
Deuxième Assemblée européenne de la mission mariste
Le journée d’aujourd'hui a été une journée claire, limpide, d’une chaleur intense dans ces régions. Elle semblait plus une journée d'été que de printemps. Dans le cadre de notre Assemblée elle était également une journée d’une « chaleur intense ». La journée a été consacrée à la MYSTIQUE. Un peu partout j’écoutais des exclamations très simples. Mais dans leur brièveté, elles disaient toutes : « Quelle journée incroyable ! » ; « Quelle créativité et quelle profondeur ! » ; « C’est un rêve ! » ; « Quelle audace créative ! » ; « Je n’aurais jamais imaginé quelque chose de pareil ! » ; « C’est phénoménal ! » Ces exclamations et d'autres similaires, je les ai entendues en descendant de La Valla (où nous avons passé l'après-midi de la journée) en retournant à l'Hermitage. Elles semblent exagérées, mais, en fait, elles ne le sont pas : elles correspondent à la réalité. Je dirais de même : « Quelle belle journée, tout simplement extraordinaire ! »
La journée, étant la journée de la mystique, elle a été, dès le matin, une journée où l’on est appelé à l'amour, à se laisser saisir par l'amour de Dieu et de là, à être capable de devenir amoureux des personnes et des choses. Un texte du Père Pedro Arrupe donnait le coup de sortie dans la prière du matin : « Il n’y a rien de plus pratique que de se laisser rencontrer par Dieu… tombe amoureux et demeure dans l’amour et cela va tout décider. » Juste après, curieusement le corps de la prière était un morceau d'argile à modéliser. Dieu lui-même a façonné la personne humaine avec de l'argile. En nous façonnant de la sorte Dieu exprime son amour pour nous. Et notre acte de modeler devrait aussi être un reflet de cet amour.
Qu’est-ce que les groupes ont façonné ?
Ils ne pouvaient que façonner des symboles qui disent l’amour et pointent vers la communion. Trois des sept groupes ont modelé un COEUR, le symbole le plus puissant de l'amour. Avec des variantes : l’un c’est un cœur composé de plusieurs cœurs ; l'autre, un cœur construit avec des images de personnes ; un autre conçu comme un puzzle où les « morceaux » s’intègrent parfaitement. Nous sommes dans chaque cas, en présence d'un amour qui engendre la communion. Un cœur ouvert à des possibilités infinies d'amour.
Les autres symboles, différents dans la forme, ne s’écartaient pas de ce symbolisme : il y avait la colombe, symbole traditionnel de la paix. Avec tant de guerres qui nous entourent, la vraie paix ne peut être que le fruit de l'amour entre les individus et les peuples. Un amour qui demande, évidemment, la justice, la liberté, le respect des autres, d’après l'explication du groupe. Un autre groupe présentait un point d'ancrage, le symbole traditionnel de l’espérance. Mais c’est un point d'ancrage attaché à une chaîne faite de petits chaînons circulaires mis ensemble, entrelacés : c’est dans la communion, dans l'amour, dans la force née de la communauté, que nous sommes appelés à témoigner de l'amour de Dieu dans le monde. D’une autre façon, mais pour dire la même chose, il y avait la construction d’un « casteller », pour reprendre le mot catalan. Il exprimait l'unité dans différents cercles faits par des gens qui se chevauchent. Comme si l’on voulait nous dire encore : la recherche individuelle de Dieu comporte une autre force quand elle est faite en communion. La forme de cercle, dans laquelle se présentaient les travaux modelés, montrait la dimension de l'intériorité, l'intimité avec Dieu à laquelle toute mystique nous appelle.
Puis, sans entrer dans de grandes pensées théoriques, certaines idées et quelques questions sont apparues dans les dialogues et les réflexions :
- Il y a une soif de mystique : est-ce que nous éprouvons cette soif ? Le fameux passage de la Samaritaine demandant l'eau nous aide dans cette réflexion.
- La mystique demande une rencontre profonde avec Dieu. Comment est-ce que je rencontre Dieu? Et à partir de cette rencontre comment est-ce que je porte Dieu aux autres, à l'humanité, tellement assoiffée et de Dieu et de spiritualité, peut-être sans le savoir ?
- Comment est-ce que les gens me reconnaîtront comme un homme ou une femme mystique ? Les chemins peuvent être variés. Marie est un exemple unique qui peut et doit inspirer tous les Maristes. Ne devons-nous pas montrer au monde le visage marial de l'Eglise ?
- Certaines attitudes de la personne mystique ? Ici encore, Marie est un grand exemple. Et surgit dans le groupe une prière-réflexion à Marie : elle est la « femme de l'écoute », « la femme de la décision », « la femme de l’action ». Mais on aurait pu se référer d'autres attitudes : « la femme qui accueille l'Esprit » ; « la femme qui exalte et loue Dieu » ; « la femme qui se situe au-dedans de l'Église-communion » ; « la femme qui, dans le silence, médite la Parole » ; « la femme pour qui les chemins sont les chemins de Dieu » ; « la femme attentive à Dieu et attentive à la personne humaine » ; « la femme eucharistique ». En tout cela, Marie est un chemin sûr de mystique. Cheminer avec Marie, c’est entrer dans le cœur de Dieu. La mystique n’est autre chose que cela : entrer dans le cœur de Dieu et donc « être déifiés » ; on se sent mieux équipé pour « diviniser » le monde.
Le matin encore, et avant notre visite à La Valla où nous passerons l'après-midi (cet après-midi inspirera un autre article, tellement il a été riche), les sept groupes, dans une dynamique appelée « SOIF DE SPIRITUALITÉ », ont partagé quelques éléments qui pourraient très bien être des éléments d'une « mystique mariste », si l’on peut s’exprimer ainsi. Il y a de nombreux éléments communs dans ces sept partages, ce qui est tout à fait normal : ne partaient-ils pas, tous les participants, d'une base commune qui est la spiritualité et la mission mariste ?
En guise de synthèse, je laisse ici tout simplement ce que les groupes ont écrit sur des rubans de différentes couleurs. On a placé ces rubans à côté des dessins de la prière du matin, et cela complétait et le tableau et la peinture. Ce sont des éléments de « mystique mariste » : l'expérience de Dieu ; vivre avec émotion et profondeur ; promouvoir la « culture de la rencontre » ; constructeurs de communion ; l'amour maternel ; mettre au monde, c’est-à-dire « donner naissance » ; spiritualité incarnée ; créer des espaces pour la prière ; vivre avec joie, enthousiasme et cohérence ; le sens de la fraternité et de la sororité ; se mettre en route ; rêver l'avenir de Dieu.
Brigitte Riedmaier, de la Province d'Europe Centre-Ouest, me confiait : « C’est la première fois que je viens à La Valla ; toutes les prières m’ont amené à découvrir plus pleinement qui je suis en face de Dieu ; il s’agit d’un Dieu qui m’accueille dans l'amour. Et j’ai ressenti ici la présence de tant de générations maristes qui ont prié dans ces lieux. La Valla est un lieu de prière ; c’est tout un environnement qui conduit à la mystique vécue d'une manière très mariste ».
Ainsi se terminait la première partie de la journée dédiée à la mystique. La seconde, a eu La Valla. On y continuera avec la même créativité et la même richesse, désormais guidée par l’expérience très riche de la communauté d’accueil de L’Hermitage.