Circulaires 406

Benito Arbués

2000-10-31

A Propos de nos biens

Pourquoi cette lettre. (n°. 1 – 2)

Contexte de cette réflexion

A propos de nos biens

a) La conscience que j’ai de la variété des situations dans l’Institut. (n°3)
- Variété des contextes sociaux, culturels et économiques.
- Variété des responsabilités des frères et des œuvres.
- Différence des capacités économiques et d’organisation des Provinces.
- Variété des conceptions de la « pauvreté » et de la relation « efficacité - qualité apostolique et ressources financières ».
b) Mon histoire personnelle (n°4)
c) La réflexion du Conseil général (n°5)


I. LES BIENS DE L’INSTITUT ET LEUR AFFECTATION

D’où nous vient l’argent aujourd’hui ?
Ce qui a changé et les conséquences qui en découlent (n°6)

- Les nouvelles manières d’obtenir de l’argent et d’augmenter les investissements ont instauré un environnement totalement nouveau pour notre vie religieuse.
- La facilité avec laquelle nous vient l’argent peut aussi nous interroger dans le domaine de la formation.
- Nous devons rester attentifs, même avec les nouveaux projets au service des pauvres.
- L’argent peut aussi conduire au pouvoir.

L’usage actuel et la destination des biens de l’Institut (n°7)
Les biens au service de la Vie des Frères (n°8)
- Notre style de vie : les lieux d’habitation des Communautés et leurs ressources.
- Séparer les gestions financières.
- Appel à un style de vie simple et prophétique.

Quelques critères ; pistes de réflexion et d’action (n°9)
Les biens destinés à la Mission ( n° 10 – 14)
- A qui destinons-nous l’argent ? Evaluation ; pistes de réflexion et d’action.
- Les mots clés : mission et destinataires.
- Il s’agit de faire un discernement sur les projets dans la perspective évangélique.
- Quelques suggestions à propos des œuvres.

Solidarité : partager, même ce qui nous est nécessaire. ( n° 15 – 16)
- Les raisons qui ne changent pas : le plan de Dieu et les appels de l’Evangile.
- La force des appels actuels : plus visibles sont les différences et plus visibles aussi sont les possibilités.
- Faire des avancées concrètes : les exigences pour notre Vie et pour notre Mission.

Quelques aspects où je vois des avancées (n°17)


II ADMINISTRER LES BIENS AVEC DES CRITERES EVANGELIQUES

Etre d’humbles administrateurs (n° 18-20)
L’administration : transparence et orientation évangélique (n°21)
Accompagner avec un souci pastoral nos nouvelles manières d’utiliser l’argent (n°22)



III ASPECTS QUI DEMANDENT DISCERNEMENT ET ACTIONS CONCRETES

Dans la vie des Frères et des Communautés (n° 23-25)
- Au niveau de la vie des communautés : lieux, maisons, équipements, services, actions, budgets.
- Quelques suggestions

La Capitalisation : quelle quantité d’argent faut-il garder ? (n°26)
1. Les Fonds de la province : trois grands domaines de réflexion.
2. Critères pour orienter la réflexion sur la capitalisation.
3. Faire une étude et un discernement sur la pratique et sur les critères administratifs de votre Province, sur son organisation et son fonctionnement.
4. Aspects concrets du « plan de capitalisation ».

Nécessité de faire des audits (n°27)

CONCLUSION (n°28)
a) Revitaliser notre charisme.
b) Choisir, c’est décider
c) Faire confiance à la Providence.

ANNEXE - 1 SUGGESTIONS POUR UNE REUNION COMMUNAUTAIRE

ANNEXE - 2 DE L’USAGE EVANGELIQUE DES BIENS.
Schéma de la réflexion du Conseil général.

V.J.M.J.

 406

CIRCULAIRES DES SUPERIEURS GENERAUX

DE L'INSTITUT DES

FRERES MARISTES DES ECOLES 

Vol. XXX, n° 5

A PROPOS DE NOS BIENS 

 

Maison Générale

Rome le 31 octobre 2000

 

            SOMMAIRE

Pourquoi cette lettre. (n°. 1– 2)

Contexte de cette réflexion        

a) La conscience que j'ai de la variété des situations dans l'Institut. (n ° 3)            

– Variété des contextes sociaux, culturels et économiques.   

– Variété des responsabilités des frères et des œuvres.         

– Différence des capacités économiques et d'organisation des Provinces.   

– Variété des conceptions de la «pauvreté» et de la relation «efficacité

– qualité apostolique et ressources financières».        

c) Mon histoire personnelle (n°4)       

d) La réflexion du Conseil général (n°5) 

I. LES BIENS DE L'INSTITUT ET LEUR AFFECTATION

D'où nous vient l'argent aujourd'hui ? 

Ce qui a changé et les conséquences qui en découlent (n°6)         

– Les nouvelles manières d'obtenir de l'argent et d'augmenter les investissements ont instauré un environnement totalement nouveau pour notre vie religieuse.        

– La facilité avec laquelle nous vient l'argent peut aussi nous interroger dans le domaine de la formation.

– Nous devons rester attentifs, même avec les nouveaux projets au service des pauvres.

– L'argent peut aussi conduire au pouvoir

L'usage actuel et la destination des biens de l'Institut (n°7)  

Les biens au service de la Vie des Frères (n°8)        

-Notre style de vie : les lieux d'habitation des Communautés et leurs ressources.   

– Séparer les gestions financières.       

– Appel à un style de vie simple et prophétique.           

Quelques critères ; pistes de réflexion et d'action (n°9)

Les biens destinés à la Mission (n° 10 – 14)

– A qui destinons-nous l'argent ? Evaluation ; pistes de réflexion et d'action  

– Les mots clés : mission et destinataires       

– Il s'agit de faire un discernement sur les projets dans la perspective évangélique. 

– Quelques suggestions à propos des œuvres

 Solidarité : partager, marne ce qui nous est nécessaire. (n°15-16)

– Les raisons qui ne changent pas : le plan de Dieu et les appels de l'Evangile.       

– La force des appels-actuels : plus visibles sont les différences et plus visibles aussi sont les possibilités     

– Faire des avancées concrètes : les exigences pour notre Vie et pour notre Mission.         

Quelques aspects où je vois des avancées (n°17) 

II. ADMINISTRER LES BIENS AVEC DES CRITERES EVANGELIQUES

Etre d'humbles administrateurs (n° 18-20)    

L'administration : transparence et orientation évangélique (n° 21)   

Accompagner avec un souci pastoral nos nouvelles manières d'utiliser l'argent (n° 22) 

III. ASPECTS QUI DEMANDENT DISCERNEMENT ET ACTIONS CONCRETES

Dans la vie des Frères et des Communautés (n° 23-25)

– Au niveau de la vie des communautés : lieux, maisons, équipements, services, actions, budgets. 

– Quelques suggestions

La Capitalisation : quelle quantité d'argent faut-il garder ? (n°26)     

1. Les Fonds de la : province : trois grands domaines de réflexion.   

2. Critères pour orienter la réflexion sur la capitalisation         

3. Faire une étude et un discernement sur la pratique et sur les critères administratifs de votre  Province, sur son organisation et son fonctionnement.      

4. Aspects concrets du «plan de capitalisation».         

Nécessité de faire des audits (n°27)

CONCLUSION (n°28)    

a) Revitaliser notre charisme. 

c) Choisir, c'est décider          

d) Faire confiance à la Providence.

 ——————————–

ANNEXE – 1 SUGGESTIONS POUR UNE REUNION COMMUNAUTAIRE 

ANNEXE – 2 DE L'USAGE EVANGELIQUE DES BIENS.

              Schéma de la réflexion du Conseil Général.

 

A PROPOS DE NOS BIENS

Chers Frères,

Il y a quelque temps, j'ai partagé le contenu de cette Circulaire avec les Frères Provinciaux et leurs Conseils. J'ai souhaité élargir cette réflexion et la partager avec vous. Même si elle n'est pas aussi complète que je l'aurais voulu, je vous la propose avec ses limites. J'espère qu'au moment de mettre cette réflexion en actes, le résultat sera bien meilleur que ce que j'ai écrit.

Même s'il s'agit d'un sujet complexe, je crois qu'il est important de l'affronter pour nous situer clairement dans notre vie de consacrés. Je pense qu'il a une incidence dans notre vie personnelle et communautaire, qu'il peut conditionner la vitalité de notre charisme et bien sûr, la refondation de l'Institut. Nous avons éprouvé un certain embarras et nous sommes trouvés désorientés parce que nous n'avons pas clairement réfléchi à ce sujet. Nous nous sommes parfois montrés agressifs dans la manière de le traiter. D'autre part, la vérité est que nous n'avons pas beaucoup avancé sur le plan concret.

Le début de l'Avent nie semble le moment opportun pour vous présenter quelques idées et inquiétudes sur des points relatifs à nos biens matériels. En outre, nous arrivons à la fin de l'année jubilaire, ce temps exceptionnel qui nous interpelle et nous invite à changer, à nous convertir, à nous purifier. C'est le moment d'impulser la VIE avec une fidélité créative. C'est pourquoi je vous invite à ne pas en rester seulement à la réalité actuelle, mais à envisager l'avenir. Nous ne pouvons pas vivre de souvenirs nostalgiques ni nous cramponner au présent, mais il nous faut regarder l'avenir.

C'est un déplacement que j'aimerais vous voir faire plus souvent personnellement ou en communauté. Toi et moi. nous avons besoin de «rêver ». Il nous faut rêver surtout par fidélité aux appels de Dieu, mais aussi pour communiquer notre enthousiasme à d'autres afin qu'ils puissent vivre le «style charismatique» que Marcellin a voulu pour les Petits Frères de Marie au début de notre fondation.

Pourquoi cette lettre ?

