Circulaires 403

Benito Arbués

1997-11-08

Avancer sereinement mais sans tarder

Introduction
PREMIÈRE PARTIE : «Reprenons la route»
Réflexions au début de la Conférence Générale
I. QUATRE ANS APRÈS LE CHAPITRE
• Quelques uns des événements les plus significatifs
• Où en sommes-nous en tant qu'Institut
A. Points de vue du Conseil général
B. Mes impressions
Il. LE JOUR TARDE A POINDRE : LA REFONDATION DE L'INSTITUT
• Invitation du Chapitre
• Le renouveau postconciliaire a été insuffisant
• Que faut-il entendre par «refondation» 7
• Références pour avancer cette refondation
a) Laissons-nous transformer par l'esprit
b) En route
c) Partager notre mission et notre spiritualité avec les laïcs
d) Engagement des Frères Provinciaux, du Supérieur Général et des Conseillers
DEUXIÈME PARTIE :
«AVANCER SEREINEMENT MAIS SANS TARDER»
(Message de la clôture de la Conférence Générale)

III. UNIFICATION DE TOUTES LES PRIORITÉS
• Nous sentons un appel fort
- à approfondir notre spiritualité Mariste
- à développer la mission et la spiritualité proposées par le Chapitre Général -
- à continuer à lancer et à développer des initiatives et des structures qui nous amènent à partager la mission mariste avec les laïcs.
- à nous engager dans la pastorale des vocations et dans la formation
IV. REVENUS DANS VOS PROVINCES ? QU'ALLEZ-VOUS DIRE AUX FRÈRES ?
• Faites ce qu'Il vous dira
• Accepter le risque de la foi et des chemins de Dieu
• Remerciement
V CONCLUSION
VI. ANNEXES
Suggestions pour la réflexion personnelle et communautaire
.

403

VJMJ 

CIRCULAIRES DES SUPÉRIEURS GÉNÉRAUX

DE L'INSTITUT DES

FRÈRES MARISTES DES ÉCOLES  

Volume : XXX, II  

AVANCER SEREINEMENT

MAIS SANS TARDER  

Maison Générale

Rome le 8 novembre 1997 

PRÉAMBULE

   Chers Frères,

Voici un mois à peine que se terminait la Conférence Générale qui a réuni 91 participants, dont huit jeunes Frères et huit laïcs venus des cinq continents. Nous avons aussi bénéficié de l'aide précieuse de 11 Frères pour les services de secrétariat et de traduction.

Nous avions prévu de réunir la Conférence à Nairobi, mais des difficultés de dernière heure nous ont obligés à la convoquer à Rome, car nous n'avons pu trouver un autre lieu qui offre les moyens et les espaces nécessaires à ce type d'assemblée. En opérant ce changement, beaucoup de participants ont perdu l'occasion de prendre contact avec quelques pays d'Afrique et de Madagascar et de mieux connaître les espérances, la richesse humaine et spirituelle et les défis auxquels ce continent est affronté. En tant que Maristes, nous avions là une occasion d'entrer en plus étroite communion avec nos Frères du continent africain et de vivre trois semaines en contact avec le groupe de jeunes Frères au Centre international Mariste de Nairobi (MIC). Malgré le changement de lieu, nous avons gardé le «logo» aux touches africaines qui figurait sur tous les documents écrits envoyés avant la Conférence Générale.

Nous savons tous que la Conférence Générale est une assemblée consultative et qu'elle a pour but essentiel de renforcer l'unité de l'Institut, de favoriser les contacts directs des supérieurs entre eux et avec le Frère Supérieur Général et son Conseil, d'étudier les sujets d'intérêt général et de proposer des solutions.

La dynamique et le fonctionnement de la Conférence générale sont bien différents de ceux d'un Chapitre Général. Le Chapitre Général a une autonomie totale par rapport au Conseil Général et il est l'autorité suprême extraordinaire de l'Institut. Par contre, l'organisation, le choix des thèmes, le calendrier et la durée de la Conférence Générale relèvent de la compétence du Supérieur Général et de son Conseil, en concertation avec les Frères Provinciaux. Les Chapitres Généraux procèdent par vote sur tous les sujets et produisent des documents pour l'Institut. Dans les Conférences Générales, on ne vote pas les décisions, mais on arrive à un consensus sur les sujets qu'il faut dynamiser au niveau des Provinces ou de l'institut, même s'ils ne sont pas portés par des documents ou des déclarations officielles. Ces différences se traduisent par la manière de travailler et bien sûr, par les objectifs poursuivis ainsi que par les moyens à mettre en œuvre pour les atteindre.

Dans certaines cultures, un vieil adage dit que : « la répétition est mère du succès». En bons pédagogues, nous savons que tout ce qui est dit n'est pas nécessairement su et bien présent à l'esprit de tous, c'est pourquoi il faut répéter souvent les choses importantes, il faut les redire maintes et maintes fois, sans se lasser. L'insistance est un art et joue un rôle important, parfois décisif, dans la pédagogie humaine et dans la pédagogie de Dieu. Le rappel n'est pas la répétition matérielle ou le fait de dire toujours la même chose et de la même manière. Rappeler, faire mémoire, c'est faire passer de nouveau dans les cœurs ce qui y était déjà. Il est vrai que les choses importantes ne sont pas rejetées ou niées, il arrive simplement qu'on les oublie et qu'elles n'ont donc plus d'influence sur nos convictions et par conséquent, ne dictent plus notre comportement.

La Conférence Générale 1997 a présenté peu de nouveautés, elle a été la prolongation du XIXième Chapitre Général et elle a surtout insisté sur les thèmes clés de ce même Chapitre. Elle avait pour objectif d'évaluer la mise en pratique des orientations capitulaires et de donner aux Frères un nouvel élan pour les quatre prochaines années. Les Conseillers Généraux, par les commissions de travail, ont orienté la réflexion sur ces cinq thèmes : la Spiritualité Apostolique Mariste, la Solidarité, la Mission et la proposition éducative, la Formation et la Pastorale des vocations, l'Administration des biens. L'évaluation déjà réalisée dans chaque province a été le point de départ de la réflexion sur ces thèmes. Plutôt que d'élaborer de nouvelles orientations, on a surtout porté l'attention sur la manière de continuer à avancer dans l'esprit et dans la ligne du Chapitre.

«La proposition éducative» qu'une commission internationale a travaillée pendant plus de trois ans, a fait l'objet d'une étude attentive. Elle a obtenu l'appui de l'assemblée qui a cependant souhaité que la nouvelle rédaction du texte prenne en compte les observations des divers groupes linguistiques. »

C'est dans ce contexte global qu'il faut cadrer le contenu de cette lettre circulaire qui reprend mes deux interventions, l'une en ouverture et l'autre en clôture de la Conférence Générale.

Mes impressions

 Les Frères Provinciaux vous ont sans doute déjà communiqué leurs impressions et leurs points de vue sur le rencontre de Rome. j'y ajoute mes propres impressions pour vous apporter davantage d'informations sur cet événement qui concerne la Congrégation tout entière. Je voudrais souligner brièvement cinq aspects qui me semblent les plus riches et les plus significatifs :

Ambiance fraternelle, cordiale, pleine de confiance et de travail intense : J'ai perçu une ouverture et un effort de communication pour dépasser les barrières de langue ou de culture. Tout cela a sans doute facilité l'accueil des laïcs et la bonne intégration des jeunes Frères qui ont pleinement participé en toute liberté d'esprit et d'ouverture créative.

Unité des critères et harmonie autour des thèmes du XIXièmeChapitre Général: non seulement j'ai senti une franche acceptation de ces thèmes, mais aussi le vif désir de faire qu'ils deviennent réalité. Et c'est ainsi que des expressions comme : se remettre en route, refonder l'Institut, avancer sereinement mais sans tarder, n'ont surpris personne.

Espérance et foi en l'avenir : il ne s'agit nullement d'une espérance passive et encore moins de résignation, mais de l'espérance du pauvre qui met sa confiance en Dieu et se dispose à se mettre au travail. Il me semble que notre réflexion et la vision de l'Institut ont été réalistes. Une fois de plus, nous avons pris conscience des appels que Dieu adresse à notre Congrégation et du manque de moyens humains dans de nombreuses provinces pour affronter l'avenir. Tout cela nous a fait peur à certains moments face à notre mission d'animateurs des provinces et des Districts ; comme la Vierge de l'Annonciation, nous nous sommes demandés : Comment cela pourra- t- il se faire ? Mais j'ai senti chez les Frères Provinciaux et les Supérieurs de Districts une foi en l'avenir et un désir d'aller de l'avant. Et c'est dans cet esprit qu'ils sont repartis chez eux.

Les célébrations liturgiques : elles ont été riches, profondes, adaptées aux grands thèmes sur lesquels nous avons réfléchi. Nous avons prié avec la vie, avec les événements et avec les sentiments de nos Frères. Les symboles ont fréquemment remplacé les mots. Le Père Denis Green, 76 ans, et membre de la Société de Marie, a présidé nos eucharisties avec une telle ouverture et une telle flexibilité que nous avons vraiment vécu des célébrations. J'ai expérimenté une fois de plus que lorsque l'amour de Dieu nous réunit, nous parlons un langage nouveau qui crée la communion et nous donne de nous sentir Frères autour du même Père.

Présence de huit laïcs : je voudrais avant tout souligner leur générosité et leur disponibilité et tout ce qu'ils nous ont donné d'important : leur temps, leur amitié, leur connaissance et leur Amour du monde mariste et l'expérience de leur foi. Ils se sont pleinement intégrés au grand groupe et ont partagé les horaires habituellement lourds de nos assemblées. Ils ont eu, eux aussi, à surmonter quelques difficultés pour se sentir en «communauté» comme laïcs et s'intégrer dans un groupe si nombreux de consacrés. Ils ne se connaissaient pas ; ils ont tous une riche personnalité et occupent des postes d'animation dans leur province mariste respective.

