Les maristes courageux
Article du Fr. Ben Consigli
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Les conséquences de la pandémie de la COVID-19 dépendent – et dépendront – des décisions qui sont prises. On a déjà partagé d’innombrables histoires : des écrits, des audios, des vidéos et des photographies. Nous avons vu et nous avons entendu parler de morgues improvisées pour déposer des cadavres dans des camions réfrigérés à New York ou sur des patinoires en Espagne; de médecins et d’infirmières dévoués, frappés par le virus; et des innombrables personnes qui ont été en première ligne et dont le dévouement est un exemple de sacrifice pour la communauté. Nous sommes témoins de nombreux actes de courage, de générosité, de compassion et de solidarité qui sont source d’inspiration et qui mettent en évidence la puissance de notre humanité.
Les semaines de confinement m’ont fait penser au pourquoi les gens agissent avec courage. Je me suis mis à méditer l’exemple biblique de l’obole de la veuve. Jésus, qui s’était rendu à Jérusalem avec ses disciples pour la Pâque, regarde ceux qui viennent déposer leurs dons dans le trésor du Temple. Il attire l’attention des disciples sur une veuve qui déposait deux petites pièces, en leur disant que si beaucoup donnaient de leur superflu, elle, elle donnait « tout ce qu’elle avait pour vivre ». Comment a-t-il fait pour le savoir? Peut-être qu’après avoir tiré une première pièce de monnaie avait-elle hésité, puis, malgré sa situation, elle avait tiré l’autre. Le sens de cette histoire est qu’un acte de vraie générosité est un acte de courage. Différents auteurs, parmi eux l’écrivain Stacy Mitch, appelle cela « la générosité courageuse ». Tant dans l’Évangile de Marc que dans celui de Luc, on signale que la veuve n’avait pas déposé une pièce de monnaie, mais deux pièces. Comme elle est une pauvre veuve, si elle avait donné une pièce de monnaie et avait gardé l’autre, selon les critères ordinaires, elle aurait été généreuse. Mais elle a donné les deux pièces. Comme, selon son expérience, rien ne pouvait lui faire espérer une récompense matérielle pour son geste, je crois que nous devons imaginer qu’elle a été motivée par pur désintéressement, et dans un élan d’attachement à ce qu’elle aimait le plus, elle posa ce geste librement et avec courage, en dépit des circonstances. Tout comme nous ne pouvons pratiquer le courage que devant la peur, nous ne pouvons pratiquer la générosité que devant le besoin.
Dans notre histoire mariste, nous avons beaucoup d’exemples de nos frères qui ont agi avec générosité et avec courage, tant au cours des années de révolution en France, durant les décades de 1830 et de 1840, comme durant la Guerre Civile espagnole durant les années 30 du XXe siècle, ou durant le génocide ruandais et les révolutions islamistes sur le continent africain durant la décade de 1990. Cependant, j’ai remarqué qu’on avait peu écrit sur nos frères durant la période de la Deuxième Guerre Mondiale.
Les temps de crise génèrent des dilemmes moraux extrêmes : des situations que nous ne pouvons pas même imaginer, des décisions impensables entre des options qui semblent toutes pires les unes que les autres, qui entraînent des dommages et des conséquences négatives. Le courage généreux consiste à faire pour le mieux, tout en courant le risque d’en subir les inconvénients, les moqueries, les blessures, la perte de son travail, la perte de sa sécurité et de son statut social, y compris la mort. Ce type de vaillance exige que les personnes dépassent leur indifférence, la complaisance, la haine, le cynisme et la peur qu’engendrent nos systèmes politiques, les divisions socio-économiques et les différences culturelles/religieuses pour poser « le bon geste » au sein de l’humanité commune.
On a écrit d’innombrables articles à teneur professionnelle sur le courage dans lesquels on indique que les personnes courageuses possèdent certaines caractéristiques qui se manifestent dans les temps d’épreuves ou de peine. Les personnes vaillantes croient en elles-mêmes. Elles savent qui elles sont et ce qu’elles défendent. Elles possèdent des valeurs solides, elles reconnaissent leurs capacités personnelles et se sentent sûres au moment d’affronter les défis qui se présentent. Elles sont passionnées et déterminées, et elles connaissent la différence entre le bien et le mal. Non seulement elles ne parlent pas d’honneur, mais elles le vivent tous les jours. Il est très probable qu’elles soient dignes de confiance, qu’elles soient objectives, justes et tolérantes, et qu’elles soient prêtes à affronter l’injustice, appuyant leurs paroles sur des actions. Elles font passer les besoins des autres avant les leurs, et elles n’ont pas peur de « nager à contre-courant » ou de défier le statu quo. Elles font face à l’adversité, se lançant dans la confrontation du problème plutôt que de l’éviter. Elles savent dire « non » à une idée et dire « oui » à une autre, et que les anciennes manières de faire les choses ne doivent pas bloquer la route à une solution meilleure. Les personnes courageuses suivent leur intuition. Si elles n’ont pas toue l’information dont elles auraient besoin pour prendre une décision, elles suivent en général « leur flair », leur instinct, et comme elles savent qu’il ne suffit pas de parler sur quelque chose, elles agissent. Il faut du courage pour agir, surtout quand on a des doutes ou des peurs face aux conséquences. Il faut du courage pour prendre des décisions difficiles. Regardons quelques-uns des gestes de nos frères durant la Deuxième Guerre Mondiale.
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