1. Il y a quelque temps que je me demande comment aider à ce que les critères évangéliques soient plus concrètement pris en compte dans l'usage et l'administration des biens. Et cela concerne plusieurs aspects : la provenance de nos ressources et leur affectation ; les réserves que nous accumulons et les fonds que nous créons pour faire face à des risques possibles ou hypothétiques ; la mission des Frères économes ; les structures administratives (leur transparence) la séparation des biens de la communauté de ceux de la gestion des œuvres ; le partage solidaire : la limite des plafonds de réserves ; la part que nous laissons à l'insécurité et à l'abandon à la Divine Providence…

Il existe des différences entre nous quant à la valeur de l'argent et des moyens matériels, quant à l'équilibre nécessaire entre les moyens matériels et la «qualité » de l'évangélisation.

Je me proposais d'abord de réfléchir sur la «capitalisation », comme l'a demandé le XVIII° Chapitre général de 1985 et comme le Frère Charles l'a souligné avec une particulière attention. Mais plus j'y réfléchissais, plus il m'a semblé nécessaire de traiter ce sujet dans une perspective plus large, parce que des éléments nouveaux ont surgi et ils ont une incidence dans certains aspects importants de l'usage des biens, ainsi que sur notre vie et sur nos décisions au niveau local et provincial. En outre, j'ai personnellement l'impression que nous avons passé ces problèmes sous silence pendant des années et que cela a fini par créer des confusions dans certaines administrations provinciales.

2. D'autre part, il y a des Frères qui pensent qu'il est incohérent de promouvoir la vitalité du charisme ou des processus de «refondation » sans faire un discernement et prendre des décisions quant à l'usage évangélique des biens. Il est clair que l'usage et l'administration des biens ont des incidences sur notre vie mariste. Le vœu de pauvreté ne concerne pas seulement les individus, mais il a aussi une dimension collective et institutionnelle. Il nous est difficile de séparer pauvreté et économie et vice versa. Dans notre mission d'évangéliser les jeunes (les pauvres de préférence), l'administration des biens est étroitement liée à la vie de pauvreté évangélique. Les personnes et les institutions doivent vivre la pauvreté et en témoigner. parce qu'elles disposent de moyens matériels.

J'ai la conviction personnelle que nos «rêves de refondation » resteront de simples vœux sur le papier si nous n'adoptons pas des attitudes évangéliques dans les domaines qui touchent à la pauvreté collective et personnelle. La gestion financière, la quantité des biens que nous accumulons, l'affectation de notre patrimoine et de notre argent conditionnent les processus de refondation et la vitalité de notre charisme. La manière dont nous utilisons nos ressources matérielles conformément aux valeurs évangéliques est un sujet crucial pour notre identité religieuse aujourd'hui.

Pauvreté et prophétie vont de pair. Notre crédibilité est en jeu et notre vie institutionnelle, communautaire et personnelle a besoin de retrouver sa légèreté en se libérant de certains «poids », de retrouver sa simplicité et sa liberté de manœuvre pour aller vers les lieux où le Christ est crucifié : «Si le sel s'affadit. comment lui rendre sa saveur… ? Votre lumière doit briller devant les hommes afin qu'ils voient vos bonnes œuvres et qu'ils glorifient votre Père qui est dans les cieux » (Mat 5, 1 3-1 6)

Dans la réflexion qui va suivre, le problème central est la pauvreté collective et institutionnelle. Je ne ferai qu'une légère allusion à la pauvreté personnelle car je ne me propose pas d'inviter chaque Frère à être plus pauvre et plus austère. Je pense qu'il est difficile de réaliser tout cela, si l'institut comme tel, si les Provinces, les Districts et les communautés ne vivent pas des attitudes évangéliques de pauvreté, c'est-à-dire de simplicité de vie, de sobriété et même d'austérité.

Je reconnais que nous sommes personnellement appelés à nous convertir, mais certaines conversions personnelles peuvent s'avérer difficiles si nous ne changeons pas en même temps nos façons d'être et de vivre collectivement dans l'institut. Je connais des Frères qui vivent une grande simplicité de vie, mais je me demande comment ils ont pu y arriver dans un milieu où l'on ne manque de rien et où l'on dispose de tant de superflu.

Contexte de cette réflexion :

Je ferai référence à trois aspects qui situent et concrétisent ma réflexion.

a) La conscience que j'ai de la variété des situations dans l'Institut :

3. Un Institut présent dans 75 pays ne peut être que multiforme et ne peut affronter chaque réalité avec des solutions uniformes et universelles. Il y a une variété de situations et il nous faut accepter qu'elles imposent des réponses variées.

Variété des contextes sociaux, culturels et économiques qui ne permettent pas de donner des réponses concrètes uniques pour tous.

Variété des responsabilités des Frères et des œuvres. Les responsabilités diffèrent d'un pays à l'autre. Par exemple : il y a de nombreux gouvernements qui n'accordent aucune aide financière à l'enseignement privé : il n'y a ni sécurité sociale, ni protections médicales, ni retraite pour les Frères. Les Provinces doivent prévoir des réserves pour assurer l'emploi des personnes qui dépendent de nous et pouvoir soigner nos Frères âgés ou malades.

Certaines Provinces ont besoin de ressources pour soutenir les nouveaux projets apostoliques et les actions missionnaires. Il faut encore ajouter qu'il existe des pays où le travail d'enseignement ne donne pas un salaire suffisant pour vivre et subvenir aux besoins de la formation des candidats.

Différences des capacités financières et d'organisation des Provinces. Nous avons des Provinces financièrement pauvres qui doivent faire face à de nombreuses responsabilités et d'autres qui bénéficient d'une aisance financière et assurent peu de responsabilités sociales.

Il arrive aussi que par manque de solidarité interne ou par manque d'organisation saine, la caisse commune provinciale dispose de peu de ressources, tandis qu'un bon nombre de communautés ou d'œuvres vivent avec une abondance de moyens.

Variété des conceptions de la «pauvreté » et de la relation entre «efficacité-qualité apostolique et ressources financières ».

On trouve cela dans les œuvres scolaires et dans les projets pastoraux. Nous pouvons comprendre de différentes façons la notion du vœu de pauvreté et des moyens que nous croyons nécessaires pour réaliser la mission. Nous participons ainsi à l'installation d'une mentalité que nous créons en fonction du milieu social qui nous entoure (environnement de nos œuvres et de nos communautés). Cela contribue à ce que nos Frères qui ont approché le monde réel de la pauvreté et de la souffrance sont un peu sceptiques quand nous leur parlons ou quand nous leur écrivons à ce sujet. J'ai I’impression qu'ils le perçoivent comme une phraséologie stérile et que l'Institut continue à perdre sa crédibilité sur ce point de la pauvreté individuelle et collective.

Je pense que les connotations culturelles nous conditionnent davantage pour le vœu de pauvreté que pour ceux d'obéissance et de chasteté. Etre pauvre a un sens différent d'une société à une autre et cela dépend des liens familiaux, du type d'économie… La pauvreté a un sens en Inde où existe une longue- tradition du saint-mendiant, un autre sens en Afrique où la richesse est considérée comme une bénédiction de Dieu et encore un autre sens dans les cultures de la consommation des pays industrialisés. Il faut donc tenir compte des environnements où sont implantées nos communautés.

Tout est-il relatif en matière de pauvreté, vu la rapidité des changements ? Qu'est-ce qui influence le plus nos décisions financières l'usage que nous faisons des moyens dont nous disposons ? Notre style de vie ? Les critères de l'Evangile ou la publicité ? Comment former à la sobriété les jeunes qui n'ont pas été préparés au sacrifice et à qui aucun bien matériel ne manque ? Comment aider des jeunes, pour qui la profession religieuse suppose un inévitable changement de «classe sociale » ou ceux dont la vie est marquée par la non-satisfaction des besoins de base, comment les aider à découvrir le prix de la pauvreté et du renoncement pour le Christ ?

b) Mon histoire personnelle

4. J'ai moi-même une conception de la valeur et de l'usage de l'argent et de l'austérité de vie qui me rapprochent davantage de certaines inquiétudes de la vie religieuse ou d'un groupe de Frères, et j'ai de la difficulté à comprendre certaines situations. Dans mon enfance et dans mon adolescence, j'ai connu la pénurie dans un continent qui souffrait des suites de la guerre. Il fallait ajouter à cela, dans mon pays, les conséquences d'un blocus international qui s'est prolongé jusqu'en 1955. Je crois que j'appartiens aux derniers groupes qui, dans les maisons de formation, n'ont pas toujours eu le nécessaire et certains de mes camarades ont souffert de la tuberculose en raison d'une alimentation insuffisante. Il en était de même pour les Frères qui étaient déjà dans les communautés des collèges. C'est dans cet environnement qu'on nous a inculqué le sens des privations, le souci d'éviter les gaspillages, l'esprit d'économie. Et comme l'argent manquait, il avait alors une valeur. C'est un aspect de la formation qui est encore vivant en moi et que je n'ai pas réussi à éliminer. Cet esprit m'est utile et oriente mes critères de sobriété, mais il me conditionne sans doute quand je donne mes points de vue en ce qui concerne l'usage évangélique des biens de l'Institut au niveau des communautés. Conscient de ma propre expérience, j'essaie de réfléchir à la lumière de nos documents et des intuitions de la Vie religieuse d'aujourd'hui.

c) La réflexion du Conseil Général

5. Au cours de deux sessions plénières, nous avons consacré du temps à la discussion de ce thème. Je reconnais que la réflexion a été riche et ouverte et qu'elle m'a aidé à écrire cette circulaire. Son contenu n'est pas rigoureusement une synthèse de ce travail collectif ou un reflet d'un consensus au Conseil, mais une réflexion personnelle que j'assume totalement.

Après ces considérations préliminaires, la réflexion que je vais vous présenter, je la développerai en trois titres et une conclusion. Le fil conducteur en est simple

Il s'agit d'essayer de regarder la réalité (nos biens et leur affectation, l'utilisation de ces biens dans la vie des communautés et dans les œuvres).

de procéder à quelques évaluations et

de fixer quelques critères pour la réflexion et pour l'action

I. LES BIENS DE L'INSTITUT ET LEUR AFFECTATION

D'où nous vient l'argent aujourd'hui ? 