J'ai senti que leur présence était positive et enrichissante pour nous les Frères, parce que ce type de convivialité aide à accentuer la vision de «l'Eglise- communion» et à reconnaître les dons que l'Esprit donne à chacun de nous selon la vocation à laquelle nous sommes appelés.

Je sais que certaines Provinces et Districts connaissent de telles expériences et souvent avec un très grand engagement dans la mission et dans la spiritualité maristes. Cela permettra sans doute au prochain Chapitre Général de trouver une formule pour assurer la présence d'un groupe de laïcs, au moins pendant les jours où il s'agira de sujets importants pour l'avenir de l'Institut.

Contenu de cette circulaire

Au début et à la fin de la Conférence générale, j'ai partagé ma réflexion avec les participants. j'ai eu le temps de préparer na première intervention et je présentais aux Frères Provinciaux des propositions et des lignes d'action que je considère Importantes pour l'avenir de l'Institut. Ma deuxième intervention n'était pas prévue et je l'ai écrite le dernier jour à la lumière de la réflexion que faisait l'assemblée et compte tenu des inquiétudes que je décelais chez les participants au cours de ces trois semaines de notre rencontre.

Bien que j'aie écrit ces réflexions en pensant surtout aux Frères Provinciaux, aux Supérieurs de Districts et à moi- même en tant que Supérieur Général, en raison de la mission d'animateurs qui nous a été confiée, il me semble opportun de les partager avec vous tous dans cette lettre circulaire parce que nous sommes tous responsables de la vitalité de l'Institut (C. 165) et que devons exercer la médiation du charisme d'une manière réciproque (C.40).

J'ai intégralement respecté le texte original ; je me suis borné à quelques modifications minimes de type grammatical et à la réorganisation de tel ou tel paragraphe pour faciliter la compréhension du texte aux Frères qui n'ont pas participé à la Conférence générale.

J'espère que le fait d'avoir numéroté ne vous empêchera pas de trouver l'expression fraternelle et tout l'amour que j'ai mis dans ce texte, mais il me semble que, grâce à cette présentation, il vous sera plus facile de repérer les thèmes auxquels je fais référence.

Il y a des communautés qui se réunissent pour partager leurs points de vue et réfléchir ensemble sur les documents qui nous viennent de l'Eglise ou de l'Institut, j'ai donc ajouté quelques jalons pour faciliter la réunion.

Et maintenant, je vous invite à lire les pages qui suivent.

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Première partie  

RELEXIONS AU DEBUT DE LA CONFÉRENCE GÉNÉRALE  

13 septembre 1997  

REMETTONS- NOUS EN ROUTE

1. Mon intention en m'adressant à vous au début de la Conférence Générale, c'est de vous proposer quelques réflexions qui seront en quelque sorte la «toile de fond» des thèmes que nous allons approfondir dans les prochains jours. Le contenu n'est pas nouveau, c'est un simple rappel de ce que nous avons vécu au Chapitre Général de 1993.

Je centrerai ma réflexion sur deux grands points : l'après- Chapitre et la refondation de l'Institut.

I. QUATRE ANS DEPUIS LE CHAPITRE
Quelques uns des événements les plus significatifs :

2. Je ne prétends nullement donner une information sur l'Institut, cela conviendrait mieux à une assemblée capitulaire. Mais il me semble pourtant opportun de rappeler quelques faits qui ont marqué la vie de l'Institut au cours de ces dernières années. Comme il s'agit d'événements bien connus, je me bornerai à les évoquer rapidement.

Présence de la Croix :

3. Nous avons vécu quatre années marquées par la souffrance et la déstabilisation de certains Secteurs de l'Institut, en raison de la guerre ou de la violence, notamment : au Ruanda, en République Démocratique du Congo (ex Zaïre), en République Centrafricaine, au Liberia, au Liban, à Bougainville, au Cambodge, en Algérie. La présence de la Croix s'est manifestée par la mort violente de onze Frères en Afrique :

– Etienne, Fabien, Gaspard et Canisius, victimes innocentes d'un génocide atroce.

– Chris et Joseph Rusiga… conscients de risquer leur vie en portant secours aux Frères et aux postulants menacés de mort. A quelques mètres de notre école de Save, ils ont été abattus par balles. Pour eux, l'amour de leurs Frères a été plus fort que la prudence humaine.

– Henri Verges, en Algérie et Servando, Julio, Miguel Angel et Fernando à Bugobe (Zaïre) : alors qu'ils avaient la possibilité de quitter ces zones de danger, ils ont choisi de rester ensemble au cœur d'un peuple qui souffrait. Comme beaucoup d'autres, ils ont connu la mort violente. Leurs morts sont devenues des gestes de vie dont la raison n'est autre qu'un sens profond de la fraternité sans frontières. Leurs vies nous parlent de l'efficacité de la Croix, de la fécondité du grain de blé qui meurt ; elles sont un signe de la présence de l'Esprit parmi nous ; elles nous montrent que «l'engagement jusqu'à l'héroïsme fait partie de la nature prophétique de la vie consacrée». (VC83). Elles inspirent et animent chez beaucoup, le désir d'un engagement évangélique.

Unité et Solidarité :

4. Dans cette expérience de la Croix qu'a vécue l'Institut, j'ai perçu des signes de souffrance et aussi des moments de grande sympathie tant pour nos Frères assassinés que pour leurs familles.

J'ai ressenti fortement l'unité et la solidarité de tout l'Institut, non seulement de la part des Frères mais aussi de la part de tant de laïcs avec qui nous partageons la mission et la spiritualité. Les marques d'estime ont été fortes, expressives et nombreuses.

Pour beaucoup, ces martyrs continuent à être un appel fort du Seigneur à nous déplacer vers les «périphéries et les frontières». La mort de nos Frères nous a tous aidés à mieux connaître le drame affreux que vivent tant de réfugiés qui souffrent des conséquences de la guerre. Cela nous a sensibilisés au dialogue islamo- chrétien. Les 60 Frères qui ont répondu à mon appel en faveur du Rwanda, sont un signe évident de la solidarité. La plupart d'entre eux continuent à proposer leur engagement.

Mission Ad Gentes :

5. Deux projets de caractère interprovincial ont tout dernièrement abouti et les Supérieurs d'Asie réfléchissent à la possibilité d'en lancer un autre dans ce continent. Il est fort regrettable que depuis quatre ans, nous n'ayons pas encore pu revenir à Cuba. Les Frères n'ont obtenu en tout, que cinq séjours temporaires, d'une durée de quarante jours

Une Grâce tant attendue :

6. Un dernier événement important a été l'avis favorable de la Commission médicale, le 26 juin dernier. Avec ce résultat, l'espoir de la Canonisation du Père Champagnat va croissant. Si les démarches encore à faire réussissent, nous aurons la magnifique occasion de célébrer la canonisation et aussi de retrouver nos origines, d'approfondir les intuitions des commencements, de revitaliser notre charisme et de faire une lecture nouvelle du chemin de sainteté que nous a indiqué Marcellin.

Où en sommes- nous en tant qu'Institut ?
A. Points de vue du Conseil Général

7. Dans le Bulletin aux Provinciaux, N°8 de juillet 1996, on trouve une statistique simple publiée le 31 Décembre de chaque année, et de laquelle j'extrais ces données qui nous apporteront un premier élément de réflexion.

 

                            Année              1" Prof. Décès            Sorties TOTAL

                            1985    103      82        145      6.110

                            1992    95        87        102      5.493

                            1996    75        95        92        5.051

                            2001    –           –            –           4.670 ?

 

A l'issue de chacune des visites des Frères du Conseil Général, nous avons partagé la vision que nous avions de l'Institut à ce moment donné. Au mois de juin dernier, la première visite à toutes les Provinces et Districts étant terminée, nous avons consacré du temps à partager et à préciser nos vues communes quant à la situation actuelle de l'institut. Nous nous sommes référés aux Constitutions, aux documents de XIXe Chapitre Général et, pour une large part, aux lignes de force que nous percevons dans la vie religieuse d'aujourd'hui. Malgré ces références communes, je reconnais que notre vision de l'institut peut être limitée et influencée par la sensibilité propre des membres du Conseil. Mais comme nous constatons des coïncidences importantes, je voudrais vous faire part des appréciations les plus significatives face à l'avenir de l'Institut. Elles sont présentées par thèmes et plus ou moins regroupées autour de deux questions que nous nous sommes posées :

8. Quelques aspects concrets et significatifs qui, face à l'avenir dans les prochaines années, dynamisent la vitalité de la mission et la pastorale des vocations, ou qui soulignent la qualité de la formation :

a) Sur la vitalité de la mission, nous constatons les forces dynamiques suivantes

• Le déplacement des ressources matérielles et humaines vers les pauvres : nouvelles initiatives communautaires ou éducatives, disponibilité des Frères (y compris pour quitter leur pays), solidarité, projets interprovinciaux.

• La mission partagée avec les laïcs : formation à la spiritualité et à la pédagogie maristes, intégration progressive aux niveaux de la réflexion et des décisions, présence active des laïcs dans la mission et dans les projets de solidarité.

• Un nouvel élan apostolique : le projet de Bugobe et les onze Frères violemment assassinés, les Frères disposés à s'engager dans de nouveaux défis missionnaires, le souci ardent de lavitalité de la mission.

• L'Acceptation du Chapitre Général : acceptation globale, disponibilité pour aller de l'avant, effort des conseillers provinciaux pour le mettre en pratique.

