipe de 5 ou 6 Frères, tous bien choisis et d'une grande discrétion. Chaque témoignage — sauf quelques-uns que je me suis réservés — a été lu et étudié par un membre (exceptionnellement deux) de cette équipe.

Je parle de fidélité au sens large pour simplifier. Je nuancerai ensuite l'idée de fidélité. D'une part ce n'est pas toute persévérance qui est fidélité : il y a des persévérances de peur et de paresse. D'autre part, il ne faut pas porter un jugement uniforme sur ceux qui sont partis. Pour certains il y a eu infidélité : c'est assez évident pour ceux qui avaient des responsabilités dans les années post-conciliaires. Par contre il y a eu des cas exemplaires de consacrés qui n'étaient pas faits pour la vie religieuse et qui, dans leurs démarches do sécularisation, ont été d'une droiture hors du commun.

[5]  Voir annexe n. 3, page 612.

[6]Au sens large du mot, aux niveaux religieux, social et humain, et aussi au sens plus étroit, au niveau des choix d'une vie consacrée qui engage par des liens perpétuels et irréversibles. Sauf exceptions sérieuses.

[7]J'emploie non-persévérance plutôt qu'infidélité pour éviter de cataloguer globalement tous les départs sous une épithète qui évidemment injuste pour un certain nombre.

[8]  « Laisse-moi enterrer mon père… » (Luc 9, 60).

[9]   « Un enclos de délices, un héritage magnifique », pour parler comme le psaume 15.

[10]Je recommande tout particulièrement une circulaire sur la fidélité, de Frère Albert Tremblay, supérieur général des Frères de Ploërmel : 22.8.1973. Il est bien difficile de faire une meilleure synthèse des objections de toutes provenances avec les réponses à leur donner, et qui soit plus à la portée du lecteur moyen. L'existence de ce petit chef-d’œuvre et l'intention toute différente que j'ai moi-même me dispensent de traiter le thème de la fidélité de cette manière synthétique.

Je recommande également le livre de Frère Vincent Ayel, F.E.C., « Inventer la fidélité au temps des certitudes provisoires », Editions du Chalet, Lyon 1976. Ce livre recueille l'essentiel des citations propres à ébranler la capacité et la conviction d'engagement des nouvelles générations aux points de vue psychologique, social et culturel. Il fait une place importante à cette contre-culture qui a atteint même les milieux religieux. En général il part des textes mêmes d'auteurs qui refusent la foi et l'absolu, et y présente une réponse adéquate.

Il y a d'autres auteurs qui ont écrit sur le même thème, et quelques-uns à des niveaux particulièrement profonds, comme par exemple Blondel, Kierkegaard, E. Mounier, G. Marcel, et aussi Légaut, Manaranche. Ils répondent adéquatement à cette contre-culture qui relève surtout de Nietzsche, Sartre, Simone de Beauvoir. Gide, etc. …

Parmi les théologiens qui ont consacré des efforts à cette lutte, je me limiterai à Urs von Balthasar et Olegario Gonzàlez ; mais il faudrait ajouter ceux qui, mettant tout l'accent sur la Bible nous présentent le Dieu fidèle et exigeant des Ecritures qui se cherche un partenaire fidèle ou plutôt le rend tel. La Bible renferme un tel amas de certitudes jamais démenties qu'elle est une mine où notre foi peut puiser le plus sûrement sa résistance à la contre-culture.

Comme je ne veux pas donner à cet ouvrage un aspect scientifique, j'évite d'abuser des références et de hérisser mon texte d'un apparat critique. Je passe donc sous silence les titres et les auteurs qui appuieraient mes affirmations fondamentales pour rester plus proche de la vie que de la recherche systématique.

[11]Cf. F. Nietzsche. Le Gai savoir, Gallimard 240-241.

[12]Cf. A. Gide, L'immoraliste, Mercure 173-174.

[13]Ouvrages cités.

[14]Au milieu de la voie que j'ai suivie je pourrais m'arrêter et me demander si j'abandonne mon premier idéal pour en suivre un autre. Mais dans ce deuxième itinéraire, ou bien je réengage une fidélité nouvelle pour pouvoir réaliser ce nouvel idéal, et alors le principe de la fidélité devient de nouveau exigé ; ou bien je rejette t'engagement de fidélité et alors le nouvel idéal n'a ni chance ni espérance.

[15]Henri Bergson disait naguère que, dans le christianisme, Jésus et l'Evangile sont l'élément dynamique, l'Eglise, l'élément statique. C'est assez juste sous un certain angle et c'est aussi ce que montre Urs von Balthasar, dans son livre : « Sponsa Christi » ou Martelet, dans son livre : « Sainteté et virginité de l'Eglise », ou encore le Cardinal Suhard dans sa lettre pastorale : « Essor et Déclin de l'Eglise ».

[16]L'institution peut être définie comme le milieu à l'intérieur duquel se développe une vocation. Ce développement toutefois peut aboutir à l'échec et au rejet. C'est un risque à courir. Mais qu'on le coure dans la vérité et l'honnêteté ! Qu'on ne joue pas sur deux tableaux !

Si donc on a profité d'une institution pour y trouver études, temps libre, argent, voyages, diplômes, et qu'on estime ensuite devoir se retirer, qu'on n'ait pas l'inconscience écœurante d'aller en outre se mettre à faire la critique acerbe de tout ce qui a paru négatif dans cette institution, pour laquelle, curieusement, d'autres au même moment ne tarissent pas de louanges.

Si cette institution est méprisable, qu'on l'abandonne, mais qu'on ait le courage de l'abandonner avant d'en avoir soutiré tout ce que l'on pouvait, et non après.

[17]Des cas comme ceux des Pères Lagrange, De Lubac, Congar, sont des cas bien patents de cette dialectique à l'intérieur de l'Eglise.

[18]Enveloppés d'une si grande nuée de témoins, nous devons rejeter tout fardeau et le péché qui nous assiège et courir avec constance l'épreuve qui nous est proposée (Hé. 12, 1).

[19]Ces termes ne doivent être employés qu'avec prudence, mais il est bon quand même aussi de se rappeler que l'Eglise ne canonise qu'un nombre minime des fruits de sainteté que l'Esprit du Christ a produits dans l'humanité. Elle choisit des cas d'exception où s'est trouvé atteint le niveau réellement héroïque dans des circonstances qui mettaient en particulier relief une vie exemplaire répondant à une fonction socio-ecclésiale capable d'illuminer des catégories d'hommes ou de femmes ou des situations historiques qui avaient besoin de modèles.

Mais, sans que l'on atteigne ce niveau d'héroïcité ou d'exemplarité, on peut bien aussi proposer des trésors de fidélité et de sainteté plus accessibles et plus capables, d'une certaine manière, d'interpeller, dans les situations courantes, le religieux moyen qui vit dans t'économie ordinaire des grâces du Seigneur.

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