Ce qui a changé et les conséquences qui en découlent

6. Actuellement. la majorité des Frères ne vivent plus du fruit de leur travail. Il y a des Provinces qui s'appuient davantage sur les bénéfices de leurs investissements que sur les salaires des Frères. Et il arrive parfois que la crise inflationniste favorise la rentabilité des investissements et l'accroissement des bénéfices.

Les nouvelles manières d'obtenir de l'argent et d'augmenter les investissements ont engendré un état d'esprit totalement nouveau pour notre vie religieuse. Nous avons, dans bien des cas, une sécurité à laquelle nous ne pensions jamais arriver. L'étincelle de l'audace évangélique peut être facilement éteinte par l'argent facile. Les Frères peuvent inconsciemment adopter progressivement un style de «vie embourgeoisée » qui reflète davantage les postulats du néolibéralisme que les critères de l'Evangile.

La facilité avec laquelle nous vient l'argent peut aussi nous interroger dans le domaine de la formation. Aujourd'hui, depuis le premier jour du noviciat, un jeune fait partie d'un groupe d'hommes qui disposent de moyens financiers enviables et, dans la majorité des cas, supérieurs à ceux dont disposent sa famille et la plupart des gens de son pays. Ces jeunes religieux devront rester attentifs pour éviter les dangers qu'un tel héritage peut supposer pour leur cohérence personnelle et pour leur idéal de consacrés-pour-la-mission au service de la jeunesse en difficulté.

Nous devons rester très attentifs, même avec les nouveaux projets au service des pauvres. Certaines communautés ont été créées ces dernières années par solidarité, pour réaliser une présence ecclésiale dans des secteurs marginalisés ou pour la mission «Ad gentes ». Il arrive souvent qu'elles ne disposent pas des ressources nécessaires et sont soutenues par la Province. On peut voir cela de deux façons un aspect positif qui est la solidarité provinciale de redistribution des biens de la société, mais d'autre part, cela met en évidence la fragilité de ces nouvelles présences si les Frères ne peuvent vivre de leur travail. Je rappelle à ce sujet la préoccupation du Père Champagnat pour établir des contrats qui soient dignes et au moindre coût possible, selon les localités. Nous devons, nous aussi, être créatifs dans la recherche des solutions.

L'argent peut aussi conduire au pouvoir. Les tentations de Jésus sont également les nôtres. Nous savons que les ressources que nous avons et le pouvoir qu'elles permettent sont des armes à double tranchant : précieuses si elles sont employées à de bonnes fins, mais elles peuvent aussi nous corrompre et nous éloigner de la réalité, surtout de la dure réalité des catégories sociales de personnes économiquement faibles ou en difficulté. Nous risquons facilement de nous orienter vers un monde plus professionnel qu'apostolique. Nous pouvons, en outre, succomber la tentation de plaire aux autorités et aux riches bienfaiteurs au lieu de les interroger au nom

du bien commun et de la justice distributive. Nous risquons enfin de nous tromper en pensant et en agissant comme si le bien-être de notre institution était l'objectif de notre vie.

L'usage et la destination actuelle des biens dans l'Institut :

7. Les Constitutions nous signalent quels sont les domaines d'affectation préférentiels de nos biens et nous présentent les objectifs et les manières d'utiliser ces biens au service de l'Institut. «Les ressources de la caisse provinciale seront employées principalement à soutenir les maisons de formation et d'études, les infirmeries et maisons de repos. à fonder des œuvres d'éducation et à les développer. à promouvoir les activités apostoliques, à créer un fonds de prévoyance » (Art. 161.7)

Dans certaines Provinces de l'institut, la réalité juridico-admnistrative nous fait distinguer clairement les biens destinés à la «vie des Frères » et ceux que nous affectons aux «Œuvres apostoliques de types divers, surtout éducatives ». Les ressources financières affectées dans l'un et l'autre de ces deux domaines, les exigences et les responsabilités communes sont certainement bien distinctes. Une réflexion indépendante sur chacun de ces deux domaines peut nous aider dans le choix de nos critères comme dans la prise de nos décisions pratiques.

Je pense que le fait d'avoir parfois utilisé un même critère, sans un sérieux discernement, et de l'avoir appliqué aux cieux réalités, nous a permis en diverses occasions, de justifier notre passivité et une certaine complicité avec des situations peu cohérentes. Je vais parler de ces deux réalités en les séparant au départ.

La pauvreté de l'Institut quant à «l'accumulation des biens» (capitalisation) et à «l'affectation de nos biens » est un aspect sur lequel nous n'avons pas beaucoup réfléchi. Le sujet a été ouvertement présenté au XVIII° Chapitre général de 1985. Devant l'apparent excès d'argent qu'avaient déjà certaines Provinces, le Frère Basilio a demandé de réfléchir à cette situation et nous sommes ainsi arrivés à l'élaboration d'une proposition sur «la Capitalisation » . Le Conseil a ensuite lancé une réflexion sur ce thème et organisé des réunions par groupes de Provinces et les résultats peuvent contraster d'une région à l'autre.

Je n'ai pas voulu alourdir cette lettre par des textes et des Documents d'appui. Je me limite à rappeler quelques références que je considère importantes, entre autres, les appels de l'Eglise dans Vatican II (Perfectae Caritatis, n°13), de quelques documents pontificaux (Sillicitudo Rei Socialis), Exhortation Apostolique Vie Consacrée. Il ne faut pas non plus oublier les appels de l'Institut, surtout de nos origines, des Constitutions et des quatre derniers Chapitres généraux, qui présentent le problème de la pauvreté comme attention particulière aux pauvres, éducation et engagement pour la paix, la justice et la solidarité. Ils insistent aussi sur la pauvreté personnelle et sur la pauvreté communautaire (simplicité, sobriété, etc. …).

Les clés d'interprétation de l'article 161.7 des Constitutions qui rappellent l'affectation des ressources des Provinces, nous pouvons les trouver dans les mêmes Constitutions (Art.32, 33, 34, 83, 156 et 159, entre autres), et bien sûr, dans les Documents du XIX° Chapitre général. Il peut être intéressant d'en relire les documents " Notre Mission " Solidarité " n° 12, 14-2° paragraphes, 15, 16, 17 et 20). La circulaire du Frère Charles «Un appel urgent : Sollicitudo Rei Socialis », du 30.11.90, constitue également un document dont il faut tenir compte.

Les biens au service de la Vie des Frères

8. Notre style de vie : les lieux d'habitation des communautés et leurs ressources. En général la vie des communautés a toujours été très liée au travail réalisé surtout dans les centres d'éducation : écoles, collèges et universités. Il n'y avait pas de distinction entre les locaux et les installations de la Communauté et ceux du «Centre éducatif » . Les services étaient souvent communs. Il n'y avait pas de distinction entre les frais engendrés par la vie de la communauté religieuse comme telle, et ceux de la communauté comme «groupe d'éducateurs »

C'est pourquoi, dans beaucoup de nos œuvres, à mesure que nous avons dû répondre aux exigences croissantes de la qualité de nos centres éducatifs et de leurs installations, le style de notre logement a aussi changé. Dans bien des cas, et surtout dans un premier temps, ce changement n'a pas rompu le style de simplicité parfois vraiment pauvre, de nos débuts. Cependant, on ne peut plus dire cela actuellement et il me semble que nous devons réfléchir et agir sur ce point, parce que je crois que cela affecte gravement notre style de vie.

 Ce que nous avons doit exprimer ce que nous sommes et prétendons être. De là, la relation entre les moyens et les objectifs préférentiels n'est pas innocente et mérite donc réflexion et discernement. L'implantation de nos centres, le lien que nous avons avec eux car souvent nous y avons .encore nos logements communautaires, l'environnement économico-social des secteurs où nous vivons, et les réponses que nous donnons aux exigences légales quant à la qualité des installations éducatives, sont autant d'éléments qui doivent faire l'objet de notre discernement.

Les hautes rémunérations des Frères professeurs posent aussi, dans certains pays, des problèmes quant à un style de vie sobre et simple. Les Communautés qui disposent de ressources élevées peuvent avoir des difficultés à maintenir leur choix de vie simple.

Séparer les gestions financières. Dans la tendance actuelle, cette séparation est déjà une réalité dans de nombreux cas, bien que ce soit pour des raisons diverses, il s'agit d'une nette séparation de la gestion financière, en ce qui concerne la vie des Frères et ce qui concerne les projets éducatifs ou apostoliques. Il y a aussi une séparation encore plus nette entre les locaux et les services.

Cette séparation, tant pour le logement que pour la gestion, peut et doit favoriser des décisions courageuses quant à nos frais personnels et communautaires, indépendamment des exigences de la qualité des services éducatifs, et nous permettre des styles de vie plus cohérents avec nos habituels discours sur la simplicité, le témoignage et la solidarité.

Appel à un style de vie simple et prophétique. Nous ne nous sommes pas encore situés dans une attitude prophétique devant l'économie régnante, libérale et consumériste. Cela nous atteint dans des aspects relatifs au niveau de vie personnelle et communautaire, comme des services, des équipements, des véhicules, des loisirs, du standard des logements et des installations communes, etc. … Nous risquons également de nous forger une mentalité qui nous porte à apprécier les personnes pour ce qu'elles ont et non pour ce qu'elles sont. La vie religieuse y perdra du pouvoir, de l'influence, du prestige, mais elle sera plus prophétique, porteuse d'un message d'espérance.

Dans ta Province, quels aspects de la vie personnelle et communautaire reflètent le plus clairement cette option prophétique ? Quels aspects l'occultent le plus fortement ?

Quelques critères et pistes de réflexion et d'action

9. Il y a des Provinces qui prévoient une nouvelle implantation des communautés qui, bien que liées aux œuvres éducatives, choisissent de se situer en dehors de l'espace scolaire, par exemple dans des quartiers populaires ou pauvres qui ont besoin du témoignage d'une présence d'Eglise. Plutôt que de faire de nouvelles constructions, elles se sont adaptées au type de logement qui existe dans le quartier ou ont construit la demeure communautaire sur un terrain appartenant au collège ou disponible dans le secteur. Parfois, ce type de communauté a intégré un certain pluralisme compte tenu des tâches apostoliques et de l'âge des Frères.