• La disponibilité pour des projets missionnaires (Ad Gentes)

b) Dans la pastorale des Vocations, nous constatons les forces dynamiques suivantes :

• Les moyens mis en œuvre : équipes, programmes, formation des Frères, moyens financiers.

• La pastorale des Vocations est liée à la pastorale des jeunes : Mouvements de jeunes, groupes apostoliques, groupes de

solidarité, groupes d'adultes avec de nombreuses activités d'accompagnement.

• Les Frères engagés : dans certaines Provinces, il y a un groupe de Frères motivés, engagés à temps plein.

• Nous faisons des progrès en matière de discernement et d'accompagnement des candidats.

c) La qualité de la formation initiale et permanente :

• La formation des formateurs efforts réalisés à tous les niveaux.

• L'accompagnement et une formation plus personnalisée.

• La collaboration inter provinciale.

• Les centres internationaux :  Asie, Afrique : noviciats, scolasticats, MIC, MAPAC.,

• L'Escorial, Manziana.

• Les sessions de renouveau et de formation permanente organisées par Régions.

9. Quelques aspects faibles et significatifs qui, face aux années qui viennent, freinent ou bloquent la vitalité de la mission, la pastorale des Vocations ou la qualité de la formation :
a) Quant à la vitalité de la mission, nous constatons les faiblesses et blocages suivants :

• Le lourd héritage de certaines œuvres : elles sont souvent importantes, lourdes, causes de division et empêchent des orientations nouvelles ; nous sommes souvent plus accrochés aux œuvres qu'à la fidélité à la mission.

• La difficulté à vivre une spiritualité apostolique rayonnante : surmenage et vide spirituel chez beaucoup de Frères en pleine activité.

• La Mission et les Collèges : nous constatons un fossé entre la théorie de l'évangélisation et la pratique, nous sommes désorientés quant à la place des collèges dans notre mission ; absence d'évaluation et de discernement de nos œuvres.

• Nous identifions souvent les structures d'éducation à la fidélité à notre charisme.

• Le manque de sens social : nous observons l'isolement communautaire, la faible ouverture et la faible connaissance des problèmes du monde et des situations de pauvreté, le peu de dialogue avec la culture et avec les jeunes.

• Le professionnalisme et un manque de vigueur du zèle apostolique et du sens de la mission.

• La dimension prophétique n'est pas significative et subit

l'influence de la sécularisation et de notre style de vie.

b) En pastorale des Vocations nous jugeons faibles les points suivants

• Les attitudes négatives ou passives de certains Frères : ils n'osent pas appeler.

• Le manque d'intérêt de certaines Provinces qui n'ont plus de candidats depuis longtemps.

• Notre propre vie et l'image que nous en donnons : nous nous demandons si c'est un signe de crise d'identité ou de crise de foi de la part de beaucoup de Frères.

• Nous constatons que la présence des Frères est faible parmi les jeunes : dans certaines Provinces il y a absence totale ; le vieillissement et la priorité que l'on donne aux problèmes de gestion contribuent à éloigner des jeunes.

• Des Communautés peu accueillantes : le niveau de vie en est partiellement la cause, ainsi que le manque de souplesse et de contact avec la réalité.

• Nous avons conscience en outre, d'une désorientation, d'un manque d'animation de la part du Conseil Général et d'une insertion insuffisante dans l'Eglise et dans la pastorale locale.

c) Les aspects les plus faibles de la formation sont :

• L'accompagnement insuffisant des jeunes Frères.

• Nous nous interrogeons sur les priorités et les programmes de la première étape du post- noviciat (Scolasticat). Nous jugeons aussi très faible la deuxième étape.

• Le manque d'équilibre dans la formation : entre l'apôtre mariste et les études professionnelles ; former pour la mission, besoin d'expériences significatives et unification de la vie.

• Le manque de clarté dans les étapes initiales est cause de tensions dans les aspects suivants : formation «communautaire ou plus personnalisée», «formation psychologique ou plus spirituelle», «davantage d'études ou davantage d'expérience». On sent le risque de privilégier «l'individualisme et l'intimisme».

• La formation permanente : manque de formateurs ; trop faible utilisation des moyens ordinaires ; peu de motivation chez les Frères.

• Le Postulat : manque de formateurs ; programmes et discernement vocationnel bien faibles.

B. Quelques impressions personnelles :

10. Le contact que j'ai eu avec des groupes de Frères au cours de mes visites, m'invite à voir l'avenir immédiat avec espérance. J'ai eu l'occasion d'apprécier les valeurs que vivent les Frères, leur disponibilité et leurs craintes. Ils sont également bien conscients de leur lassitude et de leurs limites.

Je perçois l'Institut dans son pluralisme et dans la diversité des sensibilités culturelles, dans la variété des options et des projets. Il y a des Provinces, des Districts ou des Secteurs dynamiques et créatifs ; d'autres traversent de graves difficultés, même si la flamme et la fidélité des Frères sont toujours évidentes. Dans certaines Unités Administratives, le vieillissement et la diminution du nombre de Frères n'empêchent pas de rechercher des réponses créatives… Il est évident qu'il y a des Provinces qui souffrent de la crise que vit aussi l'Eglise de leur pays. Dans d'autres, les Frères ressentent la problématique que traverse la vie religieuse en général, quant au témoignage communautaire de consacrés- en- mission, quant à l'insertion dans le monde d'aujourd'hui et quant aux conditions que nous avons à vivre pour rendre la vie consacrée significative pour les hommes et les femmes de notre temps. Dans telle ou telle situation je sens dans la communauté une foi faible, malade, ou en crise.

Dans ce contexte, j'apprécie hautement l'unité et l'identité Maristes autour de notre charisme, l'amour et la vénération pour le Père Champagnat, la joie de nous sentir appelés par Dieu à vivre la consécration comme FRÈRES dans un institut laïc.

Je constate aussi une grande disponibilité, une ferme espérance et le désir d'avancer… Peut- être attendons- nous trop, pour dynamiser

 notre charisme, que les solutions nous viennent des instances supérieures et ne cherchons- nous pas assez les chemins de transformation dans chacune de nos Provinces.

Mais il y a encore une autre réalité de l'Institut que je juge différemment de ce que je viens de dire des Frères en tant que personnes : ce sont les institutions, les œuvres en tant que telles. Je crois que leur nombre et le poids de beaucoup d'entre elles, bloquent et conditionnent notre réflexion et notre capacité de discernement et, par conséquent, la prise de certaines décisions.

Normalement nous appelons des personnes à la conversion en espérant que, transformées, elles pourront avancer en toute liberté d'esprit. Les processus qui touchent la « conversion des œuvres » sont plus rares, et rares aussi le lancement de projets nouveaux qui soient en référence à l'esprit du XIXe Chapitre Général. J'ai parfois l'impression que d'un côté nous dynamisons les Frères pour la rénovation et que, d'un autre côté, nous les plaçons en situation d'asphyxie et d'épuisement. Ce n'est pas la disponibilité qui fait défaut. Mais il faut renforcer l'esprit avec des projets et des structures qui dynamisent et soutiennent la qualité de vie de nos Frères affrontés à la nouvelle évangélisation inhérente à notre mission.

Frère Provincial ou Supérieur de District, si l'on retirait à ton Unité Administrative la responsabilité de la moitié des œuvres (et des plus lourdes), quels nouveaux projets oserais- tu proposer à tes Frères ? 

II. LE JOUR TARDE À POINDRE :

La refondation de l'Institut

Invitation du Chapitre Général

11. Le «Message» du XIXièmeChapitre Général conclut par cette invitation : «Nous comptons sur toi pour cette refondation de l'Institut» et il nous précise en quoi doit consister cette refondation. On peut la retrouver à partir des documents capitulaires sur la Mission, la Solidarité et la Spiritualité Apostolique. Je crois que concrètement, la Spiritualité Apostolique Mariste constitue un document- clé pour réaliser cette refondation de l'Institut.

L'Exhortation sur la Vie Consacrée nous dit cette relation entre renouvellement et chemin spirituel.

«S'il est donc vrai que le renouveau de la Vie Consacrée dépend principalement de la formation, il est aussi vrai que cette dernière est, à son tour, liée à la capacité de proposer une méthode riche en sagesse spirituelle et pédagogique» VC 68, 93).

Ce chemin spirituel dans la perspective d'une rénovation au seuil du troisième millénaire, passe par une solide spiritualité de l'action, qui consiste à voir Dieu en toute chose, et toute chose en Dieu (VC 74), par la lecture attentive des signes de l'action providentielle de Dieu dans l'histoire (VC 73), par la recherche des voies du Seigneur dans les signes des temps (VC 94), au milieu des réalités du monde (VC 68), et dans les pauvres (VC 82).

Ainsi nous pourrions définir «la spiritualité» (chrétienne, évidemment) comme la vie selon l'Esprit, c'est- à- dire une forme de vie qui se laisse guider par l'Esprit du Christ. Dans ce sens, la spiritualité touche à la vie tout entière de la personne. Non seulement son esprit, mais aussi son corps ; non seulement ses relations avec Dieu, mais aussi ses relations avec le monde qui l'entoure. Celui qui assume le projet du Royaume de Dieu comme déterminant sa propre vie, avec toutes ses conséquences, et qui se laisse guider par l'Esprit du Christ, vit et grandit en spiritualité. La Spiritualité chrétienne est donc la vie. Et tout ce que la vie nous donne : prière et action, apostolat et travail professionnel, relation avec les autres et engagement dans l'histoire, etc. … en un mot, tout est important et contribue à son développement ou à son effondrement.

Dès lors que notre Institut apparaîtra comme une « école de spiritualité évangélique authentique» (VC 93), nous pourrons être sûrs d'avoir commencé le chemin de la refondation.

