« Le 5ème évangile »
Mercredi, 3 août, à Notre-Dame de l’Hermitage, frères et laïcs participants au Chapitre de la Province l’Hermitage, ainsi que frères et amis venus des environs, ont assisté à la première représentation de la pièce intitulée : « Le 5ème évangile, correspondance d’Henri Vergès ».
Ce titre reprend des paroles du Frère Henri, prononcées dix ans avant sa mort et rapportées par le frère Christian de Chergé, prieur de la trappe Notre-Dame de l’Atlas, à Tibhirine : « Le Christ doit rayonner à travers nous. Le 5ème évangile que tout le monde peut lire, c’est celui de notre vie ». (Cf. Du Capcir à la Casbah, p. 109)
Pendant une heure, le comédien Jean-Baptiste Germain, assisté du metteur en scène Francesco Agnello, a récité le texte composé par le frère Adrien Candiard, dominicain, auteur des dialogues de la pièce “Pierre et Mohamed” qui rappelle la mort de Pierre Claverie, évêque d’Oran (Algérie), et de son jeune chauffeur, le 1er août 1996. Cette pièce, créée pour le festival d’Avignon en 2011, connaît un succès qui dure, avec plus de 650 représentations.
Adrien Candiard, en s’inspirant de la vie et des écrits de notre frère Henri, a imaginé le personnage d’Ahmed, ancien élève d’Henri au lycée de Sour-El-Ghozlane, qui, depuis Damas où il est en poste comme jeune diplomate, entre en relation épistolaire avec son ancien professeur de mathématiques. À travers 7 lettres, 4 d’Ahmed et 3 d’Henri, les auditeurs découvrent les traits essentiels du religieux éducateur qu’a été le frère Henri : son amour des jeunes, spécialement de ses élèves, un amour enraciné dans celui de Jésus et de Marie, son respect de chacun, son souci d’accompagner les plus faibles, sa disponibilité joyeuse au service de tous, sa volonté de dialogue, son amour du travail, sa volonté d’inculturation (étude de l’arabe et lecture du Coran), son style de vie simple et pauvre, son désir d’aider les jeunes algériens à aimer leur pays…
Pendant la représentation, l’assemblée est restée en état d’intense attention, dans la cour Saint-Joseph, cadre idéal pour cette première. Un très long applaudissement a traduit l’émotion pleine de ferveur de toute l’assemblée, avec son merci à Jean-Baptiste et à Francesco. Chacun était comme sous le charme et aussi le choc devant la qualité d’un texte clair et fort, exprimé avec vérité, force et simplicité.
L’échange qui a suivi, entre les deux acteurs et les auditeurs, a permis à plusieurs de libérer l’émotion ressentie et d’exprimer leur gratitude. Jean-Baptiste et Francesco nous ont dit combien ils avaient été marqués par la profondeur de la vie religieuse de notre frère Henri et par ses remarquables qualités d’éducateur. Ils nous ont dit aussi qu’ils avaient apprécié l’accueil reçu à Notre-Dame de l’Hermitage.
Merci au frère Maurice, Provincial sortant, d’avoir été à l’origine de cette réalisation. C’est un beau cadeau qu’il fait à son successeur et à toute la Province. Désormais, il faut souhaiter que la pièce puisse atteindre un grand nombre de spectateurs car elle est un outil d’évangélisation des jeunes et des moins jeunes. Elle rappellera aussi, à travers la vie du frère Henri, les dix-neuf martyrs de l’Église en Algérie, dont la cause de béatification a été introduite lors du grand jubilé de l’an 2000, le 8 mai, sixième anniversaire de la mort d’Henri, par Mgr Henri Teissier, archevêque d’Alger.
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Fr. Alain Delorme