Fr. Alain Delorme, décédé le 7 août 2024
Le Seigneur a accueilli dans la paix de sa maison le Frère Alain Delorme, décédé le 7 août 2024, à l’âge de 91 ans, dont 74 ans de profession religieuse. Ses funérailles ont été célébrées le vendredi 9 à la chapelle des Frères de Saint Genis-Laval, en France.
Le frère Alain était bien connu dans l’Institut. Il a occupé plusieurs postes de direction durant sa vie mariste, de directeur d’école à Conseiller général (1995-1993). Il a été responsable de plusieurs centres de formation et supérieur de la communauté de l’Hermitage. Outre l’Italie et la France, il a également vécu en Espagne, en Grèce et en Algérie, où il a passé son enfance. Il a travaillé à la révision des Constitutions de 1985 et a contribué à la cause de béatification du frère Henri Vergès. Il a également fait partie de l’équipe qui a mené la restructuration de la maison mère de l’Institut, l’Hermitage. Depuis 2013, il a vécu à Saint-Paul-Trois-châteaux. Il a consacré beaucoup de temps à la recherche et à la diffusion de l’histoire mariste, écrivant plusieurs articles et livres sur le patrimoine historique et spirituel mariste. Dans les Cahiers Maristes, on trouve une vingtaine d’articles écrits par lui. Ses deux publications sur les premiers frères, Merveilleux compagnons de Marcellin Champagnat (2009 et 2011), sont bien connues.
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Sur Frère Alain Delorme, nous ne manquons pas de matière, car, au cours de sa vie, il a parcouru presque toute l’échelle des responsabilités dans la congrégation : en particulier directeur de grands établissements (Aubenas, Marseille), provincial, conseiller général, supérieur de Notre-Dame de l’Hermitage, puis de la maison de retraite de Varennes-sur-Allier. Il a réalisé une remarquable autobiographie qui est en même temps une chronique de son époque, dont nous ne donnerons ici que quelques éléments.
Il naît le 22 septembre 1932 à Saint Paulet-de-Caisson (Gard). Son père est maître-mineur ; c’est pourquoi Alain passe son enfance à Ouenza, en Algérie, une mine de minerai de fer. Devenu plus grand, il est inscrit, à la suite de ses frères, au pensionnat des Frères d’Aubenas en 1939. La mort prématurée du père en 1941 plonge la famille dans les difficultés, encore aggravées par la guerre. Néanmoins Alain et ses frères continuent leur scolarité à Aubenas au milieu des dangers liés à la fin de la guerre. Et c’est aussi grâce aux prières du pensionnat au Père Champagnat qu’Alain échappe à une broncho-pneumonie.
Les provinces des Frères Maristes cherchant la collaboration entre leurs lieux de formation, à la rentrée de 1945, Alain entre au juvénat de La Valla-en-Gier avec deux compagnons venant du sud. Il évoque avec justesse l’ambiance à la fois sérieuse et bon enfant de cette institution. Son noviciat se déroule à Notre-Dame de Lacabane (Corrèze) en 1948-50. Au cours de son postulat, et juste avant sa prise d’habit le 15 août 1949, il passe la première partie de son baccalauréat. Le noviciat terminé, il suit la formation du scolasticat, à Saint Genis-Laval, avec une soixantaine de confrères. Il réussit la seconde partie du baccalauréat en juin 1951.
Puis il est envoyé pour enseigner au pensionnat d’Aubenas où il est membre d’une communauté de 25 Frères. Il s’y forme, en outre, à l’espagnol, et cherche tant bien que mal à parfaire sa culture religieuse. Mais dès 1953, il est envoyé comme professeur-étudiant d’abord au scolasticat de Saint Genis-Laval, puis au juvénat de Notre-Dame de l’Hermitage. En juin 1954, ayant réussi sa première année d’université (propédeutique), il commence ses séjours en Espagne. Le temps de son service militaire est remplacé par un long stage dans les établissements maristes de Grèce en 1957-59. Puis, le temps de la jeunesse étant passé, vient celui des directions d’établissements scolaires : le juvénat Saint Louis de Ferrières-sous-Aubenas, en 1960-63 ; Bourg- de-Péage, en 1963-66 ; Aubenas, en 1966-72.
En 1972, Alain est nommé provincial de la province du Sud-Est mariste, et il commence à y exercer ses fonctions après six mois de second noviciat à Velletri en Italie. La province comptant peu de Frères, il combine sa tâche avec celle de directeur de l’école Saint Joseph à Marseille, et il se lance même dans la formation permanente des professeurs d’espagnol. Mais sa nomination de directeur du centre de spiritualité de Rome (l’ancien second noviciat) en 1978 coupe court à ses fonction provinciales et scolaires. Il reste dans cette fonction jusqu’en 1983, car il est nommé à la commission de révision des constitutions, préparatoire au chapitre général de 1985. Finalement le texte des constitutions est entériné par le Chapitre, et F. Alain, nommé conseiller général, passe une partie de son temps de visites à présenter les nouvelles constitutions aux Frères de divers pays. Libéré de ce service de conseiller en 1993, il devient responsable du centre d’accueil de Notre- Dame de l’Hermitage.
C’est là qu’il apprend l’assassinat de Frère Henri Vergès en 1994. En 2000, il bénéficie d’une année sabbatique à Paris avant de prendre la responsabilité de la maison de retraite de Varennes-sur- Allier en 2001. Il y travaille à la cause de béatification de Frère Henri Vergès, qui aboutira en 2018. Puis c’est le retour à Notre-Dame de l’Hermitage où il participe activement à l’animation, avant d’être membre d’une commission internationale pour la rénovation de la maison, sous l’égide du Conseil général. En 2008-2012, il est membre de la communauté de Les Avellanes, un des lieux majeurs de la formation en Espagne et de la nouvelle province L’Hermitage. Mais nous éviterons de détailler davantage ses multiples activités, rencontres et voyages. Désormais basé à Saint Paul-Trois-châteaux à partir de 2013, il y reste actif. En témoignent ses mémoires qui s’arrêtent en 2020, année de la pandémie de COVID-19.
Déjà très diminué, Fr. Alain arrive à l’EHPAD du Montet, le 11 juillet 2024, où il ne fait qu’un bref séjour avant de rendre à Dieu son âme de serviteur fidèle aux multiples talents.