Frères Aujourd?hui
La Commission Internationale Frères Aujourd’hui s’est réunie à Rome, du 4 au 11 juillet dernier. A cette occasion nous avons parlé avec quelques-uns de ses membres. Nous présentons aujourd’hui la conversation que nous avons eue avec le F. Hipólito Pérez, Provincial de la Province de « América Central ».
Parle-nous de toi. D’où viens-tu ? Quel est ton travail ?, etc.
Mon lieu de résidence est à Guatemala, mais ma mission actuelle d’accompagner la vie des frères et des communautés me fait vivre l’itinérance comme style de vie, c'est-à-dire partager et visiter les 22 communautés que nous avons actuellement dans la Province, dans les six pays qui forment « América Central » (Costa Rica, Cuba, El Salvador, Guatemala, Nicaragua et Porto Rico
Que signifie pour toi être frère aujourd’hui ?
Je dois dire qu’il m’est difficile de définir en concepts ce que je vis et l’option que je renouvelle quotidiennement, certains jours d’une manière plus consciente et passionnée, d’autres d’une manière plus routinière.
Ce que je puis dire, par contre, c’est que durant ces années où j’ai accueilli la vie elle-même – avec ses lumières et ses ombres, ses joies et ses espérances -, je me suis senti fortuné de ce que je suis et de ce que je vis.
Heureux de donner ma vie d’une manière simple et fraternelle dans la mission mariste qui m’a été confié, cheminant avec d’autres dans ce désir de bâtir un monde un peu plus juste et humain, vivant en communauté et cherchant Dieu dans ce que je vis et quand où je suis seul à seul avec Lui.
L’animation des vocations est-elle une mission importante pour l’Institut ? Comment devrait-on s’y prendre ?
Je ne possède pas beaucoup d’expérience théorique ou pratique dans le domaine de la pastorale des vocations ; je puis partager quelques convictions qui surgissent en moi, à partir de ce que je perçois et expérimente.
* La pastorale des vocations, ainsi que notre vocation humaine et chrétienne, fait partie du mystère de Dieu… Il est difficile de chercher des explications logiques. Nos chemins, souvent, ne sont pas les chemins de Dieu.
* Je crois que la pastorale des vocations doit surgir de la rencontre et du contact des jeunes avec les frères dans le partage de leur vie et de leur expérience de la vocation.
Nous avons la possibilité et la responsabilité de favoriser ces espaces de rencontre et de contact via les expériences de pastorale des jeunes, l’accompagnement, la présence, et d’une manière plus systématique ouvrir les portes de nos communautés pour qu’ils nous connaissent de l’intérieur, c'est-à-dire au sein de communautés d’accueil qui offrent des espaces féconds de rencontre, d’intériorisation et de spiritualité, mais aussi à partir d’expériences significatives de mission solidaire qui construisent et ‘provoquent’ le jeune.
* J’estime que le questionnement vocationnel chez les jeunes s’éveille plus tard, et que la pastorale des vocations devrait se faire essentiellement dans le milieu universitaire, c’est à dire avec des jeunes adultes ayant déjà vécu une expérience de croissance dans la foi.
* Il me semble que jusqu’à maintenant ce sont les jeunes qui sont venus à nous. Nous devrions entreprendre le chemin inverse avec audace, et partir à la recherche des jeunes, ceux qui sont dans nos institutions et ceux que sont au dehors, et leur proposer, avec courage et sans peur, d’embrasser la vocation.
A presque 200 ans de la fondation de l’Institut, quels sont les défis pour les frères, aujourd’hui ? Sont-ils encore valables les défis relevés par Marcellin ?
Il me semble qu’un aspect important et qui constitue un défi fondamental pour les frères est de vivre le présent avec joie, espérance et communion. L’autre jour je suis tombé sur l’expression « ôter le tablier du désenchantement ». Vivre notre vocation, notre être de frères avec élégance, avec émerveillement, ne pas nous charger les épaules de pessimisme et d’aspects négatifs qui nous empêchent de « voir le soleil ». Tel est pour moi le premier pas qui implique la démarche de conversion personnelle à laquelle le Chapitre Général nous invite.
Les autres défis sont assez clairs dans le second horizon d’avenir que le Chapitre nous invite à accueillir et à vivre : une vie consacrée nouvelle qui promeuve une nouvelle manière d’être frère.
Quelles expériences particulières les frères de ta région vivent-ils, pouvant être un exemple pour l’Institut ?
Une expérience de vitalité qui se vit dans ma Province et ma Région relève de l’intuition du Chapitre Général de reconnaître la vocation laïque mariste. L’attention et l’accompagnement de cette renaissance de la vocation laïque est en train de devenir source de vie et de renouveau à l’intérieur des Provinces. Des laïcs souhaitent vivre pleinement leur vocation à partir des différences formes de rencontre avec l’esprit mariste : mission, spiritualité, solidarité, fraternité…
Ceci suppose d’ouvrir nos communautés à une expérience de vie partagée et de mettre en œuvre des processus d’accompagnent et de discernent de la vocation.
Un autre élément propre au cheminement de toutes les Provinces de la région est la revitalisation-réorganisation. La nouvelle réalité mariste dans la région nous conduit à proposer des processus de réorganisation des communautés et de la mission, susceptibles de garantir la vie et la vitalité de la mission mariste. Ces processus ne sont pas faciles car ils supposent des pertes, des déplacements, et qu’il n’existe pas de formules magiques à appliquer nous permettant d’obtenir les résultats escomptés. C’est s’aventurer aux ‘intempéries’ et vivre l’incertitude du cheminement dans l’obscurité, en confiant toujours dans le Seigneur, qui est un Dieu de Vie et qui nous accompagne au long de ce pèlerinage.
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Hipólito Pérez, f.m.s.
Province Mariste « América Central »