Ces types de communautés devraient faciliter une série de processus :

– Un nouveau dynamisme communautaire quant aux relations interpersonnelles, au partage de la foi et à l'ouverture aux jeunes.

-Le fait d'avoir à se déplacer conduit les Frères à une meilleure connaissance et à une meilleure compréhension de la réalité des gens simples.

-Les Frères peuvent s'impliquer dans l'église locale, travailler à la solution de certains problèmes et au développement de la population dont ils font partie, etc. …

-Les Frères prennent davantage conscience du budget communautaire et répondent aux besoins matériels de la communauté par référence au milieu environnant.

-La communauté, finalement, rapproche son style de vie de celui de la majorité des gens du quartier.

Le Conseil provincial a dû bien sûr, préciser la relation entre caisse commune et budget des communautés, en tenant compte de la solidarité intercommunautaire.

Les biens destinés à la Mission

10. A qui destinons-nous l'argent ? Evaluation, pistes de réflexion et d'action : La mise en route et le fonctionnement de nos projets apostoliques impliquent plus ou moins I’usage de locaux. d'équipements, de personnel de service et autres besoins qui supposent de l'argent. Et certains projets éducatifs, pour lesquels l'Institut est très impliqué, sont particulièrement exigeants en ce qui concerne les installations et les services, même s'il est vrai que la situation est très différente d'un pays à l'autre.

Je crois que sur ce terrain notre réflexion sur l'usage des biens doit être menée avec une plus grande rigueur. J'entends parfois dire qu'il ne peut y avoir d'apostolat sans argent et qu'on ne peut réaliser la mission sans ressources financières. Le propos ainsi exprimé nous paraît si évident que nous n'approfondissons pas davantage sans nous rendre compte qu'il est équivoque. Cela demanderait davantage de réflexion de notre part, mais une réflexion menée en référence aux objectifs et en tenant compte de la mission à laquelle l'Institut se sent appelé aujourd'hui. Nous risquons de donner aux mêmes mots des sens très différents.

Le souvenir de nos origines me revient en mémoire. Marcellin, sans argent et sans patrimoine, conçut des projets pour l'église paroissiale, fonda les communautés de La Valla et de l'Hermitage et d'autres encore. Mère Teresa de Calcutta, sans argent, s'engagea dans de multiples actions de charité. A Rome, je connais la "Communauté de San Egidio ", association qui regroupe un grand nombre de laïcs, en général des jeunes. Cette communauté est très engagée dans l'œcuménisme, dans des projets de solidarité et pour la justice (elle a obtenu la paix au Mozambique). par des repas sociaux dans des quartiers de Rome. Elle est très engagée dans l'évangélisation, mais n'a pas de patrimoine et je ne crois pas que ses comptes bancaires lui rapportent des résultats substantiels.

J'ai peur que nous continuions à discuter, sans chercher ni écouter ce que Dieu nous demande. Il nous faut de l'argent pour réaliser la mission, mais nous en arrivons à ce paradoxe : l'augmentation des moyens ne correspond pas toujours à la vitalité du charisme.

11. Dans beaucoup de pays, nous prenons pour critère le fait d'être propriétaires des œuvres éducatives. Il nie semble que ce système nous donne liberté et indépendance de fonctionnement. Mais, à long terme, cette façon de se comporter nous lie aux œuvres (parfois aux immeubles) et augmente le poids des responsabilités financières que nous devons assumer. Au temps de nos origines, les critères du Père Champagnat étaient un peu différents et ont donné satisfaction.

12. Certaines des demandes qui arrivent au Conseil général me semblent vouloir faire perdurer et développer des œuvres qui devraient être réorientées. Nous continuons à multiplier des projets qui vont justifier ensuite des augmentations de fonds afin d'affronter les nouveaux risques. Nous sommes dans un cercle vicieux dont nous n'arrivons pas à sortir. Nous prévoyons des installations de qualité pour être à jour. pour répondre aux exigences des familles ou pour fournir des prestations exceptionnelles afin d'attirer la clientèle. Mais tout cela exigera toujours plus de personnel de fonctionnement et augmentera toujours plus les budgets d'entretien. On prévoit normalement de financer en augmentant la contribution des familles ou en augmentant le nombre d'élèves. Et cela exigera ensuite de nouvelles mises à jour et de nouvelles réserves de garantie. Et tout cela, pourquoi ?

Je me suis prononcé plusieurs fois sur le problème des œuvres. Lors d'une rencontre de Frères, je leur disais que je reçois beaucoup d'invitations à venir aux célébrations jubilaires d'œuvres éducatives qui célèbrent 50, 75, 100 ans d'existence, mais que rares sont les invitations pour le « baptême » de projets et de communautés qui s'inspirent des appels du XIX° Chapitre général et correspondent aux intuitions de «refondation » que vit aujourd'hui la Vie Religieuse.

Les mots-clés dans cette réflexion sur les moyens et les investissements qui vont permettre une «qualité éducative » sont la Mission et les destinataires. Il ne devrait en aucun cas être question de prestige ou de compétition pour faire face au manque d'élèves, ni de réponse à la demande de groupes de pression pour implanter des œuvres éducatives «de luxe » , qui ont pour conséquence l'exclusion des élèves qui ne disposent pas des ressources suffisantes pour assurer leur éducation.

Je crois qu'il nous faut réfléchir un peu plus sur l'usage et sur l'affectation de nos biens et des moyens matériels que nous consacrons à la Mission. Et il nous faut pour cela considérer plus souvent les critères des Constitutions et les orientations de nos Chapitres généraux pour juger évangéliquement : pour établir les projets, les budgets et les comptes de résultats : pour distinguer les dépenses superflues ou moins nécessaires pour rationaliser les dépenses et voir en fonction de quels objectifs et de quelles valeurs nous les engageons.

Il y en a qui expriment, plus ou moins ouvertement la crainte que ces idées soient de la «démagogie à peu de frais» ou «un manque de rigueur et de connaissance des implications financières de certaines œuvres » . Il y a aussi ceux qui craignent que ces critères soient peu compatibles avec la gestion efficace et responsable d'œuvres et de projets apostoliques éducatifs qu'on nous demande aujourd'hui. Je ne crois pas qu'il faille confondre les choses et alimenter des peurs non fondées.

Il s'agit de faire un discernement sur les projets, dans la perspective évangélique et, une fois choisis, disposer des ressources nécessaires. Nous devons évidemment, par cohérence, affecter aux objectifs prioritaires des ressources et des moyens plus importants. Il faut, bien sûr. des installations, des services, des ressources financières, mais là aussi, ce que nous avons et ce que nous consacrons à la Mission doit exprimer ce que nous sommes et ce que nous prétendons être.

13. La réflexion sur ce thème devrait nous mener dans deux directions :

-En lançant des projets apostoliques, essayons de sortir de la logique «humaine » qui considère comme seuls «viables » les projets fortement soutenus financièrement. Souvenons-nous de «nos origines » et du sens prophétique auquel sont appelées nos vies et nos œuvres.

-En discernant sur l'usage de nos biens dans nos œuvres, constructions, équipements, etc. …, appliquons cette règle de base : «affectons des moyens plus importants aux objectifs prioritaires » . Et n'oublions pas non plus, en lien avec «le style » des installations et face à la crainte de «mettre en péril la qualité éducative des œuvres », que le débat sur la relation «moyens-objectifs éducatifs» et «ressources financières – efficacité éducative » est un débat ouvert dans lequel les défenseurs de l'efficacité éducative sont nombreux. tout en mettant l'accent sur la «sobriété » des moyens et des ressources.

La réalité démontre que la «qualité éducative » n'est pas en relation directe avec la qualité et les coûts des installations matérielles et les moyens techniques utilisés. Cette qualité éducative semble dépendre beaucoup plus des éducateurs qui savent promouvoir de bonnes relations entre tous les partenaires du processus éducatif. Et cela, en cohérence avec le caractère de l'éducation mariste, peut s'obtenir sans grands moyens financiers.

14. Quelques suggestions à propos des œuvres : je comprends qu'en théorie et sur les principes généraux on puisse être d'accord. Les difficultés surgissent sur le terrain et dans le concret. Pour vous aider, à titre d'exemple, voici quelques critères et suggestions

-Séparer les communautés et les œuvres : il y a des Provinces qui font clairement la différence entre la communauté religieuse et les œuvres dans lesquelles cette communauté exerce son apostolat. Il s'agit d'une séparation juridique et financière. Dans bien des cas, le fait de loger la communauté dans des lieux différents de ceux de l'œuvre a beaucoup aidé. Il y a des Provinces qui n'ont pas besoin de faire cette distinction car les Frères ont toujours travaillé dans des écoles qui ne sont pas propriété de l'Institut.

– Que les projets contribuent à la transformation de l'œuvre en vue d'une plus grande solidarité.

-Que le développement des œuvres corresponde à de vrais besoins et non à des critères de compétence ou de pressions sociales.

-Lancer une expérience pilote dans le processus de discernement et d'évaluation des œuvres.

Eviter le poids croissant des coûts directs et indirects de l'éducation.

-Eviter les activités de type social qui pourraient marginaliser des élèves pour des raisons financières : voyages d'études, fêtes, etc. …

-Que les installations des collèges et des espaces sportifs soient aussi à la disposition de ceux qui ne peuvent payer.

-Eviter le contre témoignage que peuvent donner des bâtiments imposants et luxueux.

Promouvoir la création ou l'augmentation du nombre d'écoles populaires en collaboration avec d'autres institutions.

-En cas de nouveaux projets, impliquer les laïcs et la communauté sociale des destinataires.

Dans la réalité concrète, ne donnons-nous pas l'impression que nous investissons des sommes importantes d'argent dans les grands collèges, en faveur d'une classe sociale qui est en soi déjà privilégiée ?

Solidarité : partager même ce qui nous est nécessaire.