12. En réfléchissant avec vous sur le thème de la refondation, je souhaiterais ébaucher quelques lignes d'action qui puissent nous éclairer, nous donner l'espérance devant l'avenir et nous encourager à l'engagement dans cet effort collectif. Voilà le fruit le plus précieux qui pourrait accompagner la canonisation du Père Champagnat. Je suis conscient que la refondation d'un charisme est à la fois un don de l'esprit et le fruit de l'action humaine. Ce don, nous devons le demander par la médiation de Marie, «Elle qui a tout fait chez nous». Mais comme c'est aussi le travail de l'animation et du gouvernement, je vous demande à tous votre collaboration.

La Commission Préparatoire à cette Conférence Générale, avec le slogan «Maintenant» nous invite à reprendre la route, à relire les documents capitulaires et à «retrouver avec courage l'audace, l'esprit entreprenant, l'inventivité et la sainteté des fondateurs en réponse aux signes des temps qui apparaissent dans le monde actuel» (VC 37).

Le renouveau postconciliaire n'a pas été suffisant

13. Après le Concile Vatican II, on a utilisé et répété sans distinction, dans les Instituts de vie consacrée, les mots «Renouveau» et «aggiornamento» pour exprimer le contenu du motu proprio Ecclesiae Santae (I 966) de Paul VI qui donnait aux religieux et religieuses des orientations pour l'application des décrets conciliaires.

Même si la tâche de renouveau n'était pas facile, elle présentait certains aspects attrayants qui pouvaient laisser supposer un enthousiaste renouvellement de la vie religieuse. On ne prévoyait sans doute pas une crise large et durable comme celle que nous vivons actuellement. Parmi les changements réalisés, certains étaient vraiment de fond, d'autres n'ont été que superficiels. Mais il n'y a aucun doute que globalement, le travail réalisé pendant ces années- là, a été intéressant et a permis une compréhension plus riche de la vie consacrée elle- même, de son identité, de son charisme propre et de la place des religieux et des religieuses dans l'Eglise.

L'Exhortation apostolique «Vita consecrata» apprécie ainsi cette période de renouveau postconciliaire :

«En ces années de renouveau, la vie consacrée a traversé une période délicate et difficile, comme d'ailleurs d'autres formes de vie dans l'Eglise. Ce fut une période riche d'espérances, de tentatives et de propositions novatrices qui tendaient à donner une nouvelle force à la profession des conseils évangéliques. Mais ce fut aussi un temps marqué par des tensions et des épreuves, où des expériences pourtant généreuses n'ont pas toujours été couronnées de résultats positifs». (V.0 13)

14. C'est à partir des années 90 que le mot «refondation» a pris de la force. Peut- être faut- il chercher les raisons de ce changement de «rénovation» par «refondation» dans le découragement des religieux et des religieuses qui avaient répondu par tant d'efforts pour réaliser le renouveau, et qui se sont rendu compte que ces efforts n'avaient pas porté des fruits d'espérance , que les changements réalisés ne se sont pas traduits par une meilleure signification de ce qu'est, et de ce que représente la vie consacrée dans l'Eglise et dans le monde. Le Concile la définit comme «un signe éclatant du royaume de Dieu» (PC I) et c'est la raison d'être de la vie consacrée.

Tout le monde sait les difficultés que connaissent aujourd'hui les diverses formes de vie religieuse. 11 est évident que nous vivons une crise complexe qu'on essaie d'identifier par les expressions de : chaos, nuit obscure, temps d'hiver, désenchantement, malaise sourd et généralisé, insécurité, modèles insuffisants et dépassés, temps de discernement et de transformation, besoin de grandir en profondeur… Partout, on demande un modèle nouveau qu'on n'a pas encore trouvé.

Mais face à cette crise, il y a pourtant une espérance et l'on a l'intuition d'un nouveau printemps. Chez les religieux et les religieuses, il y a le désir manifeste de chercher, dans une fidélité créative, un style de vie religieuse plus radical et plus prophétique. Ils considèrent le «chaos» au sens biblique, comme une grâce de création (de re- création) et ils acceptent «l'hiver» dans une spiritualité d'espérance et de discernement de l'essentiel. On est bien conscient que «si le grain tombé en terre ne meurt pas, il demeure seul et ne peut porter du fruit.» (Jean 12, 24)

15. Ces voix pour la refondation trouvent un écho clair dans les messages de Jean Paul II. Le Pape parle de fidélité créative aux fondateurs. Comme ces messages sont bien connus, je me limite à les rappeler :

«Les fondateurs ont su incarner en leur temps, avec courage et sainteté, le message évangélique. Il faut que, fidèles au souffle de l'esprit, leurs fils spirituels continuent dans le temps ce témoignage, imitent leur créativité par une fidélité au charisme des origines, et restent attentifs aux besoins d'aujourd'hui». (Congrès Union des Supérieurs Généraux, 26.11.94)

«Il faut une fidélité créative et concrète à votre charisme … En parlant de fidélité créative, j'ai voulu parler d'une lecture attentive des signes des temps pour y découvrir ce que l'Esprit Saint dit aux chrétiens d'aujourd'hui. Une lecture avec la sensibilité du pauvre d'Assise… L'ouverture et la disponibilité de François vous éviteront le risque de l'immobilisme et aussi la tentation facile d'accepter les modes du moment». ( Chapitre général des Frères Mineurs capucins : 1.7.94)

«Les Instituts sont donc invités à retrouver avec courage l'esprit entreprenant, l'inventivité et la sainteté de leurs fondateurs et fondatrices en réponse aux signes des temps qui apparaissent dans le monde actuel. Il s'agit là surtout d'un appel à persévérer sur la voie de la sainteté… Mais c'est aussi un appel à acquérir une bonne compétence dans son travail et à garder une fidélité dynamique dans sa mission …» (V.0 37)

Qu'entendons- nous par «refondation»

16. Dans l'histoire de l'Eglise sont apparus des processus de refondation qui correspondaient aux temps de changement des modèles historiques (paradigmes). A chaque période critique de l'histoire où l'homme change sa manière de se considérer lui- même et de considérer ses relations avec le monde et avec le transcendant, est apparue une forme prédominante de vie religieuse. Les nouvelles coordonnées de l'Eglise et du monde tracent de nouveaux schémas de vie religieuse tout au long des siècles.

On répète fréquemment le mot «refonder» mais son contenu est plutôt ambigu et il prête même à des interprétations contradictoires dans les congrégations. On parle de renouveau, de réforme, de restructuration, de récupération… A première vue, ces mots semblent avoir le même sens et ce n'est qu'un problème de langage. Mais nous savons tous que les mots ne sont jamais neutres, ils ont une magie et un contenu parce qu'ils permettent une interprétation précise de la réalité.

Refonder, c'est réorienter effectivement l'Institut dans la ligne des intuitions et des intentions qu'avait le Fondateur aux origines de la Congrégation. Il est clair que cela ne peut signifier refaire exactement ce que le Fondateur et les premiers Frères ont fait. Il est impossible de refaire aujourd'hui ce qui se vivait alors, dans le contexte culturel, social et ecclésial où est né notre Institut. Mais il s'agit de reprendre les éléments qui donnent son originalité au charisme pour les actualiser dans le contexte historique actuel et dans les divers contextes culturels où s'est implanté l'Institut.

17. La refondation doit partir de ce qui existe déjà car il ne s'agit pas d'inventer le charisme, mais de le revitaliser et de l'incarner dans les cultures d'aujourd'hui. Cela demande un triple regard : vers le passé (revenir aux sources), vers notre présent ( par où et comment nous allons), vers l'avenir (que nous demande Dieu ?). Comme un auteur qui «évoque le processus vital par lequel un institut revit l'expérience des origines et, à partir de là, corrige les erreurs du présent et oriente de façon créative son avenir».

Entrer dans un tel processus exige : d'avoir le cœur du Fondateur et entendre les appels de Dieu aujourd'hui. Avoir ses yeux pour regarder avec amour le monde d'aujourd'hui et les urgences qui demanderaient à ses yeux une réponse semblable à celle qu'il a donnée en 18 17. Nous engager à incarner d'une manière nouvelle les mêmes valeurs qu'il a voulues pour ses petits Frères. Lancer des projets qui nous rendent fidèles aux intuitions et aux intentions qui nous ont fondés. Nous dépouiller de tout ce qui nous éloigne de cette fidélité, même si ce que nous faisons est bon et valable pour une partie de la société.

18. Je pense, concrètement que Marcellin Champagnat :

– animé par l'Esprit, a été séduit par l'amour de Jésus et de Marie pour lui et pour les autres.

– a senti fortement la situation d'abandon religieux et culturel des enfants et des jeunes ruraux que, dans notre contexte actuel, nous appelons marginaux de l'éducation.

– a cru que Dieu lui demandait de répondre à ce problème en fondant un Institut de maîtres (éducateurs), religieux laïcs (Frères)

– a cru à la grande possibilité faire connaître et aimer Jésus à partir de l'éducation (nous dirions aujourd'hui évangéliser)

– a pensé que la meilleure éducation était celle qui partait de l'amour, il a déduit qu'éduquer exige connaître, et pour cela, il faut être présent dans le monde et dans la vie de l'enfant.

– a voulu que Marie soit l'inspiratrice des petits Frères et la protectrice de la fondation naissante.

– a voulu que les Frères soient simples, pauvres, sobres, travailleurs et qu'ils vivent le signe évangélique de l'amour fraternel.

– a été capable de s'ouvrir aux changements, en maintenant toujours l'intuition originelle du charisme, surtout en faveur de ceux à qui il s'adresse : les jeunes les plus défavorisés.