15. Les raisons qui ne changent pas : le plan de Dieu et les appels de l'Evangile. Toutes les pages de l'Evangile nous «parlent de solidarité » Elles nous parlent de la solidarité de Dieu avec l'humanité et cela suppose l'entière adhésion de Jésus aux souffrances et à la mort et l'intervention définitive de Dieu dans l'histoire de l'humanité par la résurrection de Jésus. En Dieu nous trouverons la sécurité. Il est presque impossible de comparer nos humbles efforts de solidarité avec le prochain, et ce qu'a fait Jésus. Cependant, voici ses paroles : «Je vous dis que tout ce que vous ferez à l'un de ceux-ci qui sont mes frères, c'est à moi que vous l'avez fait » . (Matthieu : 25,40).

Pour les chrétiens, le texte de Matthieu 25 sur le Jugement dernier revêt une autorité suprême, à plus forte raison pour des religieux qui ont choisi publiquement d'essayer de bâtir leur vie sur l'esprit des Béatitudes (Const. 14). Le texte du jugement dernier laisse clairement apparaître que ce sont les actes de solidarité qui comptent. En fait, l'acte de solidarité nous conduit à la découverte inespérée de l'objectif le plus important : la présence de Dieu. Entrer en relation avec les autres, c'est être déjà en relation avec Dieu «si nous avons des yeux pour voir » .

Combien différents sont les messages «du monde » par rapport à ceux de l'Evangile ! : occupe-toi d'abord de toi, la charité commence par toi-même, fais confiance au marché et à tous les «ismes » : rationalisme économique, néo-libéralisme, capitalisme, socialisme. Jésus reprend la réponse rhétorique de Caïn : «Suis-je le gardien de mon frère ? » et il nous donne une réponse affirmative très concrète dans la parabole du Bon Samaritain.

Quel projet a le Conseil provincial pour évaluer et animer les œuvres éducatives dans une dynamique de solidarité qui va au-delà des collectes ou des campagnes ponctuelles ?

La force des appels actuels : plus visibles sont les différences et plus visibles aussi sont les possibilités. A notre époque de «globalisation » les différences de ressources entre les peuples et les personnes, souvent proches, sont abyssales.

Si nous ne regardons pas avec des yeux critiques les processus de globalisation du néolibéralisme exclusivement régis par la logique du marché, nous courons le risque de nous laisser entraîner par ses apparents avantages. Nous ne percevrons pas que s'il y a des riches dans notre société, c'est parce qu'il y a des gens «appauvris » par le système. Nous ne nous rendrons pas compte du nombre énorme de personnes sacrifiées à l'idole de l'efficacité économique : des millions de travailleurs avec des salaires de misère et des enfants réduits en esclavage par un travail prématuré, des générations de gens condamnées à la pauvreté et au sous-développement, des millions de personnes qui meurent de faim dans des pays hypothéqués par leur dette extérieure. L'ONU, dans son dernier rapport. a signalé que les différences entre les plus riches et les plus pauvres ne cessent d'augmenter de façon alarmante.

Des hommes et des femmes de bonne volonté ont compris les effets de ce système et les dangers du libéralisme sans contrôle, et suscitent des efforts importants de solidarité comme ceux des ONGs, les campagnes contre la dette Extérieure, la campagne du Jubilé. etc. …

La conscience des possibilités qui nous sont offertes, les appels à un nouvel ordre mondial et à des réalisations novatrices dans ce domaine, sont de plus en plus forts. Ce sont les signes des temps qui renforcent et soulignent les appels qui nous sont adressés dans la ligne de l'Evangile.

16. Faire des avancées concrètes : les exigences pour notre vie et pour notre mission. La solidarité s'enracine et progresse. Elle nous propose sans cesse de faire un pas de plus et d'aller plus loin. Elle part d'un impératif évangélique qui devient pour le chrétien une option fondamentale. Ce n'est pas à prendre ou à laisser de façon arbitraire. Il nous faut l'assumer moralement et en faire une réalité parce qu'elle est à la base de l'Evangile et qu'elle est pour nous à l'origine de notre fondation.

Le monde est en lutte pour trouver un nouvel ordre économique qui établisse un équilibre entre les motivations personnelles et les responsabilités sociales, tant dans chaque nation que dans les blocs de nations. Nous devons contribuer à cette recherche parce que nous sommes membres d'une Eglise dont l'enseignement social est sans équivoque et parce que nous appartenons à un institut qui vit l'interdépendance.

Si nous regardons les ressources destinées à assurer la vie de nos Frères et des communautés, donnons-nous quelque chose de notre superflu et des avantages que nous procure la loi, ou bien partageons-nous de notre nécessaire ? La sobriété et la simplicité dans l'usage de nos ressources sont-elles source de partage ? Notre partage vient-il d'une réflexion sur notre style de vie ou se limite-t-il à une démarche administrative ?

Et si nous pensons à nos projets apostoliques : de quelle manière administrons-nous nos ressources ? Donnons-nous la priorité à des projets résolument solidaires qui impliquent un réel partage, ou préférons-nous consacrer nos ressources pour renforcer, par des projets superflus, les œuvres déjà existantes ?

Nous courrons le risque «d'augmenter nos réserves » et de promouvoir ou de maintenir des œuvres parce qu'elles favorisent notre confort financier. Dans la pratique, il nous manque des critères clairs et concrets qui puissent concilier la prudence responsable et le risque évangélique. Je le perçois dans plusieurs domaines, par exemple : dans les critères du Conseil général et dans ceux des Provinces face à certains projets, dans les constatations et dans le style de nos demeures ; dans le manque de discernement évangélique pour orienter l'administration des biens et dans les décisions financières.

Dans votre Province, quels indicateurs réels permettent de voir que nous avons opté pour la création d'une culture de la solidarité et que nous sommes engagés dans l'éducation des jeunes par et pour la solidarité ?

Nous ne pouvons pas dissocier le témoignage de notre vie collective des actions solidaires. Le témoignage est une exigence de fidélité et une réponse cohérente aux appels que Dieu nous adresse et qui se sont accentués avec la canonisation de Marcellin. Cette cohérence implique beaucoup plus que le partage des ressources. Elle exige des personnes résolument engagées et bien sûr, des projets assumés.

Les avancées que nous faisons dans le domaine de la solidarité doivent être visibles pour nous et pour les autres. Mais elles doivent être l'expression de notre vœu de pauvreté et une réponse à ce que Dieu nous demande à la suite de Jésus. Depuis 1993, que s'est-il passé dans votre Province concernant chacun de ces aspects ? (Il pourrait être intéressant de quantifier et de réfléchir en communauté).

Quelques aspects où je vois des avancées

17. Sur certains points relatifs aux biens de l'institut, nous avons fait un chemin positif. J'ai l'impression que la confiance mutuelle et la clarté de l'information se renforcent. C'est sans cloute que la générosité des unités Administratives, et parfois celle des laïcs qui nous connaissent de plus près, a été évidente en diverses occasions.

Les points sur lesquels je constate du progrès et davantage de clarté vont dans la ligne de la solidarité interne. Ils sont visibles tant dans le fait de proposer des Frères pour les besoins urgents, que dans l'aide financière qui permettent de développer des projets de solidarité et de créer des fonds en faveur des Unités Administratives qui sont dans le besoin. Il faudrait que, dans quelques années, ces unités arrivent à leur autonomie pour fonctionner normalement sur leurs propres ressources, et qu'elles puissent produire aussi des immobilisations de fonds.

Je constate aussi une bonne ouverture pour aider les projets du BIS (Bureau International de la Solidarité), des ONGs et des autres organisations similaires dans les Provinces.

Intéressant aussi est le progrès du volontariat pour les missions, de la part des Frères et des laïcs.

Certaines Provinces ont créé des écoles populaires ou des centres d'accueil en faveur des enfants et des jeunes inadaptés (ou handicapés) et elles le font avec l'aide et la collaboration directe de laïcs.

Nous progressons aussi quant à la sensibilité et à l'ouverture à la paix, à la justice, à la guerre, au drame des réfugiés, aux droits de l'Homme en général, mais ce progrès est moins évident en ce qui concerne les droits de l'enfant.

Les rencontres des Economes provinciaux, par continent ou par région, favorisent une meilleure formation à l'aspect financier de l'administration dans une plus grande clarté comptable et une meilleure connaissance de chaque réalité.

II. ADMINISTRER LES BIENS SUR DES CRITERES EVANGELIQUES

Etre d'humbles administrateurs

18. «Les Frères chargés de l'administration des biens de l'institut ne sont pas des propriétaires, mais les administrateurs des biens de l’Eglise ». (Const. 156). Il est évident que nous sommes tous administrateurs, même si nous déléguons certaines fonctions à des Frères qui nous aident à bien administrer. Il s'agit d'administrer le bien des autres et pour les autres.

Administrer implique faire attention non seulement à «conserver et à faire fructifier » rationnellement et prudemment le patrimoine matériel de l'Institut. mais aussi à affecter des ressources et à les gérer conformément aux objectifs des «projets » communautaires ou apostoliques.

Souvent, le fait d'avoir à administrer des biens est vu comme un moindre mal dans la vie religieuse. Parfois on le tolère car on ne peut y renoncer, mais on ne lui donne pas la même attention pastorale ni le même accompagnement qu'aux autres aspects de la vie. Il a cependant son importance et nous ne pouvons nous dérober devant ce problème. Il peut arriver que le Frère Provincial et ses Conseillers ne soient pas très experts dans ce domaine et se sentent mal à l'aise pour le traiter. Normalement ils en confient toute la responsabilité au Frère Econome provincial.

Je reconnais avec gratitude le service que nous rendent les Frères chargés de l'administration. Je sais que leur tâche n'est pas facile et que leur fonction peut contribuer à dessécher leur cœur d'apôtre parce que, souvent, elle les absorbe et ils en arrivent à ne plus être que des professionnels ou des gestionnaires administratifs. Mais beaucoup d'entre eux ont agi en vrais fils de la maison, veillant aux structures matérielles et à une honnête gestion.

Si nos administrations ont bien fonctionné, sans nous causer de sérieux soucis, mais seulement l'un ou l'autre petit désagrément, nous le devons à l'honnêteté des Administrateurs économes plus qu'à la garantie des systèmes que nous avons. Dans bien des cas, il s'agit d'un système familial, fragile, sans suivi rigoureux ni vérification stricte qui évite le risque de certaines opérations financières et qui garantit l'application des directives de nos Constitutions. Les deux signatures conjointes recommandées pour les chèques ne sont-elles pas une simple formalité ? Je ne sais pas personnellement si c'est là une solution suffisante adaptée à notre époque.

19. Dans l'exercice de sa gestion, le Frère Econome doit avoir le souci du bien commun, de la justice, de la pauvreté, de la charité et du travail apostolique des Frères. ( cf. Const. 158). Cela signifie qu'il doit se sentir coresponsable de l'animation des Frères et qu'il doit s'efforcer de conjuguer justice et charité, animation et sensibilité il doit être la conscience sociale et le moteur de nos œuvres et de nos communautés. Il peut nous ouvrir des horizons de solidarité face aux problèmes qui nous entourent. Il connaît le sujet et compte tenu des informations dont il dispose, le frère économe peut nous aider à réfléchir sur certains gaspillages dans les constructions et dans le fonctionnement des œuvres. L'élaboration des budgets et des comptes de résultats est une bonne occasion pour motiver les Frères. Quels moyens se donne le Conseil provincial pour informer les Frères et les aider à réfléchir sur la situation économique de la Province ? Quels types d'analyse font la communauté, la Commission des Affaires économiques et le Conseil provincial sur les projets de construction ou d'aménagement des œuvres ? Quelles incidences ont sur la communauté les réflexions sur les budgets et les comptes de résultats ?

Le profil de l'Econome me préoccupe. On part du principe qu'il est honnête, transparent dans sa gestion. fiable et solide dans sa vocation. Mais nous ne devons pas oublier qu'il lui faut aussi un niveau indispensable de formation et de compétence. Les problèmes financiers étant assez complexes, il n'est pas prudent d'en laisser toute la responsabilité à une seule personne. Les Constitutions demandent que dans chaque Unité Administrative soit créée une Commission pour les Affaires Economiques (Art. 161.2). Il y a des Provinces où certains des membres de cette Commission sont des laïcs et je pense que c'est une bonne solution, à condition de former ces collaborateurs et de leur faire partager notre esprit. Nous n'avons pas besoin d'économiste, mais de quelqu'un de compétent et d'honnête dans sa profession, qui prenne en compte les orientations de l'institut, les objectifs de notre mission, les priorités que nous vivons comme religieux et, bien sûr, qui accepte la norme interne qui gouverne la congrégation.

            20. Accompagner humainement et religieusement les Frères Economes est aussi important que d'accompagner les Formateurs et les Supérieurs de communautés. Je n'arrive pas à comprendre pourquoi les tâches administratives sont souvent jugées incompatibles avec les tâches directement liées à l'évangélisation, comme la catéchèse, l'animation des groupes maristes, la collaboration dans des groupes de jeunes ou de solidarité, etc. … Je fais référence aux activités qui permettent la flexibilité des horaires et ne sont pas des exigences de tous les jours. Que peuvent faire le Frère Provincial, chaque communauté pour intégrer ces Frères dans l'apostolat ?

Les paragraphes précédents se réfèrent aux frères Economes provinciaux et à ceux des œuvres scolaires en raison de leur responsabilité particulière dans l'administration des biens. Mais les mêmes critères peuvent s'appliquer à tout type de frère économe : de communauté, d'associations ou de groupes. Tous, en raison du poste qu’ils occupent et des connaissances dont ils disposent, ont accès à des ressources économiques et prennent des décisions concernant les budgets et les dépenses dans des milieux où la référence religieuse n'est pas toujours évidente. Ils ont souvent l'habitude de prendre des décisions et d'engager des dépenses qu'ils sont les seuls à connaître. Comment aider tous ces frères à vivre la dépendance religieuse, à informer de leurs dépenses et de leur budget personnel, comme membres d'une communauté mariste ?

L'administration : transparence et orientation évangélique

21. L'économie et la bonne administration sont un service important dans notre Institut, car l'économie conditionne toute notre vie. C'est ainsi, et il est impossible d'y échapper, mais nous devons voir comment nous allons nous situer face à cette réalité. La valeur de l'argent et la production de ressources ont évolué dans la vie religieuse. Champagnat fabriquait des clous et avait des métiers à tisser. Notre économie aujourd'hui dépend des salaires ou d'autres moyens existants dans la société.

C'est une activité encadrée par les lois de chaque pays et conditionnée, en partie, par les systèmes financiers. Mais au-dessus des conditionnements légaux et de ceux du marché, il y a les valeurs évangéliques et les orientations de notre droit propre. Nous devons respecter les lois de chaque pays et y obéir, mais pas nous laisser influencer par les critères des organismes financiers, du marché ou du consumérisme.

A ce propos il nous faut prendre de sérieuses distances parce que, même avec des structures semblables à celles des autres entreprises, les fins et les moyens d'une institution religieuse sont très différents. L'essentiel pour nous n'est pas de produire de l'argent. Notre souci est de bien l'utiliser, de l'administrer avec transparence et sécurité, mais surtout, de le mettre au service de l'évangélisation, conformément à notre charisme propre. Et cela nous demande de savoir détecter et éliminer les causes qui vicient notre système administratif et trouver des méthodes renouvelées pour rendre évangéliquement efficace l'administration de nos biens.

La mission partagée exige que nous organisions autrement et séparions les comptes et les responsabilités juridiques de la communauté religieuse et des œuvres. Le peu de clarté sur ce point obscurcit la gestion de nos finances devant les familles et les collaborateurs, et génère un certain mystère au niveau des honoraires que nous demandons et des affectations de l'argent. La mission partagée implique aussi la nécessité d'une information claire et transparente. Nous, les Frères, pouvons et devons apporter des critères et infléchir les orientations provinciales même si nous n'avons pas des tâches spécifiques d'administration.

Accompagner avec un souci pastoral nos nouvelles manières d'utiliser l'argent

22. Les valeurs conventionnelles qui ont existé pour faciliter le commerce et conserver les pouvoirs acquis, se sont exprimées de diverses manières tout au long de l'histoire. Nous les appelons aujourd'hui argent et elles prennent la forme de cartes nominales de crédit qui exigent d'avoir un compte bancaire. Ces cartes se généralisent dans certains pays pour diverses raisons, dont la facilité d'emploi et la sécurité. Chez nous, peuvent en disposer normalement ceux qui sont amenés à se déplacer fréquemment ou ceux qui sont chargés des achats communautaires, etc. … Les religieux ou les religieuses pourront-ils se marginaliser par rapport à cette nouvelle réalité ? Comment réfléchir à ce problème pour continuer à vivre dans la transparence et le partage communautaire cette nouvelle forme d'utiliser l'argent ?

III. ASPECTS QUI DEMANDENT DISCERNEMENT ET PRECISION

Dans la vie des Frères et des Communautés

23. Au niveau de vie des communautés : les lieux, les maisons, les équipements, les services, les actions, les budgets.

La maison où vit la communauté joue un rôle important parce que c'est là où nous nous retrouvons en famille et où sont normalement satisfaits les besoins élémentaires de la vie humaine : les besoins psychologiques, personnels, la spiritualité propre d'une vie consacrée. Le souci égalitaire à outrance est en contradiction avec la charité et la fraternité. Peut-être que tous les points de vue et toutes les sensibilités ne peuvent pas s'harmoniser, mais il n'est pas sain de décider sans discernement ou simplement pour ne pas contrarier certains Frères.

Dans certains cas, il peut s'avérer difficile d'arriver à se mettre d'accord en communauté sur le «dépouillement » surtout en ce qui touche la communauté même, et je ne fais pas référence seulement à des communautés maristes. Cependant, on suppose que les religieux et les religieuses devraient être experts en la matière. Nos Constitutions définissent l'exigence minimum que nous demande le vœu de pauvreté : «Nous renonçons à faire usage et à disposer de tout argent ou autre bien matériel de quelque valeur, sans autorisation. » (Const.29). Elles rappellent aussi l'idéal intrinsèque de ceux qui ont l'audace de suivre le Christ «qui s'est fait pauvre pour nous » 2), et ce que cela signifie pour nous, pour les autres et pour l'Eglise elle-même. Quels signes rendent cet idéal visible pour ceux qui vivent autour de nous ?

J'ai l'impression qu'en général et dans tous les continents, les communautés religieuses ont un niveau de vie équivalent à celui des classes supérieures du pays. Il me semble que c'est comme cela que nous voient les gens et c'est aussi mon sentiment, même si je n'ai jamais trouvé d'études qui confirment ce jugement personnel. Je me trompe peut-être ou je généralise trop mon impression. Que se passe-t-il dans votre Province à ce sujet ? Je crois que nous devons avoir le courage de faire une étude sérieuse de notre situation, de la reconnaître avec sincérité et de prendre les mesures appropriées qui, par leur cohérence et leur visibilité, nous donneront une crédibilité devant le peuple de Dieu.

24. Je ne pense pas à un niveau égal pour toutes les communautés de l'Institut, car il faut tenir compte des circonstances locales et des contextes variés. Peu importe la situation financière d'une Province, nous devons faire en sorte que nos Frères vivent dignement et convenablement, en sachant bien qu'ils ne doivent pas oublier qu'ils sont liés au pays dans lequel ils vivent. Dans un pays pauvre, les Frères ne devraient pas vivre comme des riches et dans les pays appelés industrialisés, les Frères devraient vivre simplement, avec sobriété et souhaitons que beaucoup de communautés aient l'audace de vivre dans l'austérité, pour partager avec ceux qui sont en difficulté et pour être «prophètes » et «Bonne Nouvelle de Jésus » dans leur réalité quotidienne. Ne serait-ce pas précisément dans ces contextes qu'il nous est demandé d'être cette prophétie contre-culture ?