Références pour pouvoir avancer la refondation

19. La refondation ne se réalisera pas en deux ou trois ans. C'est un processus de conversion des personnes, des communautés, des œuvres et des structures, qui se réalise progressivement. C'est un peu semblable à la fondation d'une Congrégation. Pour nous, le 2 janvier 1817 est une date de référence, mais la fondation a duré plusieurs années. jusqu'au jour de sa mort, le Père Champagnat nous a fondés, nous a forgé une identité et a construit peu à peu la communauté naissante. Il a fallu des années de discernement, de prière et d'écoute du Seigneur.

Ce qui importe, c'est de démarrer le processus, en suscitant des dynamismes et des projets dans les Provinces et les Districts. Des projets qui nous poussent, qui nous aident à oublier la peur et à changer le cœur. Si nous n'arrivons pas à proposer des œuvres et des présences communautaires qui soient en harmonie avec la fidélité à nos origines et aux appels du XIXièmeChapitre Général, nous assisterons à des conversions personnelles mais il sera difficile d'opérer fa conversion des communautés et des Provinces.

Pour lancer le processus de refondation, n'importe quel projet ne suffit pas. Nous devons nous rappeler, en fixant un projet, que la vie religieuse, à l'origine des congrégations ou à chaque étape de renouveau, a été dynamisée par ces trois constantes :

   – Les pauvres qui sont le moteur et la motivation des changements (qui sont et où sont les «Montagne» d'aujourd'hui ?)

– La force de la mission qui nous fait nous déplacer vers les frontières (frontière = marge, risque, aventure, avant- garde, défi, nouveauté).

– La priorité d'un chemin spirituel qui nous implique davantage dans la vie du monde.

a) Laissons- nous transformer par le Saint Esprit

20. Peut- être, nous, religieux et religieuses, sommes portés au volontarisme et avons tendance à croire que nous pouvons tout gagner et tout mériter par nos efforts et nos propres mérites. Nous oublions souvent que nous sommes un don de Dieu, et que nous existons par pure grâce. N'est- ce pas Lui qui nous a choisis, consacrés et envoyés, et Lui encore qui nous donne la grâce d'être fidèles ?

Cette attitude volontariste nous pousse à planifier à partir de nos moyens et de nos sécurités, à faire des adaptations qui ne nous «dérangent pas» et surtout qui évitent les tensions. Il est vrai que l'être humain cherche toujours l'ordre, la sécurité et veut prévoir, face à l'incertitude de l'avenir. Souvent nous planifions l'avenir à la place de Dieu et nous lui indiquons les chemins qu'il faut suivre pour que son Royaume atteigne tous les hommes et toutes les femmes de notre temps. La foi, au contraire, ouvre sur le «chaos» de l'inconnu, un chemin dans la mer.

La vie religieuse, comme l'ont montré les fondateurs, doit s'ouvrir, à partir de la foi, aux exigences du monde, pour découvrir dans cette réalité, les chemins que le Seigneur nous montre. Les signes des temps sont l'un des canaux par lesquels nous arrive la voix de Dieu. Il nous faut en prendre conscience et les regarder avec un sens critique, dans un climat de foi et de prière. Nous avons pour cela grandement besoin de l'aide de l'Esprit- Saint. Nous ne savons pas ce qu'il faut faire dans des situations concrètes. [Esprit- Saint intercède pour nous et nous aide à découvrir ce que Dieu nous demande (cf. Rom. 8, 26- 27) et nous conduit à une conversion totale dans tous les domaines de la vie, l'émotionnel, le culturel, le social…

La refondation est surtout une GRÂCE, un don de Dieu que nous devons demander avec insistance. Mais c'est aussi un effort collectif qui se traduit en actions concrètes d'accueil et de réponse aux inspirations de l'Esprit- Saint.

«Conscients des écarts entre les appels de Dieu et nos réponses, nous ressentons un besoin de conversion, toujours recommencée. Nous supplions l'Esprit- Saint de briser les entraves qui nous empêchent de l'accueillir pleinement et nous coopérons à son action libératrice» (Const. 166).

b) En route !

21 Le Message du XIXième Chapitre général associe l'image de «chemin» au processus de refondation. C'est une image riche et suggestive.

L’histoire du salut est l'histoire d'un continuel cheminement à la suite du Seigneur. Rien n'est plus contraire à la suite de Jésus que la recherche d'une sécurité qui ne s'appuierait pas exclusivement sur la bonté et la fidélité de Dieu. Il nous faut toujours être en route. Une nouvelle découverte, une nouvelle expérience de Dieu dans l'histoire, une nouvelle exigence de Lui, peuvent nous faire cheminer dans une direction inattendue. La marche prendra fin quand nous verrons Dieu tel qu'il est (cf. I Jean 3,2).

Les rencontres avec Jésus ressuscité se déroulent soit sur le chemin (Mat. 28,8 : les femmes au tombeau) ; Luc 24,13 s (Emmaüs) ou bien nous invitent à nous mettre en route (Marc 16, 15 s) : aller en Galilée ; (Cf. Mat.28, 16 s). Dans certains cas, comme il est arrivé à l'apôtre Philippe , l'ange du Seigneur l'invita à «se lever et à aller à l'heure de midi sur la route qui descend de Jérusalem à Gaza. Elle est déserte» (Act. 8, 26 s).

Mais ce chemin imprévisible le conduisit à la rencontre de l'éthiopien eunuque, haut fonctionnaire de la Reine d'Ethiopie.

La route est le lieu par lequel nous allons vers des terres que nous ne connaissons pas mais avec l'assurance que si nous ne quittons pas cette route, nous arriverons à bon port. Le paysage a un aspect au départ, et puis change à mesure que nous avançons et enfin apparaît très différent à l'arrivée. Mais c'est le même chemin. Cheminer, c'est se déplacer. Les documents capitulaires indiquent des déplacements que nous, Frères, voulons effectuer : unifier notre vie, inculturer le charisme, passer à une vie de communion, partager avec les laïcs, nous approcher des pauvres, éduquer à «être», dépasser ou changer les frontières provinciales…

Dans une réunion, et à titre d'exemple, je demandais à un groupe de Frères Provinciaux ce qu'ils me conseilleraient si une ou plusieurs Provinces ( d'Europe, des USA, …) proposaient de libérer 15 à 20 Frères pour leur confier la mission de lancer un style de vie «en mission» selon les orientations du Chapitre Général. Il s'agirait de simples Frères, sans condition d'âge, à qui les Provinces respectives confieraient cette seule mission : ouvrir des chemins nouveaux qui nous aideraient et nous motiveraient pour refonder l'Institut.

c) Partager notre mission et notre spiritualité avec les laïcs

22. Je me rends personnellement compte que maintenant notre ouverture aux Laïcs et la reconnaissance des dons et des richesses qu'ils apportent, n'est pas une option facultative. C'est une réalité vitale pour l'Eglise, un signe des temps que nous ne pouvons ignorer. Nous isoler des Laïcs, ne pas partager avec eux notre mission et notre spiritualité, équivaudrait à nous priver des dons que l'Esprit-Saint leur a faits. Hommes et femmes, ils peuvent être une force indispensable dans la refondation de l'Institut.

Aujourd'hui on parle souvent de «l'Eglise de la Communion» pour signifier et qualifier les relations qui se vivent entre tous ses membres : hommes, femmes, laïcs, religieux, prêtres et hiérarchie. Et l'un des aspects les plus importants de la communion c'est de reconnaître la vocation à laquelle Dieu appelle chacun et d'accepter l'interaction mutuelle et l'échange des dons reçus dans des vocations complémentaires.

Les religieux et les religieuses, en partageant le charisme avec les laïcs, ne font que mettre à la disposition des autres ce qu'ils ont gratuitement reçu du Seigneur. A ce propos nous lisons dans nos Constitutions : «Notre institut, don de l'Esprit – Saint à l'Eglise, est pour le monde une grâce toujours actuelle». (Const. I 64)

Les consacrés et les laïcs, dans la complémentarité de leurs vocations, sont comme les deux pôles d'une vie féconde :

D'une part, les consacrés offrent le don du «charisme» avec une force radicale, dans une perspective de transcendance spirituelle et de richesse des Béatitudes vécues par des engagements précis dans le monde (incroyance, pauvres, réfugiés… la famille, les jeunes, les personnes âgées…).

D'autre part, les laïcs offrent le don de «vivre chaque jour avec les défis du monde» dans l'optique de l'engagement de leur baptême et ils dynamisent la mission à l'intérieur du milieu séculier dans lequel ils vivent…

Au cours du Synode sur la Vie Consacrée, et pendant les réunions qui ont suivi, j'ai entendu des expressions que j'accepte de bon cœur : «Les Congrégations qui n'ouvrent pas leur charisme aux laïcs engagent leur propre vitalité et leur avenir».

Je ne m'étendrai pas sur ce point parce que dans nos documents et dans ceux de l'Eglise, il y a des textes très explicites. J'en cite deux tirés de «Vita Consacrata» :

«En raison des situations nouvelles, beaucoup d'instituts sont parvenus à la conviction que leur charisme peut être partagé avec des laïcs qui, par conséquent, sont invités à participer de façon plus intense à la spiritualité et à la mission de l'institut lui- même. On peut dire que dans le sillage des expériences historiques comme celles des divers Ordres séculiers ou Tiers Ordres, un nouveau chapitre, riche d'espérance, s'ouvre dans l'histoire des relations entre les personnes consacrées et le laïcat»(VC 54).

«La participation des laïcs suscite souvent des approfondissements inattendus et féconds de certains aspects du charisme, en leur donnant une interprétation plus spirituelle et en incitant à en tirer des suggestions pour de nouveaux dynamismes apostoliques» (VC 55).

d) Engagement des Frères Provinciaux, du Supérieur Général et des Conseillers.