En visitant une Province, je nie suis rendu compte que les Frères ne buvaient que de l'eau pendant leurs repas. Le jour de l'Assemblée, ils ont pris de la bière. J'en fus étonné, mais la réponse que m'a donnée le Frère Provincial me remplit de joie «le prix d'une bière est presque équivalent à celui de la nourriture de toute la journée. Si nous ne vivions pas comme cela, nous ne pourrions pas travailler avec les pauvres » . Ce fait me rappelle l'expérience des premiers Frères à l'Hermitage, qui vivaient sobrement pour ne pas avoir à augmenter les honoraires demandés dans les écoles.

Depuis quelques années, nous avons créé des communautés en milieux populaires ou en dehors des grandes structures scolaires et cela a eu sans doute des avantages. Mais nous n'avons pas toujours profité de cette opportunité pour adopter un nouveau style de vie communautaire, non seulement pour le logement, la sobriété et la simplicité de vie, mais aussi dans les relations humaines, dans notre façon de communiquer et de partager. En visitant une de ces communautés, j'ai eu l'impression d'être dans une communauté qui répétait les schémas des autres communautés de la Province parce qu'elle avait les mêmes choses qu'avant et avait même davantage de personnels de service :

Quels sont les critères de votre communauté face à la qualité, au nombre et à l'usage des voitures, face aux nombres d'employés et face au niveau de vie que vous souhaitez ? Comment souhaitez-vous vivre 7 Et pourquoi de cette façon ?

Il est bon que personnellement et communautairement nous nous rendions compte que nous avons trop et que, par conséquent, nous devons prendre la décision d'alléger notre poids pour nous sensibiliser aux besoins des autres et d'ouvrir les fenêtres pour nous rendre compte de ce qui se passe autour de nous et parfois tout près de nous. Une communauté devrait connaître les besoins des proches voisins et se sentir solidaire, comme devant les catastrophes dans un pays lointain. et soutenir les projets que des institutions humanitaires ou charitables réalisent dans ce pays ou dans le secteur.

25. Il y a des moyens acceptables dans les œuvres éducatives, mais qui ne conviennent pas dans les communautés religieuses. En toute liberté et pour vous aider à concrétiser ce point, voici quelques suggestions. Si vous y réfléchissez en communauté, vous en trouverez sans doute d'autres qui vous conviendront mieux.

-Il serait souhaitable que les communautés soient les dernières du secteur à acquérir une nouveauté qui paraît à première vue. utile. Et bien sûr, elle ne devrait jamais acquérir quelque chose qui ne soit utile à au moins deux tiers de ses membres.

-Il y a des choses qui nous sont offertes ou que nous pourrions acheter à bon prix comme «bonne affaire » mais qui ne devraient pas être acceptées par la communauté (ni par le Frère Provincial) parce qu'elles relèvent d'un niveau de vie élevé.

-Est-il possible et réaliste d'adapter notre niveau de vie à celui de 50% des familles les moins riches du pays ? Il est évident que les communautés situées dans des zones populaires pourraient avoir un profil assez semblable à celui des gens et faire attention de ne pas offenser les pauvres par un train de vie trop confortable ( Const. 34)

-Le nombre d'employés au service des communautés est un autre sujet sur lequel il faut réfléchir. Peu à peu, nous nous habituons à «être servis » et parfois nous devenons exigeants et nous ne participons pas aux services domestiques. Le travail manuel a peut-être d'autres expressions aujourd'hui dans de nombreux pays, entre autres, dans les services qui touchent à la vie communautaire. Un Frère d'une communauté située en milieu ouvrier me racontait que, pour des raisons humaines, il avait maintenu le travail d'une cuisinière proche de la retraite, mais pour les gens du quartier. ce service était un luxe et signe que l'on pouvait se permettre des dépenses auxquelles les gens du quartier n'avaient pas accès.

-Il me semble que ce serait enrichissant pour les communautés de n'avoir pas peur d'oser des gestes concrets. Je connais des familles qui à l'occasion de Noël, de Pâques ou d'autres fêtes invitent à leur table des personnes marginalisées (personnes âgées qui vivent seules, orphelins, jeune récemment sorti de prison qui ne sait où aller, etc. …). Parfois ils choisissent une personne que Dieu met sur leur chemin. Frères, votre communauté ne pourrait-elle pas réaliser de tels gestes ou d'autres semblables ?

-Les budgets communautaires se réduisent-ils à un rapport chiffré ou sont-ils l'occasion : de réfléchir de façon réaliste à l'incidence des finances sur la vie des pauvres, de corriger quelques abus et d'exprimer concrètement notre désir de suivre le Christ pauvre ? Ne serait-ce pas un bon moment pour le discernement communautaire ?

La capitalisation : Quelle quantité d'argent faut-il garder ?

26. Nos vies, comme notre apostolat et nos instituions, sont immergées dans un réseau de relations avec notre culture et notre société qui, en même temps qu'elles nous soutiennent, limitent considérablement notre liberté.

Nous ne pouvons pas «arrêter la marche du monde » , mais nous pouvons nous arrêter nous-mêmes. Nous avons besoin de toute notre foi, de tous nos talents et de nos valeurs pour repérer dans quelle mesure nous sommes influencés, individuellement ou comme communauté religieuse, par le contexte social et culturel. Nous devons faire un discernement pour choisir nos formes de relations avec ce monde changeant, conformément aux valeurs évangéliques. La société a besoin de cette attitude logique de la part des religieux. Les gens sont conscients du drame de la vie qui les entoure et s'engagent avec d'autres pour le bien de l'humanité.

I. Concernant les fonds de la Province, il nie semble qu'il y a trois grands domaines de réflexion :

a) A partir des responsabilités sociales de votre Province, et compte tenu de la prudence, mais sans oublier l'insécurité économique que suppose le fait de suivre Jésus, Quelle quantité d'argent ( ou d'investissements) devrait garder votre Province comme fonds de réserve ?

b) Que peux faire ta communauté et le collège avec le frère Provincial et son Conseil pour être sûr que les initiatives en faveur des pauvres sont prioritaires dans les projets apostoliques et ne sont pas sacrifiées aux institutions financièrement plus sûres ? Que faudrait-il réorienter ou quelles nouvelles démarches devraient être lancées dans ta Province ? Tout cela suppose que préalablement. il y a eu discernement sur la mission dans le contexte du pays, sur les priorités et les apostolats prévus. L'article 34 des Constitutions est très clair sur ce point.

c) Par souci de solidarité interne et externe, que faire des fonds quand il y a des excédents ? Comment nous motiver, prendre des décisions au niveau des communautés et de la Province, pour pouvoir donner, dans des cas dramatiques, une partie du nécessaire de la Province ?

2. Critères pour orienter la réflexion sur la Capitalisation :

-Analyser correctement l'affectation actuelle des ressources afin de nous y référer au moment de prendre des décisions. Sans cette analyse notre réflexion sera illusoire.

-Identifier les besoins à «satisfaire ou à garantir » en ce qui concerne la vie des Frères, sans oublier l'acceptation d'un certain risque qu'implique notre profession de pauvreté.

-Evaluer de la même manière les besoins et les risques liés à nos œuvres et aux projets apostoliques existants et aussi les projets que l'on a prévus de lancer.

3. Faire une étude et un discernement sur la pratique et les critères administratifs de votre Province, sur son organisation et son fonctionnement : cela suppose une analyse et une évaluation objectives :

-d'où provient l'argent et à quoi l'affectons-nous ;

-Les dépenses superflues et excessives dans les moyens utilisés ;

-Le confort des communautés et des œuvres dont nous sommes responsables.

-Les responsabilités qu'il faudrait réduire

-La solidarité que nous devrions assumer.

Et à partir de cette étude, préciser les réserves financières que nous voulons garder en banque ou en investissements pour faire face aux responsabilités, mais en tenant compte de «l'insécurité» que doivent assumer ceux qui, par vœux, prétendent suivre Jésus.

4. Les aspects concrets du plan sur la «capitalisation », qu'il finit actualiser tous les deux ou trois ans, et pourraient concerner des aspects très concrets comme ceux-ci :

-Rationaliser les dépenses d'éducation, là où c'est nécessaire, réduire le «superflu » pour abaisser les scolarités des élèves.

-Quand il y a des excédents, voir dans quelle mesure on peut améliorer la situation de nos collaborateurs, surtout celle des personnes affectées aux travaux les plus simples.

-Distribuer tout l'excédent des réserves prévues pour la Province pour l'affecter à la solidarité de l'Institut ou à la réalisation de petits projets humanitaires qui ne reçoivent aucune aide. Nous pourrions aussi créer des Fonds externes dont nous mettrions les bénéfices à la disposition d'organismes et institutions qui se consacrent à l'éducation populaire, à la promotion et à la défense des droits de l'enfant ou autres organismes similaires

-Commencer par donner 10% des salaires des Frères, des intérêts bancaires et des bénéfices de nos portefeuilles d'actions.-—        Parfois, il nous arrive de l'argent facile qui ne vient pas de notre travail, mais de la vente d'une propriété, revalorisée en quelques années, ou de la rentabilité inespérée de nos portefeuilles : donner 30% de la rente nette ou de ces intérêts extraordinaires.

-De quelque vente normale que ce soit, nous pourrions donner plus ou moins 15%.

-A l'occasion d'un projet de construction ou d'amélioration d'un collège de classe moyenne et au-dessus, donner 2% pour la solidarité.

-En faisant les comptes de résultats de l'année, affecter à la solidarité tout ce qui excède en ce moment la quantité que l'on a besoin de «capitaliser » .

-J'ajoute un dernier aspect qu'il n'est pas toujours facile de maîtriser : Où plaçons-nous notre argent ? Il est vrai que nous devons veiller à la rentabilité, mais pas à tout prix. Je signale cet aspect non seulement en raison du risque couru quand on vise un profit exagéré, mais en raison des objectifs de certaines institutions financières. Nous devons veiller à la sécurité tout en assurant un bénéfice, mais aujourd'hui il existe des possibilités intéressantes. Avez-vous entendu parler des Fonds éthiques ? Dans votre pays, connaissez-vous les initiatives sociales de certaines institutions bancaires où nous pourrions placer une partie du capital de la Province ?