23. La refondation a besoin de «refondateurs» qui maintiennent la continuité et la rupture avec le Fondateur et avec l'histoire. La continuité est nécessaire pour connaître le charisme de fondation et veiller à son identité. La rupture consiste à assumer les structures historiques nouvelles, par amour du Fondateur et par fidélité créative aux origines.

L'un des aspects qui différencient le processus de fondation et celui de la refondation, c'est que, dans notre cas, le Père Champagnat avait une intuition et agissait. Alors que les Supérieurs majeurs aujourd'hui, en raison de la complexité de la refondation, orientent, inspirent et dynamisent en étroite collaboration avec les Frères, parce que c'est un sujet qui nous concerne tous.

Je termine par une légende américaine. Il s'agit d'une tribu indienne qui campe de puis des temps immémoriaux au pied d'une haute montagne. Leur Chef, gravement malade, appelle trois de ses fils et leur dit : «Allez sur la montagne sainte. Celui qui me rapportera le plus beau cadeau me succédera comme chef».

L'un des fils lui rapporta une belle fleur rare. [autre une magnifique pierre précieuse multicolore. Le troisième dit à son père : «Je ne te rapporte rien. Du sommet de la montagne j'ai pu apercevoir son autre versant couvert de vertes prairies et riche d'un lac cristallin. j'ai été si impressionné que n'ai rien pu rapporter, mais je reviens enthousiasmé par ce nouvel emplacement qui conviendrait bien à la tribu». Et le vieux chef répliqua : «Tu seras le chef parce que tu m'as rapporté en cadeau la vision d'un avenir meilleur pour notre tribu».

C'est là que je vois notre mission de Provincial, de Supérieur de District , de Conseiller ou de Supérieur Général. Pour être des agents de refondation, nous avons besoin de monter sur la montagne du discernement évangélique et de là, élargir les horizons, découvrir de nouvelles vallées, regarder dans toutes les directions pour apercevoir les signes de notre temps par lesquels Dieu nous parle aujourd'hui. Notre engagement n'est pas d'assurer la continuité de ce que nous vivons actuellement, mais de discerner et d'accepter que «quelque chose doit mourir pour que de nouvelles réalités puissent naître». Ne sommes- nous pas trop «prudents» au service de l'animation des Provinces et de l'Institut ?

Dans notre service de leaders nous devrons actualiser davantage par intuition que par souci de sécurité. Il faut nous exposer au vent fort de l'Esprit qui n'est pas programmable et qui surprend toujours mais nous devons en même temps guider nos Provinces avec sagesse. Si le Père Champagnat avait attendu d'y voir bien clair et d'avoir toutes les sécurités avant de se lancer, ne serait- il pas encore en train de lancer la première communauté ? Il n'y a pas de réalité humaine plus imprévisible et plus déconcertante que la fondation et la survie d'un Institut religieux. C'est l'œuvre de l'Esprit et la réalité dépasse les prévisions humaines.

Le psaume I 26 est pour nous un message et il nous rappelle l'audace et l'espérance de celui qui met sa confiance en Dieu. «Si le Seigneur ne bâtit la maison, c'est en vain que travaillent les maçons».

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Deuxième partie 

MESSAGE CLÔTURE

DE LA CONFÉRENCE 

4 octobre 1997

AVANCER SEREINEMENT, MAIS SANS TARDER 

24. Nous terminons la Vlième Conférence Générale et, de retour dans votre pays, vous aurez vos . valises riches de pas mal de papiers, la tête pleines d'idées qui tournent et cherchent à s'organiser et à s'harmoniser entre elles, et sûrement le cœur réchauffé par tout ce que nous avons vécu pendant ces trois semaines. Je crois que pendant ces jours, nous avons repris les documents du Chapitre Général que nous avions déjà oubliés sur les rayons des bibliothèques de nos communautés.

Le but de la Conférence n'était autre que de nous situer avec réalisme face au cheminement de l'Institut, quatre ans après le XIX° Chapitre Général. Nous avons pu échanger nos expériences, nos avancées, notre besoin de dynamiser certains aspects qui n'ont pas été suffisamment mis en actes. Nous avons partagé nos convictions et nos points de vue et, surtout en petits groupes, nos sentiments, nos joies et nos inquiétudes,

25. Tout cela nous a permis de prendre connaissance de la vie qui surgit sous différentes formes. C'est le vin nouveau d'une plus grande sensibilité devant les besoins de l'Institut ou du monde, qui entraîne une plus grande disponibilité. Aujourd'hui, ces différentes attitudes ont des visages et des noms concrets de nos Frères, certains très connus et d'autres inconnus. C'est le vin nouveau des projets inter provinciaux avec des communautés internationales, celui de certaines expériences avec des communautés de Frères et de lacs, ou encore le déplacement de certaines œuvres et de certaines communautés vers les «frontières» où se trouvent nos préférés, etc. Et la vie, le vin nouveau, manifeste sa valeur non par le quantitatif, mais par elle- même. Il est possible que nous ayons pris conscience de notre timidité dans ces processus de changement, mais reconnaissons avec joie qu'ils existent.

III. UNIFICATION DE TOUTES LES PRIORITÉS

 26. Pendant la Conférence, les Documents du XIXe Chapitre Général sont revenus au premier plan. Mais, plus important encore que les Documents eux- mêmes, c'est l'esprit qui les anime qui est venu susciter en nous le désir, Dieu veuille qu'il soit efficace, de donner la réponse OUI… MAINTENANT… NOW.. AHORA. Si l'évaluation de la mise en œuvre du Chapitre était un objectif important de la Conférence, l'urgence d'une action l'était encore davantage, celle de faire face à l'avenir avec foi, avec espérance, avec audace, concrètement. Mais cette mise en actes concrets, vous la confiez élégamment au Conseil Général et pour nous aider, vous nous donnez quelques orientations.

27. J'accepte le fait que la Conférence ne puisse fixer pas des actions concrètes. Le Chapitre Général l'a déjà fait. Mais l'esprit que nous avons vécu pendant ces trois semaines nous dit qu'une fois «quitté le Thabor» (plusieurs y ont fait allusion) il faut se mettre au travail, sans délai et avancer sereinement mais rapidement parce qu'il y a des urgences qu'on ne peut ignorer. 'Avancez tant qu'il fait encore jour… avant que les ténèbres ne vous surprennent »(Cf. Jn. 12. 35).

Cette Assemblée par contre a signalé quelques domaines d'actions prioritaires qui, certainement sont encore les mêmes que ceux qu'avait déjà signalé le XIXe Chapitre Général. Et à ce propos, je voudrais dire un mot.

28. J'estime que le plus urgent est d'arriver à unifier toutes ces priorités. Ce n'est pas d'abord la Spiritualité Apostolique et ensuite la mission ou la pastorale des vocations ou vice- versa. Les domaines que nous évoquons forment un tout, une même réalité. Ils s'impliquent nécessairement les uns les autres. Cela demande de nous, non seulement une vision globale, mais une pratique qui révèle ce sens de cohésion. Essayer de renforcer l'une de ces priorités au détriment des autres serait néfaste. Mais, au contraire, agir en prenant conscience que cela fait partie d'un tout, donnera de la vitalité aux autres. C'est l'unification qu'il faut trouver non seulement au niveau des personnes, mais aussi au niveau des structures et des actions.

29. C'est quelque chose de semblable à l'unité entre l'être et le faire. Je crois que les temps où l'on discutait si le plus important était l'être ou le faire, sont maintenant révolus. Il me semble que théoriquement, nous sommes tous d'accord pour penser qu'il est stérile de faire ces distinctions, et de créer ces compartiments et cette vision dualiste. Nous savons que l'être demande l'action propre à son développement, et que l'action qui se réalise doit être pensée, animée, conduite par celui que l'accomplit, une personne et non une machine.

Partant de cette conviction de la nécessité de l'unification, je dois, malgré tout, reprendre chacune des priorités séparément pour plus de clarté. (Dans les paragraphes suivants, j'évite de répéter certaines choses déjà dites dans ma première intervention)

Nous sentons un appel très fort
– à approfondir notre spiritualité mariste.

30. Approfondir les deux aspects par lesquels nos Constitutions la caractérisent : mariale et apostolique dans la ligne de l'héritage reçu de notre Fondateur (C.7). Quand je dis approfondir, je ne fais pas d'abord référence à un travail intellectuel de réflexion ou de recherche historique. Je pense à croître en spiritualité, à permettre que l'Esprit de Jésus soit l'axe de nos vies, de nos actions, de nos choix : personnels, communautaires ou institutionnels. Le Document du Chapitre Général a centré son attention sur la dimension apostolique de notre spiritualité. Je crois que c'est une véritable urgence pour nous. Mais, une fois de plus, en cherchant l'intégration. je crois qu'il faut vivre cela avec une dimension mariale, à partir des attitudes de Marie qui doivent orienter et modeler notre être et notre agir, comme le disent nos Constitutions (C.4). Pour arriver à une pédagogie adaptée, les actions, les suggestions et les initiatives du «Réseau de Spiritualité Apostolique» peuvent être très utiles. J'ai dit, au début de la Conférence et je le répète maintenant, que j'ai la conviction que la «refondation de l'institut ne pourra se réaliser qu'a partir de la vigueur du renouveau de la spiritualité».

– à développer la proposition de mission et de solidarité du XIX° Chapitre Général.

31 . Il est important de créer de nouvelles présences qui soient des points de référence pour re- créer notre vie en mission selon le charisme du Père Champagnat. La refondation de l'Institut a besoin de ces fondations qui rendent visible et actuelle l'intuition du Père Champagnat sensible aux besoins de son temps, surtout à l'ignorance religieuse et aux situations de pauvreté des enfants et des jeunes (cf. C. 2). je sais qu'il est difficile de penser à tout cela quand nous constatons nos limites en ressources humaines. C'est là que l'on peut juger, je crois, de la force ou de la faiblesse de notre foi.

Nous ne pouvons parler de mission et de solidarité sans faire une référence explicite aux œuvres que nous avons actuellement. Les œuvres sont la référence pratique et ultime de beaucoup de nos décisions. Les œuvres ont une influence considérable sur nos vies et c'est normal. Mais il est important que cette influence ne nous domine pas, qu'elle ne nous prive pas de liberté évangélique. Il faut chercher comment transformer nos œuvres de façon qu'elles répondent aux attentes de l'Eglise et aux besoins des jeunes ; de façon qu'elles nous aident à être vraiment ce à quoi nous avons été appelés et ce pourquoi nous avons engagé nos vies : des apôtres de jésus Christ, des disciples de Champagnat.

32. Si nous voulons vraiment refonder l'institut, il est important de multiplier les nouvelles présences qui soient référence et inspiration de ce que nous voulons vivre. Mais je doute que la plupart des Provinces puissent faire cette option sans mourir à une partie de ce qu'elles ont aujourd'hui, sans faire courageusement des transformations douloureuses dans ce qu'elles font maintenant. Se retirer de certaines œuvres est peut- être, non seulement souhaitable, mais nécessaire. Cela peut être une preuve de la confiance que nous faisons aux laïcs qui n'ont pas besoin de notre présence constante et paternaliste, mais de notre encouragement, de notre aide, du témoignage de ce que nous leur avons apporté pendant des années. Peut-être aussi pourrait convenir dans certaines situations, une tutelle dans le style de ce qui se fait en France.

Le prétexte que nous ne pouvons assumer un plus grand nombre d'écoles populaires au service des pauvres, parce que nos œuvres actuelles nous demandent toutes nos énergies et que les Frères que nous avons ne suffisent plus à les encadrer, me surprend beaucoup .

C'est un sujet délicat, une pierre de touche. C'est difficile à résoudre. Mais c'est une question de fidélité et de vie. Nous accrocher à certaines œuvres, être incapables d'en faire l'évaluation et le discernement évangélique, justifier tout, seulement par inertie ou par peur, provoquera à la longue la mort spirituelle de ces œuvres et, sans doute aussi, la mort de l'enthousiasme de beaucoup de vocations apostoliques de frères et de laïcs.

Je me demande souvent pourquoi, nous, Provinciaux et Supérieur Général, sommes si prudents et si timides quand il s'agit de créer des communautés proches des pauvres ou de mettre en pratique des projets de solidarité dans lesquels nous sommes engagés non seulement financièrement mais aussi avec des Frères.

– à continuer à et des susciter et à développer des initiatives structures qui nous fassent partager la mission mariste avec les laïcs.

33. Non seulement au niveau du travail, mais aussi au niveau de notre spiritualité. Là, peut- être, le chemin qui nous reste à faire est important et délicat. Il s'agit d'ouvrir notre réalité à l'influence positive des laïcs et de leur offrir ce que nous avons en propre. Il s'agit de relations réciproques et interpellantes d'amitié, de confiance et d'aide, avec un sens nouveau d'Eglise où se vivent la complémentarité des vocations, la communion et la participation.

Le problème le plus important, je le vois quand il s'agit des professeurs des collèges que nous dirigeons : comment dépasser la distance créée par les positions de «patrons» et «d'employés» ?. Comment permettre à ceux qui sont impliqués majoritairement dans l'action éducative évangélisatrice de participer à la prise de décisions et, selon le cas, à la répartition juste et proportionnelle des ressources financières ? Nous leur demandons souvent un dévouement généreux pour ce qui nous intéresse et quand nous le jugeons souhaitable.

Ces jours- ci, huit laïcs ont vécu avec nous et je suis conscient du sacrifice que cela représente pour eux, Par exemple, Joanne, retourne demain dans son pays et, dès le lendemain, elle sera dans son collège. Annie a demandé depuis plusieurs mois aux autorités académiques l'autorisation de s'absenter ; elle a été autorisée mais ce mois-ci elle ne touchera pas son salaire parce qu'elle n'a pas enseigné.

Je crois, frères et sœurs que l'Esprit nous fait entrevoir, aux portes du troisième millénaire une situation très semblable à celle des origines de l'Eglise, avec une présence active et merveilleuse de laïcs, surtout de femmes. Comment ne pas recevoir avec beaucoup de joie ce signe des temps et cheminer avec elles et avec eux à partir de notre vocation propre de Frères, membres d'un Institut laïque ?

– à nous engager dans la pastorale des vocations et dans la formation :

34. Je voudrais, une fois de plus, éviter les dualismes : il s'agit de témoigner et d'agir ; des deux choses. Mais ma conviction est qu'il n'y a pas meilleure action que le témoignage : «Quand notre vie rayonne l'espérance et la joie chrétiennes, nous suscitons chez les jeunes le désir de s'engager à suivre le Christ», nous disent les Constitutions (82), et j'en suis convaincu. La vie attire. Surtout celle d'un groupe, celle d'une communauté ; elle est beaucoup plus convaincante que celle d'un seul individu.

La meilleure publicité pour les vocations est celle que nous voyons dans l'Evangile : André avait passé un jour avec Jésus ; il va aussitôt trouver Simon son frère et il se hâte de lui dire : «Nous avons rencontré le Messie». «Et il le conduit à Jésus», nous dit Jean (1,42).

Il me semble opportun de demander la collaboration des laïcs dans ce travail de pastorale des vocations. Le leur demander, dans la pastorale éducative qui ne sera vraiment action d'Eglise que si nous aidons les jeunes à «découvrir leur propre vocation dans l'Eglise et dans le monde» (C.83). Mais j'espère que le fait d'impliquer les laïcs dans la pastorale des vocations ne sera pas un prétexte pour nous décharger sur eux d'une responsabilité qui est celle de chacun de nous, Frères, et que nous devons assumer, même si on le fait de différentes manières et avec des actions différentes (C.94).

Après cet éveil à la vocation au contact de gens qui irradient quelque chose parce qu'ils ont la flamme en eux, il y a un long et délicat chemin à parcourir. C'est la formation, qui ne s'achève jamais. Elle ne prendra fin que le jour où l'Esprit Saint aura réalisé en nous l'image de Jésus. Et en attendant, chaque Frère, chacun d'entre nous a une tâche que nous ne pouvons confier à nul autre.

IV DE RETOUR DANS NOS PROVINCES,

QU'ALLONS- NOUS DIRE AUX FRÈRES ?

 35. Hier et avant- hier j'ai entendu des questions de ce genre : «Que dirai- je aux Frères de ma Province ? Qu'allons- nous faire de cet ensemble important de belles idées ? Comment vais- je leur expliquer le vécu et les rêves que nous avons partagés ?». A certains moments, j'ai senti vos peurs et vos doutes. Moi aussi, je connais la peur et devant l'avenir j'éprouve le vertige et la fascination.

J'ai pris la Parole de Dieu que nous venons de lire dans le prophète Agée 2, I b- 9 et dans Saint Jean, 2 : I – I 2… pour trouver des réponses pour moi- même et les partager avec vous.

Les deux lectures nous parlent de l'ancien et du nouveau ; elles nous parlent de transformation ou de reconstruction. Dans les deux cas je trouve une attitude de confiance en Dieu et d'action confiante. Et dans les deux situations les résultats sont extraordinaires : un vin nouveau, un vin de meilleure qualité que le précédent et un temple semblable au premier mais beaucoup plus beau.

«Faites ce qu'il vous dira :»

36. J'écoute Marie qui nous dit une fois de plus : «Faites ce qu'il vous dira» an. 2, I – 12). C'est un appel à la confiance, à l'écoute et à l'obéissance. Mais je voudrais situer aujourd'hui le texte dan sa symbolique la plus profonde. Jésus transforme l'eau en vin. L'eau, élément utilisé par les juifs pour la purification est symbole d'un style de relation avec Dieu qui s'appuie sur la peur ; le vin est le symbole d'une nouvelle manière d'être devant le Père, à partir de la confiance et de la joie. Avec nous, Jésus veut faire la même chose : prendre tout ce qui est en nous ou tout ce qui appartient à un rite vide, à une structure pesante, à une peur paralysante et le transformer en joie de la nouveauté, de la liberté, du risque. Nous n'avons qu'à Lui faire confiance et faire ce qu'Il nous dit.

C'est l'invitation à une écoute et à un discernement évangélique. Cela implique de notre part une attitude de disponibilité pour accomplir la volonté de Dieu dans le service des Frères et pour cela, il faut nous laisser guider et transformer par l'Esprit- Saint. Nous ne savons pas ce qui nous convient dans les situations concrètes. L'Esprit intercède pour nous et nous aide à découvrir ce que Dieu nous demande (Cf. Romains 8, 26- 27).

Frère Provincial, ne demande pas des réponses concrètes ni des décisions toutes faites, car il n'y en a pas d'autres meilleures que de se mettre en route, en faisant, à chaque croisement, un discernement sur le chemin à suivre . Vous et moi, nous devrons souvent nous poser la question : cette décision, comment atteint- elle les pauvres ? Avec cette décision ou avec cette manière d'animer et de gouverner la Province (ou l'Institut pour moi), qu'est- ce je suis en train de promouvoir et quel message reçoivent effectivement les Frères ?

Accepter le risque de la foi et des voies de Dieu.

37. Le prophète Agée est particulièrement incisif dans son insistance à reconstruire le temple. Il ne prend aucun repos et invite avec insistance à prendre en compte le projet du nouveau temple…

«Qui d'entre vous a vu cette Maison dans sa splendeur première ? Que voyez- vous maintenant ? A vos yeux, n'est- il pas devant vous réduit à rien ?» (Agée 2, I b- 9).