Nécessité de faire des audits :

27. Il y a des pays où la loi oblige à une vérification annuelle des comptes au moyen d'audits publics. Il s'agit d'un exercice de contrôle pour vérifier la fiabilité administrative. Je constate que certaines congrégations, par décision capitulaire, pratiquent l'audit au niveau de l'Administration générale et, même si cela leur coûte relativement cher ; elles sont satisfaites parce qu'elles ont une sécurité, elles reçoivent des orientations et sont informées des risques divers.

Il existe des audits internes, qui ne sont pas obligatoires, mais qu'une entreprise, une société ou une province religieuse peuvent faire. Ce sont des expertises qui permettent de suivre les administrations. Cela suppose que la Province ou la Congrégation ait des

Orientations claires sur le fonctionnement de leur administration, sur les buts et les objectifs poursuivis, etc. … Il semble que ce soit des opérations peu coûteuses et qui aident à mieux organiser les administrations, qui offrent des éléments d'analyse des coûts, de la sécurité ou des risques sur le patrimoine, et aident à rationaliser les dépenses. Elles donnent également des orientations sur la conformité ou non de l'affectation de l'argent avec les objectifs préférentiels conformément à l'esprit que la congrégation annonce dans ses documents officiels. 

CONCLUSION

28. Chers Frères, je vous présente là un sujet complexe dans lequel beaucoup d'entre vous peuvent se sentir étrangers et sans connaissance particulière. Mais je crois qu'il est important d'en prendre conscience en fonction de nos possibilités et nos responsabilités. Selon les critères qui nous font agir, nous pouvons tuer notre désir de fidélité à Dieu. Dans l'article 167 des Constitutions, il est rappelé : «L'expérience enseigne que la vitalité d'une famille religieuse est étroitement liée à la manière dont elle pratique la pauvreté évangélique ».

Dans le but de vous aider à relire cette lettre et à y réfléchir, je vous en rappelle trois aspects. Je vous les confie comme des convictions personnelles, mais peut-être que chacun d'entre vous a d'autres perspectives intéressantes qui pourront enrichir la réflexion communautaire que je vous invite à faire sur cette circulaire.

a) Revitaliser notre charisme . Les processus de refondation ne deviendront pas réalité tant que nous ne déciderons pas de modifier, de réorienter et même d'abandonner quelques projets

que nous gérons aujourd'hui. Il me semble nécessaire de créer de nouveaux projets qui nous invitent et nous aident à vivre avec plus de simplicité et d'austérité, plus proches des classes populaires et des jeunes socialement marginalisés.

X Ce que je suis en train de vous proposer requiert le service pastoral et de gouvernement du Frère Provincial et de son Conseil, mais aussi une prise de conscience de toute la communauté provinciale. Il s'agit de nous motiver, de discerner sur la réalité, de nous interpeller mutuellement sur des défis qui, à première vue, peuvent menacer nos sécurités, mais je suis convaincu que chez la plupart des Frères il y a des richesses paralysées.

a) Choisir, c'est décider et cela implique qu'il faut opter pour des projets qui aboutissent concrètement et arrivent à dégager des moyens et des stratégies. Si nous croyons que les processus de refondation et de vitalité de l'Institut sont importants et que les enfants et les pauvres sont nos préférés, je vous invite à analyser le rapport financier de votre communauté, de votre collège et de votre Province. Les dépenses effectuées révèlent-elles les options vitales et les valeurs que nous proposent les Constitutions et le XIX° Chapitre général ? Quels sont les points qui doivent être réorientés ?

c) Faire confiance à la Providence. SaintMarcellin avait une manière particulière de se confier à la Providence dans tout ce qu'il entreprenait. Si Dieu veut que cela réussisse. Il y pourvoira. «Si le Seigneur ne construit la maison, en vain peinent les maçons » . (Ps 126).

Il n'y a qu'un fil ténu entre le fait de prévoir sérieusement l'avenir financier de nos Provinces, et la conscience que nous mettons en péril notre ouverture à la Providence de Dieu qui devrait être la caractéristique de tout groupe religieux. Jusqu'à quel point nous ne dépendons plus de Dieu ? Si nous sommes capables de promouvoir des projets sérieux qui nous interpellent et soient signes d'une présence active dans le monde de la souffrance et de la pauvreté, l'argent nous sera donne. Il s'agit d'être solidaires au-delà de ce que nous jugeons financièrement raisonnable. Nous ne pourrons le faire qu'à partir d'une attitude de dépouillement et de confiance en Dieu.

Chers Frères, je vous confie à Marie, notre Bonne Mère, et à saint Marcellin pour qu'ils vous aident à discerner ce que signifie «suivre Jésus » en imitant son attitude devant les biens matériels.

    Fr. Benito Arbués, Supérieur Général.

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ANNEXE 1

SUGGESTIONS POUR UNE REUNION COMMUNAUTAIRE

Il serai ! intéressant de partager en communauté la réflexion personnelle que vous inspire cette Circulaire. Dans ce partage. il est important qu'il y ait un premier temps d'écoute de chaque Frère, sans interventions ni commentaires. Simplement. une écoute attentive.

1. Temps de prière :

On peut commencer la réunion par un chant ou un psaume qui nous ouvre à la lumière que Dieu voudra nous donner.

2. Temps de partage :

Parmi les questions suggérées ci-dessous, l'animateur peut en choisir seulement quelques-unes pour partager en communauté. Et si possible, que l'une d'elles soit la «d ».

a) Avec quels points de cette circulaire te sens-tu le plus en phase ?

b) Quels points de la circulaire ne vois-tu pas clairement ? As-tu sur eux d'autres points de vue ? Peux-tu préciser ?.

c) En relation avec les biens matériels, avec la quantité ou la qualité des moyens, avec l'administration, quelles sont tes inquiétudes pour la vie religieuse de ton pays ?

d) Quels textes de la Bible, du Vatican, de l'Institut ou autres, t'inspirent pour le vécu de ton vœu de pauvreté et pour l'usage évangélique des biens ?

e) Après avoir écouté et partagé en communauté, quelles suggestions veux-tu faire au Frère Provincial ?

f) D'après ce que tu connais ou d'après tes impressions, quels aspects conviendrait-il de clarifier ou de réorienter en ce qui concerne les biens de l'Institut ?

g) Crois-tu qu'il y a des points que le prochain Chapitre général devrait approfondir et mieux définir dans le domaine de l'usage évangélique des biens ? Y a-t-il des suggestions que, comme groupe, tu voudrais communiquer au Chapitre ?

3. Temps de prière :

Ceux qui le souhaitent proposent des intentions. On termine par le Notre Père ou une autre prière que suggère l'animateur. 

ANNEXE 2. DE L'USAGE EVANGELIQUE DES BIENS

Schéma de la réflexion du Conseil général

Voici le schéma suivi par le Conseil général pour réfléchir et partager sur le thème «Usage évangélique des biens». Il pourra peut-être aider certaines communautés ou provinces,

1. VOIR : les questions suivantes nous ont aidé à conduire notre réflexion sur la réalité :

a) Quelle est ma perception du problème, en partant de la pratique réelle, dans l'ensemble de l'Institut ? (dans ma Province, dans ma communauté)

b) Suis-je suis d'accord avec la pratique du Conseil général (du Conseil provincial) à ce sujet, ou, par contre, y quelque chose qui me gêne ou me préoccupe ?

c) En tant que Conseil général (Conseil provincial), et tenant compte de notre mission d'animer et de gouverner : comment nous situons-nous face à ce sujet ? Jouons-nous un rôle actif ou passif ? Proposons-nous des orientations, ou plutôt nous limitons-nous à accepter ?

d) Devant cette attitude pratique du Conseil général (Conseil provincial) : quel est mon sentiment ?

Note : Après la motivation de la prière du matin, nous avons pris un temps personnel pour écrire nos réflexions, et ensuite pour les partager.

2. JUGER : Pour cette deuxième étape, nous avons fait les démarches suivantes :

a) Chercher les repaires qui éclairent ce sujet. Nous avons apporté des textes de l'Evangile et des Lettres des Apôtres, des textes et des situations de la Vie de Champagnat et des premiers Frères, des textes de nos Constitutions et du Chapitre général. des documents de l'Eglise et de la Vie religieuse.

b) Répondre par écrit à cette question Au sujet de l'usage évangélique des biens, que nous demande Dieu comme service pour la fidélité de notre charisme et pour le processus de rami-dation ? (Chacun a signalé des appels au niveau personnel, au niveau de l'Institut et au niveau du Conseil général.)

Note : Comme résultat du partage, nous sommes arrivés à quelques points essentiels sur lesquels il nous faut réfléchir avec plus d'attention.

3) AGIR : Les questions suivantes ont conduit notre réflexion et notre partage

a) Quelles sont les réalités ou les situations de l'Institut auxquelles nous devrons prêter une attention spéciale ?

b) Quels sont les critères (Evangile, Vie Religieuse, Fondateur, Constitutions, Chapitre, etc. …), qui nous semblent les plus importants pour éclairer une réflexion sur l'usage évangélique des biens ?

c) Pour toi, quelles seraient les lignes d'orientation les plus importantes à offrir aux Provinces pour stimuler la réflexion et des démarches évangéliques sur l'usage des biens ? As-tu des suggestions pratiques à faire à ce sujet ?

Notes : Cette réflexion a été réalisée lors des plénières de juin-juillet 99.

Ensuite, pendant la plénière de janvier-février 2000, nous l'avons reprise pour concrétiser quelques aspects, orientés surtout en vue de l'élaboration de la lettre que je me proposais écrire aux Frères Provinciaux. Dans tout ce processus, nous avons apprécié beaucoup les temps de prière et de réflexion personnelle pour écrire les réponses aux différentes questions, et cela nous a permis par la suite un riche partage.

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