Mais maintenant, prenez courage, Sunanda, Spiridion, Kalisa, Dealmo Courage Gonzalo, Buenaventura, Barry, Javier, Antonio, Quique, Manolo ! Courage peuple de toute la terre, Courage et mettez- vous à l'œuvre, car je suis avec vous ! Mon esprit est au milieu de vous : n'ayez pas peur !

Remerciement :

38. Je termine avec un mot de remerciement à tous, à chacun et chacune d'entre vous ici présents :

Merci à vous les laïcs. Vous dites que pour continuer à être forts dans votre engagement chrétien et mariste, vous avez besoin d'aide, de formation mariste, du témoignage et de la présence des Frères. Mais personnellement je vous dis que nous avons besoin de vous parce que sans vous, il nous sera difficile de réaliser le processus de refondation de L'Institut.

Merci à vous Frères Provinciaux et Supérieurs de Districts pour votre service de Pasteurs des Frères et des laïcs. Il nous faut rêver à des utopies qui puissent dynamiser les processus qui nous changent, il nous faut des réponses concrètes qui nous aident à avancer. Les actions isolées, pour nous tranquilliser, ne nous servent à rien. Courage, n'ayez pas peur, Marie continue à être la première Supérieure et votre Province, votre District est son œuvre… À votre retour, communiquez à vos Frères l'esprit que nous avons partagé au long de cette Sixième Conférence Générale.

Merci à vous, Frères du Conseil Général, pour le temps que vous avez consacré à la préparation et au déroulement de cette Conférence. Je remercie tout particulièrement le Frère Seàn pour son travail de coordination et je le félicite pour la compétence avec laquelle il l'a réalisé.

Merci à vous, Frères qui avez accepté mon invitation à cette Conférence. Merci Charles, pour votre présence au milieu de nous parce que votre personne nous aide à rafraîchir les messages que vous nous avez lancés avec force et amour. je crois que la graine d'espérance que vous avez semée est en train de porter des fruits.

Merci à vous, jeunes Frères : vous êtes un don de Dieu et une attention de la Vierge pour l'Institut (C. 53). Pour tous ceux qui ont participé à cette rencontre, vous avez été un réel cadeau . Dans cette salle on a dit que les plus anciens sont la mémoire de l'Institut et vous, vous en êtes la sagesse, car l'un des signes de la présence de l'Esprit est que les anciens auront des songes et que les jeunes auront des visons (Joël 3, I ). Continuez à être pour nous le réveil qui dérange mais qui est nécessaire, pour nous dire chaque matin : sortez de votre sommeil, abandonnez votre passivité, levez- vous, mettez- vous en route, créez la vie… Si vous vous refroidissez, l'Institut mourra de froid. Allez de l'avant, bien que parfois il nous soit difficile de suivre votre pas. N'éteignez pas le feu qui est en vous, répandez ce feu, même si d'autres s'empressent d'être des pompiers.

Chers frères et sœurs, Merci à vous tous. Je demande à Marie notre Bonne Mère qu'elle nous aide dans ce processus de refondation de l'Institut.

Portez mon salut affectueux à vos Frères, spécialement aux malades et aux laïcs avec lesquels nous partageons la mission. 

V. CONCLUSION

Les deux réflexions que j'ai partagées lors de la Conférence Générale ont un fil conducteur : la refondation, à propos de laquelle j'ai fait part de mes convictions, parce qu'elle résume les propositions du XIXième Chapitre Général. Ce n'est absolument pas pour des raisons de relâchement moral, encore moins parce que nous nous serions éloignés de l'esprit de nos origines. Si je vous invite à commencer un processus de refondation, c'est pour manifester notre fidélité et notre amour de notre Fondateur et pour répondre aux appels que l'Esprit nous adresse depuis plusieurs années. A mesure que le temps passe je perçois ces appels avec toujours plus de force et de clarté.

Parfois nous vivons avec la préoccupation du nombre de Frères actuel et nous nous souvenons même avec nostalgie du passé de notre propre province. J'accepte ce qu'il y a de positif dans ce sentiment, mais il ne faut pas oublier que Dieu nous demande la fidélité et non l'obtention de bons résultats. Vous savez bien que la fidélité consiste à écouter Dieu et à nous laisser guider par l'Esprit pour discerner ce que Dieu veut de nous et de l'Institut aujourd'hui et dans l'avenir immédiat.

Le Pape parle de la fidélité des religieux en temps de crise dans un très beau passage de l'Exhortation Apostolique sur la Vie Consacrée :

«Les nouvelles situations de pénurie doivent donc être abordées avec la sérénité de ceux qui savent qu'il est demandé à chacun plus l'engagement de la fidélité que la réussite. On doit absolument éviter le véritable échec de la vie consacrée, qui ne vient pas de la baisse numérique, mais de la perte de l'adhésion spirituelle au Seigneur, à la vocation propre et à la mission». VC 63)

L'Institut a vécu des étapes d'authentique refondation, mais pour des raisons différentes de nos raisons actuelles et qui eurent des solutions heureuses grâce à la force des convictions des Frères, grâce à leur amour de la vocation mariste et à une générosité à toute épreuve que n'a même pas arrêtée l'exigence de l'éloignement de leur propre pays et ils ont accepté cela par fidélité à leur vocation et au charisme reçu du Père Champagnat.

Le sort de notre Institut dépend de nous tous et je ne crois pas que nous, Supérieur Général ou Frères Provinciaux puissions vous apporter des solutions toutes faites pour l'avenir. La refondation de l'Institut sera une réalité dans la mesure où chaque Frère, chaque communauté, chaque conseil, chaque Chapitre et assemblée provinciale décidera de vivre des processus de refondation.

Je vous salue fraternellement en Jésus, Marie, Joseph et Champagnat.

   Frère Benito Arbués Supérieur Général

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VI. SUGGESTIONS POUR LA RÉFLEXION

PERSONNELLE ET COMMUNAUTAIRE 

Il serait intéressant que les communautés partagent quelques- uns des points de cette Circulaire. Pour faciliter l'animation de cette réunion communautaire, je suggère quelques questions qui puissent vous aider.

1. «REPRENONS LA ROUTE»

L'ange du Seigneur parla à Philippe et lui dit : «Lève- toi et marche jusqu'à midi sur la route qui descend de Jérusalem à Gaza. Elles est déserte». "Il se leva et partit». (Actes : 8, 26 – 27)

I . En référence aux réflexions formulées aux numéros 7- I 1 quant à l'Institut (sa vitalité, la pastorale des vocations et la formation) : Lesquelles ont le plus d'écho en toi quand tu penses à ta Province, à ton District ou à ton Secteur ?

2. «Les rencontres des groupes de Frères pendant les visites me fait entrevoir l'avenir immédiat en termes d'espérance» N° I O. Et pour toi, quelles sont tes raisons actuelles d'espérer ?

3. Dans la deuxième partie de la Circulaire, n° 11- 24, quelles sont les deux ou trois affirmations qui t'ont le plus touché au cœur.

4. A l'éclairage de ta lumière intérieure et en réponse à l'invitation du Chapitre : «Nous comptons sur toi pour cette refondation de l'Institut», que ressens- tu intimement ?

5. A ton avis, quelle mission devraient avoir les laïcs dans la recherche d'une fidélité créative à notre charisme ?

Pour terminer la réunion communautaire, chaque Frère peut proposer des intentions en référence aux idées partagées et réciter un «Je vous salue Marie».

2. «AVANCER SEREINEMENT MAIS SANS TARDER»

«Avancez tandis qu'il fait encore jour, de peur que les ténèbres ne vous surprennent» (Jean 12, 35)

I . Des lignes d'action indiquées dans le Message de clôture de la Conférence générale, quelles sont les deux ou trois qui te semblent importantes ? (n°28 s)

2. A ton avis, dans quels domaines est- il urgent de travailler dans ta province, District ou Secteur ?

3. Quels appels du Seigneur entends- tu concrètement dans ces domaines ?

4. Au n° 35 de la Circulaire on fait référence aux peurs que ressentent les Provinciaux et le Supérieur Général. Et toi, quelles peurs ressens- tu ?

5. Que t'inspire cette référence de biblique à Cana et le commentaire du texte ? n° 36

Pour terminer la réunion communautaire, un Frère lit le texte du prophète Aggée 2, l b – 9. On peut maintenant proposer une prière en «échos», en reprenant un mot ou une phrase.

«En la deuxième année du roi Darius, au septième mois, le vingt et unième jour du mois, la parole de Yahvé fut adressée par le ministère du prophète Aggée en ces termes : Parle donc ainsi à Zorobabel, fils de Shéaltiel, gouverneur de Juda, à Josué, fils de Yehoçadaq, le grand prêtre, et au reste du peuple. Quel est parmi vous le survivant qui a vu ce temple dans sa gloire passée ? Et comment le voyez- vous maintenant ?A vos yeux, n'est- il pas pareil à un rien ? mais à présent, courage, Zorobabel oracle de Yahvé. Courage Josué, fils de Yehoçadaq, grand prêtre ! Courage, tout le peuple du pays ! Oracle de Yahvé. Au travail ! Car je suis avec vous – oracle de Yahvé Sabaot – et mon Esprit demeure au milieu de vous. Ne craignez pas ! car ainsi parle Yahvé sabaot. Encore un court délai et j'ébranlerai le ciel et la terre, la mer et le sol ferme. J'ébranlerai toutes les nations, alors afflueront les trésors de toutes les nations et j'emplirai de gloire ce temple, dit Yahvé Sabaot. A moi l'argent ! à moi For oracle de Yahvé Sabaot. La gloire à venir de ce temple dépassera l'ancienne et dans ce lieu je donnerai la paix , oracle de Yahvé Sabaot» (Agée 2, I b – 9).

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